Les députés se couchent devant l’anglais

Les députés se couchent devant l'anglais

Les députés se couchent devant l'anglaiséducation colonisation anglicisation

Les députés ont voté, jeudi 23 mai, l'article 2 du projet de loi Fioraso qui permet  de dispenser des cours en anglais dans les universités, malgré le tir de barrage des opposants, qui redoutent un suicide de la langue française.
Le Monde : "Quel est donc ce peuple qui a honte de sa propre langue ?" (23/5)
Le Monde : Cours en anglais à l'université : feu vert des députés (23/5)

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ALF contre le projet de loi Fioraso !

ALF contre le projet de loi Fioraso !

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Depuis janvier, notre ALF a puissamment contribué à lancer et à nourrir la campagne contre l’abrogation de fait de notre loi Toubon, par l’article 2 du projet de loi de Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Vous avez pu suivre cette campagne vigoureuse sur notre site, dans nos bulletins, et surtout dans la grande presse pour une fois consciente de l’énormité de l’enjeu.

Aujourd’hui, j’ai considéré que l’éditorial devait être consacré à cette même affaire.

Le 7 mai, en vue du débat parlementaire ouvert le 22 mai sur le projet de loi, nous avons adressé aux parlementaires, avec le Mémoire que nous avons élaboré et signé avec l’aide de 6 autres associations, la lettre ci-dessous, pour les placer devant leurs lourdes responsabilités.

Nous savons que même une loi votée et non censurée par le Conseil constitutionnel peut toujours être contestée, et qu’une contestation légitime, forte mais pacifique, peut changer sensiblement la manière dont elle est ou non appliquée.

A vous, dans tous vos réseaux, de faire en sorte que soit sauvé de notre langue ce qui peut encore l’être, et de demander, de proposer, et de préparer une législation ultérieure différente.

Albert Salon


Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs

L’Assemblée nationale s’est prononcée en première lecture sur le projet de loi présenté par Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).

Notamment sur l'article 2 dudit projet de loi qui tendait, dans sa version d’origine, à vider en fait de sa substance, dans nos universités et grandes écoles d'abord, la législation française de protection de la langue de la République : Ordonnance Villers-Cotterêts (non abrogée !) et loi 665 du 4 août 1994, dite "loi Toubon". En violation au moins de l’esprit d'un autre article 2, celui de la Constitution qui dispose : "La langue de la République est le français".

Saisis d’abord par nos associations de promotion du français, vous avez été ensuite touchés par les réactions d’indignation et de rejet que cet article du projet a suscitées en France et hors de nos frontières, en dehors des milieux français relativement restreints qui s’imaginent tirer profit de l’enseignement en anglais - ou globish - et ont de leur côté mobilisé leurs partisans.

Si cet article était adopté en son premier état après le vote du Sénat, et n’était pas censuré par le Conseil constitutionnel, le principe en vigueur serait aboli, selon lequel en France les services publics de formation doivent enseigner en français.

Il s'agirait là, maintenant, d'un changement de langue voulu, discret mais radical, d’un tournant majeur dans notre histoire.

Nos associations de promotion du français et de la Francophonie ont réagi toutes ensemble. Sept d'entre elles, lors d'un entretien du 16 octobre 2012 au MESR, avaient déjà été édifiées par le peu de cas fait devant elles de la loi Toubon. Elles avaient alors été aimablement invitées à présenter - comme devant un tribunal ? - une sorte de "mémoire en défense". Elles ont alors élaboré et signé le Mémoire "Sciences et langue française" ci-joint, très solidement argumenté, parvenu au ministère donneur d'ordre juste avant la découverte, fin janvier 2013, de ce qui était alors l'avant-projet de loi Fioraso. Or, son article 2 venait couronner les efforts de tous ceux qui, depuis le début du quinquennat précédent, s'efforçaient d'écarter l'obstacle de la loi Toubon pour pouvoir enfin enseigner "en langues étrangères" - façon anodine de désigner l’anglo-américain - et renforcer ainsi l' "attractivité" (sic) du territoire".

Depuis lors, l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences d'Outre-mer, ont, dans leur langage mesuré, mis en garde contre les graves conséquences de cette disposition, et demandé son retrait. Des mouvements politiques hors des partis dits "de gouvernement" ont publié des communiqués de presse et lancé des pétitions qui ont, malgré l'aridité du sujet, recueilli bien plus de 10.000 signatures. De nombreux organes audio-visuels et de la presse écrite, hebdomadaires tels le Canard enchaîné, Marianne, l’Express, Le Point, Valeurs Actuelles, et les plus grands quotidiens (Le Figaro le 18 avril, Le Monde le 26 avril, La Croix) ont assez honnêtement ouvert leurs colonnes aux réactions hostiles au projet, ainsi que des radios et chaînes de télévision, telles RMC, LCI, France2….

M. Pouria Amirshahi, député socialiste des Français de l'étranger, président de Commission, a exprimé courageusement son opposition, et réuni 40 députés de sa mouvance, comme l’ont fait, plus à droite, MM. Daniel Fasquelle et Jacques Myard. Vous avez lu les avis tranchés de très hautes personnalités, de MM. Chevènement, Bernard Pivot et Michel Serres jusqu’à M. Jacques Attali : "difficile d'imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive, plus dangereuse et plus contraire à l'intérêt national", et aux Professeurs au Collège de France MM. Antoine Compagnon et Claude Hagège ("acharnement"..."suicidaire"...).

Hors de nos frontières, nos compatriotes conscients, partout où ils œuvrent, de la voix de la France et de nos atouts à préserver, mais aussi nos amis étrangers, profondément étonnés, se sont émus et mobilisés au secours de notre langue. Au nom de toute l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), son Secrétaire général M. Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal, a envoyé dès mars une lettre remarquable au Premier Ministre de la France. Des chefs d'Etat et de gouvernement de pays francophones, en Afrique, au Québec, ailleurs, s'en émeuvent directement auprès de nos plus hautes autorités.

En fait, tout le monde sent bien - Mme Fioraso l'a reconnu dans sa défense peu convaincante - qu'il ne s'agit même plus de concourir pour l'accueil de quelques étrangers supplémentaires (la France, avec plus de 200.000 étudiants non français, est déjà parmi les tout premiers pays d'accueil, en français !), mais de passer à l'anglo-américain - au "globish-pour-tous" - comme langue de l'enseignement supérieur, aussi pour les francophones tant étrangers que français, en attendant d'étendre nécessairement ce méfait au secondaire, au primaire, à la maternelle...

Elle a même invoqué le principe d’égalité, qui consisterait, en l’occurrence, à donner à tous les étudiants le "bénéfice" de l’enseignement en anglais déjà illégalement offert à des élèves de certaines grandes écoles. L’égalité par la généralisation de l’illégalité…

Il s'agissait bien du "changement maintenant", de langue, et de signal déplorable donné à la Francophonie mondiale, abandonnée avec une étonnante légèreté.

Il s'agit en fait de soumission du pays à l'oligarchie mondialisée. Soumission non plus spontanée, lente, au cours de siècles, aux Romains du moment, mais reddition brutalement décidée, hic et nunc, par des clans minoritaires de mauvais bergers. Le Président fédéral M. Joachim Gauck ne le recommandait-il pas lui aussi le 22 février à son peuple allemand et aux peuples européens, dans un "Discours à la Nation allemande" devenu fort différent des "Reden an die deutsche Nation" de Fichte en 1807 ?

Globish, quand tu nous prends !...

Une France fidèle à elle-même, et aux amis qui, un peu partout, croient encore en elle, ne peut que refuser cet alignement général, cette dhimmitude, cet esclavage, ce suicide.

Aujourd'hui, nous en sommes à invoquer Alphonse Daudet et La dernière classe : tenir bon sur la langue, c'est tenir bon sur tout le reste. La résistance pour le français devient le point d'application principal de toute résistance française : à la fois à l'empire anglo-saxon-germain, à l'islamisme radical, à la destruction de la France et de sa civilisation de l'humanisme, de la qualité et de la recherche de l'excellence. De résistance à l'avachissement, au malaxage de consommateurs homogénéisés, de tous sexes, à qui l'on fait la promesse - d'ailleurs évidemment fallacieuse - du "vert bonheur de la vache dans la prairie" selon Nietzsche.

Le texte d’origine a, certes été amendé par l’Assemblée nationale :

Ainsi les enseignements en anglais ne seraient dispensés que dans les disciplines et les cas où il serait strictement nécessaire ; et il devrait être accompagné, pour les étudiants concernés, par un apprentissage du français sanctionné dans les diplômes brigués….

Il y aurait donc une langue pour les disciplines et les niveaux d’enseignement nobles et sérieux : l’anglo-américain ; et le français pour les autres, de seconde classe.

Il nous paraît pourtant que le français a été très longtemps – et reste pleinement - une langue dans laquelle on peut tout enseigner.

Il nous paraît que cette disposition législative particulière serait contraire à l’autre article 2, celui de la Constitution, et à d’autres dispositions de celle-ci ; et que dans son esprit au moins, l’ensemble de l’article 2 du projet de Mme Fioraso est contraire, non seulement à l’intérêt fondamental de la France, mais encore à l’esprit de sa Constitution.

En cette fin de mai 2013, comme dans les "heures sombres" de juin-juillet 1940, les élites françaises, au premier chef tous les représentants élus de la Nation, sont placés devant leurs écrasantes responsabilités.

Ils ont avec eux, s’ils résistent, le sentiment profond du peuple, qu'il ne faut plus tromper.

Courage ! Haut les cœurs ! Il est encore temps d’écarter ce funeste article de loi !

Albert Salon, docteur d'Etat ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite national, président et administrateur d'associations de promotion du français et de la Francophonie.

Les pièces jointes vous aident à compléter votre information :

- le Mémoire sur Les sciences et le français remis en janvier 2013 par sept associations au ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, ainsi qu'à l'Elysée et aux ministres de la Culture et de la Francophonie ;

- la réponse de MM. Jacques Maillard et Christian Darlot, chercheurs au CNRS, à la position exprimée par des savants "pro-langue anglaise" dans Le Monde du 8 mai ;

- le dossier récapitulatif publié le 12 mai 2013 par le journal La Croix, avec, notamment, la position de M. Bernard Pivot.

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Projet de loi Fioraso (suite 6)

Projet de loi Fioraso (suite 6)

Fioraso université colonisation politique

Projet de loi Fioraso (suite 6)Français, gardez votre langue à l’université appel d'un groupe d’universitaires étrangers  Libération (21/5)
Message d'Australie d'Ivan Barko prof. émérite à l'univ. de Sydney (lire ci-dessous)
Le Monde : Pour l'université et la recherche, le changement promis tourne au désastre appel d'universitaires contre le projet de loi Fioraso (21/5)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire" et le message d'Alain Finkielkraut : "Quant à la présence des étudiants étrangers en France, je ne vois pas quel sens elle peut avoir si plus rien ne demeure de l’identité française"


Message d'Australie d'Ivan Barko professeur émérite à l'Université de Sydney

Bien que, en ma qualité d'universitaire australien, je rejette totalement la thèse d'une conspiration anglo-saxonne contre la langue française, le monde anglo-saxon ne saurait être plus indifférent à l'avenir du français : en effet l'ennemi n'est pas à l'extérieur au seuil du jour fatidique où le sort de l'article 2 de la proposition de loi de Mme Fioraso sera décidé, permettez-moi d'exprimer ma consternation à la possibilité que l'emploi de l'anglais soit généralisé et encouragé dans l'enseignement supérieur en France.

Plus qu'un crime, c'est une erreur. Cette prétendue "réforme" est inspirée par des considérations purement commerciales mais elle ne manquera pas de se retourner contre ses auteurs. Les étudiants désireux de poursuivre des études en anglais finiront inévitablement par se tourner vers des pays de langue anglaise plutôt que vers une France dont l'anglophonie sera toujours forcément de seconde classe.

Nos établissements d'enseignement supérieur d'Australie connaissent de similaires tentations de commercialisation, mais rien d'aussi absurde que l'article 2 de projet de loi de Mme Fioraso n'a été jusqu'ici proposé par eux.

Personne en Australie, même la majorité monolingue, ne comprend cette "réforme" : elle est contre-productive et humiliante non seulement pour la France mais aussi pour les Francophones et les Francophiles du monde entier. Je vous conjure d'y renoncer.

Ivan Barko - professeur émérite à l'Université de Sydney-Australie

à  : laurent.fabius@diplomatie.gouv.fr; genevieve.fioraso@recherche.gouv.fr;
pierre-rene.Lemas@elysee.fr; aquilino.morelle@elysee.fr; emmanuel.macron@elysee.fr;
nicolas.revel@elysee.fr; sylvie.hubac@elysee.fr; paul.jean-ortiz@elysee.fr; aurelie.filippetti@culture.gouv.fr; yamina.benguigui@diplomatie.gouv.fr

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Projet de loi Fioraso (suite 5)

Projet de loi Fioraso (suite 5)

Fioraso université colonisation politique
Projet de loi Fioraso (suite 6)
TV5Monde Claude Truchot "Universités en anglais : les déboires européens" (21/5)
intéressant article qui à partir de réalités européennes, pointe l'impasse des cours en anglais

COURRIEL et la Libre Pensée
Déclaration commune sur le projet de loi Fioraso (20/5)
Un témoignage de Francis Gandon (lire ci-dessous)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".


Un témoignage de Francis Gandon

Concernant la beaufitude achevée de la "remarque" sur Proust (du même tonneau que celle assénée sur la Princesse de Clèves), une anecdote. Je participe, jeudi dernier à une journée Supervielle en Sorbonne. Un bon, tiers du public et des intervenants est constitué de Japonais, dont le traducteur de Supervielle. (Notre littérature est extrêmement prisée et traduite au Pays du soleil levant, ce qu’une âme charitable devrait songer à signaler à notre ministre). Je pose la question : viendriez-vous étudier en France si l’on y enseignait Supervielle en anglais ? Éclat de rire général.

Le même qui devrait accueillir madame Fioraso ("Take your pipette" [lire ci-dessous]). Est-il si difficile de comprendre que l’attrait exercé par la France est avant tout culturel et linguistique ? "L’amour de la langue", pour reprendre la formule barthésienne, est-il si difficile à comprendre ?

Autre exemple, utile à connaître : celui du linguiste Coseriu. Roumain, il a vécu en Italie, en Allemagne et en Uruguay. Il a publié en roumain, français, allemand et (surtout) espagnol. Un seul et maigre article en anglais dans son immense bibliographie. C’est le contre-exemple parfait des scientifiques à la Fioraso : un savant de stature internationale, qui s’est parfaitement passé de la langue des maîtres.

Il me semblait enfin que le Premier ministre avait mis les choses au point. Depuis quand un ministre délégué peut-il contrevenir à la politique décidée au plus haut niveau ?

Francis Gandon


Le Canard enchaîné tacle Fioraso (24/4)
Take your pipette
AH ! le bel argument brandi par Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour justifier le projet de loi qu’elle vient de pondre, lequel prévoit d’autoriser l’usage des langues étrangères (comprenez : l’anglais) dans l’enseignement supérieur en France : "Si nous n’autorisons pas les cours en anglais, nous n’attirerons pas les pays émergents comme la Corée du Sud et l’inde (...). Nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d’une table." Presque aussi fort que Sarkozy piétinant "La princesse de Clèves"...

Ce projet de loi a fait bondir, du professeur au Collège de France et à Columbia University Antoine Compagnon à Jacques Attali, en passant par l’Académie française, laquelle a dénoncé publiquement cette marginalisation du français. Tous font remarquer que l’idée de Fioraso est stupide, puisque les étudiants étrangers sont suffisamment nombreux à vouloir suivre des études en France : ils constituent 13 % des effectifs totaux, soit bien plus

que l’Allemagne ou la Suède, qui, elles, enseignent déjà en anglais.Stupide mais aussi contre-productive : ainsi, l’université française à Saïgon (Hô Chi Minh Ville), qui s’était mise à l’anglais pour attirer les étudiants non francophones, a dû faire machine arrière, les étudiants ayant préféré l’original à la copie et fui en masse vers les facultés américaines de la ville...

Contre-productive mais aussi ridicule : le professeur Pierre Fath raconte, dans "Le Figaro" (18/4), avoir assisté, dans une faculté française, à un cours de médecine en anglais qui se résumait à "put it on the microscope" et "take your pipette" !

Et Antoine Compagnon de rappeler que, contrairement à ce que croit Fioraso, qui ne jure que par le numérique, les nanotechnologies et la biologie de synthèse, Proust est un excellent produit d’exportation ! Enseigner en anglais dans une université française, ça, c’est vraiment du temps perdu...

J.-L P.
( Jean-Luc Porquet)

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Antoine Compagnon : un chèque en blanc à l’anglais

 Antoine Compagnon
Loi Fioraso : un chèque en blanc à l'anglais

Tribune publiée également dans Le Figaro du 18 mai 2013

Antoine Compagnon Fioraso université colonisation

Antoine Compagnon Loi Fioraso : un chèque en blanc à l'anglais

L'auteur, professeur au Collège de France et à l'université Columbia de New York, pointe les écueils d'un enseignement en anglais dans les universités.

Passons sur Proust et les cinq pelés qui se retrouveraient pour parler de lui si les universités françaises ne basculaient pas â l'anglais, Mme Fioraso dit que c'était une plaisanterie, Drôle d'humour de galérien, tout de même, chez une ministre qui voulait promouvoir son projet de loi ! Et la blague a si bien pris qu'on ne parle plus que de ce fameux article 2 au détriment de tous les autres, lesquels ne sont pourtant pas sans diviser les universitaires. Ce débat public n'en est pas moins bienvenu, touchant à un point justement sensible de la dignité nationale : la place de la langue française en France.

Je ne suis pas contre tout enseignement en langue étrangère, à condition que le cadre en soit clair. Aujourd'hui, la loi Toubon n'est pas respectée. Des universités et de nombreuses grandes (et moins grandes) écoles, l'ignorant superbement, donnent de plus en plus de cours en anglais. On nous dit qu'il s'agit de régulariser cet état de fait et l'on tente de nous rassurer en annonçant des décrets d'application qui limiteront l'usage des langues étrangères. Mais nous ne savons rien de ces décrets. Et seront-ils plus respectés que la loi Toubon ? L'article 2, a ce stade, est un chèque en blanc à l'anglais.

Mme Fioraso voudrait encore nous apaiser en affirmant qu'il n'y aura pas plus de 1% de cours en anglais dans les universités, D'où sort-elle ce chiffre ? Mystère ! Aucune étude le justifiant n'a été rendue publique, de même que nous n'avons pas vu la moindre évaluation des coûts et avantages de l'article 2 pour l'attractivité de notre enseignement supérieur.

Or, le premier désagrément du passage incontrôlé a l'anglais est la baisse de la qualité des cours : quand un professeur enseigne dans une langue qu'il maîtrise moyennement, il fait l'économie de la complexité de la matière traitée, réduit les nuances à des formules de manuel ou de présentation PowerPoint, et la leçon devient appliquée et utilitaire. Les étudiants attendent la pause, durant laquelle on revient au français, pour aborder les questions compliquées,

A peu près bilingue, j'ai beaucoup enseigné en anglais - aux États-Unis, non en France - mais je n'ai jamais oublié la remarque, il y a bien vingt ans, d'un de mes meilleurs doctorants, au français quasi parfait ; « On préfère quand vous dites votre séminaire en anglais, parce que vous êtes plus faible et que nous sommes plus forts.» Dans une autre langue, à moins d'être Conrad ou Beckett, l'argumentation sera forcément moins subtile. Pour nous tranquilliser aussi sur ce point, on avance que les cours en anglais seront donnés par des anglophones. Ah bon ? Comme ce n'est pas le cas aujourd'hui, cette contrainte imposerait des destitutions et des recrutements également improbables,

De fait, le projet confond deux défis actuels qui n'appellent pas les mêmes solutions, et il risque de ne relever ni l'un ni l'autre.

Le premier est l'anglais insuffisant des universitaires français. Dans presque toutes les spécialités, cette langue est indispensable pour la communication scientifique. L'anglais médiocre de nos enseignants et chercheurs pénalise la science française et explique sa sous-représentation dans de nombreux forums internationaux notamment pour les sciences humaines et sociales qui, leurs méthodes étant moins quantitatives, exigent une sophistication linguistique accrue. Pour remédier ace handicap, ce sont des programmes à l'étranger pour les doctorants et les jeunes chercheurs qui devraient être facilités, afin qu'ils communiquent et publient en anglais avec plus d'aisance.

Le second défi est celui de l'attractivité de nos universités auprès des étudiants étrangers, ceux des pays émergents, dont l'Afrique, continent en croissance. De ce point de vue, la qualité de l'offre d'enseignement et de recherche est le facteur essentiel, ainsi que l'amélioration de l'accueil, de l'accès au visa, au logement, etc. Que certains cours soient offerts en anglais à l'arrivée, cela va de soi. Mais il serait aberrant qu'un étudiant venu pour un doctorat, au moins trois ans, et cinq ans s'il commence par un master, puisse repartir sans maîtriser la langue du pays d'accueil. Des cours de langue et de culture françaises doivent être non seulement proposés aux étudiants étrangers, mais requis, comme cela se fait dans les universités américaines, d'où il n'est pas concevable que l'on sorte diplômé sans connaître la langue,

A plus long terme, dans quel engrenage met-on le doigt ? Les conséquences du renoncement à la langue nationale dans l'enseignement supérieur n'ont pas été mesurées. Si, comme l'envisagent sans état d'âme certains scientifiques qui nous renvoient au « siècle dernier », on peut se diplômer d'une université française sans savoir le français, sous prétexte que, dans le monde global, on n'en aura plus besoin ensuite, comment continuer de justifier son exigence ailleurs, dans l'administration, à l'école ? «À quoi bon leur faire apprendre le français, ai-je entendu, si c'est juste pour le parler durant leurs années d'études ? » Avec un tel argument, après le supérieur, pourquoi pas le secondaire, voire le primaire ? Et comment répondre, en France même, à des demandes de vie communautaire hors de la langue nationale ?

Mais j'écris ceci à l'île Maurice, où le français se porte bien après deux siècles d'empire de l'anglais. Tout espoir est donc permis.

Antoine Compagnon

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Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fioraso

 Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fioraso

Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fiorasoéducation politique Fioraso colonisation : Le point de vue de Claude Weisz, cinéaste, concernant le projet de loi Fioraso que l'auteur considère comme un véritable scandale démocratique se décompose en 3 parties suivies d'une lettre au Président de la République. MAR
I) L'édifiante sincérité de Madame Fioraso
II) Quelques réflexions fragmentaires provenant d'une expérience vécue
III) De la fâcheuse habitude qu'ont nos gouvernements de vouloir nous faire prendre les vessies pour des lanternes.
Lettre ouverte à M. François Hollande, Président de la République française.



I) L'édifiante sincérité de Madame Fioraso

"Si nous n'autorisons pas les cours en anglais nous n'attirerons pas les étudiants de pays émergeant comme la Corée du Sud (sic), l'Inde, le Brésil …*"

"Nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d'une table, même si j'aime Proust"

Madame Fioraso dans un entretien au Nouvel Observateur cite l'exemple des enfants scandinaves qui "regardent dés le plus jeune âge, à la télévision, les programmes en anglais. À l'âge adulte, ils manient un anglais excellent et un très bon allemand **. Est-ce que la culture danoise ou finlandaise est en péril ? Sont-ils moins critiques vis-à-vis de "l’impérialisme américain" que nous ? Soyons sérieux. Je vois beaucoup d'hypocrisie derrière tout ça".

Oui soyons sérieux.

Chacun sait que le danois, le suédois, le norvégien, etc. ne sont que de simples langues locales, et ne peuvent se comparer au français, langue partagée par de nombreux pays et parlée par plus de 200 millions de personnes sur les cinq continents, seconde langue la plus enseignée au monde après l'anglais ; toutefois de moins en moins en Europe puisqu'il n'est plus nécessaire de connaître le français, contrairement à la règle, pour travailler dans les institutions européennes.

De fait Madame Fioraso classe le français dans la catégorie des langues régionales.

Elle oublie simplement que le français est dans les institutions internationales langue officielle, à parité avec l'anglais.

Mais, comme ministre elle reçoit les documents internationaux et européens uniquement en anglais, c'est pourquoi elle l'ignore.

Comme il est probable que Madame Fioraso n'est pas complètement stupide, elle nous dit clairement que la finalité de cette loi est bien de faire du français une langue inutile.

Comment peut-on promouvoir une telle politique linguistique-contraire au discours de François Hollande lors de sa visite à New York devant les électeurs français d'Amérique du Nord- une politique qui accélère encore le déclin de la France ***.

Cette politique est criminelle.

Il faut la refuser tant qu'il est encore temps.

* au Brésil et dans les pays lusophones, l'élite culturelle et politique continue encore de pratiquer et d'étudier le français.

** connaissant ces pays j'ai rarement entendu un jeune parler, même médiocrement l'allemand… Par contre les jeunes Espagnols au chômage apprennent l'allemand pour travailler en Allemagne.

*** quant à l'usage de l'anglais comme remède au déclin industriel de la France, saluons l'exemple de la multinationale et premier fabricant mondiale du pneu, Michelin, qui dispense des cours de français à ses cadres et techniciens étrangers, avec le souci de continuer de faire du français sa langue de travail.

15 mai-Assemblée nationale ; c'est avec aplomb et péremptoirement que Mme Fioraso répond à une question posée par le député M. Myard. Sans être malpoli je dirais qu'elle continue à nous vendre son plat de lentilles. En supposant qu’elle aie raison nous accueillerons quelques milliers d'étudiants étrangers en plus, mais en 2050 tous les pays francophones d'Afrique seront passés à l'anglais ainsi que la soixantaine de chefs d'État, ministres, chefs de délégation qui s'expriment en français à l'ONU. C'est ainsi que le rêve de nos gouvernements modernes sera réalisé : la France sera reléguée au niveau international du Danemark. (J’aime le Danemark). Mais après tout, les Danois sont parfaitement anglophones, les touristes rendent visite à la petite sirène et leur niveau de vie est supérieur à celui des Français.

Un plat de lentilles, ma foi, (surtout du Puy en Velay), c'est très bon. Merci Madame.

Claude Weisz retour haut de page


II) Quelques réflexions fragmentaires provenant d'une expérience vécue.

Des Volkes Seele lebt in seiner Sprache. (Goethe)

C’est dans sa langue que vit l'âme du peuple.

Comment peut-on accepter - alors que nous vivons depuis des mois une bataille autour d'une loi, le mariage homosexuel, qui concerne peut-être 0,2 ou 0,3 % de la population et ne remet pas en cause la société - que le projet de loi Fioraso qui est un choix --oui, j'ose ce grand mot - de civilisation, ne fasse pas l'objet d'une réflexion approfondie et d'un débat national.

Ce changement radical qui fait qu’au bout du compte l'adage de Claude Allègre : "l'anglais ne doit pas être une langue étrangère en France" va être adopté presque à la sauvette ; un petit paragraphe dans une loi majeure concernant l'ensemble des citoyens français et francophones.

Mme Fioraso qualifie ceux qui n'acceptent pas l'intégralité de son texte de défenseurs de "la francophonie par la peur" et traite ceux qui critiquent ce projet de loi d'hypocrites " car ils sont passés par des grandes écoles (et) ont un cursus en anglais (…) tout en refusant de donner ces mêmes droits aux universités." Signalons toutefois que cette nouvelle législation légalisera l'infraction à la loi Toubon que pratiquent non seulement les grandes écoles mais un tas d'autres écoles privées plus ou moins de qualité, mais financièrement rentables.

Nous annoncer que ça ne concerne que 1 % des cours est en réalité un énorme mensonge.

Cela, de la part de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, s'appelle de la démagogie.

Plutôt que de rester dans des généralités je voudrais ici essayer de faire comprendre à ceux qui considèrent que passer sous le rouleau compresseur de l'anglo-américain est un progrès et participe de l'élévation du niveau d'éducation des Français est un leurre.

Mon expérience professionnelle de cinéaste "engagé", mon quotidien de citoyens de la Seine-Saint-Denis (le 9-3), balbynien (habitants de Bobigny)-ville aux 40 nationalités, avec 60 % de logements sociaux - mes interventions dans des ateliers de formation à l'audiovisuel m’autorisent à dire au gouvernement socialiste dont fait partie la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche : "réfléchissez avant de promouvoir et de voter une loi qui est antirépublicaine, antisociale, anti culturelle et donc antidémocratique.

Les adolescents que je fréquente chaque jour vivent déjà dans un univers "culturel" anglo-saxon.

Musique, chansons (à l'exception du rap et un peu de slam) publicité, informatique (vocabulaire et, de surcroît abandon du système métrique-mesures en pouces !) marketing, finance, audiovisuel, justice (il serait préférable de donner aux collégiens des notions de droit (français) plutôt que de promouvoir l'entreprise car, ça ils savent très bien le faire)

Il m'arrive de leur demander : "il est question de passer à l'anglais dans l'enseignement général… Êtes-vous pour ou contre ?"

Une forte minorité me répond spontanément : "on est pour, parce que l'anglais c'est plus facile que le français et on le parle partout, le français ça sert à rien". Et quelques-uns constatant que dans certaines entreprises françaises la langue de travail est l'anglais pensent qu'il est nécessaire d'apprendre cette langue dès la maternelle. (cf. procès intentés par les syndicats pour obtenir des traductions)

Donc à première vue Mme Fioraso, a raison l'enseignement en anglais est plus démocratique ; de plus cela permet aussi de continuer à faire des économies en fermant les centres culturels français à l'étranger et en réduisant leurs services.

Funeste politique de l'ère Sarkozy qui semble devoir, hélas, se perpétuer.

Par contre les lycées français à l'étranger risquent de perdre les élèves autochtones payants au profit des lycées américains ou anglais, comme c'est déjà le cas en Égypte, au Vietnam, au Maroc, au Liban, en Turquie…

Cela réduira également le nombre de chômeurs, les jeunes français trouveront plus facilement du travail, plus ou moins qualifié à l'étranger, sans charges sociales mais pouvant bénéficier encore de la sécurité sociale française comme c'est le cas avec nos émigrés en Grande-Bretagne.

Cette politique renforce également le communautarisme - repli sur soi et sur les "traditions" ethniques, - faisant apparaître le modèle français républicain et social comme "non compétitif". Transformant l'école en un lieu de contraintes et d'ennui.

Communautarisme avez-vous dit ? Hélas, un autre renoncement de François Hollande, celui d'accorder le droit de vote aux étrangers aux municipales est une grave erreur. Ce droit de vote est indispensable pour permettre une prise de conscience des droits et des devoirs et une participation de chaque émigré à la vie publique et politique dans la cité. Je considère que ce droit est indispensable à une intégration progressive républicaine, antinomique au communautarisme à l'instar de l'école publique et laïque.

C'est aussi faire fi de l'avis des chefs d'entreprises, ceux qui ne sont pas encore passés à l'anglais, qui se plaignent de ne pas trouver de jeunes sachant s'exprimer et écrire correctement en… français.

Certes l'enseignement en anglais permettra à l'éducation nationale de recruter plus facilement des professeurs vacataires "english natives" non statuaires !

Les études supérieures en anglais favoriseront la formation d'une élite internationale, (qui existe déjà), en France, mais à condition que les salaires soient aux minimums égaux à ceux des chercheurs américains ainsi que la qualité de nos laboratoires et instituts de recherche.

Bien au contraire, "la démocratisation" annoncée par la ministre permettra aux mandarins français anglophones de s'expatrier sans difficulté vers les universités prestigieuses des États-Unis, de Grande-Bretagne, d'Australie, d'Afrique du Sud etc. A contrario comment Mme la ministre peut expliquer l'engouement à apprendre le français en Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Chine … chez les étudiants qui se destinent aux professions médicales ?

D'une part, parce que il y a du travail en France pour ces médecins, kinés, infirmières, dentistes ; professions mieux rémunérées que chez eux avec une qualité de vie supérieure et dont l'exercice ne peut se faire que dans la langue du pays.

D'autre part pour suivre des cours et faire des stages dans des secteurs de médecine spécialisée où la France est reconnue pour son excellence, cardiologie, greffes, cancer… Et, miracle, dont l'enseignement et la pratique continuent à se faire en français !

Autre exemple, si des cinéastes de pays non francophones apprennent le français c'est pour tourner en France et en français, des films français.

Ainsi Michael Haneke, palme d'or à Cannes, prix du meilleur film européen, BAFA (Royaume-Uni) du meilleur film étranger et, entre autres, pour couronner le tout, Oscar du film en langue étrangère à Hollywood.

N'en déplaise aux ministres et autres thuriféraires de l'anglo-américain, c'est cela l'attractivité de la France.

La caste bureaucratique néolibérale qui dirige l'Europe et la France, qui pense en anglo-américain est la même qui, sous prétexte de modernité avait choisi de supprimer les tramways et les trolleybus, prétendant que c’était un moyen de transport périmé, qu’il fallait adapter Paris à la voiture. Ce sont les mêmes penseurs qui, aujourd'hui, avec un demi-siècle de retard, découvrent que le tram est un moyen de transport idéal.

Si l'on peut à nouveau faire rouler des trams il sera impossible, lorsque le français aura perdu son statut de langue internationale de communication, de diplomatie, de culture, de le faire revivre.

Pourquoi par ailleurs, trouve-t-on tragique qu'un président français ne s'exprime pas parfaitement en anglais et normal qu'un président américain ne connaisse aucune autre langue que l'anglais. Que John Kerry doive s'excuser auprès de ses concitoyens de s'exprimer en français et faisant preuve d'humour, explique qu'il continuera en anglais car "si je ne le fais pas j'aurais des problèmes à mon retour aux États-Unis."

Oui, pourquoi cela ne choque pas que l'apprentissage d’une langue étrangère au Royaume-Uni et aux États-Unis soit facultatif au lycée, ce qui signifie qu'aujourd'hui les élèves de ces pays ne connaissent que l'anglais ou l'américain.

Il fut un temps, pas si lointain, où la chanson française de Piaf à Montand, de Brel à Gainsbourg, s'exportait à l'étranger en version originale. Ce qui n'empêchait pas ces chanteurs et compositeurs, de temps à autre, d'en faire une adaptation en anglais, en allemand, en japonais etc. Ces mêmes chansons étaient reprises en français par des interprètes de pays non francophones. Aujourd’hui la chanson française qui s'exporte est uniquement en anglais et l'anglais est devenu la langue de la chanson internationale. On me dit qu'économiquement c'est très bon pour la France car ça se vend très bien. Ce qui reste encore à prouver.

Mais franchement, culturellement c’est zéro.

Faire parti du magma de la variété anglo-saxonne pourquoi pas, mais qu'on ne parle pas de diversité culturelle.

Paradoxe : au XVIe siècle l'opéra se chantait exclusivement en italien puis à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle il s'écrivit des opéras en français, en anglais, en allemand. Au XIXe siècle et davantage encore au XXe on assiste à la floraison d'opéra en russe, tchèque, hongrois, norvégien etc. C'est cette diversité que nous sommes en train de perdre avec ce retour à la langue unique.

Langue unique, pensée unique, acculturation ce n'est pas le XXIe siècle de Mme Thatcher* que mes parents et moi-même avons souhaité.

Hélas notre élite, notre pseudo élite politique, économique, financière n'en a cure.

Sa vision du futur a la dimension d'un quinquennat. C’est très court, petit et médiocre.

* au XXIe siècle, la puissance dominante c'est l'Amérique, la langue dominante c'est l'anglais, le modèle économique c'est le capitalisme anglo-saxon

Je peux me tromper, mais je n'ai pas entendu parmi les abondants éloges funèbres rendus par les radios généralistes et télévisions à Mme Thatcher, la chanson éponyme de Renaud.

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III) De la fâcheuse habitude qu'ont nos gouvernements de vouloir nous faire prendre les vessies pour des lanternes.

À droite comme à gauche et plus particulièrement en ce qui concerne la langue française et la francophonie c'est la même parole lénifiante et concrètement la même politique suicidaire.

On nous assure que les conférences de l'Organisation Internationale de la Francophonie sont des réussites et la situation de la langue française dans le monde est globalement bonne.

Présidence Sarkozy : "en 2050 il y aura 700 millions de francophones, dont 80 % en Afrique".

Présidence Hollande : "en 2050 il y aura 800 millions de francophones dont 80 % en Afrique."

La réalité est la suivante, seuls 10 à 30 % de la population des pays dits francophones parlent et écrivent le français.

L'apprentissage de notre langue se fait dans des classes surchargées, jusqu’à 90 élèves, avec des profs qui n'ont aucune réelle formation (et souvent ne parlent qu'un français approximatif).

De plus les écoles manquent de matériel pédagogique, livre, ordinateur etc.

Les salaires pour la plupart misérables, sont payés très souvent de façon aléatoire

L’élite universitaire s'expatrie aux USA, Grande Bretagne, Australie, où elle occupe des postes de professeurs, maîtres de conférences dans des universités prestigieuses.

Les étudiants, quant à eux, n'obtenant pas de visa pour la France* se dirigent aussi vers les pays anglophones et constatent amèrement qu'avoir pour langue d'étude le français est un handicap par rapport aux étudiants issus de pays anglophones.

Et, comme si cela ne suffisait pas, voici qu'après Valérie Pécresse c’est au tour de Geneviève Fioraso d'exclure les étudiants francophones des études supérieures en France car s'ils veulent étudier dans les grandes écoles et bientôt dans les universités, il est indispensable qu'ils connaissent l'anglais puisque l'enseignement y est et sera donné uniquement en anglais !

Il est conseillé de prendre des cours d'anglais pour une mise à niveau leur permettant de s'inscrire dans de grandes écoles et d’y passer les examens (Sciences-Po, HEC, ESSEC entre autres.)

Étonnez-vous que de plus en plus de gouvernements africains francophones veuillent passer à l'anglais.

Au train où vont les choses, ("l'anglais ne doit pas être une langue étrangère en France", Claude Allègre) l'affirmation qu'en 2050 il y aura 800 millions (ou même revu à la baisse dans certaines annonces récentes) de francophones dont 80 % en Afrique est un déni de réalité hypocrite et un mensonge d'État.

En 2050, à l'instar du Rwanda l'anglais aura remplacé le français dans la plupart des pays de l'espace francophone.

Et, dommage collatéral, les Chinois - le seul pays ou l'apprentissage du français se développe - auront constaté qu'il n'est pas nécessaire de connaître le français pour commercer avec l'Afrique francophone pas davantage pour étudier en France.

Remarque subsidiaire ; il serait bon pour nos relations économiques avec la Chine de développer et d'encourager l'étude du chinois (ainsi que de l'arabe, l'espagnol, le russe, le portugais et l'allemand ) comme choix de première langue au lycée et de profiter de la jeune génération sino-française à cette fin.

Sait-on qu’aujourd'hui l'éducation nationale salarie des enseignants français pour donner des cours d’anglais dans certains pays comme le Cambodge ( !), les pays du Golfe…

Sait-on que la politique linguistique des États-Unis et de la Grande-Bretagne est caractérisée par une volonté d'éradiquer la langue française.

Un laboratoire de cette politique se trouve en Haïti. Les États-Unis y promeuvent le créole comme unique langue nationale tout en développant, grâce à leur O.N.G. éducatives, des cours d’anglais gratuits dans toutes les écoles et également aidés en cela par une politique d'ouverture à l'accueil des étudiants haïtiens aux États-Unis.

Avez-vous oublié que sous la présidence Bush junior la France, sa langue, ses produits ont été punis pour s'être opposés à l'invasion de l'Irak

Il est amusant de voir que plusieurs films américains de cette époque faisaient jouer le rôle de méchants aux Français. Les Français avaient remplacé les soviétiques dans le cinéma hollywoodien.

La réalité de l'action des gouvernements français est de tout faire pour que le français soit considéré comme une langue inutile.

Une grande partie de notre élite politique et économique a fait sienne le dogme de Madame Thatcher : "au XXIe siècle, la puissance dominante c'est l'Amérique, la langue dominante c'est l'anglais, le modèle économique c'est le capitalisme anglo-saxon"

Seule une volonté mercantile mobilise leurs pensées : faire payer les étudiants étrangers pour faire leurs études et passer leur diplôme en anglais afin de renflouer les caisses des grandes écoles et de l'éducation nationale comme cela est le cas dans les pays anglophones.

Mais ceci est également un leurre.

Économiquement cela est suicidaire.

Culturellement c’est criminel.

Politiquement c'est une forfaiture.

Et vis-à-vis de "ceux qui ont le français en partage" c'est une trahison.

Alors cessez de nous mentir.

Défendons la diversité linguistique, culturelle.

Restaurons la place du français dans le monde pour conserver une autre façon de penser.

Le français en partage est l’une des dernières richesse universelle et une valeur morale qui reste encore à la grande nation française.

N'oublions pas ce qu'écrivait Kateb Yacine lorsqu'on lui reprochait d'écrire en français : "la langue française est notre butin de guerre".

N'oublions pas que nous avons colonisé des peuples en leur imposant le français. Aujourd'hui qu'ils ont fait leur cette langue tout en l’enrichissant, une langue qui, pour beaucoup, est encore la langue des droits de l'homme et de la liberté, les condamner à l'anglais c'est un coup de poignard dans le dos.

Peut-être est-ce aussi la revanche de l'histoire ; les anciens colons à leur tour colonisés (et de plus volontairement) Non, nous méritons mieux.

Nous avons aussi un devoir de reconnaissance envers les artistes, scientifiques, écrivains, cinéastes étrangers qui ont choisi le français et la République française pour leurs créations.

Demain, de par notre renoncement nous nous priverons de cet apport original et vital.

Quant à nos cousins du Québec, de Belgique, de Suisse et nos amis africains ils sont désespérés à l'idée que le Parlement français puisse avaliser le projet de loi défendu par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Après la signature à venir de l'accord de libre-échange entre les États-Unis et l'Europe, par lequel l'exception culturelle sera "rabotée" et le monopole de la langue impériale (déjà accepté dans l'administration européenne) sera légalement établi, que deviendra la France lorsque sa langue ne sera plus qu’une langue régionale ?

Il est évident que ce projet de loi ne serait pas aussi dangereux si l'ensemble de la politique de la France vis-à-vis de sa langue était affirmatif, vigoureux, ambitieux, généreux, riche.

Hélas aujourd'hui c'est la débandade, une variante plus douce (soft !) de "l'étrange défaite" de 1940. Et les voix qui nous parviennent de Londres, c'est plutôt "bizness as usal."

Ne nous trompons pas ; les fossoyeurs de notre langue ce ne sont pas les Anglais mais bien certains français.

Désindustrialisation et acculturation…

"Plus dure sera la chute" ("The harder they tall )**, à moins que…

* sur ce point donnons crédit au gouvernement actuel de vouloir changer les choses.

** film américain de Mark Robson (1956)

N.B. Affirmer que la réussite commerciale ou industrielle soit conditionnée par la maîtrise de l'anglais c'est aussi une contrevérité. Un produit de qualité peut se vendre même, c'est un exemple, en albanais-(assisté d'un bon interprète- traducteur)-et on trouve encore des albanais pratiquants fort bien le français.

P.S. 21 avril 2013, inauguration de l'exposition "naissance d'un musée" au Louvre d’Abu-Dhabi, en présence de Mme Fillipetti, des anciens et nouveaux directeurs du Louvre ; les panneaux, les inscriptions, les titres sont en deux langues : l'arabe et l'anglais !

Un pays qui n'aime pas sa langue ne saurait donner l'envie de l’apprendre à des étrangers.

Claude Weisz retour haut de page


Lettre ouverte à M. François Hollande, Président de la République française.

de Claude Weisz, cinéaste, fils d'émigrés non francophones, pupille de la Nation, dont le père, résistant, est "mort pour la France" en 1942, dans les locaux de la Préfecture de police de Paris, sous les tortures infligées par des fonctionnaires français des renseignements généraux. Citoyen français, je me permets de me présenter ainsi car l’héritage que j'ai reçu de mon père est l'esprit de résistance.

Monsieur le Président.

Les pages qui suivent rédigées en état d'indignation, expriment les raisons qui m'amènent à vous demander de mettre fin à la politique de renoncement à la souveraineté linguistique de la langue française.

Je demande aux législateurs, les représentants du peuple, de prendre le temps de réfléchir aux conséquences désastreuses qu'entraînerait l'adoption du paragraphe 2 du projet de loi sur l'enseignement supérieur.

Il est nécessaire d'apprendre des langues étrangères, dont l'anglais.

Donner quelques cours en anglais (Wall Street English !) est admissible mais le projet de loi présenté par Madame Fioraso, qu’elle assure être limité à 1 % des cours, est un leurre. Ce 1 % c'est le cheval de Troie du groupe de pression (le "lobby") des directions de Sciences-Po, HEC, l'ESSEC et d’autres, qui pratiquent déjà le tout anglais - en contrevenant à la loi Toubon - qui voit dans l'adoption de cette loi la régularisation de leur pratique illégale.

C'est un choix politique majeur. Un choix de culture. Un choix de géopolitique. Un choix idéologique. Un choix historique.

Le français en partage est l’une des dernières richesse universelle et une valeur morale qui reste encore à la grande nation française.

N'oublions pas ce qu'écrivait Kateb Yacine lorsqu'on lui reprochait d'écrire en français : "la langue française est notre butin de guerre".

N'oublions pas que nous avons colonisé des peuples en leur imposant le français. Aujourd'hui ils ont fait leur cette langue tout en l’enrichissant, une langue qui, pour beaucoup est encore la langue des droits de l'homme et de la liberté, les condamner à l'anglais c'est un coup de poignard dans le dos.

Peut-être est-ce aussi la revanche de l'histoire ; les anciens colons à leur tour colonisés (et de plus volontairement) Non, nous méritons mieux.

Il est évident que ce projet de loi ne serait pas aussi dangereux si l'ensemble de la politique de la France vis-à-vis de sa langue était affirmatif, vigoureux, ambitieux, généreux, riche. Mais force est de constater que ce n'est pas le cas, à quelques petites exceptions près. Nous sommes dans une politique de repli et d'acceptation de la défaite.

Je souhaite, monsieur le président, que vous soyez fidèle à la réponse que vous me donniez lors des élections présidentielles.

Je vous remercie, Monsieur le président, très profondément de la peine que vous vous donnerez à lire ces quelques pages, en espérant que vous aurez à cœur, comme vous l'avez souvent proclamé, d’agir pour que ce bien public qui appartient à tous les locuteurs francophones demeure et se développe comme langue solidaire et nécessaire. C'est la France qui a naturellement pour mission de sauvegarder la langue française et d'en promouvoir l'usage.

Veuillez trouver ici, Monsieur le président de la république, cher François Hollande, l'expression de ma haute considération

13 mai 2013

Copie à Mmes et MM. Jean-Marc Ayrault, Laurent Fabius, Aurélie Fillipetti, Yasmina Benguigui, Vincent Peillon,

Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Najat Vallaud-Belkacem, Nicole Bricq.

Claude Weisz

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Projet de loi Fioraso (suite 4)

Projet de loi Fioraso (suite 4)

Fioraso université colonisation politique

Projet de loi Fioraso

TV5Monde : "French university" par Pascal Priestley (17/5)
Intervention de Jacques Myard lors de la séance des questions au Gouvernement et la réponse de Mme Fioraso (15/5) (voir la vidéo ou lire le texte de l'intervention ci-dessous)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".


Intervention de Jacques Myard lors de la séance des questions au Gouvernement et la réponse de Mme Fioraso (15/5)

Assemblée Nationale - Première séance du mercredi 15 mai 2013
Présidence de M. Claude Bartolone
Questions au Gouvernement

Défense de la langue française

M. le président. La parole est à M. Jacques Myard, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.

M. Jacques Myard. Bernard Cazeneuve, je ne sais pas si l’opposition sort de l’œuf mais le Gouvernement a fait une sacrée omelette ! (Applaudissements et rires sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Herr Ministerpräsident Ayrault, ich bitte Sie um eine Frage zu antworten ; Mister Prime minister, I wish to ask you a question :…

M. Jean Glavany. On parle français dans l’hémicycle !

M. Jacques Myard. …au moment où la Commission bafoue le plurilinguisme de l’Europe et privilégie de manière outrancière l’anglais, la science française a-t-elle encore le droit de s’exprimer dans la langue de Molière, de Victor Hugo…

Un député du groupe SRC. De Myard !

M. Jacques Myard. …de Frédéric Joliot-Curie, de Louis Leprince-Ringuet, de Charles de Gaulle ou de François Mitterrand, ou doit-elle s’excuser d’exister ? (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et UDI.)

À l’évidence, on se doit de se poser la question puisque vous allez proposer de reléguer notre langue en seconde division, en lui ôtant son statut de langue universitaire exclusive au profit du globish. Il faut apprendre des langues étrangères, mais le globish n’est pas une explication du monde.

Vous oubliez que les ingénieurs que nous formons aujourd’hui travailleront encore dans vingt à quarante ans et que le "tout anglais" d’aujourd’hui est une faute stratégique, une vision erronée et obsolète à terme du monde qui va à marche forcée vers un plurilinguisme qui va relativiser très largement l’anglais (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et UDI.)

Rappelez-vous Hamlet : "Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie." Croyez-vous vraiment attirer des étudiants non francophones ? Vous vous trompez : ils préféreront toujours l’original aux singeries. En définitive, nous n’aurons gagné que le mépris des autres, que le statut du vassal et de l’esclave.

Une langue, ce n’est pas seulement un moyen pour vendre des cacahuètes, c’est une pensée, une structure mentale, et le français demeure plus que jamais une langue de sciences ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le député Jacques Myard, c’est en français que je m’adresserai à vous pour vous parler du projet de loi. Que dit le texte auquel vous faites allusion – si vous l’avez lu ? (Protestations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) Il dit que la langue de référence de l’enseignement supérieur et de la recherche est le français. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

L’article 2 dispose simplement que les dérogations qui sont déjà prévues par la loi Toubon peuvent être élargies en étant très encadrées pour accueillir les étudiants de pays émergents, tels que la Corée, l’Inde, le Brésil, dans les matières scientifiques, économiques et techniques, qui ne viennent pas en France à cause de l’obstacle du langage.

M. Maurice Leroy. Qu’en pense la ministre de la francophonie ?

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Cette loi sera d’autant plus encadrée…

M. Christian Jacob. Ce n’est pas encore la loi !

Mme Geneviève Fioraso, ministre. …qu’un accord est intervenu hier, en commission, entre partisans et opposants préalables à cette dérogation. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Nous avons décidé de l’encadrer encore plus en prévoyant une formation obligatoire au français pour ces étudiants, et elle sera prise en compte pour l’obtention de leur diplôme.

M. Dino Cinieri. Cela ne servira à rien !

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Aujourd’hui, il y a 790 formations en langues étrangères, plutôt en anglais. Elles existaient jusqu’à présent dans les écoles pour les enfants privilégiés. Cela ne faisait hurler personne. Aujourd’hui, nous voulons élargir cette possibilité et les introduire à l’université pour tous les jeunes, notamment ceux qui sont issus des milieux modestes, qui n’ont pas voyagé, qui ne parle ni l’anglais ni l’allemand.

M. Daniel Fasquelle. N’importe quoi !

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Monsieur Myard, la France francophone, c’est la France qui s’ouvre au monde, au Maghreb avec Yamina Benguigui, à l’Afrique francophone que nous accueillons volontiers. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

En conclusion et en français : beaucoup de bruit pour rien, pour reprendre ce titre de Shakespeare.


Le commentaire de Claude Weisz

15 mai-Assemblée nationale ; c'est avec aplomb et péremptoirement que Mme Fioraso répond à une question posée par le député Jacques Myard. Sans être malpoli je dirais qu'elle continue à nous vendre son plat de lentilles. En supposant qu’elle aie raison, nous accueillerons quelques milliers d'étudiants étrangers en plus, mais en 2050 tous les pays francophones d'Afrique seront passés à l'anglais ainsi que la soixantaine de chefs d'État, ministres, chefs de délégation qui s'expriment en français à l'ONU.

C'est ainsi que le rêve de nos gouvernements modernes sera réalisé : la France sera reléguée au niveau international du Danemark. Mais après tout, les Danois sont parfaitement anglophones, les touristes rendent visite à la petite sirène et leur niveau de vie est supérieur à celui des Français.

Un plat de lentilles, ma foi, (surtout du Puy en Velay), c'est très bon. Merci Madame.

(on pourrait aussi signaler que le tout en américano-anglais permettra aux présidents et directeurs des grandes écoles de rattraper le niveau de salaire de leurs collègues américains. D'autant plus que suite au scandale des émoluments généreux de feu Richard Descoings, l'État a décidé de réduire un peu leur train de vie.)

Claude Weisz

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Projet de loi Fioraso (suite 3)

Projet de loi Fioraso (suite 3)

Fioraso université colonisation politique
Projet de loi Fioraso

France 2 : Entretien avec Claude Hagège au sujet du projet Fioraso (15/5)
France24 Cours en anglais à l'université : pire des humiliations pour les francophones(15/5)
Bernard Pivot : Cette loi est lourde d’orages et de défaites (12/5) (lire ci-dessous)

voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".

Suite du débat concernant le projet de loi Fioraso tendant à autoriser l'enseignement en anglais dans les universités et grandes écoles.


Bernard Pivot, journaliste et écrivain : "Cette loi est lourde d’orages et de défaites"
La Croix du 12 mai 2013

Fortement opposé à l’introduction de cours en anglais à l’université, Bernard Pivot explique la nécessité de continuer à promouvoir le français dans le monde.

La Croix : L’anglais comme langue d’enseignement dans les facs françaises, cela vous scandalise-t-il ?

Bernard Pivot : Oui, tout à fait, car je crois, comme Michel Serres, que si nous laissons l’anglais s’introduire dans nos universités, si nous le laissons, seul, dire la science et le monde moderne, alors le français se mutilera et s’appauvrira. Il deviendra une langue banale, ou pire, une langue morte. En donnant la possibilité d’enseigner en anglais, la ministre prétend attirer des étudiants étrangers et faire remonter la France dans les classements anglo-saxons.

Mais c’est un leurre. Les meilleurs choisiront toujours d’aller dans les plus grandes facs américaines et anglaises, tandis que le français, lui, sera bel et bien mis en péril.

N’y a-t-il pas, derrière ce débat, une querelle entre "anciens" et "modernes" ?

B. P. : Peut-être que certains, parmi les plus jeunes, sont moins attachés que nous au français… Mais je crois que le problème est plus grave. Il est que nos dirigeants ne sont plus des lettrés, ni des amoureux du français, comme ils l’ont été autrefois. Je pense au général de Gaulle, bien sûr, à Georges Pompidou, mais aussi à François Mitterrand. Ces hommes étaient de grands lecteurs, des amoureux de la langue, et même des écrivains capables d’écrire de beaux livres… Ils n’auraient jamais laissé passer une telle loi.

Mais le français peut-il réellement résister à l’anglais ?

B. P. : La question ne se pose pas en ces termes. Que l’anglais soit la langue dominante dans le monde actuel, c’est logique. Dans l’histoire, à chaque fois qu’une nation a dominé par son armée, son économie, ses savants, elle a imposé sa langue. Ce fut le cas de la France sous Louis XIV. Il ne s’agit donc pas de jalouser la position de l’anglais. Mais il ne faut pas non plus se résigner ni se coucher devant lui. À côté, le français doit continuer de jouer sa partition.

Pourquoi est-il si important, selon vous, de défendre le français ?

B. P. : D’abord, je n’aime pas ce terme "défendre". Il me semble d’emblée pessimiste. Le français, il faut l’illustrer, le promouvoir, le faire vivre. Car c’est la langue qui nous a constitués, qui nous a formés, qui coule de notre bouche et dans nos veines. Même si l’on parle plusieurs langues, je suis convaincu que notre dernier mot, au moment de notre mort, sera français. Car celui-ci est inscrit dans notre âme, au plus profond de nous. La langue est ce qui constitue, aussi, une nation. C’est parce que nous avons en commun ce trésor des mots que nous nous comprenons, que nous écrivons. Les mots sont notre richesse et marquent aussi notre diversité. C’est formidable d’avoir parmi nos grands écrivains des Antillais ou des Africains. Cette loi envoie d’ailleurs un très mauvais signal à tous ceux qui luttent, dans le monde, au sein des instituts français, pour faire vivre notre langue. Peut-être certains ne voient-ils pas le péril qui s’annonce. Moi, je sens au contraire que cette loi est lourde d’orages et de défaites.

Recueilli par Flore Thomasset

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Pouria Amirshahi : Une gifle à la langue française

 Pouria Amirshahi : Une gifle à la langue française 

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Pouria Amirshahi : Une gifle à la langue française

Nous reproduisons ici la tribune de Pouria Amirshahi, député PS publiée dans Marianne du 11 mai 2013. Lire également plus bas son amendement, signé par 39 députés socialistes, qui demande la suppression de l'article 2 du projet de loi Fioraso

Autoriser l'enseignement universitaire tout en anglais, comme le propose le projet de loi de Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur, c'est porter un nouveau coup à la francophonie par Pouria Amirshahi (Député PS de la 9e circonscription des Français de l'étranger)

Qu'il est loin, ce 16 octobre 1993, quand François Mitterrand - au Sommet de la francophonie - s'opposait explicitement au président Clinton en lui reprochant de vouloir "imposer une façon de penser, de s'exprimer au reste du monde". Dire que, vingt-cinq ans plus tard, les élites françaises sont de plus en plus nombreuses à construire elles-mêmes cette horrifiante uniformisation du monde, sans que personne ne l'exige. C'est sans doute pour moi, en tant que francophone, la pire des humiliations. J'ai encore en tête les mots de Valérie Pécresse, en 2008, qui déclarait à la suite de Jean-François Copé, vouloir "briser le tabou de l'anglais" et prétendait en faire une seconde langue maternelle.

Après plus de deux décennies de renoncements, de remises en cause insidieuses - décennies marquées par l'extension de la pensée hégémonique néolibérale anglo-saxonne -, le projet de loi de la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, en son article 2, porte un signal terrible, comme une gifle à la langue française qui unit tant de peuples sur les cinq continents.

De quoi s'agit-il ? D'étendre le champ des exceptions faites à la loi Toubon en autorisant l'enseignement universitaire tout en anglais. Tout. J'insiste sur ce point, car la confusion est trop souvent entretenue dans un élan de mauvaise foi : il ne s'agit pas d'enseigner "la" langue anglaise, mais de tout enseigner "en" langue anglaise.

Pour un Erasmus francophone

Cette entorse existe de fait déjà dans certaines grandes écoles. Doit-on vraiment la généraliser ? Faut-il vraiment l'encourager ? A HEC, par exemple, l'enseignement de l'économie se fait en anglais. Les élites françaises de demain sont donc formées-je n'ose dire formatées - par la pensée économique anglo-saxonne ultralibérale. Pour dire les choses brutalement, elles passent définitivement ainsi sous "tutelle intellectuelle". Pour cette seule raison, l'indigestion se fait déjà sentir en moi avant même qu'on n'ait tenté de me faire avaler la couleuvre. Mais s'en tenu : à la thèse de la "langue-idéologie" serait de courte vue, et même sans doute dangereux. En effet, le français ne véhicule pas en soi le colonialisme, l'allemand ne véhicule pas intrinsèquement le totalitarisme, l'arabe ne stipule pas l'inégalité de genre, le persan est très compatible avec l'amour du vin, etc. L'anglais véhicule donc aussi une part de la belle œuvre humaine. Et reconnaissons que c'est une langue utile à l'humanité du moment parce que ses rudiments sont mieux partagés. Il y en a eu d'autres, espérons qu'il y en aura d'autres. Tant qu'il n'y en a n'a pas qu'une...

Il faut donc répondre à tous les arguments.

"Faisons venir des étudiants des pays émergents, comme le Brésil, la Turquie ou la Chine." Soit. Nous en formons déjà des centaines de milliers en français dans le monde. A quoi : bon dépenser tout cet argent si c'est pour les faire venir étudier en anglais ? Surtout, comment penser que nous serons la destination de premier choix des étudiants avec une telle loi ? Les universités états-uniennes ou britanniques continueront d'être préférées à nos universités devenues anglophones Qui d'ailleurs ne le deviendront jamais tout à fait. Car en réalité et contrairement à un autre argument entendu, le passage à l'anglais fera baisser le niveau de notre enseignement supérieur car nous n'aurons pas les enseignants parfaitement à l'aise avec l'anglais. A moins de décider de recruter des enseignants anglophones...

On ne sait pas s'il faut rire ou pleurer de l'argument selon lequel "des cours en anglais amènent au français"... Surtout quand on observe, à l'expérience, ces nombreux étudiants étrangers qui traversent un "tunnel anglophone" et qui repartent sans avoir appris la langue française !

Pensons aussi qu'un des seuls critères de "vente s de cours de français destinés à des universitaires à l'étranger est de pouvoir leur fournir un instrument pour leur cursus en France. Si les cours sont dispensés en anglais en France, alors nous verrons l'influence de la langue française chuter, jusqu'à s'éteindre peu à peu.

L'enseignement supérieur en France dispose déjà d'atouts considérables. Valorisons-les plutôt que de battre notre coulpe : le coût de l'enseignement, l'intérêt culturel, la valeur des diplômes français sur le marché local, mais aussi les immenses débouchés que représentent les marchés du travail de l'espace francophone, en Amérique du Nord, en Afrique et en Europe, sont autant de ressources pour le rayonnement universitaire de la France. Car il existe aussi une francophonie économique, tournée vers le développement et le partage de la valeur ajoutée entre le Nord et le Sud, entre le Sud et le Sud aussi d'ailleurs. Pourquoi négliger autant cette potentialité au moment même où chacun observe une Afrique renaissante avec un taux de croissance à deux chiffres ? Car il est aussi des conséquences politiques, géopolitiques majeures à de petits renoncements : veut-on passer à côté des bouleversements en cours en Afrique maghrébine et subsaharienne ? Regretter que cette "Afrique de 600 millions de francophones" n'ait été qu'un train raté ? Un de plus !

Quel terrible signal donné à nos cousins québécois, africains et belges qui revendiquent, chérissent, cultivent notre langue commune au moment même où se joue sa place, parfois face à des sectaires éradicateurs.

Et si nous donnions plutôt à la francophonie les outils dont elle manque cruellement ? Par exemple, un Erasmus francophone. Par exemple, un passeport économique et culturel de la francophonie, traduction matérielle d'une appartenance commune, qui offrirait notamment aux artistes, étudiants, chercheurs et chefs d'entreprise francophones de nombreuses possibilités de mobilité. Par exemple, un portail numérique de la recherche francophone internationale digne de ce nom, qui donne vraiment les moyens à l'Agence universitaire de la francophonie d'exister plutôt que de se débrouiller. Par exemple. Et si nous avions un peu d'ambition ? Pouria Amirshahi

voir également le site de Pouria Amirshahi


Pouria Amirshahi est l'auteur d'un amendement, signé par  39 députés du groupe Socialiste, républicain et citoyen, demandant la suppression de l'article 2 du projet de loi Fioraso qui autorise l'enseignement en anglais dans l'enseignement dans l'enseignement supérieur.

Amendement présenté par M. Pouria Amirshahi

signé par Christian Assaf, Jean-Paul Bacquet, Christian Bataille, Philippe Baumel, Nicolas Bays, Jean-Pierre Blazy, Seybah Dagoma, Yves Daniel, Michèle Delaunay, Sébastien Denaja, Jean-Pierre Dufau, Hervé Féron, Michèle Fournier-Armand, Yann Galut, Jean-Patrick Gille, Daniel Goldberg, Pascale Got, Jérôme Guedj, Edith Gueugneau, Chantal Guittet, David Habib, Joëlle Huillier, Françoise Imbert, Michel Issindou, Régis Juanico, Laurent Kalinowski, Pierre-Yves Le Borgn’, Annie Le Houérou, Arnaud Leroy, Bernard Lesterlin, François Loncle, Jean-Philippe Mallé, Michel Ménard, Patrick Mennucci, Kléber Mesquida, Suzanne Tallard, Pascal Terrasse, Jean-Michel Villaumé et Paola Zanetti

Article 2

Supprimer cet article.

Exposé sommaire

Cet article est un recul par rapport à la loi Toubon de 1994 relative à ['emploi de la langue française qui spécifie : "la langue de l'enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d'enseignement est le français" et réaffirmant que ia langue de la République est le français, en vertu de l'article 2 de ia Constitution. Cette loi prévoit déjà des exceptions pour "les écoles étrangères ou spécialement ouvertes pour accueillir des élèves de nationalité étrangère, ainsi que les établissements dispensant un enseignement à caractère international" (art. 11). Dès lors, cet article n'a pas d'utilité, il convient en revanche de faire respecter la loi plutôt que de légaliser les pratiques délictueuses de certains établissements.

En posant l'anglais comme condition de l'attractivité de nos universités, nous courons le risque de marginaliser les étudiants francophones et ceux souhaitant apprendre notre langue. Pourtant, notre pays se classe au quatrième rang mondial des pays accueillant des étudiants étrangers et la connaissance de la langue française est la première raison mise en avant. Surtout, l'enseignement "tout en anglais" n'est pas nécessaire pour attirer des étudiants des pays émergents qui comptent, en leur sein, suffisamment de jeunes diplômés francophones ou désireux de le devenir.

Enfin, à l'heure où la recherche francophone, toutes disciplines confondues, est de plus en plus marginalisée sous la pression des revues anglophones, notre engagement pour la diversité culturelle et linguistique ne saurait avantager plus encore la langue anglaise - qui n'en a guère besoin - dans notre système d'enseignement supérieur et de recherche. C'est pourquoi ia suppression de l'article 2 est proposée.

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Projet de loi Fioraso (suite 2)

Projet de loi Fioraso (suite 2)

Fioraso université colonisation politique

Projet de loi Fioraso

Charente Libre : Pouria Amirshahi en défenseur de la langue française (10/5)
France Culture : Réforme de l'enseignement supérieur : le français va-t-il filer à l'anglaise ? (9/5) avec G. Fiaraso et Antoine Compagnon ci-dessous : notre commentaire

Le Monde éducationLe développement des cours en anglais à l'université déchire le monde académique (9/5)

Le point de vue de Guy Dalens : Fioraso de Bavière (lire ci-dessous)

voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".

Suite du débat concernant le projet de loi Fioraso tendant à autoriser l'enseignement en anglais dans les universités et grandes écoles.


France Culture : Réforme de l'enseignement supérieur : le français va-t-il filer à l'anglaise ? (9/5) avec Geneviève Fiaraso et Antoine Compagnon (écoutable en cliquant sur le lien précédent)

Geneviève Fioraso continue ici dans son obsession de vouloir faire de la venue de coréens en France le but ultime de la politique culturelle et universitaire de la France. Pourquoi ?

Elle noie aussi le poisson en parlant de développement de la Francophonie ! (soyez sérieuse Geneviève !)

Point intéressant soulevé pas Hervé Gardette, le fait qu'être "enseigné" dans une langue (en l'occurrence l'anglais) dépasse la langue même et fait adopter les idées dominantes liées à cette langue.

Pour autant, à aucun moment, l'on a pas parlé de l'avantage exorbitant dont bénéficieraient les enseignants anglo-saxons si l'on adopte le projet de Mme Fioraso qui fait de leur recrutement massif un de ses objectifs ! Merci pour les Francophones !

On n'a pas su non plus à l'écoute de cette émission, qui serait concerné par ce projet de loi, les étudiants sortants du bac ? les thésards ? tout le monde ? que les étrangers ? Le grand brouillard !

Encore une fois Geneviève Fioraso a bien noyé le poisson et a souvent fait référence à l'italien et l'allemand ce qui hélas fait beaucoup rire (jaune !) quand il ne s'agit bien évidemment que de l'anglais.

Quant à Antoine Compagnon censé être l'opposant au texte, il s'est vite "écrasé" en admettant que l'économie devait être enseignée en anglais ! Quant on connait la fabuleuse réussite des économistes anglo-saxons face à la crise des sub-primes qu'ils n'ont pas vu venir et qui a plongé le monde entier dans la crise... MAR


Fioraso de Bavière
par Guy Dalens

Vous souvenez vous des Hussards noirs de la République qui, en ces jours déjà lointains, nous contaient l’histoire d’Isabeau de Bavière, cette reine de France venue de Germanie devenue régente, qui, par le traité de Troyes en 1420, vendait le territoire de la France aux Anglais avec la complicité de son entourage, l’élite de l’époque. La France devenait ainsi une dépendance de l’Angleterre.

Voilà que sept siècles plus tard le cauchemar de ce temps funeste ressurgit.

Madame Geneviève Fioraso, notre ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche fait mieux, en plus profond, en plus destructeur, en plus mortifère. Elle propose de bannir la langue française de l’université au profit du monde anglo-saxon. Ce n’est plus un territoire, ce n’est plus une terre qui est concernée, ce n’est plus une matière, c’est notre âme, notre substance, notre identité, ce que nous sommes depuis mille ans ; "Oui, j’ai une patrie : la langue française" nous disait déjà Albert Camus dans ses Carnets. Devant cette complète abdication des droits et des devoirs de la République, de ce comportement antifrançais, il y a là, à coup sûr, de quoi soulever les plus légitimes instincts de survie.

Mais essayons de comprendre.

Quelle mouche a pu piquer cette Fioraso de Bavière pour qu’elle en vienne à nous proposer de nous autodétruire. Est-ce le bien public ou la soif de puissance aveugle qui l’anime !

La langue anglo-américaine serait-elle la référence absolue au point qu’il faudrait s’effacer devant elle !

Faudrait-il s’adapter au modèle anglo-saxon encore dominant ! Et pour quelles raisons ! Que je sache la langue française est aussi riche et certainement plus précise que l’idiome qu’elle veut nous imposer !

Il faut s’adapter au dominant pense-t-elle, comme l’ont fait les nombreux valets qui gravitent dans ce monde dirigé par l’argent ; par commodité paresseuse ; par effet de mode ou du paraître des gommeux ; par mimétisme social moutonnier (par conformisme social) !

Mais peut-être veut-elle faire notre bonheur, malgré nous ! Malgré l’opposition des associations de promotion de la langue française, d’organisations politiques, de l’Académie française, de personnalités prestigieuses, de l’ironie mordante de membres de la presse.

Ce goût marqué pour la capitulation, du défaitisme conscient ou inconscient, est une vieille rengaine de notre pays, digne d’un bastringue, comme un relent de mauvais tango, Fioraso de Bavière vient de nous en donner une nouvelle preuve.

De quelque côté qu’on se tourne Mme la Ministre votre projet est déraisonnable, inadapté, mortifère pour notre pays. Et vous ne pourrez jamais nous convaincre de participer à cette farce. Vous passerez peut-être en force, mais pour aller où !

La langue française est en colère et n’accepte pas d’être abaissée par des décideurs sans discernement.

Guy Dalens

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Circulaire de Jean-Marc Ayrault aux ministres sur l’usage du français

Circulaire de Jean-Marc Ayrault aux ministres sur l'usage du français

Ayrault langue française législation politique 
Circulaire de Jean-Marc Ayrault aux ministres sur l'usage du français

Le premier ministre publie une circulaire datée du 25 avril 2013, demandant aux ministres d'utiliser des termes français plutôt qu'anglais. Point de départ de son courroux la nouvelle filière industrielle lancée par Arnaud Montebourg baptisée "Silver economy".

Le 25 avril, les ministres ont reçu une circulaire du chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault ayant pour objet l'usage de l'anglais dans la langue française. Le texte du Premier ministre arrive au lendemain du lancement, le 24 avril, de la "Silver Economy" par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et la ministre chargée des Personnes âgées Michèle Delaunay.

Derrière les mots anglais se cache une nouvelle filière qui "regroupe toutes les entreprises agissant pour et/ou avec les personnes âgées", selon les deux ministres."Silver Economy" est donc une référence aux cheveux grisonnants des personnes âgées. L’objectif du gouvernement est de tirer profit du vieillissement de la population : en France, les personnes âgées de 60 ans et plus, au nombre de 15 millions aujourd'hui, seront 20 millions en 2030. Une expression anglaise pour un projet bien français donc."Le terme anglais nous semble le mieux approprié pour un secteur qui entend se développer à l'exportation", a justifié un collaborateur ministériel cité par "Le Figaro".

Une explication qui ne satisfait pas Jean-Marc Ayrault. Dans la circulaire adressée dès le lendemain, le Premier ministre rappelle que selon la Constitution, "la langue de la République est le français". Il y estime par ailleurs que le français "est à même d'exprimer toutes les réalités contemporaines et de désigner les innovations qui ne cessent de voir le jour dans les sciences et les techniques". Une critique à peine voilée de l’initiative d’Arnaud Montebourg, avec lequel Jean-Marc Ayrault n'en est pas à son premier désaccord.

Lire le texte de la circulaire

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Projet de loi Fioraso (suite)

Projet de loi Fioraso (suite)

Fioraso université colonisation politique

Suite du débat concernant le projet de loi Fioraso tendant à autoriser l'enseignement en anglais dans les universités et grandes écoles.

Le Point (30/4) "Réforme des universités : pour ou contre les cours en anglais ?"

Le Nouvel Observateur (30/4)  Entretien avec Geneviève Fioraso
où Mme Fioraso semble vouloir que la culture française et sa langue rayonnent autant que celle du Danemark ! lire ci-dessous le commentaire de cet entretien  par le Vice-Président d'ALF

France Catholique (27/4) : "Langue française à la poubelle" (27/4) par Dominique Daguet, écrivain

Libération (22/4) "Les étudiants étrangers : une chance pour la France" signé par Pierre Tapie (Directeur général de l’Essec, président de la Conférence des grandes écoles) et grand angliciseur devant l'éternel...

Michel Guillou "Non au suicide linguistique de la France, oui au multilinguisme"

voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".


Commentaire de l'entretien  de Geneviève Fioraso au Nouvel Observateur par le Vice-Président d'ALF : Beaucoup de contradictions et d’hypocrisie !

Parlant des cours qui seraient donnés en anglais, si "sa" loi était votée telle que rédigée actuellement, elle dit : "cela va concerner moins de 1% des cours ! Simplement parce que tous les professeurs ne sont pas capables ou n’ont pas le souhait de dispenser des cours dans une langue étrangère" (sic ! ! ! !)

Mais plus loin, voulant dissiper les "rumeurs" selon lesquelles les cours en anglais seraient réservés aux seuls étudiants étrangers, elle précise que "cette réforme concernera autant les étudiants français que les étrangers. Tous auront le droit de choisir, en conscience, les cours qui leur paraîtront les plus opportuns. Et contrairement à ce qu’on dit, ils sont assez adultes pour choisir avec discernement".

Comment dans ces conditions croire un instant que les cours en anglais représenteront 1 % du total lorsque l’on sait quelle pression formidable joue en faveur de la langue la plus usitée, l’anglais ?

Mme Fioraso observe d’ailleurs plus loin, dénonçant "l’hypocrisie" des opposants à la loi, que beaucoup de ceux qui critiquent cette loi sont passés par des grandes écoles, qui mettent en place depuis longtemps un grand nombre de cursus en langue anglaise. Ils parlent un anglais irréprochable et leurs enfants sont souvent dans le même cas. Je les trouve plutôt mal inspirés de dénier aux étudiants des universités le droit de bénéficier, s’ils le souhaitent, de cursus en anglais. Je compte parmi ceux qui pensent qu’il ne faut pas donner plus de droits aux grandes écoles qu’aux universités et qui essaient justement de jeter des passerelles entre ces deux mondes".

Le projet est donc bien de permettre à tous d’être enseignés désormais en anglais. Que signifie alors le 1 % évoqué plus haut ?

Autrement dit, on a laissé les grandes écoles développer des cours en anglais, le plus souvent dans l’illégalité et avec la complicité du ministère de l’enseignement supérieur, normalement chargé de faire respecter la loi. Eh bien ! Puisqu’il faut que tout le monde soit "égal" et que les fraudeurs soient désormais en règle, changeons donc la loi !

Mme Fioraso cite l’exemple des enfants scandinaves qui "regardent dès le plus jeune âge, à la télévision, des programmes en anglais. A l'âge adulte, ils manient un anglais excellent et un très bon allemand. Est-ce que la culture danoise ou finlandaise sont en péril ? Sont-ils moins critiques vis-à-vis de l'"impérialisme" américain que nous ? Soyons sérieux. Je vois surtout beaucoup d’hypocrisie derrière tout ça".

Mais chacun sait que le danois, le suédois, le norvégien, etc. ne sont que de simples langues locales, et ne peuvent se comparer au français, langue partagée par de nombreux pays et parlée par plus de 200 millions de personnes, seconde langue la plus enseignée au monde après l’anglais : fausse symétrie ! Et que dire de l’étiolement de ces langues scandinaves qui ne savent plus "nommer" toutes les réalités du monde moderne ?

Rappelons enfin que le projet de loi ne comporte dans sa rédaction actuelle aucune disposition prévoyant un quelconque engagement quant à l’obligation pour les étudiants étrangers d’apprendre le français – et pour les universités d’évaluer cet apprentissage et d’en tenir compte dans la délivrance finale du diplôme, garde-fou complaisamment mis en avant par Mme Fioraso.

Il faut démonter tous ces arguments fallacieux ! !

St.M.

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Appel de hautes personnalités pour le français et la Francophonie

Appel de hautes personnalités françaises et étrangères pour le français et la Francophonie

Appel de hautes personnalités françaises et étrangères pour le français et la FrancophonieFrancophonie politique langue française : A l'occasion des élections nationales du printemps 2012, une pétition-appel (lire ci-dessous) est lancée par l'association agréée Avenir de la langue française, en faveur d'une politique vigoureuse de la langue française et de la Francophonie.

Son lancement a été approuvé à ce jour par les 41 associations (lire ci-dessous) qui ont envoyé à tous les candidats à la Présidence de la République, ainsi qu'aux candidats à la députation, une lettre collective pour les prier de signer 10 engagements pour une telle politique.
Cet appel est adressé aux dirigeants de la France, quels que soient leurs partis et orientations politiques.
Il s'adresse plus encore au peuple français dans son ensemble.
Avenir de la langue française a, dans l'urgence, volontairement limité à quelques dizaines de hautes personnalités de France et de pays francophones le nombre des signataires de cet appel.

Elle a écarté les personnalités exerçant des mandats ou des fonctions à caractère politique, pour présenter un échantillon représentatif de la diversité sociale et professionnelle de la société française, et des origines géographiques des étrangers francophones et francophiles sollicités : d'Afrique, d'Australie, de Belgique, du Liban, de Maurice, du Québec, de Suisse...

Cet appel, diffusé sur divers sites, sera proposé le 20 mai - pour publication et éventuels débats - aux principaux médias. La liste jointe des signataires sera complétée à mesure des arrivées de signatures nouvelles.
Ainsi constamment mis à jour, il restera sur la Toile jusqu'au mois de juillet, après l'entrée en fonction d'un nouveau gouvernement.

Albert Salon, président d'ALF


Abandonner nos langues nationales
est un crime culturel, politique et économique.

L’anglo-américain connaît un degré d’extension mondiale jamais atteint par aucune langue avant lui. Son éventuel reflux prendra des décennies. Il doit son triomphe actuel à la surpuissance d’abord de l’Empire britannique, puis des États-Unis après 1945, et à leurs politiques très volontaristes d’expansion linguistique et de "conquête des esprits".

Cette domination entraîne une dévalorisation des autres langues, y compris des plus grandes tels, en Europe, l’allemand, l’italien. Le français lui aussi la subit de plus en plus à l’étranger et en France. L’anglicisation forcenée pénètre commerce, communication interne de grandes entreprises, publicité, médias, audio-visuel, jusqu’aux secteurs vitaux : recherche et publications scientifiques, brevets non traduits.

En France, comme en Italie et en Allemagne, l’enseignement est affecté. Dès l’école maternelle et élémentaire, le temps imparti au français diminue au profit du seul anglais. Dans les écoles de commerce, dans tout l’enseignement supérieur, les cours en anglais prolifèrent. Peut-on accepter qu’un " classement de Shanghai", basé sur des critères exclusivement anglo-américains, prétende faire loi en matière d’évaluation scientifique, et formate les esprits au détriment de leur créativité ? Nouvelle guerre contre l’intelligence ! (Charles Durand).

Ce que l’hégémonie de l’anglais fait perdre en influence, en cultures populaires, en attraction d’étudiants étrangers, à l’allemand, au russe, au français, etc., les Anglo-américains le gagnent. Sur le simple plan matériel, le Pr. François Grin, de l’Université de Genève, chiffre leur gain annuel en dizaines de milliards d’euros.

L’avenir du monde ne repose pas sur la langue anglaise ! L’imposer comme langue commune puis unique est une aberration tant culturelle et spirituelle qu’économique et politique.
Plus grave : cette hégémonie est relayée, voire portée, par les élites d’Europe, bien que toutes ne soient pas les "collabos de la pub et du fric" stigmatisés à juste titre par Michel Serres.
C’est surtout cette attitude vassale qu’il convient de dénoncer et faire cesser dans les parties de nos peuples intoxiquées par une propagande incessante depuis plus d’un demi-siècle.

Nous appelons les Français, tous les francophones, non seulement à s’indigner, mais surtout, contre la politique de la langue unique, contre la pensée unique (Claude Hagège), à résister.
La résistance au mondialisme niveleur, pour le français et la biodiversité linguistique, doit être au cœur des élections prochaines, puisque la langue est un bien commun que chacun peut contribuer à préserver tous les jours, et lors des élections.
Nous invitons donc les citoyens qui refusent la soumission à cet ordre destructeur de la personnalité de la France, de sa langue et de la diversité linguistique et culturelle, à demander un engagement clair à tous les candidats à la Présidence et à la députation.

Signataires
- Claude Hagège, professeur au Collège de France
- Laurent Lafforgue, médaillé Fields
- Hervé Bourges, ancien président du CSA et de chaînes de télévision
- Alain Cotta, économiste
- Régine Deforges, écrivaine
- Benoîte Groult, écrivaine
- Gabriel Matzneff, écrivain
- Dominique Noguez, écrivain
- Philippe de Saint Robert, ancien Haut-commissaire à la langue française
- Patrick Lozès, fondateur du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN)
- Jean Raspail, écrivain
- Andreï Makine, écrivain
- Pierre Lévy, rédacteur en chef de Bastille, Nation, République
- Yves Guéna, ancien président du Conseil constitutionnel
- Salah Stétié (Liban), Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française
- Alimata Salambéré, ancien ministre de la Culture du Burkina Faso
- Jean-Marie Ndagijimana, ancien ministre des affaires étrangères du Rouanda
- Joseph Tsang Mang Kin, ancien ministre de la Culture de Maurice
- Marie-Claire Blais, écrivaine québécoise
- Jean-Marie Vodoz, journaliste suisse
- Colonel Alain Corvez
- Pierre Delaveau, membre des Académies de Médecine et de Pharmacie
- Bernard Dorin, Ambassadeur de France
- Michel Guillou, directeur de l’Institut pour l’Étude de la Francophonie et de la Mondialisation
- Hubert Joly, secrétaire général du Conseil International de la Langue française (CILF)
- Michel Pinton
- Charles-Xavier Durand, essayiste
- Gilbert Lazard, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
- André Libert, écrivain (Belgique–Wallonie)
- Jean-Paul Perreault (Québec)
- Ivan Barko, de l’Académie australienne des Humanités
- Claude Thayse (Belgique – Wallonie)
- Pierre Demers (Québec )


Liste des associations signataires

- Alliance Champlain, (Nouméa, Nouvelle Calédonie) - www.alliance-champlain.asso.nc
- Associations des Professeurs de Lettres (APL) - www.aplettres.org
- Association France-Maurice (AFM)- www.association-france-maurice.net
- Association Francophonie Avenir (A.Fr.Av) - www.francophonie-avenir.com
- Association internationale francophone des Aînés (AIFA-France) - www.aifa.ca/sections/default.php?Id=25
- Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (ASSELAF) -www.asselaf.fr
- Avenir de la langue française (ALF)
- Carrefour des Acteurs sociaux (CAS)
- C.O.U.R.R.I.E.L. (COllectif Unitaire Républicain pour la Résistance, l'Initiative et l'Emancipation Linguistique) - www.courriel-languefrancaise.org/
- Croiser les Savoirs pour faire savoir
- Défense de la langue française (DLF) - www.langue-francaise.org
- Forum francophone international France (FFI-France)
- Groupe Phénix (Lyon)
- Le Droit de comprendre (DdC) - droit-de-comprendre.perso.neuf.fr/
- Le Français en Partage - lefrancaisenpartage.blogspot.com/

- Académie de la Carpette anglaise (ACA)
- Cercle Condorcet de Sens et Villeneuve-sur-Yonne cercle-condorcet-sens.asso-web.com/
- Cercle littéraire des écrivains cheminots (CLEC)- clec.uaicf.asso.fr
- Courtoisie française www.courtoisie-francaise.com/
- Culture Mag www.culturemag.fr/
- Forum pour la France (français, Francophonie) - www.forumpourlaFrance.org
- Francophonie Anciens Combattants et Descendants (FACED)
- Groupe d’études et de recherches sur le français langue internationale (GERFLINT) - www.gerflint.forumpro.fr
- Institut Culture, Economie et Géopolitique (ICEG)– www.asso-iceg.fr
- Institut Francophonie et Mondialisation (IFRAMOND, à l’Université Jean Moulin, Lyon3
- Les Amitiés acadiennes – www.lesamitiesacadiennes.org
- Les Mariannes de la République www.mariannesdelarepublique.org/
- Lire, Écrire www.lire-ecrire.org/
- Union des Poètes francophones (UPF) - upfr.pagesperso-orange.fr/
- Association Paris-Québec (www.paris-quebec.fr/)
- Association de Solidarité pour l’intégration par les langues, l’éducation et la culture (ASILEC)


Associations non-françaises en soutien à la démarche collective des associations françaises

- Association pour la Promotion de la francophonie en Flandre (APFF), (Belgique) - www.francophonie.be/ndf
- Comité du 9 mars 2009 (association internationale de syndicats et associations de pays européens, pour le droit des travailleurs de travailler dans leurs langues ; siège à ROME)
- Conseil international de la Langue française (CILF) www.cilf.org/
- Forum francophone international –Belgique
- Impératif français (Québec)- www.imperatif-francais.org - Ligue internationale des Scientifiques pour l’utilisation de la langue française (LISULF) (Québec)
- Rassemblement culturel Wallonie-Bruxelles-France  www.wallonie-france-bruxelles.com/
- Fédération internationale des associations rouandaises (FEIDAR)

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Claude Hagège : Refusons le sabordage du français

Claude Hagège : Refusons le sabordage du français

publié dans Le Monde daté du 26 avril 2013

Hagège théorie colonisation langue française

La France n'est certes que la source historique, et non la propriétaire exclusive de la langue française, que partagent avec elle, à travers le monde, les soixante-dix-sept États et gouvernements constituant ensemble l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Du moins jusqu'ici. Car le projet de loi Fioraso, qui veut imposer, en faveur de l'anglais, une très large extension des exceptions au principe du français langue de l'enseignement, des examens et des concours, pourrait avoir pour conséquence, du fait de la valeur symbolique d'un acte de sabordage du français par la France officielle elle-même, un doute croissant quant à la légitimité de la promotion de cette langue par les autres pays francophones. Heureusement, quelques espoirs subsistent : le directeur du Salon du livre du Beyrouth me disait, à la fin d'octobre 2009, en un français aussi classique que sa voix était sereine et teintée d'ironique mépris : "Laissez là vos alarmes : si la France torpille le français, d'autres pays seront toujours là pour le revigorer et galvaniser sa diffusion !"

On se demande, pourtant, d'où peut bien venir, en France, cet acharnement contre la langue française. De la monarchie à la République, surtout aux heures les plus tragiques de cette dernière, tout illustre ce dicton : "C'est par sa langue que vit une nation." Les dirigeants de la nation française sont-ils donc saisis d'une pulsion d'autodestruction ? A supposer que tel ne soit pas le cas, tout francophone lucide ne peut qu'adresser aux gens de pouvoir à Paris et aux intellectuels malvoyants qui les inspirent, le message suivant : "N'entendez-vous pas s'esclaffer les étudiants étrangers que votre exorbitante et naïve assurance prétend attirer dans vos universités et vos écoles par un enseignement en anglais, alors qu'il n'y est pas langue maternelle ? Ne voyez-vous pas que les mieux informés d'entre eux commencent à avoir pitié de votre dérisoire servilité face aux mécanismes du profit, et à se demander quelle déplorable aliénation vous torture, alors qu'ils respectaient jusqu'ici la culture et la langue françaises ? Allez-vous protéger enfin vos tympans contre les sirènes des universitaires liés par des conventions avec des établissements anglophones, et qui n'ont pas encore compris que c'est en utilisant le français qu'ils accroîtront le prestige de leurs travaux, et non en mordant le sol devant l'anglais ?"

Le français est depuis le XIIIe siècle une langue à vocation internationale, d'abord européenne, puis levantine, puis mondiale. Il est aujourd'hui la seule langue, avec l'anglais, qui soit présente sur les cinq continents. Chaque réunion de l'OIF montre que la promotion du français encourage celles de toutes les autres langues des pays membres. Madrid, Lisbonne-Brasilia, et maintenant Pékin dressent, face à la résistible domination de l'anglais, l'arme irrésistible de la diversité. Et c'est à ce moment même que la France, qui possède une longue antériorité historique dans l'illustration de sa langue, devrait sacrifier cette dernière aux pauvres pièges de l'argent ? !

Il est encore temps de réagir devant le burlesque en passe de devenir le consternant. Il est encore temps de se mobiliser avant qu'un projet de loi porteur du cancer ne soit proposé à la représentation nationale. Une partie grandissante du public bien informé est en train de se déprendre du vertige de l'américanisation déguisée en mondialisation. L'Académie française, elle aussi, dénonce un projet suicidaire.

Quant aux masses françaises, abreuvées de sous-culture américaine, elles ne manifestent aucun désir de substituer l'anglais au français dans l'enseignement en France. Ce sont donc les forces vivantes et majoritaires du pays que l'on insulte en plaçant l'anglais sur un piédestal dont il n'a que faire, surtout venant du gouvernement français. Battons-nous pour notre langue ! Car même si l'enjeu est aussi d'éviter, par solidarité civique, aux autorités de sombrer dans le grotesque en même temps que dans l'indignité, c'est de notre identité qu'il s'agit. Il n'est plus temps de clore nos paupières : nous sommes en guerre !

Claude Hagège

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Jacques Attali contre le projet de loi Fioraso

Jacques Attali contre le projet de loi Fioraso !

L'article 2 du projet Fioraso : une idée stupide et dangereuse, selon Jacques Attali

Attali université Fioraso politique

Dans son blog du 22 avril reproduit par l'Express, ("Enseigner en français !") Jacques Attali (à lire également ci-dessous) attaque vigoureusement l'article 2 du projet de loi de Mme Geneviève Fioraso. Il assène notamment : "on ne peut pas imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive,  plus dangereuse et plus contraire à l’intérêt de la France." Ce projet de loi qui édente la loi Toubon et ouvre toutes les vannes à l'enseignement EN "anglo-américain-pour-tous", y compris pour les francophones étrangers et français, dans nos universités et grandes écoles.  Depuis trois mois, les réactions se multiplient contre ce que d'aucuns qualifient de criminelle forfaiture. Le mouvement lancé dès la fin de janvier par nos associations a donc pris de l'ampleur.

Diverses pétitions circulent sur la toile, et aux positions subséquentes prises par de nombreuses personnalités et institutions ont pris des positions claires en faveur du retrait de cet article. Ainsi de l'Académie française le 21 mars, suivie par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en attendant les autres. Ainsi le courageux communiqué de presse du député socialiste Pouria Amirshahi ; les articles de Pierre Frath, professeur angliciste des universités à Reims ; d'Akira Mizubayashi, professeur à l'université Sophia à Tokyo ; des académiciens renommés Jean-Luc Marion et Michel Serres qui enseignent la philosophie à Paris et dans des universités américaines, respectivement à Chicago et Stanford ; la forte réaction de bon sens d'Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et à l'université Columbia ; la page entière d'Astrid de Larminat dans le Figaro du 18 avril, qui rend compte de toutes ces oppositions, ainsi les articles pertinents parus dans l'Action française 2000 d'avril ; dans un n° de Libération de mars... Des universitaires préparent un recours en Conseil constitutionnel pour le cas où cet article figurerait dans la loi votée.

Après le vigoureux article ci-dessous de Jacques Attali, il est prévisible que bien d'autres institutions et personnalités de tous bords feront chorus jusqu'à l'éventuel retrait, ou jusque dans le débat qui doit s'ouvrir le 22 mai au Parlement, ou jusqu'à une possible saisine du Conseil constitutionnel par au moins 60 parlementaires, sur la base d'un autre article 2, celui de la Constitution : "La langue de la République est le français". Albert Salon


Enseigner en français ! par Jacques Attali (22 avril 2013)

Alors que tant  de réformes majeures attendent de sortir des tiroirs, certains projets de loi récemment passés en Conseil des Ministres ont de quoi surprendre, ou choquer. Ainsi de celui qui prévoit d’autoriser les professeurs à enseigner dans une langue étrangère dans nos universités et grandes écoles.   L’argument avancé est que, pour attirer les étudiants de Chine, de l’Inde et de Corée, il faut enseigner en anglais, qui serait la seule langue que ces étudiants connaissent et ont envie de connaître ; et que,  si nous ne le  faisons pas cela, nous serons marginalisés dans l’immense marché du savoir à venir.

Non seulement une telle réforme serait contraire  à la Constitution (qui prévoit en son article 2 que  « la langue de la République est le français »), mais on ne peut pas imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive,  plus dangereuse et plus contraire à l’intérêt de la France.

Plus stupide parce que  la France n’a aucun mal  aujourd’hui  à recruter des étudiants étrangers, même venant d’Asie, et de très haut niveau ; ils  constituent 13 % des effectifs totaux, soit bien plus que dans les pays, comme la Suède ou le Danemark  ou l’Allemagne, qui enseignent en anglais.  Et    si danger il y a, il  est plutôt de perdre des étudiants francophones, en raison de la mauvaise qualité de l’accueil que nous leur réservons et non de la langue de nos universités.

Plus contre-productive, parce que les  pays qui enseignent en anglais, quand ce n’est pas la langue  maternelle des enseignants, voient inévitablement  le niveau de leur enseignement baisser, comme le montra par exemple l’échec  cuisant   de l’université française de Saigon, qui enseigna  un moment en anglais, provoquant le départ en masse de ses étudiants vers  l’université américaine de la ville. Alors que, quand notre enseignement est excellent, comme  c’est le cas par exemple  en mathématiques  et en médecine, les étudiants se précipitent pour venir étudier en français  et en France ;  et les chercheurs de ces disciplines peuvent même publier des articles en français dans des revues anglophones.

Plus dangereuse parce que  cela entraînera un recul du nombre d’étrangers apprenant le Français, ce qui  n’est pas dans notre intérêt et parce que  d’autres demanderont ensuite qu’on fasse cours en allemand,   en turc, en arabe, jusque dans le secondaire et le primaire, et même qu’on soit autorisé à le parler  dans les administrations.

Plus  contraire à l’intérêt de la France  enfin,  parce que la francophonie est un formidable atout pour l’avenir. Le  français, parlé par 220 millions de personnes, est la cinquième langue au monde, derrière le chinois, l’anglais, l’espagnol, le hindi. Elle sera dans 40 ans la quatrième,  parlée par près d’un milliard de personnes, si nous  réussissons à maintenir notre enseignement du français en Afrique et  en Asie, ce qui dépend évidemment de la langue de notre propre enseignement supérieur, en France et sur internet. Alors que passer à l’anglais  serait renoncé à faire connaître notre culture, notre civilisation, notre art de vivre qui constitue aussi un des atouts principaux de la marque France.

S’il est des réformes urgentes à entreprendre en ce domaine, elles sont donc radicalement inverses.  Il faut améliorer :

1. la réception des étudiants étrangers en France, en leur simplifiant les procédures de visas, les formalités d’inscription, la recherche d’un logement, la délivrance d’une carte de bibliothèque et de restaurant.

2. l’apprentissage de l’anglais pour les doctorants français.

3. la qualité de nos enseignements en français, pour qu’ils restent,  ou redeviennent, d’un niveau mondial.

Si le Parlement était assez aveugle pour voter cette réforme, ce serait un signe de plus donné par la France de l’abandon d’elle-même.

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Chronique de la collaboracheune ordinaire

Chronique de la collaboracheune ordinaire

ou les ravages du frédéric-martelisme*

Classe européenne = anglo-saxonneéducation colonisation américanisation Frédéric Martel

Je suis tombé sur un article local de l'édition nantaise d'Ouest-France datée du 19 avril 2013 qui figure ci-dessous.

On y apprend des choses monstrueuses qui semblent avoir été mises en place sans aucun débat parlementaire, sans aucun débat devant les citoyens. A savoir que des disciplines sans rapport avec la langue sont enseignées en partie en anglais. Que le Rectorat, le proviseur et les parents d'élèves se mobilisent pour ! Que la colonisation n'est pas subie
mais assumée, voire même exigée. Ainsi nos enfants dans les classes dites "euro" (pour
européennes, sans doute
) [quand elles devraient s'appeler dollar (ou américaines)] auront la chance qu'on leur parle de Joan of Arc ou de Napoleon the first  ce qui est effectivement un grand progrès dans l'appropriation de l'histoire nationale et de l'adhésion à la Nation.
Le stade suivant étant sans doute, de faire enseigner ces matières directement
par des anglais ou des états-uniens. Et hop, le tour est joué ! MAR

* frédéric-martelisme :
du nom de Frédéric Martel qui prône l'alignement général sur la culture
états-unienne et le remplacement du français par un sabir à base d'anglais.
(voir l'article qui lui est consacré)


Anglais renforcé au lycée : une volonté du
Rectorat
(publié dans Ouest-France du vendredi 19 avril 2013 (édition
de Nantes)

Le Rectorat souhaite qu'une heure d'histoire-géographie soit enseignée en anglais, au lycée de Clisson. Encore faut-il qu'un enseignant, titulaire de cette certification, se porte candidat.

Le principal du collège public Cacault de Clisson en a été informé jeudi. Le proviseur du lycée de Clisson le confirme : le Rectorat a bien la volonté qu'une heure d'histoire-géographie soit enseignée en anglais au lycée de Clisson. Le Rectorat le fait savoir
largement, afin d'inciter les enseignants ayant les certifications nécessaires
à se porter candidats (lire ci-dessous).

En seconde, les élèves doivent bénéficier, en additionnant les langues vivantes 1 et 2, de 5 h 30 de langues. L'Éducation nationale propose dans certains établissements d'y ajouter une heure d'une discipline non linguistique (DNL), enseignée en langue étrangère. Exemple : sur trois heures d'histoire-géo, une heure serait professée en anglais ou
dans une autre langue.

Depuis plusieurs mois, plusieurs organisations se battent pour obtenir une DNL en anglais au lycée de Clisson : FCPE, association Pour un lycée public dans le sud-est de la Loire-Atlantique, Comité pour la continuité de l'apprentissage des langues (CCAL).

"Vigilants"

Ces parents d'élèves sont dans l'expectative : "Notre aîné est en classe euro au collège public Cacault à Clisson, explique Philippe Letourneau. Il a cinq heures d'anglais en troisième.
Faute de section euro au futur lyc
ée public de Clisson, nous avons envisagé de l'inscrire au lycée privé Charles-Péguy de Gorges qui a une section euro anglais (1)." Finalement, la famille choisira quand même le lycée de Clisson : "Pour deux raisons : nous voulons donner sa chance à ce nouvel établissement
public. Et notre fils veut conti
nuer sa scolarité auprès de ses camarades." Philippe Letourneau  espère cependant, "fortement", qu'une DNL anglais sera enseignée au lycée de Clisson.

Un autre parent d'élève, membre du CCAL, s'agace : "On nous dit en gros qu'on aura une DNL anglais si on a de la chance ! Cela dépendra des nominations
de professeurs.
Si le Rectorat avait vraiment voulu nous l'accorder, il aurait déjà trouvé une solution." Une troisième, qui a elle aussi participé à la visite
du lycée de Clisson, se réjouit "des conditions de travail qui seront offertes aux élèves : petits effectifs, moyens techniques de pointe, locaux neufs...
Nous sommes attach
és au service public.
Nous y inscrirons
notre fils, en dépit de l'incertitude persistante sur la DNL." • Loïc Planet, le président de l'association Pour un lycée public, juge "positif
le fait que rien ne soit exclu :
y compris la possibilité d'avoir plusieurs DNL. Néanmoins, une DNL anglais est incontournable. Nous sommes vigilants."

Jacques SAYAGH

(1) Le lycée Charles-Péguy a ouvert cette section
européenne à la rentrée 2012. Y a-t-il, pour la rentrée 2013, croissance des
candidatures en provenance du public ? "Non, répond son directeur, Sylvain Olivier. Le nombre de dossiers est inchangé, de même que la proportion de demandes émanant d'enfants scolarisés dans le public."


"Nous le saurons lors des nominations en juin"

Entretien avec Bruno Stéphan, proviseur du lycée de Clisson jusqu’à fin août 2013 (1).

Quelles seront les langues vivantes enseignées au lycée de Clisson ?

En langue vivante 1 : anglais et allemand.
En langue vivante 2 : anglais, allemand, espagnol, italien.

Dans laquelle de ces langues, la discipline non linguistique (DNL) sera-t-elle enseignée ?

Le Rectorat a bien la volonté que ce soit prioritairement un cours d'histoire-géographie en anglais. Nous saurons ce qu’il en est en juin, lors des nominations des professeurs.

Car pour enseigner dans une langue étrangère, un professeur d’histoire-géographie doit être titulaire d’une certification spécifique accordée par l’Éducation nationale. Nous verrons si, parmi les enseignants nommés au lycée, certains ont ces certifications en langues.

Connaît-on au moins aujourd’hui les candidatures ?

Non, Les nominations ont lieu dans le cadre du mouvement national. Il faut attendre qu’elles soient effectives en juin.

Pourra-t-il y avoir des DNL dans plusieurs langues ?

Absolument. Et les choses peuvent aussi évoluer dans e temps. S’il n’y s pas de professeur nommé cette année avec la certification adéquate, cela pourra être le cas les années suivantes,

Recueilli par J. S.

(1) Gérard Boccanfuso, actuellement. proviseur au lycée Couzinet à Challans, lui succédera alors.

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Contre le tout-anglais – Dominique Gallet et Jean-Louis Roy

Contre le tout-anglais

Lettre aux Parlementaires de Dominique Gallet et Jean-Louis Roy

Dominique Gallet Roy anglicisation langue française

Dans le cadre du débat parlementaire autour de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République et du projet de loi Fioraso, Dominique Gallet et Jean-Louis Roy viennent de faire parvenir un courrier personnel à chacun des parlementaires français pour leur présenter l’Appel "Langue française et monde multipolaire, l’urgence d’une stratégie" accompagné de la liste des 1 300 premiers signataires, originaires de plus de 40 pays. Cette lettre souligne la nécessité pour la France de sortir du dogme du tout-anglais et de développer une véritable diversification de l’enseignement des langues étrangères, afin de "former de nouvelles élites, au diapason du monde réel".

La conviction de la nécessité d’actions décisives en vue d’assurer l’avenir de la langue française dans le monde multipolaire qui émerge a incité une trentaine de personnalités francophones à lancer l’appel "Langue française et monde multipolaire, l’urgence d’une stratégie". L’appel a été publié dans un collectif de quotidiens de quelques métropoles francophones : Le Devoir de Montréal, Le Soleil de Dakar, Le Messager de Yaoundé, Le Potentiel de Kinshasa, L'Orient-Le Jour de Beyrouth, et Le Soir de Bruxelles.

1 300 signataires originaires de plus de quarante pays de la francophonie et bien au-delà, aux activités très diverses (écrivains, artistes, cinéastes, comédiens, journalistes, étudiants, universitaires, chercheurs, enseignants de français langue étrangère, traducteurs, médecins, magistrats, diplomates, syndicalistes, chefs d’entreprise, économistes, etc.) ont déjà rejoint l’appel, que vous trouverez ci-dessous. La liste des signataires peut être consultée sur le site www.francophonesdumonde.org.

L’appel souligne l’urgence d’une vigoureuse politique d’affirmation linguistique, en rupture avec le dogme du tout-anglais. Il précise qu’il ne s’agit pas pour les francophones et leurs représentants de se dresser contre la langue anglaise ou toute autre langue. Il enjoint nos gouvernements de reconnaître la nouvelle dimension multipolaire du monde, de mettre en œuvre une stratégie offensive pour la langue française et ainsi d’assurer son avenir en tirant profit de ses nombreux atouts et en les valorisant.

Le récent Sommet de Kinshasa a constitué une incontestable avancée dans la prise de conscience par les dirigeants francophones de ces nouveaux enjeux linguistiques. Cette prise de conscience doit déboucher sur des actions collectives de la Francophonie et s’inscrire dans les politiques nationales de chacun des pays membres de l’OIF.

Il nous semble donc urgent que la France définisse et mette en œuvre une véritable stratégie linguistique dans le monde multipolaire qui émerge.

Dans cette perspective, nous avons constaté avec beaucoup d’intérêt l’effort budgétaire important que la France a décidé de consentir afin de recruter sur le quinquennat 60.000 nouveaux enseignants. Nous pensons que cette décision devrait permettre de concrétiser l’un des objectifs définis par notre appel : l’indispensable diversification de l’enseignement des langues étrangères. Vers deux grandes langues spécifiquement européennes, l’allemand et le russe, mais également, comme nous le soulignons dans l’appel, vers les grandes langues des pays émergents : arabe, chinois, espagnol et portugais.

La France pourrait ainsi former de nouvelles élites, au diapason du monde réel, capables de dialoguer directement avec ces grands espaces linguistiques de la planète qui aujourd’hui rassemblent environ trois milliards d’habitants. Cette stratégie permettrait également de développer des accords de réciprocité avec les États de ces espaces linguistiques, qui, soucieux de dialogue et d'efficacité dans la mondialisation multipolaire, souhaiteront renforcer l’enseignement de la langue française et son usage pour échanger avec la France et l'ensemble des pays de l’espace francophone.

À l’image de la diversité internationale des signataires de l’appel que nous vous adressons, nombreux sont les peuples qui espèrent que la France saura relever le défi de l’affirmation déterminée de la langue française dans la polyphonie du nouveau monde.

Dominique Gallet et Jean-Louis Roy

Dominique Gallet est responsable du  magazine télévisé Espace francophone. diffusé par France 3, CFI, TV5, RFO et la plupart des télévisions francophones dans le monde.
Jean-Louis Roy est historien, écrivain, diplomate québecois et responsable de l'Observatoire mondial des droits de l'Homme.


Appel
langue française et monde multipolaire

l’urgence d’une stratégie

Nous envisageons l’avenir de la langue française avec confiance. En dépit des fausses évidences.

Un monde multipolaire émerge sous nos yeux. Il contribue manifestement à rééquilibrer les activités de la famille humaine non seulement dans les domaines économique, financier et politique, mais également dans les domaines culturel et linguistique. Sous toutes les latitudes, de la Chine à la Russie, du Brésil à l’Inde, des politiques linguistiques se décident, de nouveaux espaces linguistiques s’organisent et s’affirment.

Cette nouvelle donne remet en cause l’idée même du monopole d’une langue unique dans la communication mondiale. Les grandes langues internationales qui se maintiendront ou qui surgiront ne le devront pas au simple fait du hasard. Elles le devront en grande partie à la manière dont seront exploités les atouts dont chacune dispose.

Émergente, cette configuration culturelle et linguistique globale est une chance pour l’avenir mondial du français, langue qui dispose de larges atouts.

- Par l’Histoire : au fil des siècles, la langue française s’est illustrée en portant très loin les outils critiques d’une pensée libre et singulière et les progrès des sciences. Elle a exprimé les grands principes des Lumières et les a offerts au monde. Successivement, elle a été l’instrument de l’émancipation sociale, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de l’émergence d’institutions pour la communauté des nations.

- Par son universalité : la langue française est utilisée sur toute la planète par de très nombreuses nations à l’intérieur d‘elles-mêmes comme dans leurs rapports avec le monde, ainsi que dans les activités scientifiques et technologiques les plus avancées, de la génétique moléculaire à la conquête spatiale.

- Par son statut de langue de travail et de langue officielle du système des Nations Unies et de nombreuses organisations internationales, continentales et régionales, et par le statut de la France de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.

- Par la démographie : avec la perspective de plus d’un demi-milliard de locuteurs francophones pour le milieu du siècle, principalement grâce à l’Afrique, mais également à la France qui devrait devenir le pays le plus peuplé du continent européen après la Russie.

Ces atouts sont considérables. Ils constituent des leviers puissants pour que la langue française, dans le respect de la diversité des langues et des cultures des peuples qui composent l’espace francophone, continue à jouer le rôle qui est le sien depuis des siècles. Ces leviers, que d’autres nous envient, doivent être saisis avec détermination et constance.

En priorité, les décideurs des secteurs public et privé du monde francophone doivent quitter le modèle dominant qui a façonné leur existence au siècle dernier et ajuster leurs choix au monde multipolaire tel qu’il advient. La soumission, la démission et la résignation linguistiques constituent les véritables menaces pour l’avenir de notre langue.

Le “tout anglais“ constitue une obsession d’un autre temps et d’un autre monde. Il est une impasse d’où il faut au plus vite sortir dans l’intérêt des peuples ayant le français en partage.

Notre confiance en l’avenir de la langue française n’est pas naïve. Elle appelle une vigoureuse politique d’affirmation linguistique. Cette politique doit comprendre notamment :

1) l’application stricte des législations linguistiques nationales quotidiennement bafouées par les intérêts particuliers et le conformisme ambiant, aussi bien dans les secteurs public que privé, notamment pour le français langue du travail ;

2) la diversification de l’enseignement des langues étrangères et des filières bilingues vers plusieurs grandes langues dont celles des pays émergents (arabe, chinois, espagnol, portugais) ;

3) l’exigence de la publication en français, et dans d’autres langues si nécessaire, de tous les travaux issus de la recherche médicale et scientifique publique dans l’ensemble des pays francophones ;

4) la circulation facilitée pour les étudiants, les écrivains et les artistes, ainsi que les chercheurs de l’espace francophone tant il est évident qu’il n’y a pas de francophonie si les francophones sont interdits de circulation dans cet espace ;

5) un appui massif à la numérisation des patrimoines anciens et vivants de l’ensemble des pays francophones afin d’assurer la présence du français et des langues partenaires dans l’espace virtuel devenu un lieu essentiel de communication, de mobilisation et de rassemblement ;

6) le renforcement de la recherche sur les systèmes de traduction automatique et leurs implications industrielles, afin d’assurer la présence du français parmi les grandes langues pivots qui s’imposeront dans l’intercommunication planétaire ;

7) la priorité d’une politique bilatérale et multilatérale, forte et pérenne, en direction de l’Afrique francophone pour le développement optimal de son système éducatif ;

8) l’utilisation de la langue française par les représentants des pays francophones dans les organisations continentales et internationales.

Il ne s’agit pas pour le monde francophone de se dresser contre la langue anglaise ou contre toute autre langue. Il s’agit d’ouvrir nos yeux sur la réalité nouvelle, et de mettre en œuvre, dans le contexte de la mondialisation multipolaire, une stratégie offensive pour la langue française, qui assurera son avenir en valorisant ses nombreux atouts.

Nous appelons les citoyens des pays francophones à exercer leur vigilance individuelle et à développer leur mobilisation collective pour que soit respecté l’usage de notre langue mondiale en partage. Nous appelons fermement nos gouvernements à réviser leur politique et leur pratique linguistiques, à abandonner les discours de circonstance sur la francophonie et à relever le défi de l’affirmation déterminée de la langue française dans la polyphonie du nouveau monde.

Pour signer l'appel

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L’Académie française s’élève à son tour contre le projet de loi Fioraso

L'Académie française s'élève à son tour contre le projet de loi Fioraso

éducation colonisation Académie française : Celui qui, dès ses premiers articles, s'empresse d'édenter la loi Toubon afin d'en venir dans nos universités et nos grandes écoles à un enseignement EN "anglo-américain pour tous", tant pour les étrangers que l'on a l'illusion de mieux attirer, que pour les étudiants français.

Est-ce là, en fait, la première urgence de la réforme voulue de l'enseignement supérieur ?

L'Académie française (lire ci-dessous ou liens : déclaration du 21 mars 2013 et dépêche AFP), et quelques mouvements politiques patriotes, tous saisis par nos associations dès la fin de janvier et la fuite de l'avant-projet Fioraso, sont venus heureusement amplifier un haut-le-cœur de révolte que nous espérons salutaire.

Il faut prier tous parlementaires accessibles de s'opposer au vote de cet article du projet de loi conçu par l'actuel gouvernement, mais voulu depuis plus de cinq ans par son prédécesseur (Mme Valérie Pécresse appuyée par MM. Pierre Tapie et Richard Descoings).

Si cet article était voté, ce serait une véritable révolution, et un signal envoyé au monde entier par la France de renonciation au rôle primordial de sa langue, pilier de sa personnalité nationale comme de la Francophonie.

Comme si elle renonçait aussi à son histoire, à sa civilisation, à ses voie et voix originales dans le concert des nations, à sa cohésion sociale-sociétale, à son industrie, à sa Défense, à son immense espace maritime, pour se livrer pieds et poings liés à l'empire.

La langue de la République discrètement étranglée au lacet, au détour du sérail.

Quasi "mauvais coup" d'État.

Difficilement imaginable par le peuple qui croit encore que ses élites, ses "partis de gouvernement" de gauche comme de droite, représentent et protègent ses intérêts fondamentaux.

Mais le doute s'installe. Les yeux se dessillent. On le perçoit de plus en plus clairement : le peuple, troublé, inquiet, se réveille et gronde...

Mauvais coup d'État complété, du reste, par un projet Peillon tendant à introduire l'enseignement obligatoire dès le cours préparatoire (CP), d'une langue étrangère en fait évidemment de l'anglo-américain.

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir tous les signaux concordants, convergents, du chambardement.

L'intention est claire : d'abord la bilinguisation de l'école ; puis l'abandon du français comme langue principale d'enseignement ; enfin le passage presque complet à l'anglo-américain langue unique pour tous, véhicule idéal de la "pensée unique" dénoncée par Claude Hagège, Professeur au Collège de France.

Il faudrait être complice pour accepter ou tolérer ce type de changement.

Nous ne sommes pas seuls à subir ce vol et ce viol de notre langue et de notre personnalité nationale : M. Joachim Gauck, Bundespräsident, Président de la République fédérale d'Allemagne, ne vient-il pas, le 22 février, traitant de l'Europe dans un long "discours à la Nation allemande", bien différent de celui de Fichte en 1808, reçu d'ailleurs diversement outre-Rhin, de recommander que l'anglais soit la langue de l'Union européenne ?...

Je le traduis :"un plurilinguisme pour des parties sans cesse plus importantes des populations (de l'Europe), à l'aise dans à la fois la langue maternelle - et sa poésie - et un anglais pratique pour toutes les situations et tous les âges de la vie" !

La voix de l'Euraméricanie...

Depuis plusieurs années, nos "élites" atlantistes et européistes semblent bien avoir décidé, par cette voie de la langue comme par d'autres, de faire passer la France de l'être au non-être.

Écoutons, et faisons entendre autour de nous, ce que nous dit l'Académie française dans son langage mesuré et pondéré.

Nous y percevons tout de même un sursaut de l'œuvre de Richelieu.

Nous y percevons la même indignation - et presque la même passion, jusqu'à l'engagement - que chez nos associations et dans les cœurs bouleversés de nos militants.

Albert Salon.


Déclaration de l’Académie française du 21 mars 2013
Déclaration adoptée par les membres de l’Académie française dans sa séance du jeudi 21 mars 2013

Le Conseil des ministres a examiné le mercredi 20 mars un projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche qui contient une disposition propre à dégrader la situation de la langue française dans l’enseignement supérieur.

L’actuel article L123-3II du Code de l’Éducation dispose que la langue de l’enseignement supérieur est le français, sauf deux exceptions justifiées par les nécessités pour l’enseignement des langues étrangères ou pour les enseignements des professeurs étrangers invités.

Le projet de loi ajoute à cet article deux exceptions supplémentaires :

- lorsque les enseignements sont dispensés dans le cadre d’un accord avec une institution étrangère ou internationale ;

- ou dans le cadre de programmes européens.

La première exception est beaucoup trop large. Dans sa rédaction actuelle, elle favoriserait le jumelage entre universités françaises et étrangères et le mécénat international de chambres de commerce ou d’institutions professionnelles en faveur d’universités françaises. Qui peut contester le bien-fondé d’une telle intention ? Mais avons-nous bien mesuré la contrepartie exigée : l’enseignement obligatoire en langue étrangère ?

Ce ne serait plus une exception, mais une suspension du principe général.

Il ne paraît donc ni opportun, ni même possible d’adopter pareille disposition de loi dont la valeur symbolique serait d’autant plus grande qu’elle serait plus vague, et qui inaugurerait de véritables franchises linguistiques dans les universités françaises.

La deuxième exception constitue une menace tout aussi importante pour la situation de la langue française dans l’enseignement supérieur.

Sans nullement méconnaître les nécessités des adaptations et de l’ouverture aux langues étrangères, le principe constitutionnel selon lequel la langue de la République est le français ne doit souffrir, dans le domaine de l’enseignement supérieur, que des exceptions rigoureusement justifiées et précisées, donc limitées.

Tel n’est pas le cas de l’exception mentionnée plus haut.

Lier une exception en faveur des langues étrangères à un programme européen est un contresens et ouvre la porte à des interprétations dangereuses, et pas seulement dans le domaine de l’enseignement. Contrairement au terme "accord", précédemment utilisé, le terme "programme" est tellement général qu’il ne peut fonder à lui seul des dérogations en matière de langue.

Les considérations qui précèdent relèvent d’une application pratique et de bon sens d’un principe fondamental auquel il ne doit être touché qu’avec une grande prudence. La disposition législative envisagée, de caractère général, présente le risque d’être utilisée trop largement et, en dernier ressort, de porter atteinte au principe lui-même.

L’Académie française, fidèle à sa vocation de gardienne de la langue et de son évolution, souhaite attirer l’attention sur les dangers d’une mesure qui se présente comme d’application technique, alors qu’en réalité elle favorise une marginalisation de notre langue. En conséquence, l’Académie française demande instamment au législateur de renoncer à introduire dans la loi une disposition portant atteinte au statut de la langue française dans l’Université.


L'Académie contre les cours en anglais – (AFP 22/03/2013)

L'Académie française a demandé aujourd'hui au législateur de renoncer à un projet de loi visant à relancer la réussite étudiante mais qui, selon elle, marginalise la langue française en introduisant des cours en langue étrangère, et d'abord en anglais. "L'Académie française, fidèle à sa vocation de gardienne de la langue et de son évolution, souhaite attirer l'attention sur les dangers d'une mesure qui se présente comme d'application technique, alors qu'en réalité elle favorise une marginalisation de notre langue", souligne l'Académie dans une déclaration adoptée par ses membres. Elle demande "instamment au législateur de renoncer à introduire dans la loi une disposition portant atteinte au statut de la langue française dans l'Université".

Le projet de loi, examiné mercredi en Conseil des ministres et qui vise aussi à relancer l'ascenseur social, associe recherche et enseignement supérieur. Il divise la communauté universitaire, qui salue les avancées pour les étudiants mais dénonce le manque de moyens. La disposition qui inquiète les Immortels prévoit l'introduction de cours en langue étrangère afin d'attirer les étudiants étrangers, la ministre Geneviève Fioraso estimant que "la meilleure arme de la francophonie parfois est paradoxalement de faire des cours en anglais".

Selon l'Académie, cette disposition, "de caractère général, présente le risque d'être utilisée trop largement et, en dernier ressort, de porter atteinte au principe lui-même" du code de l'Éducation qui dispose "que la langue de l'enseignement supérieur est le français, sauf deux exceptions justifiées par les nécessités pour l'enseignement des langues étrangères ou pour les enseignements des professeurs étrangers invités"."Il ne paraît donc ni opportun, ni même possible d'adopter pareille disposition de loi dont la valeur symbolique serait d'autant plus grande qu'elle serait plus vague, et qui inaugurerait de véritables franchises linguistiques dans les universités françaises", dit l'Académie.

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Réponse dilatoire du Gouvernement à Sylviane Bulteau

Réponse dilatoire du Gouvernement à Sylviane Bulteau

députée de la Vendée

Sylviane Bulteau, députée de la VendéeEurope francophonie diplomatie : Le gouvernement livre ici une réponse très lénifiante, très "langue de bois", composée peut-être par une machine, à la question très forte de la députée de la Vendée Sylviane Bulteau (PS), qui portait sur la dégradation de la place de la langue française en Europe, dans le monde et au sein de notre propre pays et sur le manque de volonté passé et présent de faire changer cet état de fait. (lire ci-dessous)

A la lecture de cette réponse qui aligne des petites mesurettes sans aucune cohérence, laisse  le sujet international au bon vouloir du corps diplomatique, ne traite pas de la langue française en France même (!) et surtout ne répond aucunement au fond de la question.

Cette réponse est une sorte de gifle à la représentation parlementaire et l'on peut se demander s'il y a un Gouvernement en France, avec une volonté politique, qui souhaite faire appliquer la Loi, se faire respecter par ses fonctionnaires et faire respecter les beaux principes annoncés par François Hollande.
(lire par exemple) MAR


Question écrite n° 12575 - 14ème législature posée par Mme Bulteau Sylviane (Vendée - Socialiste, républicain et citoyen) -publiée au JO le 4/12/2012

Mme Sylviane Bulteau appelle l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée de la francophonie, sur la place de la langue française en Europe, dans le monde et au sein de notre propre pays.

Au sein de l'Union européenne, d'abord, la langue allemande est celle qui compte le plus de locuteurs, suivie en cela par le français puis l'anglais. Il est donc inconcevable que le français ne soit aujourd'hui la langue "source" que pour seulement 8 % des documents qui émanent de la Commission européenne alors que sur le site internet de l'exécutif européen, seules 12 % des pages sont traduites en français. Systématiquement, les documents de travail sont transmis en anglais au Gouvernement français. Depuis de nombreuses années, les parlementaires de l'Assemblée nationale comme du Sénat alertent les gouvernements successifs sur le dramatique affaiblissement de notre langue et concomitamment de notre influence.

À l'échelle de la planète, ensuite, la régression dans l'ensemble des organisations internationales s'accélère, que ce soit à l'ONU ou dans les instances associées principalement où 90 % des textes sont d'abord rédigés en anglais.

Il apparaît que de nombreux pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ne respectent pas les engagements qu’implique leur participation à ce groupement : leurs diplomates parlent exclusivement l'anglais et leurs moyens de communication ne présentent souvent aucune version française (sites internet).

Dans le domaine de la coopération de sécurité et de défense, la situation n'est pas meilleure. Depuis que la France a rejoint l'OTAN, l'armée française s'est complètement convertie à l'anglais dans ses relations avec nos partenaires. Un exemple parmi d'autres : la force de gendarmerie européenne, pourtant créée à l'initiative de la France, et qui ne compte aucun pays anglophone en son sein, n'a qu'une langue de travail officielle : l'anglais. Son site internet est là aussi unilingue, en anglais.

Demain, grâce à l'Afrique, le français, actuellement 9e langue mondiale avec 200 millions de locuteurs, sera une des principales langues mondiales. À l'horizon 2050, avec 715 millions de locuteurs, elle sera toujours parlée sur chaque continent, privilège qu'elle partage avec l'anglais seulement.

En France même, enfin, on ne peut que constater une évolution néfaste. Les titres de films ne sont plus traduits, les émissions télévisées s'affublent de titres anglais, les radios rechignent à appliquer les quotas obligatoires de diffusion de chansons françaises pourtant nécessaires à l'émergence de nouveaux talents et réclament même pour certaines la prise en compte, dans ces quotas, des artistes francophones qui s'expriment en langue anglaise ! Nos grands groupes industriels nationaux eux-mêmes choisissent des slogans en anglais et travaillent dans cette langue.

De nombreuses grandes écoles, de Sciences Po à HEC, dispensent leurs cours en anglais, souvent, d'ailleurs, au mépris de la législation en vigueur.

La recherche scientifique et les brevets sont eux aussi concernés par cette évolution qui pénalise nos chercheurs et la visibilité de nos travaux académiques.

Le chantier est énorme. Les rapports parlementaires s'empilent, les associations de défense de la langue multiplient les alertes mais la situation s'aggrave. Cet état de fait doit cesser. Aujourd'hui, il faut agir vite, efficacement, de façon résolument offensive et cela en lien étroit avec les ministères concernés : Affaires étrangères, Éducation nationale, Défense, Culture, Redressement productif.

Elle lui demande ainsi les actions qu'entend mener concrètement le Gouvernement tant auprès de la Commission européenne qu'auprès des membres de l'Organisation internationale de la Francophonie ou encore de nos relais politiques, économiques et culturels à l'étranger pour que le français retrouve toute sa place au service de notre rayonnement.


Réponse du ministère : Francophonie parue au JO le 12/03/2013

La France met en œuvre une politique active de soutien au français en Europe et dans le monde. Cet effort, relayé par nos postes diplomatiques, les Alliances françaises, les établissements scolaires etc. est renforcé par l'action de la Francophonie institutionnelle qui dispose d'outils propres de soutien à notre langue.

La France est le premier contributeur de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et soutient toutes les actions de la Francophonie en faveur du français : les chefs d'États et de gouvernement de la Francophonie se sont engagés concrètement en adoptant, en 2006 à Bucarest, un "Vade-mecum relatif à l'usage de la langue française dans les organisations internationales".

Depuis 2002, et en partenariat avec la France, le Luxembourg et la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'OIF met tout d'abord en œuvre un plan annuel d'action pour le "français dans la diplomatie et la fonction publique". Il touche entre 8000 et 11000 diplomates et fonctionnaires non francophones chaque année, choisis rigoureusement en fonction de leur niveau d'influence, en privilégiant les forts potentiels.

Ensuite, le programme "le français dans les organisations internationales" a pour objet la promotion du français au sein des organisations internationales africaines (l'Union africaine, la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest.) avec une extension récente aux grands centres européens de formation de l'élite communautaire (Collège d'Europe de Bruges).

Des "plans capitales de l'UE" permettent enfin la formation linguistique de diplomates européens de haut rang. Conjuguant stages d'immersion linguistique et cours sur place avec des contenus adaptés à ces publics à haut potentiel, ces programmes comportent aussi des volets de renforcement des compétences des traducteurs et interprètes. Au-delà, c'est une mobilisation de l'ensemble de notre corps diplomatique qui permettra, tant au sein des institutions européennes que dans les autres organisations internationales, de rappeler que le multilinguisme est un gage d'efficacité du système multilatéral.

Une feuille de route pour la promotion du multilinguisme dans les organisations internationales sera prochainement adressée aux postes diplomatiques.

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Contre le projet de loi Fioraso

Contre le projet de loi Fioraso !

éducation politique Fioraso colonisation

Contre la tentative gouvernementale de généraliser de fait l'enseignement en anglo-américain dans nos universités et grandes écoles, y compris pour les étudiants français, sous le fallacieux prétexte de "renforcer l'attrait du territoire" et d'attirer davantage d'étudiants étrangers pour "mieux armer nos universités dans la concurrence internationale". [AS]
Loi Fioraso et usage du français : de pire en pire (lien)
Debout la République : Lettre ouverte à Madame le Ministre Geneviève Fioraso (lien)
UPR : Pétition CONTRE la loi ESR "Fioraso", car POUR la langue française ! (lien)
FPR : autre pétition  contre le Projet de Loi ESR-Fioraso (lien)
Liste de documents sur la loi "Fiaraso" (lire ci-dessous)
Billet de Bruno Dewaele dans La Voix du Nord "Méfions-nous du cheval de Troie"
UPR : Lettre adressée à Mme Pauline Marois, 1ère Ministre du Québec, au sujet de la loi Fioraso
(13/03) (lien)


Le projet de loi Fioraso

Pétition
www.petitions24.net/contre_la_loi_esr_fioraso_parce_que_pour_la_langue_francaise

Documents
Le projet de loi : websyndicats.vjf.cnrs.fr/sntrscgt/IMG/pdf/20130208_-_projet_de_loi.pdf

Amendements retenus : www.letudiant.fr/static/uploads/mediatheque/EDU_EDU/1/6/76016-cneser-les-amendements-au-projet-de-loi-retenus-par-le-ministere-original.pdf

Amendements des sénateurs socialistes aggravant les atteintes ua Français et qui proposent notamment ce texte de pure collaboracheune : "Par dérogation à l'article L. 121-3, la langue de l'enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires, dans les établissements d'enseignement supérieur, peut être une autre langue que le français." (en quelle langue cela pourrait-il bien être ???) www.senat.fr/leg/ppl12-348.pdf

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Le service public de l’audiovisuel sert-il la France ou d’autres intérêts ?

Le service public français de l'audio-visuel sert-il la France ou d'autres puissants intérêts ?

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?

par Albert Salon

Le service public français de l'audio-visuel sert-il la France ou d'autres puissants intérêts ?médias colonisation service public : On lui met des chaînes, pour servir l’empire anglo-saxon et sa langue.

Surtout des chaînes de télévision. Chaînes publiques chaînes privées.

Je vais prendre ici, parmi toutes les chaînes que la propagande impériale nous fait porter avec de lourds boulets, un seul exemple : France 2, censée être publique, avec une mission de service public, c’est-à-dire d’éducation de son public et d’élévation de son niveau général d’information et de culture.

Prenons le "vingt-heures" :

Sur cette demi-heure de grande écoute, entre deux et cinq minutes – qui doivent coûter fort cher (à qui ?) – sont très souvent consacrées à la présentation de produits du cinéma états-unien, à leur promotion par projection d’extraits et par dialogues avec les réalisateurs ou les acteurs très pipol qui y ont trempé.

Avez-vous remarqué, au demeurant, que ce ne sont pas toujours, loin de là, les meilleurs films américains qui bénéficient ainsi de ces coups de pouce sur notre marché, au détriment de notre propre cinéma, qui ne jouit pas tout-à-fait des mêmes faveurs ?

Les vedettes invitées, appelées "stars", s’offrent complaisamment à nos regards pour, généralement, nous débiter des platitudes atterrantes.

Il y a vingt ans – car le pli est pris depuis longtemps – les invités nord-américains s’efforçaient encore d’esquisser en français un "bonsoir" ou un "merci", voire parfois la très brève excuse : "désolé, je ne parle pas bien le français". De nos jours, ils ne s’embarrassent plus de ces politesses superfétatoires et, du reste, hypocrites.

Ils sont reçus chez les vassaux qui les ont sollicités, et ils reçoivent avec quelque condescendance les hommages et l’admiration qui leur sont dus en leur qualité de représentants du peuple élu.

L’aimable petit seigneur local du vingt-heures ou la charmante présentatrice qui a réussi à les faire venir, s’en glorifie et leur sert la soupe, essaie parfois de les amener à parler de leurs liens avec la France ou la culture française. Après tout, n’est-ce pas normal ? Surtout lorsque, tel Dustin Hoffman, ils font partie de la longue cohorte d’histrions et terminators hollywoodiens qui ont reçu une haute décoration française, censée récompenser des services rendus à notre culture, à notre langue, voire à notre cinéma : Arts et Lettres, Mérite, Légion d’Honneur, dans les ors de la République, des mains du ministre de la Culture, quand ce n’est pas du Président. Souvent au grade de Commandeur, pour hisser l'Ordre et la France au niveau de la notoriété internationale des personnages-idoles ainsi perchés, aussi en vue.

Après tout, pensent peut-être les récipiendaires parfois étonnés, à peine flattés, si la vieille cocotte France veut se faire encore aimer en distribuant ses médailles, pourquoi pas ? Si cela peut lui faire plaisir…

Mais qu’elle ne s’avise pas trop de leur demander devant ses caméras s’ils connaissent et aiment ses camélias : la réponse de Dustin Hoffmann en février 2009 a été une pièce d’anthologie. Je la résume : "Oh ! Moi, vous savez, je suis d’un milieu très pauvre, mes parents ne lisaient pas, je n’ai guère eu dans l’enfance ni plus tard l’occasion de m’intéresser à la France et à sa culture !"...

L’autisme de ces milieux états-uniens, dans sa splendeur, et l'à-plat-ventrisme intéressé des "nôtres"...

L’Allemagne, la Hollande, l’Espagne, la Pologne, la Hongrie, sont-elles aussi indignes, aussi prodigues que la République de ces bouquets dont elle fait ainsi des fleurs fanées, dévalorisées aux yeux de ses citoyens ?

D’ailleurs, que la télévision vous montre-t-elle de ces pays ? Surtout de leurs cultures ? Voyez-vous souvent, au "vingt-heures" des présentations de leurs films ? Ne sont-ce pas des pays européens ? Ne cherchons nous pas, selon la vulgate officielle, à faire l’Europe ?

La télévision nous révèle là la vérité, le cœur du système : "Qui vous parle d’Europe ? Il faut que tous les yeux et les oreilles, tous les esprits conquis du continent européen, soient et restent fixés sur les États-Unis, sur sa langue, servent l’empire américain, perinde ac cadaver, et regardent le moins possible ailleurs".

Libre à nous – direz-vous - de ne pas regarder, d’éteindre ou de "pitonner"* ? Certes. Mais combien de téléspectateurs usent de cette liberté ? Tous les autres subissent ce détournement, ce vol éhonté d’un temps d’antenne qui leur est dû, qu’ils ont payé en principe pour avoir une information plus élevée que la bouillie de propagande vassalisante qui leur est ainsi versée.

C’est la France et sa langue que l’on agenouille, bat et rebat et abâtardit !

Cela va dans le même sens que la réintégration dans la structure militaire de l’OTAN, la fédéralisation de l'UE sous l'égide de l'empire, et que le passage de l'enseignement supérieur à l'anglo-américain, au "globish" pour colonisés.

Il faut s'indigner, hurler la révolte du citoyen sain ; il faut résister, secouer ce joug, retrouver la souveraineté de la France !"

Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien Ambassadeur.

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La CJUE dconfirme que le multi-linguisme doit rester au cœur des recrutements 

La Cour de justice de l'Union Européenne donne raison aux personnels et confirme que le multi-linguisme doit rester au cœur des recrutements  !

La CJUE dconfirme que le multi-linguisme doit rester au cœur des recrutements Europe langues travail : Un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne a été publié le 27 novembre 2012 relatif à un pourvoi introduit par la république italienne a confirmé l'annulation des avis de concours EPSO/AD/94/07 et EPSO/AST/37/07 au motif que ces avis n'étaient pas publiés dans toutes les langues officielles de l'UNION, et que le choix de la deuxième langue se limitait aux langues allemande, anglaise et française.

Le tribunal a décidé l'annulation des concours susvisés, sans toutefois remettre en cause le résultat de ces concours.

Il s'ensuit selon l'appréciation de la Cour

- que conformément à l'annexe III du statut des fonctionnaires des communautés européennes, les avis de concours doivent être publiés intégralement dans toutes les langues officielles

- que l'article 1er du règlement n°1 désigne 23 langues non seulement comme langues officielles, mais également comme langues de travail des institutions de l'Union, que toute discrimination fondée sur la langue est interdite dans l'application du statut. Qu'il convient toutefois de noter que selon la Commission les trois langues les plus utilisées dans les institutions et ce depuis longtemps sont l'allemand, l'anglais et le français.

La Cour confirme donc à nouveau le bien fondé des positions défendues depuis toujours par la représentation du personnel !

Solidarité européenne soutenues par les autres OSP de l'Alliance a présenté le 5 mai 2006 au Médiateur européen une plainte dirigée contre EPSO pour non-respect selon elle des articles 27 et 28 point f) du statut, au motif que la possibilité de présenter les épreuves de recrutement des fonctionnaires et agents se limitait aux seules langues de travail que sont l'allemand, l'anglais et le français, privant ainsi les jurys de la possibilité de tester les compétences requises à l'exercice des profils recherchés, au profit de connaissances linguistiques, anticipant dès lors le jugement précité.

La Commission paritaire Commission (COPAR) a émis un avis unanime lors de sa séance du 8 novembre 2005 demandant que les QCM des concours et des sélections AC soient testées dans les langues maternelle ou principale du candidat.

Cette orientation a également reçu l'avis unanime des représentants du personnel lors des séances de la COPARCO (commission paritaire interinstitutionnelle) des 12 juin 2005 et 9 mars 2006.

Le comité central du personnel a à son tour pris position en faveur de cette nouvelle procédure.

Les institutions ont dès lors changé d'orientation et demandé à EPSO de tester les candidats pour les tests de présélection dans leur langue maternelle ou principale. C'est maintenant chose faite et la Cour confirme le bien fondé de la démarche !

Il est à signaler que la nouvelle Direction d'EPSO avait à l'époque à son tour démontré d'être sensible à ces exigences alors qu'auparavant nos prises de position avaient été qualifiées comme étant dignes des dinosaures et des études avaient été passées par EPSO afin de démontrer qu'il était désormais impossible de respecter le multilinguisme compte tenu du nombre de langues et des complexités techniques y afférentes !

Pour l'Alliance il ne s'est jamais agi de nier la complexité du contexte dans lequel les concours doivent être organisés avec des dizaines de milliers de candidats et 23 langues officielles.

Comme la Cour le confirme, conformément à l'article 27, premier alinéa du statut, le recrutement des fonctionnaires doit viser à assurer à l'institution le concours de fonctionnaires possédant les plus hautes qualités de compétence, de rendement et d'intégrité. Cet objectif pouvant être mieux préservé lorsque les candidats sont autorisés à présenter les épreuves de sélection dans leur langue maternelle ou dans la deuxième langue qu'ils considèrent maîtriser le mieux, il appartient à cet égard aux institutions de mettre en balance l'objectif légitime justifiant la limitation du nombre de langue des concours et l'objectif d'identifier les candidats ayant les plus hautes qualités de compétence.

Il convient dès lors de mettre en place des règles internes définissant le régime linguistique de manière à concilier l'exigence du statut en matière de connaissances linguistiques des candidats, vérifiées par des tests appropriés, les besoins des institutions et la mise en place de formations ultérieures à leur recrutement, favorisant une communication de qualité par ailleurs indispensable à leur bon fonctionnement.

Il est aussi essentiel d'éviter qu'à la suite de chaque arrêt mettant en cause un aspect des concours organisés, EPSO invoque la nécessité de modifier l'annexe III de notre statut ! Tout comme en ce qui concerne l'arrêt Patchitis concernant le rôle du jury, l'annexe III dans sa version actuelle n'empêche nullement aussi concernant le régime linguistique d'atteindre les objectifs qui ont été depuis toujours à la base des concours et que la Cour se limite simplement à confirmer

Les procédures de recrutement actuelles moyennant les corrections nécessaires peuvent parfaitement satisfaire à l'équilibre susmentionné dans une gouvernance claire du processus, confirmant la mission confiée à EPSO, qui est celle de simple mise en œuvre des politiques décidées par les institutions et non pas de décideur politique, encore moins en ce qui concerne l'initiative pour les modifications statutaires !

La Cour de justice donne raison à la représentation du personnel et confirme que le multilinguisme doit rester au cœur des procédures de recrutements des institutions !

Un arrêt de la Cour de justice a été publié le 27 novembre 2012 relatif à un pourvoi introduit par la république italienne a confirmé l'annulation des avis de concours EPSO/AD/94/07 et EPSO/AST/37/07 au motif que ces avis n'étaient pas publiés dans toutes les langues officielles de l'UNION, et que le choix de la deuxième langue se limitait aux langues allemande, anglaise et française.

Le tribunal a décidé l'annulation des concours susvisés, sans toutefois remettre en cause le résultat de ces concours.

Il s'ensuit selon l'appréciation de la Cour

- que conformément à l'annexe III du statut des fonctionnaires des communautés européennes, les avis de concours doivent être publiés intégralement dans toutes les langues officielles

- que l'article 1er du règlement n°1 désigne 23 langues non seulement comme langues officielles, mais également comme langues de travail des institutions de l'Union, que toute discrimination fondée sur la langue est interdite dans l'application du statut. Qu'il convient toutefois de noter que selon la Commission les trois langues les plus utilisées dans les institutions et ce depuis longtemps sont l'allemand, l'anglais et le français.

La Cour confirme donc à nouveau le bien fondé des positions défendues depuis toujours par la représentation du personnel !

Solidarité européenne soutenues par les autres OSP de l'Alliance a présenté le 5 mai 2006 au Médiateur européen une plainte dirigée contre EPSO pour non-respect selon elle des articles 27 et 28 point f) du statut, au motif que la possibilité de présenter les épreuves de recrutement des fonctionnaires et agents se limitait aux seules langues de travail que sont l'allemand, l'anglais et le français, privant ainsi les jurys de la possibilité de tester les compétences requises à l'exercice des profils recherchés, au profit de connaissances linguistiques, anticipant dès lors le jugement précité.

La Commission paritaire Commission (COPAR) a émis un avis unanime lors de sa séance du 8 novembre 2005 demandant que les QCM des concours et des sélections AC soient testées dans les langues maternelle ou principale du candidat.

Cette orientation a également reçu l'avis unanime des représentants du personnel lors des séances de la COPARCO (commission paritaire interinstitutionnelle) des 12 juin 2005 et 9 mars 2006.

Le comité central du personnel a à son tour pris position en faveur de cette nouvelle procédure.

Les institutions ont dès lors changé d'orientation et demandé à EPSO de tester les candidats pour les tests de présélection dans leur langue maternelle ou principale. C'est maintenant chose faite et la Cour confirme le bien fondé de la démarche !

Il est à signaler que la nouvelle Direction d'EPSO avait à l'époque à son tour démontré d'être sensible à ces exigences alors qu'auparavant nos prises de position avaient été qualifiées comme étant dignes des dinosaures et des études avaient été passées par EPSO afin de démontrer qu'il était désormais impossible de respecter le multilinguisme compte tenu du nombre de langues et des complexités techniques y afférentes !

Pour l'Alliance il ne s'est jamais agi de nier la complexité du contexte dans lequel les concours doivent être organisés avec des dizaines de milliers de candidats et 23 langues officielles.

Comme la Cour le confirme, conformément à l'article 27, premier alinéa du statut, le recrutement des fonctionnaires doit viser à assurer à l'institution le concours de fonctionnaires possédant les plus hautes qualités de compétence, de rendement et d'intégrité. Cet objectif pouvant être mieux préservé lorsque les candidats sont autorisés à présenter les épreuves de sélection dans leur langue maternelle ou dans la deuxième langue qu'ils considèrent maîtriser le mieux, il appartient à cet égard aux institutions de mettre en balance l'objectif légitime justifiant la limitation du nombre de langue des concours et l'objectif d'identifier les candidats ayant les plus hautes qualités de compétence.

Il convient dès lors de mettre en place des règles internes définissant le régime linguistique de manière à concilier l'exigence du statut en matière de connaissances linguistiques des candidats, vérifiées par des tests appropriés, les besoins des institutions et la mise en place de formations ultérieures à leur recrutement, favorisant une communication de qualité par ailleurs indispensable à leur bon fonctionnement.

Il est aussi essentiel d'éviter qu'à la suite de chaque arrêt mettant en cause un aspect des concours organisés, EPSO invoque la nécessité de modifier l'annexe III de notre statut ! Tout comme en ce qui concerne l'arrêt Patchitis concernant le rôle du jury, l'annexe III dans sa version actuelle n'empêche nullement aussi concernant le régime linguistique d'atteindre les objectifs qui ont été depuis toujours à la base des concours et que la Cour se limite simplement à confirmer

Les procédures de recrutement actuelles moyennant les corrections nécessaires peuvent parfaitement satisfaire à l'équilibre susmentionné dans une gouvernance claire du processus, confirmant la mission confiée à EPSO, qui est celle de simple mise en œuvre des politiques décidées par les institutions et non pas de décideur politique, encore moins en ce qui concerne l'initiative pour les modifications statutaires !

Anna-Maria Campogrande

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La France se tire une balle dans le pied au Vietnam

La France se tire une balle dans le pied au Vietnam

La France se tire une balle dans le pied au VietnamFrancophonie politique Vietnam
Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République socialiste du Vietnam, pour la création et le développement de l'Université des Sciences et des Technologies de Hanoï.

Une fois de plus, des élites françaises veulent que la France se tire une balle dans le pied. Les arguments sont connus : il n'y a pas suffisamment de francophones au Vietnam pour qu'une université puisse avoir le français comme langue d'enseignement et de plus, étant donné que, pour ces élites, l'avenir est au seul anglais, c'est d'évidence "le bon choix". Eh bien non, c'est un mauvais choix, pire, un choix dépassé. En voici quelques raisons simples et de bon sens.

Tout d'abord, il y a en Asie et en Asie du Sud-Est, non seulement dans la péninsule indochinoise mais aussi dans la plupart des pays et tout particulièrement en Chine, de nombreux francophones qui demandent à cor et à cri, sans être entendus, la création d'une université francophone enseignant en français. Rappelons, par ailleurs, que depuis les années 70, il y a eu, grâce en particulier à l'action volontariste de l'Agence universitaire de la Francophonie, la formation en Asie du Sud-Est d'une nouvelle génération de francophones par la création de classes bilingues dans l'enseignement primaire et secondaire, de filières francophones dans les universités et d'Instituts internationaux de troisième cycle (science de l'ingénieur à Phnom Penh, informatique à Hanoï, médecine tropicale à Ventiane). En Chine, la demande importante de français est un fait, comme l'atteste la mise en place de nombreux et nouveaux départements de langue française.

Il manque pour couronner le tout une université régionale d'excellence au niveau du troisième cycle, dont les diplômés seraient trilingues. Formés à l'excellence au niveau professionnel, disposant du français comme langue seconde et non comme langue étrangère, ces diplômés seront au sens plein du terme des francophones. Ils partageront des valeurs qui sont aussi celles de la République française et un sentiment d'appartenance à la Communauté francophone dont ils connaîtront l'histoire et les institutions.

La formation francophone proposée n'exclut pas l'anglais mais elle apportera l'anglais à des francophones et non le français à des anglophones, ce qui est un désastre en terme d'influence et aussi, faute de motivation des apprenants, le plus souvent un échec éducatif maintes fois constaté. Cette approche a été tentée avec succès dans plusieurs pays où le français n'est pas langue d'enseignement commune à tous. Il s'agit de former des francophones trilingues avec un signal clair aux familles : la formation d'excellence proposée est un plus pour l'emploi. Le succès de l'Université française d'Arménie à Erevan, par exemple, en apporte la preuve.

La France a tout à gagner dans cette approche qui est cohérente avec l'effort qu'elle fait en faveur du développement de la Francophonie multilatérale, conformément à l'article 87 de sa Constitution : "La République participe au développement de la solidarité et de la coopération entre les États et les peuples ayant le français en partage.". Dans le cas contraire, l'action bilatérale française de coopération sera en opposition avec l'action multilatérale francophone de coopération, avec pour conséquence un gâchis de l'argent public français.

Cette schizophrénie française entre les actions conduites au bilatéral et au multilatéral est particulièrement visible au Vietnam. Le multilatéral francophone, financé fortement par la France, soutient l'enseignement en français alors que la France, en bilatéral, donne priorité au tout anglais. Le projet de loi concernant le développement de l'Université des Sciences et des Technologies de Hanoï souligne cette contradiction désastreuse en terme tant d'influence de la France que de bonne gestion des fonds publics.

D'autre part, l'avenir linguistique du monde n'est pas l'anglais, langue unique, mais le multilinguisme. Certes il faut disposer d'un véhicule linguistique commun pour circuler facilement dans le "village global", mais les élites qui militent pour l'anglais langue unique font fausse route. Elles donnent une mauvaise réponse à un vrai besoin.

Tout d'abord, elles font abstraction de l'évolution vers un monde multipolaire, y compris linguistique, du fait de la montée en puissance des langues des hyper-puissances émergentes telles que la Chine, et de l'essor de langues internationales comme l'espagnol ou l'arabe.

Par ailleurs, la langue unique uniformise les modes de vie au profit de la langue choisie. Quand il s'agit de l'anglais, c'est d'autant plus grave que cette langue est non seulement la plus importante des langues véhiculaires qu'ait connu l'humanité, mais qu'elle porte la pensée unique d'essence nord-américaine. Enfin, le principe de précaution doit être rappelé. Qui peut dire quels seront les choix linguistiques du XXIe siècle alors que les États-Unis ne sont plus la seule hyper puissance ?

Il existe une alternative : le multilinguisme, qui donne accès aux mêmes possibilités. Il permet, en effet, d'acquérir la langue dominante qui, d'ailleurs, peut changer. Mais le multilinguisme n'enferme pas. Il offre une respiration vers d'autres cultures. C'est un facteur d'ouverture, un antidote au repli identitaire et au choc des civilisations et donc une composante fondamentale de la culture de la paix. Il est accessible au plus grand nombre comme le montrent les situations sociolinguistiques de nombreux pays.

Les partisans de la langue unique ont choisi le grignotage. Ils avancent leurs pions au nom du bon sens sans se préoccuper des conséquences et des autres défis posés par la mondialisation. C'est aujourd'hui ce Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République socialiste du Vietnam, pour la création et le développement de l'Université des Sciences et des Technologies de Hanoï.

On continue donc une politique qui est un échec depuis des années. Pour la France, c'est un contre-sens stratégique.

Lyon, le 24 janvier 2013
Michel Guillou
Membre de l'Académie des sciences d'Outre-mer, président du Réseau international des chaires Senghor de la Francophonie

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Arrêtez de substituer l’anglais au français à l’université

Arrêtez de substituer l'anglais au français dans nos universités et grandes écoles !

Ne couronnez pas l'œuvre du gouvernement précédent

université américanisation colonisation politique

Une forte demande de France et de langue française existe toujours dans le monde, voire se développe dans certains endroits, où l’on sent un besoin de respirer un air plus libre et plus humain que celui qui est empesté par la domination exclusive de l’argent-roi ou par le néo-fascisme des fanatiques.

Mais nos élites françaises n’en sont pas impressionnées. Leurs esprits restent formatés et englués dans la vassalisation à l’égard de l’empire anglo-saxon-germain, dont ils ne veulent pas voir le déclin, avant l’effondrement, à terme peut-être encore éloigné, mais inéluctable.

Beaucoup appartiennent à un ou plusieurs des hauts lieux de l’oligarchie mondialiste vouée au maintien convulsif et crispé de l’hégémonie de cet empire : "Trilatérale", "Bilderberg", "French-American Foundation", "Club Le siècle", et ébrouée dans les délices de Davos.

Le travail mené chez nous et en Europe, depuis des décennies, par ces organismes discrets et protégés - travail de sape acharné, de moins en moins discret - de tous ces puissants voués à la destruction de nos nations continentales européennes non germaniques, produit aujourd'hui ses effets.

Toutes les associations de défense et de promotion de la langue française* savent depuis des années que l'empire anglo-saxon-germain et l'oligarchie mondialiste veulent effacer ce que notre civilisation française en France - et francophone un peu partout dans le monde - représente encore, dans tant de domaines politiques, économiques, culturels, et proprement linguistiques, comme obstacles à leur hégémonie. Ils savent que "déconstruire" la France c'est d'abord abaisser et détricoter notre langue, composante essentielle de la personnalité nationale, et lien de la Francophonie organisée.

Dans ce domaine comme dans d'autres, la finance impériale mondialiste est très brillamment soutenue en France par nos "collabos de la pub et du fric", selon Michel Serres qui les dénonce avec vigueur. Jusqu’à des dirigeants dans les "partis de gouvernement" conspirent pour nous faire passer à l'anglo-américain. Le linguiste Claude Hagège, du Collège de France, proclame que, face à l’empire, "Nous sommes en guerre !". Il stigmatise ces "amis-ennemis" dans Contre la pensée unique (Odile Jacob, Paris 2012). Jean-Pierre Chevènement les cloue au pilori. Un ancien ministre des affaires étrangères d’un gouvernement socialiste soutient notre résistance.

Car, dès 1994, les mondialistes - gauche, droite, centre - ont réussi à édulcorer la "loi Toubon" du 4 août 1994. Ce qui en a subsisté restait condamnable à leurs yeux.

Dans le domaine particulièrement stratégique de l'enseignement supérieur et de la recherche, ils n'ont pas réussi à faire abroger les dispositions pertinentes de cette loi, votée à une très large majorité dans le sillage de l'alinéa introduit en 1992 dans notre Constitution : "La langue de la République est le français".

Mais ils viennent de trouver un moyen, discret et apparemment légal, d'édenter la loi : par une très large extension des exceptions au principe du "français (...) langue de l'enseignement, des examens et des concours".

Il est navrant de constater que leur moyen est un texte présenté par l’actuel gouvernement.

En effet, l'avant-projet de loi de Mme Fioraso, portant réforme de l'enseignement supérieur, contient cette large extension. S’il était voté, il abrogerait en fait la loi Toubon.

Laisser filer notre enseignement supérieur à l'anglais, après avoir laissé filer les brevets européens sous le gouvernement précédent, serait opérer le principal basculement de la France dans la sphère impériale mondialiste, et abandonner ce qui fait sa personnalité, la force de la République, l'unité de la Nation, son rayonnement extérieur et la construction mondiale de la Francophonie.

Faire voter ce texte, qui donnerait au monde pour le français, la France et la Francophonie, un signal très clair de basculement de l'être vers le non-être, serait une redoutable forfaiture.

Il est d'ailleurs piquant de constater que les mondialistes parviendraient ainsi - on les imagine ricanant sous cape - à ce que ce nouveau gouvernement et cette majorité - si hostiles dans leurs discours à la finance mondialiste - couronnât par une loi les efforts du gouvernement de M. Sarkozy, dont ils cherchent désespérément à se démarquer dans tant d’autres domaines.

Ce gouvernement réaliserait les rêves américains des Valérie Pécresse, Richard Descoings, Pierre Tapie, "lauréats" de la "Carpette anglaise", pour mieux inféoder la France à l'empire.

Une question éminemment politique de "l'être ou ne pas être" devient ainsi également une petite question politicienne propre à rider l'eau stagnante et nauséabonde du marécage...

Un referendum sur le français étant exclu sous ce régime, tant les réponses du peuple de France sont redoutées, il reste, pour une valorisation politique de la vox populi, la campagne lancée en commun par le Forum pour la France et par nos associations de promotion du français et de la Francophonie : "Communes de France pour la langue française".

Notre campagne vise à rassembler assez de votes par des conseils municipaux de notre manifeste franco-québécois pour le français pour équivaloir, avant les élections municipales de 2014, à un référendum d'initiative populaire.

Pour vous y associer activement auprès de maires proches de vous, reportez-vous au présent site, ou demandez tous documents pertinents au siège d’Avenir de la langue française (34 bis rue de Picpus - 75012 Paris)

Vous contribuerez ainsi à sauver l’honneur, et peut-être le pays !

Albert Salon, docteur d'État ès-lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française, vice-président de Droit de Comprendre.

* Elles agissent ensemble. Les actions de 2012 ont réuni jusqu'à 40 associations françaises et québécoises.

A Paris, le 1er février 2013.

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Communication et enseignement scientifiques en langue française

Communication et enseignement scientifiques en langue française

Nécessité d'une politique linguistique de la recherche : Mémoire au Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, présenté par les associations

sciences associations langue française

Télécharger le mémoire


Message accompagnant le mémoire à destination de la Présidence de la République

Monsieur le Secrétaire Général, Madame la Directrice du Cabinet du Président de la République, Messieurs

L'avant-projet de loi portant réforme de l'enseignement supérieur, élaboré sous la responsabilité de Mme Geneviève Fioraso, contient une disposition qui réduit gravement le rôle du français comme langue d'enseignement dans nos universités et grandes écoles.

Aux termes de la loi n°665 du 4 août 1994, dite "loi Toubon", votée en application de l'article 2 de la Constitution modifiée, le français est la langue de l'enseignement, des examens et des concours.

Quelques exceptions de faible portée prévues par cette loi permettent toutefois, dans des cas précis, d'offrir des cours et conférences dans des langues étrangères.

Les partisans d'un véritable passage du français à l'anglais comme langue d'enseignement dans nos universités et grandes écoles ne se satisfont pas de ces quelques exceptions.

Ils essaient depuis des années de contourner la loi Toubon, faute de pouvoir obtenir son abrogation.

L'avant-projet de loi portant la réforme souhaitée par le gouvernement leur donnerait satisfaction puisqu'il insère un article - un de ses tout premiers - qui étendrait considérablement les exceptions, au point d'équivaloir en pratique à une abrogation discrète de la loi Toubon en matière d'enseignement supérieur.

Nos associations de défense et de promotion du français et de la Francophonie considèrent que cette démarche du MESR est contraire aux discours du Président et de plusieurs ministres de son gouvernement, et surtout à nos intérêts fondamentaux rappelés dans l'important Mémoire joint de 7 de nos associations, adressé à tous les responsables et milieux concernés.

Laisser filer notre enseignement supérieur à l'anglais, après avoir laissé filer les brevets européens sous le gouvernement précédent, c'est opérer le principal basculement de la France dans la sphère impériale mondialiste, et abandonner ce qui fait sa personnalité, sa force républicaine, l'unité de sa Nation, son rayonnement extérieur et la construction mondiale de la Francophonie.

Laisser - a fortiori faire - voter ce texte, qui donnerait au monde pour notre langue, la France et la Francophonie, un signal très clair de basculement de l'être vers le non-être, serait sans conteste une redoutable forfaiture.

La démarche en cause ne peut donc pas, à nos yeux, être celle de l'ensemble du gouvernement, encore moins du Président.

Nous pensons qu'il s'agit là d'une tentative de certains milieux mondialistes d'amener - en ricanant sous cape - ce gouvernement et cette majorité à couronner par une loi les efforts du précédent gouvernement, les rêves américains et anti-loi-Toubon des Valérie Pécresse, Richard Descoings, Pierre Tapie (tous "lauréats" successifs du prix annuel de l'académie de la "Carpette anglaise"), pour mieux inféoder la France à la finance impériale mondialiste.

Toutes nos associations françaises et québécoises de défense et de promotion du français et de la Francophonie, et non pas seulement les sept porteuses du Mémoire joint, demandent - à travers vous - au Président de la République de trancher, à son niveau qui est le seul approprié, cette question éminemment politique, avant que le projet de loi ne soit présenté au Parlement et - a fortiori si la loi venait à être votée avec cet article incriminé - avant un éventuel recours au Conseil Constitutionnel, sur

le fondement de l'article 2 de la Constitution de 1958, tel qu'il fut modifié en 1992 par l'ajout : "La langue de la République est le français".

Nos associations savent bien que, dans ce domaine comme dans d'autres où le recours souhaité à un referendum paraît exclu tant la réponse du peuple est redoutée, il faut trouver d'autres voies pour faire remonter politiquement la vox populi.

C'est le sens de la campagne lancée il y a quelques mois en faveur du français par 40 associations - les quarante qui avaient au printemps 2012 demandé aux candidats à la Présidence de la République, puis aux candidats à la députation, de souscrire "10 engagements" pour notre langue.

Cette campagne "Communes de France pour la langue française" vise à rassembler assez de votes de notre manifeste franco-québécois par des conseils municipaux dans toute la France pour équivaloir, en fin de compte, à un referendum d'initiative populaire. Nous escomptons son succès avant les élections municipales de 2014.

Mme Geneviève Fioraso a été la première saisie de notre démarche. Notre lettre de saisine est reproduite ci-dessous.

Elle a été adressée en copie à Mmes Aurélie Filippetti et Yamina Benguigui.

Les parlementaires vont être saisis à leur tour.

Divers mouvements français et québécois, et des médias, suivront.

Au nom des sept associations signataires de l'important Mémoire joint, dans l'espoir que vous voudrez et pourrez empêcher le vote de cette très large ouverture de nos universités et grandes écoles à l'enseignement en anglais, en substitution progressive et rapide au français, nous tous vous prions d'agréer l'expression de notre considération inquiète.

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur dans l'Ordre national du Mérite, président d'Avenir de la langue française.

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« Erasmus » : 4 ministres français écrivent à Barroso

"Erasmus" : 4 ministres français écrivent à Barroso contre un changement de nom en "YES Europe"

Erasmus Europe Barroso anglicisation
"Erasmus" : 4 ministres français écrivent à Barroso contre un changement de nom en "YES Europe"

La France souscrit "pleinement aux objectifs et aux modalités du nouveau programme 'Erasmus pour tous' en cours de discussion au Parlement européen. Cette convergence de vues nous autorise toutefois à vous témoigner notre surprise quant au risque de voir le nom de ce programme abandonné." C'est ce qu'écrivent Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Laurent Fabius, ministre de Affaires étrangères, Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale et Aurélie Filipetti, ministre de la Culture et de la Communication dans un courrier adressé le 23 novembre 2012 à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et dont AEF a eu copie. Ils font référence au fait que la commission culture et éducation du Parlement européen a proposé le 27 novembre dernier dans son rapport sur le nouveau programme, que celui-ci porte le nom de "YES Europe", acronyme de "Youth Education Sport" ("Jeunesse éducation sport"). Ce nouveau nom permettrait, selon le rapport des eurodéputés de mettre l'accent sur le volet jeunesse du nouveau programme.

Ce nouveau nom proposé par les députés européens s'apparente, selon les ministres français, à "un slogan publicitaire en anglais" et "ne semble pas constituer un message pertinent". Les ministres estiment qu' "un tel choix, s'il était confirmé, conduirait (…) les publics concernés à penser que les échanges universitaires peuvent se contenter de s'établir en une seule langue, qui plus est singulièrement appauvrie". Or, "c'est au contraire en s'appuyant sur la richesse de son patrimoine culturel et linguistique que l'Europe répondra aux défis de la société de connaissance". Selon les signataires de ce courrier, l'appellation "YES Europe" "enverra un signal malheureusement inverse".

"Maintenir la référence à Érasme"

Les ministres estiment que "la référence à une figure emblématique de la Renaissance est (…) particulièrement adaptée à un dispositif qui favorise la circulation des idées et des savoirs en Europe"."Par ailleurs, cette dénomination, installée de longue date dans les esprits s'identifie au succès de ce programme et il y aurait dès lors un grave inconvénient à en changer", ajoutent-ils.

Ils appellent donc la Commission européenne à "avoir la sagesse de renoncer à ce choix et de maintenir la référence à Érasme qui, loin de constituer un obstacle à la réussite de ce programme, l'a au contraire merveilleusement incarné".

L'opposition à la nouvelle appellation de "YES Europe" est partagée par certains eurodéputés, à l'image de Malika Benarab-Attou, députée européenne (groupe des Verts/Alliance libre européenne) qui le juge "assez terrible, notamment quand on considère que la devise de l'UE est 'unie dans la diversité'". Interrogée par AEF, elle explique que "la question de la diversité des langues revêt une importance particulière en Europe" et se dit donc "favorable au maintien du nom 'Erasmus pour tous', déclinable dans toutes les langues". Le rapport adopté par la commission culture et éducation du Parlement européen doit maintenant être débattu en séance plénière au mois de janvier 2013 pour une mise en œuvre en 2014."Nous allons essayer de faire bouger les lignes", indique Malika Benarab-Attou.

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Frédéric Cuvillier Carpette anglaise 2012

Frédéric Cuvillier, ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche
Carpette anglaise 2012

[ainsi que l'AFII et l'INPI, à titre étranger]

Cuvillier langue française politique transports

Frédéric Cuvillier Carpette anglaise 2012Communiqué de L’Académie de la Carpette anglaise

L'académie de la Carpette anglaise1 s'est réunie le 12 décembre 2012. Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants du monde associatif2 et littéraire.

Au premier tour de scrutin, par cinq voix sur neuf, la Carpette anglaise 2012 a été décernée à M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche pour avoir déclaré, selon Le Parisien, que, dans le domaine du transport, "l'anglais devrait être la langue d'usage et de rédaction des documents officiels harmonisés".

Le prix spécial du jury à titre étranger 3 a été décerné au premier tour de scrutin, par cinq voix sur neuf, à l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour la campagne publicitaire "Say oui to France, say oui to innovation", qui promeut la France à l'étranger en utilisant l'anglais comme seul vecteur de communication, au lieu de s'adresser dans la langue des pays visés par cette campagne.

Anne Cublier, Benoît Duteurtre, Yves Frémion et Dominique Noguez sont membres de cette académie.


1 La Carpette anglaise, prix d’indignité civique, est attribué à un membre des "élites françaises" qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.

2 Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Courriel (Collectif unitaire républicain pour la résistance, l'initiative et l'émancipation linguistique), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).

3 Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
Courriel : parlerfranc@aol.com
Académie de la Carpette anglaisechez Le Droit de Comprendre, 34 bis rue de Picpus, 75012 Paris.


en savoir plus sur la Carpette anglaise

voir la liste des précédents lauréats

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Danone doit bien traduire en français ses logiciels internes

Danone doit bien traduire en français ses logiciels internes

Danone doit bien traduire en français ses logiciels interneslangue française travail Danone : La Cour d'appel de Grenoble confirme le jugement du 5 juillet 2012 du Tribunal de Grande Instance de Vienne dans lequel Danone était condamné à mettre à disposition de ses salariés l'intégralité des logiciels et documents en langue française.

L'affaire remonte à 2010, Danone entreprend alors de modifier son système informatique et élabore le projet "Thémis II". La mise en œuvre de ce système contraint les salariés à utiliser des outils et des document de travail en anglais dès juin 2011.

Au printemps 2011, la CGT, le comité d'établissement et le CHSCT de l'usine de Saint-Just-Chaleyssin (304 salariés) avaient pourtant décidé de saisir le Tribunal de Vienne pour obtenir une traduction en français de tous les logiciels et documents.

Le 5 juillet 2012, le TGI rend son jugement et condamne Danone à la traduction. Danone fait appel en août.

Entre-temps, Danone a mis à disposition des salariés un outil, 'Babylone", qui permet d'assurer la traduction simultanée de l'intégralité des mots anglais contenus dans les logiciels. Mais, dans ses "attendus", la Cour d'appel remarque que l'outil de traduction - qui fait du mot-à-mot - ne répond pas aux exigences de l'article L 1321-6 du code du travail, à savoir tous les documents nécessaires à l'exécution d'un travail doivent être traduits en français.

En plus de l'obligation de faire mieux en matière de traduction, Danone est condamné à verser 3 000 euros au syndicat CGT.

voir la vidéo Danone, la CGT et la langue française

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Hommage à Philippe Rossillon

Les acteurs de la Francophonie, en célébrant Philippe Rossillon, un des pères de ses institutions, ont ravivé le combat pour le français

Philippe Rossillon langue française associations
Philippe Rossillon

Réunis le 5 décembre 2012 au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), grâce à son Secrétaire Général M. Abdou Diouf, et à son Administrateur général Clément Duhaime, les compagnons survivants – presque tous présents -, les héritiers, les émules, de Philippe Rossillon, et les plus jeunes animateurs de nombreuses associations nouvelles de France, du Québec et d'ailleurs – 75 personnes au total, ont resserré leurs liens pour repousser les attaques subies par le français, de l'extérieur comme de l'intérieur de leurs pays.

Jusqu'à sa disparition le 6 septembre 1997, Philippe Rossillon fut à la fois un Richelieu, un Bonaparte et un Surcouf pour la langue française et la Francophonie. Il fut à l’origine de la création de la plupart des institutions actuelles de promotion du français et de la Francophonie organisée. Créées aussi bien sous le Général de Gaulle et Pompidou que sous François Mitterrand et Michel Rocard, en complicité active entre Québécois, Acadiens, Wallons, Valdôtains, Romands et Jurassiens, Marocains, Tunisiens, Sénégalais de Senghor, Nigériens d'Hamani Diori, Ivoiriens d'Houphouët Boigny, Cambodgiens de Norodom Sihanouk..., et Français de tous horizons.

Presque tous les compagnons de Philippe Rossillon, les survivants de l’épopée, depuis Patrie et Progrès dans les années 50-60 jusqu’à Avenir de la langue française en 1992 et Droit de Comprendre en 1995, étaient là. Les anciens ministres et parlementaires MM. Charbonnel, Fayolle, Godfrain, Legendre, les Ambassadeurs Dorin et Réthoré, les Anfrol, Bécµe, Broquet, Davet, Fantapié, Griesmar, Guillou, Haouat, Lecherbonnier, Maugey, Milloz, Noguez, North, Popov, Saint Robert, Teboul, Zumbiehl, et bien d'autres hautes et fort intéressantes personnalités françaises étaient là, ainsi que plusieurs responsables et membres d’Avenir de la langue française, organisatrice...

Et trois éminents acteurs, chefs de mouvements, venus spécialement du Québec (Denis Vaugeois), de Wallonie (Paul-Henry Gendebien), du canton du Jura (Pierre-André Comte).

Nous avons pu souligner la nécessité de bénéficier maintenant, ensemble, de l'onde de choc créée par l’inspirateur, de bien réanimer tous ses réseaux, de résister tous ensemble avec force, dans son esprit, y compris par l'un des moyens adoptés : la campagne "Communes de France pour la langue française". Les documents de cette campagne ont été distribués. Ils peuvent être fournis sur demande au siège d’Avenir de la Langue Française, 34 bis rue de Picpus
tél : 01 43 40 16 51, courriel : avenirlf@laposte.net

Ces documents, les DVD réalisés en séance avec les précieux témoignages et professions de foi recueillis par Alain Olmi, et ceux que les participants au colloque nous confient, nous fournissent la matière d'un ouvrage à publier par l’internet et un éditeur, sur Philippe Rossillon, et sur l'inspiration et les orientations de notre programme de Résistance.

Albert Salon

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Arrêter la casse de la langue française à Sciences Po

Arrêter la casse de la langue française à Sciences Po

(appelé officiellement Institut d’études politiques de Paris)

Arrêter la casse de la langue française à Sciences Poéducation colonisation américanisation : Au moment où le gouvernement s’apprête à nommer le nouveau directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, nous souhaitons exprimer notre vif souhait que celui-ci réhabilite l’usage de la langue française dans son enseignement.

Les dérives financières de l’ancienne équipe, justement dénoncées par le Cour des Comptes, sont inséparables d’une perte générale des repères qui a conduit à une politique culturelle aberrante. Au nom d’un mondialisme mal conçu et d’une modernité de pacotille, l‘enseignement en anglais a été systématiquement favorisé au cours des dernières années au détriment de l’enseignement en français.

Pour un pays, pour une institution comme pour un individu, la maturité est de valoriser ses atouts propres et de ne pas entrer dans une dépendance intellectuelle à l’égard de valeurs venues d’ailleurs, pour respectables qu’elles soient. Cela vaut particulièrement pour une institution emblématique de la 5e puissance du monde que nous sommes, chargée de former une partie de sa classe dirigeante. La francophonie est un atout à valoriser. En méprisant sa propre langue, un pays incite les autres au même mépris.

Les étudiants français peuvent aller à l’étranger pour s’initier à la langue de Shakespeare, bien différente du sabir d’aéroport qui généralement en tient lieu, et on peut supposer que les étudiants étrangers qui viennent en France ont le désir de s’initier à la civilisation française et donc à la langue française. Pour ces raisons, les cours en langue étrangère ne sauraient être que l’exception.

De même, la culture générale, dont le général de Gaulle disait qu’elle était la véritable école du commandement, non seulement militaire et politique mais aussi économique, doit rester au centre de l’institution.

L’association que nous représentons sera particulièrement vigilante pour observer en ce domaine les évolutions de l’Institut.

Avenir de la Langue Française (ALF)
Albert Salon
Stéphane Marcilhacy
Alfred Gilder
Roland Hureaux

à lire également notre nouvelle d'avril 2012 :
"
La mort de Richard Descoings, grand angliciseur"

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Le ministère de la Culture répond sur la langue française

Le ministère de la Culture et de la communication répond sur la langue française

Culture Assemblée nationale langue française
Le ministère de la Culture et de la communication répond sur la langue française

Quelques éléments intéressants noyés dans l'eau-de-rose administrative (le surlignage de certains passages est de notre initiative). Nous attendons toujours au delà de ces belles paroles, comme celles de François Hollande, le début d'une amorce d'action concrétisant celles-ci.  MAR
Il nous semble par ailleurs, que le ministère de la Culture pourrait répondre à la représentation nationale en évitant les fautes d'orthographe. Pour défendre le français cela fait désordre :
résollument, sufisamment  (sic !)
Question écrite n°983 - 14ème législature posée par M. Alain Bocquet (député du Nord - Gauche démocrate et républicaine) publiée au Journal Officiel le 17/07/2012

M. Alain Bocquet attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur la question de la défense de la langue française. Diverses associations ont rappelé l'urgence des préoccupations déjà exprimées à plusieurs reprises, devant l'accumulation de faits qui témoignent d'un engagement insuffisant de l'État à ce sujet.

On assiste aujourd'hui à un basculement au "tout anglais" dans tous les domaines tels enseignes commerciales, communication d'entreprise, recherche, université, lycée, collège, entreprises publiques et dans les médias privés et publics. Le constat est particulièrement grave dans l'enseignement notamment dans les filières littéraires où le nombre d'heures de littérature a diminué de moitié. Cette situation annonce une diminution radicale de la place du français dans notre pays mais porte également atteinte au rayonnement de notre langue à l'étranger. Il lui demande les suites que le Gouvernement entend apporter à ces justes préoccupations de défense du français.

Réponse du ministère : Culture et communication parue au JO le 16/10/2012

La ministre de la culture et de la communication est attentive à tout ce qui peut fragiliser le lien de nos concitoyens avec la langue française, sous la pression exercée notamment par l'anglais dans un grand nombre de domaines de la vie économique, sociale et culturelle.

Elle voit dans cette perspective un risque pour le maintien de la cohésion sociale en France, dont l'identité s'est construite autour d'une langue commune, le français, langue de la République en vertu de la Constitution. Ce principe constitutionnel est le garant de l'égalité de nos concitoyens dans l'accès à l'information, au savoir, au droit et à la culture. La ministre compte mener une stratégie offensive et adaptée à la mondialisation pour donner à la langue française la place qui doit légitimement lui revenir dans notre société. Cette stratégie tient naturellement compte des apports indispensables que constitue la maîtrise d'autres langues pour le développement personnel comme pour l'essor de notre pays : elle se place ainsi résollument [sic !] dans une perspective de valorisation de la pluralité linguistique.

Cette stratégie passe d'abord par une stricte application des dispositions de la loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française. Ce texte dispose, dans son article premier, que le français est la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et des services publics. La ministre veillera à ce que ces principes soient respectés par les différentes administrations de l'État chargées de leur mise en œuvre. La loi de 1994, dont plusieurs pays en Europe se sont inspirés lorsqu'ils ils ont entrepris de protéger leur langue, constitue par ailleurs un cadre sufisamment [sic !] souple pour rendre possible, dans de nombreuses situations (enseignement, travail, médias...), l'emploi d'autres langues que le français. La ministre tiendra les parlementaires informés de façon régulière et détaillée dans le rapport sur l'emploi du français qui leur est remis chaque année par le Gouvernement. Elle souhaite conduire sur ces enjeux un dialogue plus direct avec la représentation nationale.

Le rapport sur l'emploi du français pourrait fournir l'occasion de ce dialogue et faire l'objet d'un échange de vues entre le Gouvernement et le Parlement sur les orientations et les résultats de notre politique linguistique. Les services publics ont, aux yeux de la ministre, une responsabilité particulière au regard de la promotion du français. En montrant une forme d'exemplarité dans l'emploi de la langue de la République, notamment lorsqu'ils s'adressent aux usagers, ils renforceront la confiance que ceux-ci éprouvent envers l'action publique. Ils créeront aussi un utile contrepoids aux pratiques de certains acteurs économiques consistant à proposer dans les lieux publics des noms de marque ou des slogans exclusivement en anglais pour s'adresser à une population majoritairement francophone. Nos solidarités linguistiques nous incitent d'ailleurs à conforter ce que le maintien de notre cohésion sociale impose.

En donnant les preuves d'une détermination nouvelle à défendre notre langue, nous renforcerons la confiance de nos partenaires francophones et la capacité d'influence de la France au sein de la communauté des États et Gouvernements ayant le français en partage. Nous enverrons également un signal positif aux millions de jeunes qui, dans le monde, font le choix d'apprendre la langue française, et qui peuvent difficilement admettre que celle-ci soit marginalisée en France même, dans notre système éducatif, nos entreprises et nos espaces publics. Pour indispensable qu'il soit, notre cadre légal ne peut à lui seul fonder une politique dynamique de promotion du français.

Dans des secteurs de la société particulièrement marqués par l'internationalisation des échanges et des savoirs et la mise en compétition des système éducatifs, le respect de nos textes doit s'accompagner d'une démarche visant à accompagner les acteurs économiques, sociaux et institutionnels dans la mise en place de stratégies linguistiques qui soient de nature à concilier le respect de notre droit avec l'ouverture aux autres langues. L'expérience montre ainsi qu'une généralisation injustifiée de l'usage de l'anglais dans l'entreprise peut générer des situations de mal être au travail, voire des formes de discriminations, susceptibles de déboucher sur des conflits ou des actions en justice qui, dans certains cas, pourraient être évités. Il est important que les partenaires sociaux, du côté des employeurs comme des salariés, prennent en considération ces situations et fassent de la place des langues un sujet du dialogue social. La ministre précise que les services de la délégation générale à la langue française et aux langues de France entreprennent d'apporter à ces partenaires des outils les aidant à mettre en place des dispositifs de gestion des langues dans l'entreprise. Cette approche visant à favoriser la mise en place de stratégies linguistiques pourrait également prévaloir dans les domaines de l'enseignement supérieur et de la recherche.

En second lieu, il importe de mettre l'accent sur les ressources en langue française, notamment sous forme numérique, et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Ainsi, les 6 000 termes français de la base de données FranceTerme constituent pour l'État comme pour les citoyens un très utile moyen de préserver la fonctionnalité de notre langue et sa capacité à désigner les concepts et réalités contemporains. Le ministère de la culture et de la communication est également aux avant-postes pour relever le défi du web sémantique, par exemple en soutenant un dispositif d'extraction de données culturelles sur la Toile à partir des ressources offertes par l'encyclopédie Wikipédia : les possibilités d'accès du public aux données culturelles en langue française s'en trouveront démultipliées. Il a appuyé les initiatives qui ont permis aux caractères de la langue française (par exemple les lettres accentuées) de pouvoir être respectés dans les noms de domaine en .fr et, plus généralement, il apporte son soutien aux projets tels que le dictionnaire collaboratif wiktionnaire qui apportent au français une réelle dynamique sur la Toile. La langue française est l'affaire de tous. Son avenir dépend d'abord de ses locuteurs, de celles et ceux qui l'enseignent et la pratiquent au quotidien.

Aussi, le ministère de la culture et de la communication développe une étroite coopération avec le ministère de l'Éducation nationale pour proposer au grand public des ressources pédagogiques et ludiques sur notre langue, son histoire, la richesse de son vocabulaire, les échanges qu'elle entretient avec les langues du monde. Cette collaboration prend place notamment dans le cadre des opérations de sensibilisation coordonnées par la délégation générale à la langue française et aux langues de France, par exemple l'opération "Dis-moi dix mots", qui constitue un très utile moyen de donner à nos concitoyens, notamment aux plus jeunes, le goût des mots, indissociable de la maîtrise de notre langue. La ministre est consciente qu'il ne peut y avoir d'action uniforme pour conforter la place de notre langue. Elle entend conduire une politique de fermeté sur le respect de nos textes légaux, en mettant l'accent, là où cette action régalienne trouve ses limites, sur des démarches d'incitation et de sensibilisation. Dans tous les cas, elle mobilisera l'ensemble du Gouvernement et des organismes impliqués dans cette politique par nature interministérielle, et s'attachera à mieux y associer les élus, au premier rang desquels les parlementaires.

La question et la réponse sur le site de l'Assemblée Nationale

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Le sommet francophone de Kinshasa

Le sommet francophone de Kinshasa
Le sommet francophone de KinshasaLe discours de François Hollande à Kinshasa (13/10/2012) [lire ci-dessous)
Michèle Delaunay, ministre personnes âgées  Le français langue africaine (lien)
Le Point : A Kinshasa, François Hollande lie francophonie et démocratie (lien)
Afrik.com : La place de la langue française au centre des débats (lien)
La Croix : F. Hollande à Dakar n’a pas passionné le village francophone (lien)
Atlantico : Entretien avec Claude Hagège (lien)
"De Montreux à Kinshasa 2010-2012" : rapport du Secrétaire général de la Francophonie (lien)
(voir également l'émission d'Espace Francophone consacrée au Sommet)

Le discours de François Hollande à Kinshasa (13/10/2012)

Monsieur le Secrétaire général, cher Abdou Diouf
Mesdames et Messieurs les Présidents, réunis ici à Kinshasa,
Mesdames et Messieurs, les chefs de délégation, conscients de l'enjeu de la francophonie,
Mesdames et Messieurs, venus nombreux, dans cette grande salle de congrès,

J'ai voulu me rendre personnellement, ici, à Kinshasa au sommet de la Francophonie. D'abord pour une raison simple. Je voulais témoigner du soutien de la France au peuple congolais qui aspire comme chaque peuple à la paix, à la sécurité, à la démocratie.

Je voulais venir ici à Kinshasa, pour exprimer une nouvelle fois ma confiance dans l'avenir de l'Afrique qui est la jeunesse du monde.

Je voulais venir ici, à Kinshasa, pour honorer cette belle et grande cause, qui s'appelle la Francophonie et qui nous réunit tous aujourd'hui, au-delà de nos sensibilités, de nos histoires, de nos différences.

Notre patrie commune - disait un grand auteur français, Albert Camus - "c'est la langue française".

La Francophonie est bien plus qu'un patrimoine légué par l'Histoire, bien davantage qu'un lien linguistique entre des populations qui parfois s'ignorent.

La Francophonie, elle porte des valeurs, des principes, des exigences.

Parler le français, c'est une façon de penser, de concevoir le monde. C'est un message de liberté. C'est en français, que les révolutionnaires de 1789 ont proclamé, et donc écrit, la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen. C'est en français, en 1948, au lendemain de la seconde guerre mondiale, qu'a été rédigée la Déclaration universelle des droits de l'Homme. C'est en français que s'exprimaient les combattants africains pour l'indépendance, ceux qui refusaient la souffrance des peuples asservis. "La langue française, disait Léopold Sedar Senghor, ce merveilleux outil trouvé dans les décombres du régime colonial".

Voilà le sens de l'identité francophone.

J'exprime ma gratitude à l'égard de notre Secrétaire général, Abdou Diouf, qui a su, à la fois, préserver l'unité de la communauté francophone et en même temps consacrer la place éminente de l'Afrique dans la Francophonie.

L'Afrique occupe une place éminente.

L'Afrique, c'est le continent où notre langue est le plus parlée. Le français est une langue africaine et elle le sera de plus en plus. En 2050, c'est tout proche, 700 millions d'hommes et de femmes parleront le français, 80% seront africains.

L'avenir de la Francophonie, il est ici en Afrique. C'est vous qui allez porter le français, ses valeurs et en même temps ses exigences.

La Francophonie, c'est une belle et grande idée. Elle ne se vit pas comme un conservatoire, comme un musée où nous aurions à protéger notre bien, notre richesse, notre langue. Non, la Francophonie n'a peur de rien, c'est un espace de rayonnement, c'est la promotion de valeurs, c'est aussi l'ouverture, l'échange économique, social, culturel, c'est enfin un lien entre les générations parce qu'il n'y a pas plus beau projet pour la francophonie que de servir la jeunesse, cette jeunesse qui va parler elle aussi en français.

Je suis venu ici, à Kinshasa, pour ce sommet afin de vous proposer, amis francophones, une ambition commune, autour de quatre priorités.

La première, c'est de multiplier les échanges, dans l'espace francophone entre les jeunes, entre les étudiants, les enseignants, les chercheurs, les artistes, les créateurs. La France doit montrer l'exemple. Il y a trop d'obstacles qui sont mis sur la route de celles et ceux qui veulent montrer leurs talents dans l'espace francophone, apporter leur contribution, venir étudier ou chercher. La France a donc réalisé des efforts pour améliorer cette situation à travers des visas de circulation désormais valables sur plusieurs années. Mais il y a encore trop de freins, et c'est pourquoi je veux que les étudiants francophones puissent circuler plus facilement, et que les artistes puissent également être accueillis partout dans l'espace francophone.

La seconde priorité, c'est faire de la francophonie un outil au service du développement.

Le développement, c'est d'abord la préservation de notre planète, la biodiversité à laquelle vous êtes si attachés en Afrique. Le développement, c'est également la lutte contre le réchauffement climatique dont vous n'êtes pas responsables mais qui vous touche particulièrement à travers un certain nombre de catastrophes qui se produisent sur votre continent. Et puisque nous voulons faire du développement une grande cause, portons là ! La France contribuera autant qu'elle le pourra à ce que la Conférence sur le climat en 2015 puisse être un succès. La France également, et je l'ai dit à Rio, continuera de plaider pour la création d'une Organisation Mondiale de l'Environnement dont le siège devrait se trouver en Afrique. C'est un témoignage là aussi de notre engagement.

Le développement, c'est la solidarité. Nous avons déjà mis en place des financements innovants : la taxe sur les billets d'avion qui permet de trouver des ressources pour lutter contre les pandémies et notamment le SIDA. La France a pris l'initiative d'introduire une taxe sur les transactions financières. Elle est maintenant suivie par d'autres pays européens. Onze ont déjà dit qu'ils y étaient prêts pour que cette taxe, non seulement puisse dissuader la spéculation, mais surtout puisse permettre de trouver de nouveaux financements pour assurer le développement. 10% de cette taxe, concernant la France, seront affectés à des projets de développement ou à des luttes contre des pandémies et notamment le SIDA.

Je veux que la Francophonie puisse porter, là encore, cette belle idée de la solidarité, du développement et que nous puissions nous aussi montrer l'exemple, y compris dans la transparence dans les échanges ou dans les investissements des entreprises. La France défendra, au niveau européen, la publication des comptes des entreprises minières, extractives, forestières pour que, pays par pays, projet par projet, sans exception, nous puissions être sûrs qu'il n'y a pas de prédation dans les pays d'accueil, de façon à ce que nous puissions lutter, plus efficacement encore, contre la corruption et le pillage des ressources naturelles.

La troisième priorité que nous devons porter ensemble, les francophones, c'est de contribuer au règlement des crises, chaque fois que nous sommes concernés et notamment ici en Afrique. Ici à Kinshasa, je pense aux populations des KIVUS, victimes de conflits à répétition. Je pense à ces populations civiles massacrées, à ces femmes violentées, à ces enfants enrôlés. Oui nous devons, et je le fais à cette tribune, réaffirmer que les frontières de la RDC sont intangibles et qu'elles doivent être respectées.

Je souhaite que les francophones appuient tous les efforts de l'ONU pour qu'elle soit davantage présente ici en RDC, pour la sécurité de l'Est. Je suis favorable à ce que le mandat de la MONUSCO puisse être précisé, élargi si c'est nécessaire. Mais je ne pense pas qu'à ce seul conflit, à cette seule épreuve. Je veux également saisir les francophones de ce qui se passe, au Mali, pays francophone où le terrorisme s'est installé au Nord, où il occupe un territoire, où il met des populations en danger, où il saccage des monuments pourtant inscrits au patrimoine de l'Humanité.

Nous devons affirmer notre détermination à lutter, là encore, contre le terrorisme et à assurer au Mali l'intégrité de son territoire.

Je me réjouis, qu'à l'initiative de l'Union africaine, et je salue son président, de la CEDEAO, et je rends hommage également à son président, il y ait eu hier -- et la France a été active en ce sens -- un vote du Conseil de sécurité permettant maintenant de pouvoir, si les Africains eux-mêmes en décident, d'envoyer une force pour permettre de combattre et de défaire les terroristes et que le Mali puisse retrouver l'espoir et l'intégrité de son territoire.

Mais chacun comprend ici que les menaces vont bien au-delà de ce qui peut se passer dans tel ou tel pays. Nous sommes tous concernés par les trafics de drogue, les trafics d'armes, les trafics d'êtres humains. Et c'est la raison pour laquelle je veux que les francophones s'engagent aussi dans la lutte contre ces fléaux et notamment celui de la drogue. Nous avons besoin d'une stratégie mondiale pour en terminer avec ce qui déstabilise des Etats, menace des sociétés et atteint jusqu'à la jeunesse qui, parfois, elle-même dérive vers ces produits. Oui, c'est une grande cause la lutte contre la drogue parce que c'est cette lutte-là qui permettra aussi de mettre un terme à certains conflits au sein de nos sociétés ou à l'extérieur.

Et puis, la dernière priorité, c'est la démocratie. La francophonie doit porter la démocratie, les droits de l'Homme, le pluralisme, le respect de la liberté d'expression, l'affirmation que tout être humain doit pouvoir choisir ses dirigeants. Voilà les principes que les francophones doivent porter ! Mais nos valeurs, nos droits sont aussi de grandes causes que nous devons là aussi, comme francophones, avoir comme exigence. Je pense notamment à la promotion des femmes qui sont les premières victimes des violences et des guerres et je fais une proposition au Secrétaire général : la France est prête à accueillir un premier forum des femmes francophones pour que nous puissions, là encore, porter ce message au monde, du rôle irremplaçable des femmes, notamment pour le développement. Et enfin, la France sera au premier rang du combat que nous avons engagé pour l'abolition, à l'échelle du monde, de la peine de mort.

Mesdames et messieurs,

Nous n'aurons de cesse de défendre la francophonie. En le faisant, nous n'honorons pas simplement une langue, la langue française, nous faisons en sorte que le français puisse apporter, non seulement un message, mais une part de beauté au monde. Que notre langue puisse enrichir ce qu'elle nomme, ce qu'elle exprime et qu'elle puisse aussi donner de la force à nos idées !

Ce qui nous rassemble, bien plus qu'une langue ou que la diffusion d'une culture, c'est d'abord des principes qui doivent être autre chose que des mots mais des actes. En parlant le français, nous faisons entendre une voix précieuse, utile, différente à l'humanité. Parce que nous, francophones, nous refusons l'uniformité, nous voulons la diversité et nous exprimons la liberté.

Comme francophones, nous n'avons peur de rien, nous ne redoutons rien et nous acceptons parfaitement que nos enfants acquièrent l'usage d'autres langues. C'est bien qu'il en soit ainsi parce que la jeunesse doit parler plusieurs langues, mais aussi le français. N'oublions jamais le français !

Avec la Francophonie, nous affirmons une conception du monde, une volonté de développement, une exigence culturelle. Le français n'appartient pas à la France, il vous appartient, il est à vous. Nous ne vous le donnons pas, nous le partageons. Car le plus beau cadeau que vous pouvez nous faire, à nous français, c'est de parler le français.

La Francophonie, c'est une solidarité entre nous mais qui va au-delà de nous. La francophonie, c'est une responsabilité, celle d'éduquer, de former, de transmettre, de cultiver. La francophonie, c'est une communauté, certes qui a été fondée par l'Histoire mais qui s'élargit chaque jour davantage, à mesure qu'il y a des pays qui nous rejoignent dans l'espace francophone : ces observateurs qui viennent regarder pour ensuite parler et puis tous ces nouveaux locuteurs, nombreux, qui en parlant le français veulent aussi adresser un message de confiance dans ce que nous représentons.

Telle est la belle ambition de la Francophonie : mettre une langue, le français, au service du monde et de la liberté.

Merci.

retrouver le discours sur le site de l'Elysée

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Alerte rouge sur la francophonie

Alerte rouge sur la francophonie !

Dans le monde, mais aussi en France

culture Francophonie anglicisation langue française

On peut certes, comme Mme la ministre déléguée chargée de la francophonie, se satisfaire du fait que le français est "la seconde langue la plus enseignée" au monde et que le français, ce "beau cadeau" est aujourd’hui parlé par 220 millions de personnes1 Il n’en reste pas moins que la situation de notre langue et de la francophonie internationale, partout bousculée et harcelée par l’avancée totalitaire du tout-anglais, se dégrade rapidement.

Hors de France d’abord. En Belgique, où – dans la quasi-indifférence de l’UE et de l’État fédéral belge – des élus flamands extrémistes prétendent proscrire l’usage public du français. En Suisse, où une partie des élites alémaniques agit sans relâche pour substituer l’anglais première langue au français dans les écoles publiques. Au Québec, les élites anglo-formatées se font agressivement l’écho d’une campagne permanente des milieux dirigeants du Canada qui cherchent à liquider les lois assurant au français son statut de langue officielle de la Belle Province. Même si nous devons être reconnaissants à l’Afrique de rester aux avant-postes de la francophonie internationale, il faut bien observer que l’édifice se lézarde rapidement au sud de la Méditerranée. Après le Rwanda qui, en 2009, a rompu avec la francophonie pour rallier le camp anglophone, le Burundi s’oriente vers le Commonwealth2 Lors de sa visite officielle au Rwanda, le président gabonais, M. Ali Bongo Olimba a annoncé "étudier l'expérience rwandaise dans l'introduction du bilinguisme"3: et le dirigeant africain d’arguer malicieusement qu’après tout, nombre d’institutions françaises privilégient déjà l’anglais…

La situation n’est pas moins grave sur notre sol. Non seulement la loi Toubon, votée unanimement par le parlement en 1994, est bafouée par nombre de firmes qui se dénomment en globish et qui font leur publicité dans cet idiome approximatif, non seulement certains ténors de la chanson et du cinéma "français" trahissent de plus en plus la langue de Brassens et de Rohmer pour, prétendument, s’exporter en anglais, non seulement de grands évènements culturels subventionnés par l’argent public comme les Francofolies si mal nommées font une place grandissante à l’anglais, non seulement nombre d’émissions diffusées en prime time (sic) s’intitulent-elles en anglais (Flop TEN de L. Ruquier, Come on, Summertime, Down Town sur Inter, The Voice sur TF1, The Summer of Rebels sur Arte, etc.) sans que cela mobilise outre mesure le C.S.A., mais on observe un début de glissement, voire de basculement linguistique, au cœur même de l’enseignement public. A l’initiative de Luc Chatel, l’école maternelle se prépare à plonger les bambins – qui ne maîtrisent pas encore les structures de leur langue… maternelle – dans un bain linguistique anglophone. Portée par le même ministre UMP et conservée telle quelle par M. Peillon, la réforme des lycées minore l’enseignement de notre langue et développe l’enseignement "en langues étrangères" (l’anglais se taille évidemment la part du lion…) des "disciplines non-linguistiques" : or, on ne sache pas que la réciproque vaille en Angleterre, où les bacheliers n’ont plus l’obligation d’apprendre une langue étrangère…
Quant aux universités, leurs présidents ne se contentent pas de réclamer une exemption de la loi Toubon : la recherche, y compris parfois en sciences humaines, et plusieurs Grandes écoles emmenées par feu le président si controversé de Sciences Po, basculent illégalement à l’anglais. Ces manageurs dépourvus de dignité nationale et de sens civique annulent ainsi le geste démocratique qui fut celui de Descartes en 1637 : c’est pour être compris du grand public de son temps que ce grand novateur écrivit en français (et non en latin) son Discours de la méthode. Déjà, nombre de grandes entreprises franciliennes imposent à leurs salariés de travailler en anglais : les choses en sont au point que des syndicats de toutes obédiences, confrontés à l’angoisse des cadres et des autres salariés4 sont amenés à revendiquer ce droit élémentaire : travailler en français en France ! Le record de discrimination linguistique est atteint quand de grandes entreprises recrutent ouvertement des anglophones de naissance5 pour occuper leurs postes de direction : ce qui revient à instituer une préférence nationale à l’envers, non moins insupportable que la préférence nationale à l’emploi chère aux partis xénophobes !

A l’arrière-plan de cet arrachage géant de la langue de Molière, il n’y a pas seulement la "mode" (qui en décide, d’ailleurs ?) ou la mondialisation néolibérale – laquelle découle d’ailleurs de choix politiques. Nous affirmons que le basculement au tout-anglais découle d’une politique linguistique et culturelle totalitaire dont l’origine est à chercher du côté de l’oligarchie financière mondialisée et des milieux dirigeants de l’Union européenne. Du côté du syndicat patronal européen dont l’ancien président, E.-A. Seillière, a donné le signal du basculement quand en 2006, s’exprimant devant le Conseil européen au nom de Business-Europe, il annonça devant Jacques Chirac – qui eut alors la dignité de quitter la salle – qu’il s’exprimerait "en anglais, la langue des affaires et de l’entreprise". Comment une telle déclaration déplairait-elle au MEDEF dont un récent manifeste intitulé Besoin d’aire appelle à en finir avec l’État national français pour "reconfigurer les territoires" et souhaite "une gouvernance européenne beaucoup plus intégrée pour aller vers des États-Unis d'Europe"6?
Quant à l’UE, elle piétine ses traités fondateurs, qui lui font obligation de respecter "l’identité" des États-membres, en établissant officieusement – et bientôt, officiellement si le "saut fédéraliste" en cours va au bout de sa logique – la langue anglaise comme langue officielle de l’Union. Quand donc les peuples ont-ils été appelés à débattre de ces questions et à les trancher de manière démocratique ? Qui a consenti en notre nom ces incroyables transferts de souveraineté linguistique ? Au contraire, une effarante chape de plomb médiatique pèse sur le basculement linguistique en cours : pour une large partie de la droite, il faut certes ne rien dire qui puisse ralentir le sacro-saint "saut fédéraliste" souhaité par le haut patronat. De même l’"internationalisme" mal compris d’une certaine gauche favorise-t-il naïvement l’entreprise "globalitaire" sans précédent qui tente d’imposer au monde une langue unique (et avec elle, une politique et une économie uniques !). Mais en quoi la destruction de la diversité linguistique, chair et sang de la diversité culturelle mondiale, importerait-elle moins à l’humanité future que la nécessaire préservation de la biodiversité ?

A cette situation linguistique dramatique, c’est peu dire que le gouvernement n’apporte pas la riposte nécessaire. Certes nous n’en sommes plus au flamboyant mépris des francophones que cultivèrent "Sarko l’Américain", "Christine The Guard" ou le "French Doctor" Kouchner qui, ministre des Affaires étrangères, a osé déclarer que l’avenir de la francophonie passe… par l’anglais7 Certes, il y a eu cet acte d’élémentaire dignité du chef de l’État demandant à M. Fabius de s’exprimer systématiquement en français à l’étranger. Certes, le candidat Hollande a pris position contre les cours universitaires dispensés en anglais. Il a même rappelé à nos ambassadeurs que "la promotion de la langue, de la création françaises, c’est l’affirmation d’une vision du monde qui fait place à toutes les cultures". Mais depuis le 6 mai, les actes forts sont rares. Sollicitée par plusieurs associations de défense de la langue française, la ministre déléguée à la francophonie botte en touche sur la question du tout-anglais8 et n’a toujours pas répondu à la demande d’entrevue que lui avaient adressée ces associations.
Rien n’est fait non plus pour annuler ou pour corriger la LRU, dite loi Pécresse, dont certains dispositifs incitent indirectement les universités à privilégier l’anglais. Pis, le candidat socialiste s’est engagé à faire ratifier la Charte européenne des langues minoritaires et régionales dont l’objet réel est de désétablir la "langue de la République" (article II de la constitution), alors qu’il y aurait mille autres manières de promouvoir nos langues régionales, ce patrimoine commun de la Nation (et pourquoi pas en outre, les langues de l’immigration là où c’est utile à l’intégration citoyenne ?) dans le cadre de la République indivisible héritée de la Révolution. Que restera-t-il de notre langue lorsqu’elle sera prise en étau entre le séparatisme régional à prétexte linguistique et le tout-globish maastrichtien à l’échelle du sous-continent ? La langue de l’Édit de Nantes, de la Déclaration de 1789 et des Jours heureux promis par le CNR à la Libération, est-elle vouée à devenir en France, en quelques décennies, l’équivalent de ce qu’est devenue la noble langue gaélique en Irlande ?

Car si les langues mettent des siècles à émerger pour porter l’histoire d’un peuple, elles mettent fort peu de temps pour s’effacer, comme l’a montré Claude Hagège : comme en d’autres domaines de la vie sociale chamboulés par le néolibéralisme mondial, il faut donc se résoudre à résister franchement ou à collaborer honteusement. Parce que nous choisissons la première voie, celle de l’égale dignité entre les peuples, nous appelons nos concitoyens – et notamment les plus modestes, qui sont les plus menacés par le basculement en cours – à exiger des autorités qu’elles fassent respecter la loi à l’école, à l’entreprise, dans la "com", dans la vie économique et à l’université. Nous soutenons la proposition – enterrée par la précédente majorité politique – portée par le député J.-J. Candelier – d’installer une commission d’enquête parlementaire sur la situation linguistique de la France. Car ceux qui veulent substituer le Wall Street English9 à la langue de Victor Hugo voudraient bien que l’assassinat linguistique pût s’imposer de manière "consensuelle", sans débat public. Ceux qui veulent au contraire que vive le message séculaire de liberté, d’égalité, de fraternité et de Lumières communes porté par notre langue, exigent qu’un large débat s’engage en France sur la politique linguistique de notre pays.

"Que les bouches s’ouvrent", citoyens ! Ne nous laissons pas couper la langue en silence !
Texte présenté par :
Georges Gastaud, philosophe, président du COURRIEL, Régis Ravat, syndicaliste, président de l’AFRAV, Albert Salon, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la Langue Française, Simone Bosveuil, agrégée d’espagnol, Gaston Pellet, résistant linguistique, Matthieu Varnier, ingénieur satellite.


1 C’est ce que répond un conseiller de Mme Benguigui aux défenseurs de la langue françaises qui demandaient audience à la ministre chargée de la francophonie.

2 Cf le site  www.afrik.com/le-burundi-souhaite-rejoindre-le-commonwealth

3 "Le Gabon souhaite regarder de près l'expérience rwandaise dans l'introduction du bilinguisme", a affirmé le porte-parole de la présidence A.-C. Bilie-By-Nze lors d'une conférence de presse au retour d’A. Bongo des Nations Unies. www.leparisien.fr/informations/francophonie-le-gabon-terre-francophone-veut-se-mettre-a-l-anglais-01-10-2012-2194985.php ); cf aussi www.rfi.fr/afrique/20121002-gabon-veut-mettre-anglais-ali-bongo-ondimba-commonwealth-francophonie-rwanda-rdc

4 Un colloque de la CFE-CGC s’est tenu le 7 mars 2012 :
Parler anglais au travail, une source de stress et de fatigue. Également : www.francophonie-avenir.com/video_CGT-Danone_contre_le_tout-anglais.htm
et youtu.be/FNKJ02Ssu0A

5 Le nom de code est "English mother tongue". il faut que les lecteurs puissent reconnaître cette formulation désormais courante dans les journaux pour cadres. Ce n’est pas céder à l’anglomanie que d’user de l’expression anglaise, c’est au contraire en marquer la brutale insolence. Mais tenant compte de votre remarque, je mets le français dans le corps du texte et l’anglais en note en bas de page.

6 Cf. Le Monde Michel Noblecourt 15 février 2012.

7 Deux ou trois choses que je sais de nous– Laffont, 2006. « Il faut une francophonie ouverte à l'anglais. La francophonie ne doit pas être opposée à l'anglophonie ».

8 Réponse datée du 14 septembre 2012, sous la signature de M. Patrick Lachaussée.

9 Bien entendu, aucune hostilité de notre part contre la belle langue de Shakespeare. C’est le tout-anglais que nous visons clairement.

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Réponse à Grégory Bernard, producteur de « Rubber » et « Wrong »

Réponse à Grégory Bernard, producteur de "Rubber" et "Wrong"

de Courriel à un cinéaste anglomane

Grégory Bernard cinéma colonisation servilité

Dans votre curieux appel "Aidons le cinéma français tourné en anglais" [Le Monde-3/9/2012], vous réclamez, en fait, d’obtenir les moyens permettant au cinéma français de se couler dans le moule étasunien de la production cinématographique globale. Le premier élément placé sur votre ligne de tir étant bien sûr l’élément principal de la personnalité d’un film, à savoir sa langue d’origine. Ainsi, le cinéma français pourrait donc se développer, s’épanouir.

Les réalisateurs du monde entier, n’étant pas moins sagaces que vous, feront de même et tout le monde se ressemblera, on aura des produits similaires marqués au sceau de l’anglais, dépersonnalisés, uniformisés, rendus insipides et sans couleurs, peu importe pourvu qu’ils soient de nature à ne pas heurter la susceptibilité des producteurs aux États-Unis. En somme, s’adapter au "marché" de la mondialisation, être sûr de se vendre, quitte à y laisser son âme. Quitte aussi à ce que les populations n’étant pas encore complètement acquises à la pratique de cette langue, nous irons tous voir notre cinéma national en anglais sous-titré dans notre langue vernaculaire. Belle perspective !
Vous écrivez péremptoirement que "les œuvres françaises en anglais participent au rayonnement de la France". Peut-être, mais les œuvres françaises en langue française devraient le faire tout aussi bien et de façon nettement moins discutable, me semble-t-il ! Comment imaginer que des œuvres (et non pas des "produits") amputées d’une partie de leur substance puissent convaincre un public étranger davantage que dans leur version nationale ?

En réalité, tout est affaire d’objectif : si le but est de fabriquer des "produits" suffisamment affadis pour s’adapter au marché global afin de convaincre les investisseurs internationaux, il faut effectivement les dépouiller de ce qui fait leur originalité.

Quant à la Nouvelle Vague, de grâce, laissez-la où elle est ! Selon vous, grâce à "l’importation de la culture américaine dans le cinéma français, (ces cinéastes auraient) fait plus pour la culture française que les centaines de films français de l’époque que l’on ne regarde plus" ! Affirmation gratuite et inexacte, il suffit de faire un tour dans les grandes surfaces de l’audio-visuel pour voir le nombre de clients recherchant justement des films français de ces années-là. Croyez-vous vraiment que l’importation de la culture américaine dans le cinéma français, soit le titre de gloire le plus remarquable de la Nouvelle Vague ? En vérité, si ces cinéastes ont marqué à ce point la culture française et rayonné à l’international avec leurs films en français, c’est indiscutablement et uniquement par leur talent.

De quoi seront faits les lendemains du cinéma français de création ? Je les vois bien compromis si l’ambition des réalisateurs français se limite à fabriquer des produits bâtards susceptibles d’être salués lors d’éventuelles cérémonies de Césars du meilleur film français en langue étrangère, donc en anglais.

Il est à noter cependant, que les dernières nouvelles concernant le film français tourné en langue non anglaise semblent vous contredire. Après avoir réuni 19 millions de Français dans les salles, Intouchables de Olivier Nakache et Éric Toledano est devenu le 6 septembre dernier le film français tourné en langue non anglaise le plus vu dans le monde, détrônant ainsi Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. D’après la presse, ce n’est pas fini car le film n’est pas encore sorti en Angleterre, en Australie, en Nouvelle-Zélande et vient tout juste d’être mis à l’affiche en Argentine, au Brésil et au Japon. D’après Unifrance, qui s’occupe de la promotion du film à l’étranger, il pourrait aisément atteindre les 25 millions au terme de son exploitation. Avec 43 millions d’entrées à l’international (France et étranger), Intouchables devient aussi le deuxième plus grand succès mondial d’un film français.

Convenez donc que le cinéma français tourné en français a encore de beaux jours devant lui et que votre appel risque, dans ces conditions, de ne pas recueillir toute l’attention que vous souhaitez.
Au demeurant et au-delà du monde du cinéma, la question n’est-elle pas, en définitive, de ne pas se plier à l’effacement progressif de notre langue qui reste, que vous le vouliez ou non, la base du rayonnement de notre culture au plan international. J’en suis personnellement persuadée et j’agis dans toute la mesure de mes moyens pour qu’il n’en soit pas ainsi en militant au sein de "COURRIEL", association de défense du français contre le tout-anglais hégémonique. N’est-ce pas la manière la plus efficace et la moins mercantile d’œuvrer au rayonnement de notre culture ?
Simone Bosveuil
Courriel

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Ligue des Communes de France pour la langue française

Avenir de la langue française et ses 40 partenaires vous appellent à participer à la création de la Ligue des Communes de France pour la langue française !

langue française politique communes

Vous avez les raisons et les modalités de cette création dans la lettre aux élus ci-dessous et dans les documents indispensables qui la suivent.

Il vous suffit de les adresser par courriel, ou par lettre - ou mieux : par démarches de vive voix - aux maires et conseillers municipaux que vous connaissez, pour obtenir de leurs conseils municipaux des délibérations portant adoption officielle de l'un des manifestes (trois sont joints, dont deux en lien bleu sur lequel il faut cliquer ; un d'entre eux à choisir selon les orientations politiques et les préférences de chaque Conseil).

Vous pouvez adapter cette lettre passe-partout au cas de chacune de vos communes en :

- rédigeant autrement la "version Grigny" (cliquer sur le lien bleu "comité Valmy") pour en faire un projet de délibération plus proche des réalités du terrain, sans pour autant perdre de vue la dimension nationale de la démarche ;

- choisissant celui des trois manifestes (appelés aussi "pétitions-appels") qui, selon vous, correspond le mieux aux orientations politiques de l'actuelle majorité locale censée l'adopter ;

- mettant clairement en valeur le fait qu'être parmi les premières municipalités à entrer dans la Ligue des communes de France pour la langue française : ne manquera pas de frapper les esprits et d'être médiatisé, non seulement dans la presse régionale, mais encore, avec notre aide, dans les médias nationaux.

Les Manifestes (ou Pétitions-appels) diffèrent sensiblement dans leurs inspirations idéologiques, mais sont bien convergents sur le fond, ce qui s'explique par le fait que nos associations travaillent ensemble depuis des années et ont élaboré des analyses et un corpus solide de propositions et stratégies communes :

- a) le manifeste qui a servi de base à la délibération du Conseil à majorité "progressiste" de Grigny : cliquer sur ce lien pour le lire : www.comite-valmy.org/spip.php?article2623 ;

- b) la pétition-appel -  sous le titre :"pétition 2012" - plus neutre idéologiquement avec l'accent plus sur "France" que sur "République", que nous avons déjà diffusée sur nos sites et dans quelques médias écrits et radios à notre portée ; elle est accompagnée de la liste des 40 associations* qui l'ont portée, et de la liste de sa cinquantaine de hautes personnalités françaises et étrangères signataires, ces deux listes lui donnant un poids non négligeable ;

- c) l’appel - www.marianne2.fr/Langue-francaise-et-monde-multipolaire-l-urgence-d-une-strategie_a220174.html - que Dominique Gallet, l'ASSELAF et l'éminent Québécois Jean-Louis Roy ont porté et font circuler actuellement (Avenir de la langue française l'a signé comme les deux autres). ; Il a l'avantage de contenir des propositions concrètes tout comme le manifeste Valmy-COURRIEL.

*Songez-y : ce n'est pas rien ! La liste de ces 40 associations, françaises en grande majorité, mais aussi québécoises et autres, figure dans la dernière pièce jointe. Nos associations, mises depuis plusieurs années en synergie, ont accompli et accomplissent un travail énorme pour tenter d'arrêter le rouleau compresseur : aidez-les !

Bien cordialement.

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien Ambassadeur, président d’Avenir de la langue française, vice-président ou administrateur d'autres associations nationales, membre du Bureau du Forum pour la France, administrateur du Cercle Nation et République.


Campagne Communes pour le français Lettre aux Élus :

Monsieur (Madame) le Maire (ou : M……., Conseiller municipal)

Pour la défense et la promotion de la langue française et de la Francophonie, les associations C.O.U.R.R.I.E.L et Comité Valmy, Avenir de la langue française, Forum francophone international-France, Forum pour la France, Francophonie-Avenir, parmi 40 associations de raisons sociales voisines dont la liste vous est accessible en PJ, tentent depuis des années d’amener les dirigeants du pays à cesser de céder ou de consentir – voire de contribuer – à son anglo-américanisation voulue par des forces internationales très puissantes.

Nos 40 associations* constatent la vanité de leurs efforts pour franchir le barrage de médias acquis pour la plupart à l’idéologie dominante, et pour exprimer, faire entendre et faire respecter la volonté populaire, nationale, attestée par toutes les enquêtes d’opinion, qui est de maintenir le rôle du français en France et dans le monde, et de promouvoir la Francophonie.

Dans l’impossibilité d’obtenir de nos dirigeants l’organisation d’un referendum sur cette question vitale pour la France comme pour toutes les communautés francophones dans le monde, nos associations ont décidé de lancer une campagne de mobilisation des collectivités publiques de base en France et ailleurs.

Elles veulent obtenir que des conseils municipaux nombreux décident d’adopter l’un des manifestes joints, et d’adhérer à une Ligue des Communes de France pour la langue française, pouvant s'étendre à d'autres pays francophones et autres en une sorte de Ligue mondiale Contre la pensée unique (Claude Hagège), contre la politique de la langue unique qui la porte, et pour l’affirmation partout de la diversité linguistique et de la place légitime du français .

A l’appel de l’association COURRIEL, une première commune, celle de Grigny (Rhône, 10.000 habitants) a pris le 3 juillet une délibération forte en ce sens (cliquer pour la lire sur le premier lien ci-dessous en bleu : Comité Valmy), en adoptant un manifeste "progressiste" conçu et signé par COURRIEL.
La réussite de cette première expérience peut s’étendre à toute la France et au-delà. Une sorte d’embrasement à susciter de toutes nos énergies… Le peuple se lèverait dans ses institutions les plus proches de lui pour enfin s'exprimer et se faire entendre partout !

La formulation "progressiste" du manifeste - comme de la délibération fondée sur lui - peut être reprise par tous les conseils municipaux à majorité « progressiste ».

Les municipalités qui éprouveraient des difficultés d’ordre politique à adopter le manifeste progressiste peuvent choisir d’adopter l’un de nos deux autres manifestes joints qui contiennent, pour l’essentiel, les mêmes analyses et les mêmes orientations principales que le premier. Cet accord sur le fond reflète la longue pratique de travail en commun de nos diverses associations, entre 12 et 32 engagées selon les actions conjointes menées.

- Le deuxième manifeste – en PJ avec ses annexes - n'est autre que la pétition-appel portée en 2012, à l’occasion des grandes élections nationales, par 40 associations, proposée seulement à de hautes personnalités françaises et étrangères non politiques, et signée par 50 d’entre elles.

- Le troisième (à lire en cliquant sur le deuxième lien en bleu : Marianne2) émane de plusieurs de nos associations non progressistes, mais non moins militantes pour cette même cause.

A vous de décider du ou des manifestes (ou "Appels-pétitions") à offrir au choix et à l’adoption du Conseil,
et d’adapter le projet de la délibération elle-même qu'ils seront appelés à voter.

Lorsque vous aurez obtenu le vote favorable du Conseil de votre Commune, et peut-être de deux ou trois autres communes, nos associations vous seront reconnaissantes de bien vouloir faire parvenir le texte de chaque délibération pertinente au siège d’Avenir de la langue française, 34 bis rue de Picpus, 75012, Paris, avenirlf@laposte.net, après en avoir saisi tant la préfecture que la presse locale.

Les associations de promotion du français, à l'origine de cette campagne, feront le reste - notamment pour la médiatisation - à l’échelle nationale.

Les associations attendent votre réponse avec l'intérêt que vous devinez.

Veuillez, Monsieur (ou Madame) l……………….., croire à (ou recevoir l….)…… gratitude ……sentiments les meilleurs……

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De Sea France à My Ferry Link

De Sea France à My Ferry Link !

de démissions en démissions

De Sea France à My Ferry Link !transports franglais anglomanie Sea France

SeaFrance était une compagnie maritime qui assurait les liaisons transmanches, par ferries, entre Calais et Douvres (c'était une société anonyme détenue à 100 % par la SNCF). Confrontée à de grosses difficultés financières (concurrence du tunnel sous la Manche), elle a été placée en redressement judiciaire en 2011, le Tribunal de commerce de Paris prononçant sa liquidation en fin d'année dernière. Ses navires et les autres actifs dépendant de la liquidation ont été repris par la société Eurotunnel, tandis que l'exploitation sera confiée à une SCOOP (société coopérative et participative) créée par d'anciens salariés de SeaFrance.

Mais sous quel nom se fera cette exploitation, par cette nouvelle société de droit français qui annonce, en outre, recruter l'essentiel de son équipage à Calais ? On vient d'apprendre que ce sera ... My Ferry Link. Le mot France a disparu de la raison sociale. Il était devenu gênant. Il était de trop. A la question de savoir pourquoi un nom "so british" avait été adopté, le président du directoire de ladite coopérative a répondu ceci à un journaliste du quotidien Le Parisien : "La réponse est simple : 85 % de nos passagers sont britanniques.

On n'est pas obligé de croire cela. Il y a gros à parier que si le taux d'utilisation des navires par des anglophones avait été de 40 % ou même de 30 %, il en eût été de même. Pour la Constitution, le français est la langue de la République, mais pour les milieux d'affaires, pour ceux qui pilotent cette opération comme pour les autres, l'anglais est celle du commerce. Il doit donc s'imposer.

Le pouvoir politique a commis une grosse erreur en n'imposant pas une dénomination en langue française pour les entreprises commerciales de droit français, quelle que soit leur forme juridique. Il aurait dû le faire il y a longtemps. Mais encore aurait-il fallu qu'en bon élève de l'école néolibérale il ne soit pas à la remorque du pouvoir économique.

Jean-Pierre Busnel

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Débat linguistique au journal Le Monde

Débat linguistique au journal Le Monde

médias Le Monde langue française
Débat linguistique au journal Le Monde
- La sortie du Royaume-Uni, une solution aux problèmes de l'UE (lettre au Monde 17/07)
- Langue : l'anglais : une suprématie Incontestée (lettre au Monde 12/07)
-"Le Monde" en français !"(lettre au Monde - 14 juillet  2012) (lire ci-dessous)
- Les Français, piètres défenseurs du français(lettre au Monde - 07/07/) (lire ci-dessous)


Europe La sortie du Royaume-Uni, une solution aux problèmes de l'UE (Lettre au Monde mardi 17 juillet 2012)

Le spectre d'une Europe sans le Royaume-Uni est évoqué à la "une" du Monde daté 13 juillet. Cette perspective n'est pas un problème, mais une partie de la solution aux problèmes de l'UE. Présente depuis 1973 dans un seul but : affaiblir un continent devenant trop puissant, à la faveur d'une opération politicienne française (le référendum pompidolien destiné à affaiblir la gauche de l'époque).

Depuis cette date, les gouvernements britanniques n'ont eu de cesse de préserver leurs intérêts fiscaux, en particulier, au détriment de l'intégration politique européenne déjà très difficile, encore plus depuis les adhésions de la Bulgarie, de Chypre et celles à venir...

Ce pays déteste - il en a le droit - l'Europe et la France depuis Édouard III et William Pitt. Il préférera toujours, selon le mot célèbre de Churchill à De Gaulle, "le grand large" au continent. Qu'il le prenne, conserve sa livre sterling, sa City, son dumping fiscal et son île de Man, destination de bien des capitaux douteux...

André Fromon, Strasbourg


Langue l'anglais : une suprématie Incontestée (Lettre au Monde jeudi 12 juillet 2012)

Dans son courrier "Du désavantage linguistique... de parler l'anglais" (Le Monde  du 2 juillet), Graeme Hunter, citoyen britannique, regrette que de nombreuses personnes lui répondent en anglais alors qu'il aimerait parler la langue du pays.

Cependant, les anglophones de naissance ne sont pas les seules victimes de cette agaçante manie. Français sillonnant l'Europe depuis de nombreuses années et m efforçant en général d'apprendre la langue du pays, je ne compte plus le nombre de fois où l'on m'a répondu dans la langue de Shakespeare, en Grèce tout particulièrement.

Récemment, deux jeunes Allemands, que j'avais pris en stop dans le sud de la France, se sont crus obligés d'utiliser les rares mots d'anglais dont ils disposaient pour répondre à mon allemand qui, sans être parfait, était infiniment supérieur à leur anglais exemple caricatural mais malheureusement réel de la servilité de nombreuses personnes envers la langue dominante.

Jean-Jacques Affholdet, Toulouse


"Le Monde" en français !"(Lettre au Monde)
Samedi 14 - Dimanche 15- Lundi 16 juillet  2012 - page 22)

Courrier (Le Monde-14-16 juillet 2012)
Presse"Le Monde" en français !"

Le courriel "Les Français, de piètres défenseurs du français", de Claude Gisselbrecht (Le Monde du 7 juillet), m'a incité à vous écrire. Les journalistes de la presse écrite française, et notamment ceux du Monde, sont en effet un des groupes d'individus influents les mieux placés pour assurer cette défense et pourquoi pas sa promotion.

Or, force est de constater, malheureusement, que le snobisme anglo-saxon (suivisme ou manque d'imagination ?) caractérise depuis quelques années un certain nombre de journalistes du Monde.

Les expressions anglaises parfaitement traduisibles en français surgissent à tout bout de champ dans les articles et même récemment dans un éditorial. Quelques exemples particulièrement fréquents et irritants : l'horrible "think tank" ne pourrait-il pas être remplacé par cercle de réflexion, laboratoire d'idées ; le sempiternel "low cost" par à bas coût, bas de gamme ; "hedge fund" qui évite d'évoquer la connotation négative de spéculation.

Parmi les plus récents : coach, coming out, sniper, religions center, class actions, private equity, roaming, freemium... faudra-t-il se résigner à avoir un Robert & Collins à portée de main pour lire Le Monde, dont, comme vous l'écriviez récemment, "la mission est d'offrir à ses lecteurs le meilleur contenu disponible en français" ?

Jean Lescureux - Rainneville (Somme)

Bravo au Monde qui a eu le courage de publier cette lettre et ainsi de se remettre en question !
Malheureusement dès la page 25 (3 pages plus loin), on trouve un titre, qui, parlant du défilé militaire du 14 juillet, retombe aussi sec dans les travers dénoncés par Jean Lescureux : "
Les happy fews prennent de la hauteur pour voir le défilé". MAR


Francophonie : Les Français, piètres défenseurs du français (Lettre au Monde)
(Samedi 7 juillet 2012)

Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie, a accordé un entretien au quotidien québécois Le Devoir, à l'occasion du Forum mondial de la langue française» qui s'est tenu à Québec du 2 au 6 juillet (Géo et Politique du 2 juillet). Il dénonçait le désintérêt de la France pour la francophonie, en déclarant, notamment : "Les universitaires et les intellectuels s'en moquent; C'est la nouvelle trahison des clercs..."

On y apprend aussi que Québécois et Africains - 85% de francophones d'ici à 2050 - sont les plus grands défenseurs du français! Et nous ? De toute évidence, nous sommes passés à côté, et c'est ce qui rend la situation quelque peu préoccupante... Dans son pays, Abdou Diouf avait succédé à Léopold Sédar Senghor, qui disait : "Le français, ce sont les grandes orgues, qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l'orage." A savourer et méditer !

Claude Gisselbrecht,- Augny (Moselle)

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En 2012, c’est au Québec qu’il s’est passé quelque chose

En 2012, c’est au Québec qu’il s’est passé quelque chose

Québec francophonie langue française

En effet, en France, nos associations groupées avaient, le 18 juin 2011, réussi leur manifestation au Panthéon et leur marche internationale dans le Quartier latin pour le français et la diversité culturelle de l’Europe et du monde. Mais elles n’avaient pas réussi à briser le mur des plus grands des médias français. Seuls l’AFP, l’internet, des revues associatives et des journaux locaux, en ont rendu compte de manière objective.

En cette année 2012, les manifestations importantes concernant le français ont eu lieu au Québec du 2 au 6 juillet, tant au sein qu'en dehors du Forum mondial de la langue française.
Avenir de la langue française a pu modestement contribuer à leur orientation, grâce à une étroite concertation préalable avec les associations et divers mouvements québécois, ainsi qu'avec des Français officiellement invités par les organisateurs du Forum.

Les manifestations de juillet dans la capitale du Québec :
- 1) il ressort du Forum mondial tenu du 2 au 6 juillet :
- la prise de conscience enfin officielle de l’urgence pour l’OIF et ses membres d’agir ensemble pour affirmer le français et la Francophonie dans le monde dans tous les domaines ;

- l’intervention fort remarquée et médiatisée, en plénière et en table ronde, du grand linguiste Claude Hagège, Professeur au Collège de France, membre d’ALF ; recommandant d’éviter les consensus mous, de "faire du ronron", de se contenter d’"assises mondaines" de la Francophonie, alors que "nous sommes en guerre !" ; selon lui, le problème n’est pas la mondialisation – phénomène neutre en soi - mais le mondialisme, l’américanisation, l’imposition d’une langue unique pour porter une "pensée unique" ; il affirme qu’au Québec il est très dangereux pour le maintien de la langue française d’introduire un enseignement renforcé de l’anglais et une sorte de bilinguisme précoce dans les petites classes ; il conclut son propos par un "Vive la francophonie québécoise libre !" ;

- le multilinguisme est revendiqué comme un enjeu majeur à traiter au Sommet francophone d'octobre à Kinshasa ;

- la circulation des biens et surtout des personnes doit être facilitée dans l’espace francophone, notamment par l’assouplissement des politiques d’attribution de visas.

- quinze résolutions rassemblant ce qui précède vont être adressées aux chefs d’État et de gouvernement pour leur Sommet d’octobre 2012 à Kinshasa ;

- 2) le 2 juillet a pu avoir lieu à Québec un ensemble de manifestations pour le français et l’indépendance, en contre-point de l’ouverture du Forum mondial. Pour exiger le renforcement de la Charte de la langue française (loi 101) au Québec, et un sursaut linguistique et national contre la politique d’étouffement de la langue française et de la culture québécoise par les gouvernements conservateurs et libéraux au Canada, partisans - non déclarés mais très actifs - de la langue unique impériale.

La conjonction de l’ensemble de ces manifestations de juillet avec ce qui s'était passé les mois précédents : manifestations de masse des étudiants, Journée des Patriotes et Jour de la Terre, le nombre total de leurs participants, la porosité entre plusieurs d’entre elles, et la montée progressive de la conscience de poser aussi la question de la langue nationale et de l’indépendance, peut nourrir l’espoir de "revoir une jeunesse québécoise" au sens où, en France, avant 1958, le Général de Gaulle rêvait de "revoir une jeunesse française".

Encore plus que la France, le Québec a été plongé depuis des décennies dans l’hébétude par le matérialisme, une propagande anglo-fédéraliste et libérale incessante et d’une redoutable efficacité, ainsi que par l’échec des deux référendums de 1980 et de 1995, et le navrant exemple d’aboulie nationale et francophone donné par la France depuis 1974.
Si le Québec sortait de cette hébétude, il montrerait la voie à une France encore endormie.

Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française et du Forum francophone international (FFI-France)

Pour en savoir plus : lire ce qui suit


En 2012, c’est au Québec qu’il s’est passé quelque chose

En effet, en France, nos associations groupées avaient, le 18 juin 2011, dans une belle diversité de nations, de couleurs de peau et d’orientations politiques, réussi leur manifestation au Panthéon et leur marche internationale dans le Quartier latin pour le français et la diversité culturelle de l’Europe et du monde. Mais elles n’avaient pas réussi à briser le mur des plus grands des médias français. Seuls l’AFP, l’internet, des revues associatives et des journaux locaux, en ont rendu compte de manière objective.

En cette année électorale 2012, nos associations n’ont réussi à faire signer leur fiche de dix engagements pour le français que par quelques-uns des candidats à la Présidence de la République et des candidats à la députation, les plus proches a priori de nos idées. Les principaux partis n’ont pas daigné répondre. Et, si elles sont parvenues à réunir les signatures de 50 hautes personnalités de France et d’ailleurs sous une pétition pour le français et la Francophonie, les grands médias ont soigneusement occulté cette pétition.

En revanche, dans une étroite concertation avec les associations et divers mouvements québécois promoteurs de la langue française et de la personnalité nationale du Québec, Avenir de la langue française, appuyée par deux autres associations françaises, a pu modestement contribuer à faire, des deux dernières des manifestations importantes organisées par les Québécois en 2012, un succès pour l’affirmation du français et des communautés francophones organisées ou non en États :

I) Les manifestations du printemps au Québec :
- 1) celle, massive, de centaines de milliers d’étudiants depuis le 22 mars et pendant près de quatre mois, sur les frais de scolarité dans l’enseignement supérieur, a bien porté sur un modèle de société opposé à celui des Anglo-saxons et des libéraux du Québec, mais n’a pris, en somme, que vers la fin - et marginalement – un peu de la tournure que souhaitaient lui voir prendre les partisans du français et de l’indépendance ;

- 2) celle, massive elle aussi, du Jour de la Terre, le 22 avril, contre des projets peu écologiques du gouvernement de M. John James Charest, a opéré une jonction – encore modeste – avec la manifestation permanente des étudiants, et a assez bien accueilli en son sein la participation de mouvements indépendantistes ;

- 3) une troisième manifestation – proprement nationale et indépendantiste, celle-là - lors de la Journée annuelle des Patriotes (commémorant le soulèvement des Patriotes québécois en 1837-38 contre le régime impérial britannique) a rassemblé une foule importante, plus nombreuse et ardente que l’année précédente ;

- 4) le 12 mai, à Montréal, le Mouvement Québec français (MQF) et le Mouvement Montréal français (MMF) ont organisé pour plusieurs centaines de personnes une visite guidée - de protestation - des hauts lieux d’anglicisation de la métropole montréalaise.

II) Les manifestations de juillet dans la capitale du Québec :

- 1) du 2 au 6 juillet, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le Gouvernement fédéral canadien et le gouvernement de l’État du Québec, ont organisé ensemble le Forum mondial de la langue française. Prévu par le Sommet francophone de 2010 à Montreux, pour préparer les décisions de politique du français et de la Francophonie à prendre par les Chefs d’État et de gouvernement lors de leur Sommet des 12 au 14 octobre 2012 à Kinshasa, ce Forum international a réuni 1.300 personnes venues des principaux pays membres de l’OIF et d’ailleurs, de 104 pays au total. En grande majorité des jeunes, dans un amalgame de cultures et dans des festivités colorées et de qualité. Il eût pu y avoir plusieurs dizaines de jeunes supplémentaires, si le gouvernement canadien n’eût pas refusé de leur accorder des visas.
Notons que, en partie grâce au travail de préparation de nos associations, des liens utiles ont pu être établis ou confirmés entre plusieurs des principaux Français présents et nos partenaires des Mouvements nationaux québécois, ainsi qu’avec les chefs des manifestations étudiantes du printemps.
Outre la bonne organisation, la joyeuse diversité, la convivialité, la fête, et la grande qualité de la plupart des intervenants, des contacts et échanges, des conférences et des ateliers et tables rondes,

il ressort de ce Forum mondial :
- la prise de conscience enfin officielle de l’urgence pour l’OIF de se préoccuper sérieusement de l’avenir de l’écosystème francophone, d’agir ensemble avec vigueur pour affirmer le français et la Francophonie dans le monde, contre l’offensive de très grande envergure qui est menée par l’Empire ; M. Abdou Diouf ("Nous devons être des indignés linguistiques !") appelle à "une multipolarité linguistique" ; M. Jean Tardif, sociologue, nomme "hyperculture globalisante" ce qu’en France nous condamnons sous les noms d’Empire et de sa Superclasse mondiale. ;

- l’intervention fort remarquée et médiatisée, en plénière et en table ronde, du grand linguiste Claude Hagège, Professeur au Collège de France, membre d’ALF ; recommandant d’éviter les consensus mous, de "faire du ronron", de se contenter d’"assises mondaines" de la Francophonie, alors que "nous sommes en guerre !" ; selon lui, le problème n’est pas la mondialisation – phénomène neutre en soi - mais le mondialisme, l’accaparement de la mondialisation par le plus puissant du moment, c’est-à-dire l’américanisation, l’imposition d’une langue unique pour porter une "pensée unique" servant les intérêts de l’Empire ; il affirme qu’au Québec il est très dangereux pour le maintien de la langue française d’introduire un enseignement renforcé de l’anglais et une sorte de bilinguisme précoce dans les petites classes ; il conclut son propos par un "Vive la francophonie québécoise libre !" ;

- il s’agit, dans les sciences, le monde du travail, les réseaux sociaux francophones, l’internet et le monde numérique, l’accès au matériel et aux logiciels libres, en fait dans tous les domaines, de faire exister pleinement, à côté de l’anglais, les autres grandes langues de communication et de culture, dont le français ;
- le multilinguisme est donc revendiqué comme un enjeu majeur à traiter au prochain Sommet francophone ;

- le multilinguisme est à double voie : d’une part affirmer le français dans toutes ses fonctions parmi les quelques grandes langues internationales, mais aussi reconnaître les langues africaines et autres au sein même de la Francophonie (peut-être même, dans l’esprit des gouvernements organisateurs du Forum, de l’anglais dans la Maison francophone ?...) ;
- la circulation des biens et surtout des personnes doit être facilitée dans l’espace francophone, par l’assouplissement des politiques d’attribution de visas, et l’élaboration de documents présentant quelques caractéristiques d’un "passeport francophone" ;

- un rapport sur l’application réelle par les États membres de la Francophonie des décisions et orientations de la Communauté, notamment sur l’utilisation et l’illustration de la langue française sera présenté aux chefs d’État, en vue de leur plus grande mobilisation ;

- quinze résolutions rassemblant ce qui précède vont être adressées aux chefs d’État et de gouvernement pour leur Sommet d’octobre 2012 à Kinshasa ;

- il sera proposé aussi aux chefs d’État de décider de l’organisation en 2015 d’un deuxième Forum mondial du français.

En marge du Forum, le choix fait ces dernières années par les chefs d’État et de gouvernement de tenir le Sommet en octobre à Kinshasa ayant été confirmé récemment par l’OIF, reste contesté dans les couloirs, où le bruit a couru que les pressions fortes exercées sur le Président français – qui n’a pas envoyé son ministre de la Francophonie à Québec – et sur les Premiers Ministres du Canada et du Québec, pourraient amener ces trois Chefs, et d’autres dans leur sillage, à renoncer à être en personnes au Sommet, voire à amener l’OIF à le reporter à l’an prochain en un autre lieu.

- 2) le 2 juillet a pu avoir lieu à Québec, avec des participants venus par cars affrétés de Montréal et de quatre autres villes du Québec, un ensemble de manifestations pour le français et l’indépendance, en contre-point de l’ouverture du Forum mondial. Organisées par la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal avec le concours de sept autres mouvements pour le français et la souveraineté (le FFI-France et le FFI-Québec ayant été mentionnés dans l’invitation). Une marche et un grand rassemblement de plusieurs centaines de personnes devant le Palais des Congrès, Parc de la Francophonie, de la Ville. Divers ateliers, conférences, tables rondes et kiosques d’information à l’Impérial et à l’École normale d’Administration publique (ENAP). (Dont une conférence et un débat sur le droit historique à la nationalité française revendiqué par les descendants des Français et des métis qui vivaient en Nouvelle France avant le traité de Paris de 1763). Pour exiger le renforcement de la Charte de la langue française (loi 101) au Québec, et un sursaut linguistique et national contre la politique d’étouffement de la langue française et de la culture québécoise par les gouvernements conservateurs et libéraux au Canada, partisans - non déclarés mais très actifs - de la langue unique impériale.

- 3) Enfin, M. Yves-François Blanchet, député de Drummond, délégué du Parti québécois (PQ, opposition), a réuni à l’Assemblée nationale du Québec des représentants de la Fédération des Étudiants, meneurs des manifestations contre la hausse des frais de scolarité, et des délégués représentant au Forum mondial la société civile de chacun des cinq continents, pour des échanges animés.

C’est la conjonction de l’ensemble de ces manifestations, le nombre total de leurs participants, la porosité entre plusieurs d’entre elles, et la montée progressive de la conscience de poser aussi la question de la langue nationale et de l’indépendance jusque dans les deux premières citées, qui peuvent nourrir l’espoir de "revoir une jeunesse québécoise" au sens où, en France, avant 1958, le Général de Gaulle rêvait de "revoir une jeunesse française".

Le Québec a été plongé depuis des décennies dans l’hébétude par le matérialisme, une propagande anglo-fédéraliste et libérale incessante et d’une redoutable efficacité, ainsi que par l’échec des deux référendums de 1980 et de 1995, et le navrant exemple d’aboulie nationale et francophone donné par la France depuis 1974.

Si le Québec sortait de cette hébétude, il montrerait la voie à une France encore endormie, Gulliver attaché par ses cheveux aux innombrables petits piquets plantés pendant son sommeil par les Lilliputiens impériaux et bruxellois, et par ses "collabos de la pub et du fric" (Michel Serres).
Les associations françaises et québécoises sont déterminées à poursuivre leur collaboration et à nourrir ensemble leurs espoirs partagés, leurs avenirs respectifs étant de plus en plus étroitement liés.

Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française et du Forum francophone international (FFI-France)

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François Hollande : « Je défendrai partout l’usage du français »

François Hollande : "Je défendrai partout l’usage du français"

François Hollande langue française
François Hollande semble s'intéresser à la langue française et à sa place dans le monde. En témoignent un entretien avec le site Slate.fr et une allocution prononcée le 18 mai à Washington, devant la communauté française. Nous ne pouvons que nous en réjouir, espérant que ces belles paroles seront suivies d'effets... MAR

François Hollande : "Je défendrai partout l’usage du français"Entretien avec le site Slate.fr
[...]
Justement, vous allez rencontrer Barack Obama pour la première fois au G8 de Camp David les 18 mai et 19 mai. Une première question, qui pourra vous sembler anecdotique : Mister Hollande, do you speak English ?
F. H. Yes I speak English, more fluently than the former President. But a French president has to speak French !

Au-delà de la plaisanterie, est-ce que vous pensez que c’est important que le chef d’État français parle la langue commune de la diplomatie internationale ?
F. H. Il a besoin de la comprendre et de pouvoir avoir des échanges directs avec ses interlocuteurs. Mais je suis attaché à la langue française et à la francophonie.
Lorsque je participais à des sommets de chefs de partis en Europe, il a pu m’être désagréable d’entendre des amis roumains, polonais, portugais, italiens parfois, parler anglais, mais j’admets que sur le plan informel, les contacts puissent s’établir dans cette langue.
Je défendrai néanmoins partout l’usage du français."
[...]  (l'entretien complet)


Allocution de François Hollande devant la communauté française
Ambassade de France à Washington - Vendredi 18 mai 2012

[...]

Je veux vous dire aussi que dans la composition du gouvernent -- ce n'est pas d'ailleurs une innovation -- il y a une ministre déléguée, Madame Yamina Benguigui, auprès du ministre des Affaires étrangères, qui suivra la question des Français de l'étranger et de la Francophonie.

Parce que la francophonie, c'est aussi un grand enjeu. S'exprimer en français, cela ne veut pas dire qu'on ne connaisse pas l'anglais, s'exprimer en français, défendre la langue.

La langue, ce n'est pas la langue de la France, c'est la langue française. C'est très différent. Cette langue, nous l'offrons à tout le monde. C'est souvent pour beaucoup, de ceux qui ne sont pas français, en accédant à notre langue aussi une part de liberté qu'ils retrouvent.

Parler français, c'est accéder à notre culture, à nos valeurs ais aussi prendre leur part pour ses locuteurs à la pluralité du monde. Nous aurons à cœur de promouvoir la langue française.

[...] (le texte du discours)

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François Hollande et la Francophonie

François Hollande et la Francophonie

François Hollande Francophonie langue française
François Hollande et la Francophonie

Alors que le nouveau président, François Hollande, entre en fonction, il nous a semblé intéressant de reproduire les réponses faites par le candidat au réseau des Maisons de la Francophonie. Réponses faites via Jean-Paul Bachy, président de la région Champagne-Ardenne, en charge du projet francophone dans l’équipe de campagne. Puissent ces engagements être suivis de faits. Nous nous attacherons à les lui rappeler. MAR. (lire également ci-dessous, la lettre de François Hollande au groupe Phénix)

1 – Des actes forts qui rassemblent sur des fondamentaux

1.1) L’action politique a besoin de symboles forts. L’inscription de la Francophonie dans la Constitution française, à l’article 87, suite à la réforme adoptée lundi 21 juillet 2008 par le Congrès en fait partie.

Accepteriez-vous de marquer votre mandat par un autre geste symbolique : l’inscription au Panthéon des noms des trois pères fondateurs de la Francophonie décédés, Léopold Sedar Senghor, Amani Diori et Habib Bourguiba ?

F. H. : Votre suggestion est intéressante. Mais je ne suis pas sûr que l’on puisse limiter aux trois noms cités la paternité ou l’héritage de la francophonie. Que faites-vous d’Aimé Césaire, et de quelques autres ? Je me propose donc pour répondre à votre idée d’engager une large consultation, en vue d’aboutir à des propositions consensuelles.

1.2) La création d’une Fondation de la Francophonie pour l’économie, chargée de collecter et de redistribuer des fonds (partenariats public/privé), via les mécanismes vertueux de la micro-finance (micro-crédit, micro-épargne et micro-assurance) nous semble nécessaire. Aujourd’hui, près de 80% de la population mondiale est exclue du système financier et 90% n’a pas accès au crédit (Source : PlaNet Finance).
L’une des missions fixée à la Fondation serait de favoriser les partenariats et les investissements directs dans les pays francophones, et notamment ceux d’Afrique, par des entreprises œuvrant dans la valorisation des ressources naturelles et du secteur agricole et agroalimentaire, afin d’instaurer un développement durable.
L’objectif serait non seulement de créer, à partir des entreprises dans lesquelles la Fondation investira, de véritables pôles de développement structurants, mais aussi de favoriser, dans le cadre de programmes internationaux de développement de ces ressources, la mise en place de filières entre les entreprises francophones.

Partagez-vous cette ambition ? Seriez-vous prêt, à l’occasion du sommet de Kinshasa organisé sur le thème “Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale”, à lancer une initiative allant dans ce sens ?

F. H. : Les pays attachés à notre culture attendent aussi de la France qu’elle soit acteur de leur développement. Le marché que représentent les populations francophones s’élève à plusieurs centaines de millions d’habitants. Les besoins sont énormes. Pour répondre aux besoins élémentaires de l’Afrique, en termes d’infrastructures, les besoins d’investissement sont évalués à 95 milliards d’euros par an, pendant 10 ans.

A supposer même qu’on la double, l’aide publique que la France finance restera une goutte d’eau face à de tels défis. L’intervention publique en faveur des pays francophones est donc moins une question de budget que de capacité à fédérer les acteurs. La meilleure manière de défendre la culture francophone est d’organiser un "espace économique francophone", s’appuyant sur des partenariats public/privé structurés. Les anglophones ont bien bâti un "Commonwealth". Parce que l’obstacle de la langue n’y existe pas, les espaces francophones ouvrent aux entrepreneurs français d’immenses opportunités de marchés. Encore faut-il les soutenir et les organiser.

Le responsable du groupe du travail francophonie - développement, Jean-Paul Bachy, est allé me représenter, ainsi que l’Association Internationale des Régions Francophones, au sommet économique panafricain de Ouagadougou en Février. A l’occasion du forum mondial de la langue française, à Québec du 2 au 6 juillet prochain, se tiendra aussi une rencontre des entreprises francophones. Je partage votre idée de créer une Fondation de la Francophonie pour l’économie. Ses modes d’organisation restent à définir. Le sommet de Kinshasa peut être une opportunité pour en débattre.

1.3) Le réseau des Chaires Senghor de la Francophonie, plateformes de formation et de recherche sur la Francophonie, a été créé en 2002. Les Chaires sont implantées dans 16 universités (dont deux avec statut d’observateur). L’objectif est de mettre en place progressivement au moins une Chaire Senghor par pays membre de la Francophonie.

Pouvez-vous vous engager sur un soutien effectif du gouvernement français au déploiement des Chaires Senghor de la Francophonie, notamment en France ?

F. H. : Je proposerai à la conférence des présidents d’université (CPU) de travailler sur ces programmes avec les chaires Senghor et nous déciderons, ensemble, de la position à adopter.

1.4) Il n’y aura pas de Francophonie "populaire" et légitime sans appropriation par l’opinion publique. L’implication des élus, locaux et nationaux, est ainsi indispensable.

Seriez-vous favorable à ce que le Gouvernement présente à l’automne 2012, avant le sommet de Kinshasa, une déclaration au Parlement suivie d’un débat sur la francophonie qui permettra de placer l’ambition francophone au cœur de la France ?

Seriez-vous favorable à la création, au moment du vote du budget par le Parlement, d’un examen spécifique par les élus de la Nation des crédits dévolus à la francophonie et à l’influence de la France, aujourd’hui répartis entre plusieurs ministères ?

F. H. : Actuellement, l’équipe du pôle francophonie réfléchit aux formes les plus efficientes permettant de défendre nos valeurs. Si la francophonie reste, de toute évidence, un projet transversal, il ne suffira pas de décréter ou de revenir à la loi Toubon pour que, immédiatement, nos concitoyens, nos ministères, nos élus aient un réflexe de défense de ces valeurs. Nous réfléchissons actuellement à la mise en place, au sein de l’Élysée, d’une cellule francophonie aux moyens élargis. Un grand débat, suivi d’actions ciblées et continues en direction des élus pourraient contribuer à ancrer ce sentiment d’appartenance à la communauté francophone.

2 – Dynamiser la politique d’influence de la France et de l’espace francophone

2.1) Culturelle dès sa fondation, la Francophonie doit désormais, si elle veut conserver durablement son aire d’influence, s’ouvrir plus au monde économique. La constitution d’un corps de Volontaires de la Francophonie pourrait en être, avec la Fondation de la Francophonie pour l’économie, l’un des outils.
Nous proposons de créer, dans un premier temps à l’échelle de la France en nous appuyant sur les mécanismes développés par l’Agence du Service Civique, ces Volontaires de la Francophonie. Sur le modèle des volontaires internationaux, chaque jeune Français pourrait choisir, à la fin de ses études, de partir en francophonie donner un à deux ans de sa vie sur un projet économique. Cet investissement ne pourrait se faire que dans des entreprises purement locales (il ne s’agit pas de fournir une main d’œuvre bon marché aux groupes internationaux) ou dans des projets à vocation économique soutenus par des ONG. Ce système pourrait également être ouvert aux adultes actifs, chômeurs ou retraités.

Êtes-vous favorable à la création des Volontaires de la Francophonie ?
Pouvez-vous prendre l’engagement de lancer les études de faisabilité d’une telle initiative ?

F. H. : Il me semble pertinent de former TOUS les volontaires, quel que soit leur âge, qui, actuellement, partent à travers le monde, à nos valeurs francophones et ne pas isoler spécifiquement un corps de volontaires. Une telle initiative pourrait être rapidement mise en place et les résultats mesurés dans les trois ans à venir.

2.2) La création d’un Erasmus francophone constitue une priorité pour éviter la fuite des cerveaux francophones du Sud vers les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. En effet, c’est aujourd’hui la situation à laquelle on assiste, et il est vital de redonner aux étudiants francophones du monde entier le sentiment d’un lien privilégié. Il faut ouvrir les filières d’excellence, les Écoles normales supérieures, les grandes écoles de commerce, Polytechnique, aux étudiants francophones non français.
Il faut également investir dans des structures d’accueil rénovées pour pouvoir faciliter les échanges entre les Universités francophones. Tel serait l’objet des accords qui constitueraient l’armature du Programmes Erasmus francophone. L’agence universitaire de la Francophonie paraît le cadre naturel pour gérer efficacement un tel programme.

Êtes-vous favorable à la création d’un Erasmus Francophone ?
Pouvez-vous prendre l’engagement de lancer les études de faisabilité d’une telle initiative, en lien avec l’OIF ?

F. H. : Comme je l’ai déjà annoncé, j’abrogerai, dès mon élection, la circulaire Guéant qui a accéléré un processus de désintérêt des élites francophones du Sud à l’égard de la France. Une de mes premières mesures sera d’accorder à tout lycéen qui obtiendra le baccalauréat français partout dans le monde, et sous condition de ressources, un visa automatique afin qu’il puisse venir étudier dans l’enseignement supérieur français. J’étudierai, avec l’AUF et l’OIF, les modalités de la création d’un Erasmus francophone.

2.3) A l’instar de l’IHEDN en France, la création d’un Institut des Hautes Études francophones permettrait de familiariser l’élite aux défis de la mondialisation et à l’intérêt de la Francophonie tout en renforçant le sentiment d’appartenance à la Communauté francophone. L’Institut pour l’Étude de la Francophonie et de la Mondialisation, créé au sein de l’Université Lyon III en 2001, est l’embryon d’une Science Po Francophone.
Nous proposons de lui confier la création de l’Institut des Hautes Études Francophones dont le rôle sera d’accueillir les élites des pays francophones.

Êtes-vous favorable à la création d’un Institut des Hautes Études Francophones, basé à Lyon ?

F. H. : En lien avec la Conférence des présidents d’université (CPU) et l’AUF, j’étudierai la faisabilité d’un IHEF sur lequel IFRAMOND pourrait apporter son expertise. Il nous faudra néanmoins réfléchir aux modalités de fonctionnement d’une telle structure afin de ne pas l’isoler mais au contraire montrer à ses participants la richesse du multilinguisme et donc de la francophonie. Sa localisation pourrait aussi être pensée hors de nos frontières. Enfin, en période de restrictions budgétaires, la mutualisation des moyens déjà existant devra aussi être étudiée.

2.4) La Francophonie est un espace politique, culturel, c’est donc avant tout un espace humain. La création d’un "visa francophone", étudié en son temps par le ministère des Affaires Étrangères, permettrait de mieux concilier politique migratoire et francophonie, dans le respect, naturellement, des traités signés et des accords internationaux qui lient la France au sein de l’Europe. La création d’un "visa francophone", sur le modèle du visa Commonwealth, donnerait aux francophones la possibilité de se déplacer plus facilement dans la francophonie. Il constituerait une réponse adéquate à nos partenaires anglophones, montrant que la France a aussi su aménager un espace géoculturel souple et ouvert. Les procédures administratives pourraient ainsi être moins arbitraires, plus claires et simplifiées, de manière à optimiser le service rendu au public et à faciliter la vie de l’usager.

Ce "visa francophone" serait un signe tangible et concret de l’adhésion de la France à une Francophonie crédible et ambitieuse.
Ce pourrait être l’occasion de réaffirmer les liens entre la Francophonie et l’immigration et reconnaître ainsi l’apport pour la France de cette diversité culturelle et sa légitimité en terre de France.

Êtes-vous favorable à la création d’un "visa francophone" ?
Pouvez-vous prendre l’engagement de reprendre les études de faisabilité d’une telle initiative ?

F. H. : Nous reprendrons les études menées sur cette question. Je m’engage à ce que les services des visas, au sein de nos ambassades, soient à nouveau rattachés au Ministère des Affaires Étrangères et non plus au Ministère de l’Intérieur ce qui évitera l’arbitraire que vous dénoncez avec raison.

2.5) Le lancement d’une plateforme "e.francophonie" pourrait être au cœur du renouveau de la francophonie classique par la mise en œuvre d’un plan majeur de développement de la "francophonie numérique".
Les sphères d’influence passent aujourd’hui par des solutions mobiles. Le numérique francophone doit devenir un processus essentiel et puissant au service du développement de l’influence francophone (une francophonie revivifiée car utile).
Cette "force de frappe" numérique, dont les prémices ont été lancés sous ce quinquennat, serait mise au service de nos productions culturelles, intellectuelles, industrielles, commerciales d’origine française et/ou francophone.
La "e.francophonie" serait, par exemple, utilisée pour la mise en place d’actions de co-développement, via notamment des systèmes numériques d’enseignement sur le modèle de l’université médicale virtuelle francophone (co-développement avec 20 pays dans le domaine mère-enfant pour lutter contre la mortalité maternelle et infantile). Ces actions concernent les pays de l’OIF, mais aussi, dans une optique d’extension de notre zone d’influence, les pays méditerranéens et les pays fortement émergents (Brésil, Inde, Russie et Chine).
Par ailleurs, le portail "e-francophonie" pourrait permettre de participer à la lutte contre l’illettrisme et d’aider les migrants futurs peu scolarisés à l’apprentissage de notre langue et de nos modes de fonctionnement nationaux.

Êtes-vous favorable à la création d’un portail "e-francophonie" ?
Pouvez-vous prendre l’engagement de lancer les études de faisabilité d’une telle initiative, en lien avec l’OIF ?

F. H. : Cette proposition de création d’une plateforme est pertinente et devra s’appuyer sur les expériences déjà menées, notamment avec les campus numériques. Ce dossier est à travailler avec l’OIF et l’AUF, sans oublier de consulter nos partenaires québécois, très en avance sur ce type d’enseignement. Je demanderai que cette question soit portée à l’ordre du jour du sommet des chefs d’État à Kinshasa.

2.6) Pour répondre à la forte demande de français dans le monde, la formation des enseignants de français et en français ne peut être différée.
La mondialisation du XXIe siècle récompensera les pays qui auront été les plus habiles dans l’épanouissement et l’expansion de leur propre aire d’influence régionale, condition sine qua non de débouchés économiques pour les entreprises et d’enrichissement culturel pour tous. L’ouverture à marche forcée d’Institut Confucius, le développement des Instituts Cervantes dans le monde témoigne de cette compétition très ouverte. C’est à la France de jouer un rôle moteur.

Pouvez-vous prendre l’engagement, via notamment l’Institut Français, le réseau des Alliances Françaises et les médias (TV5 Monde notamment), de densifier notre réseau linguistique et culturel ?

F. H. : La formation des enseignants en français est une problématique bien réelle et influe sur la perte d’influence de la France, en nette accélération depuis 5 ans. La formation et l’éducation sont, comme vous le savez, une de mes premières priorités. Les créations de postes doivent aussi concerner les enseignants de français à l’étranger. Nous devons aussi repenser nos modes de fonctionnement tout en renforçant l’aide apportée à l’action des Alliances Françaises.

La demande d’apprentissage du français reste considérable dans le monde et a même tendance à s’accroître. La pérennité de la langue n’est en effet pas seulement un enjeu dans les pays où elle est parlée par la majorité de la population (Afrique et Maghreb par exemple). Elle l’est aussi dans les pays où l’influence française reste vive pour des raisons historiques (Vietnam, Cambodge, Louisiane). Il ne faut surtout pas les oublier. Elle l’est enfin sur tous les continents, notamment dans les pays émergents (Chine, Russie, Europe centrale, Amérique du Sud) où son prestige reste intact aux yeux des élites et des jeunes générations.

L’enseignement du français est trop souvent de type académique alors que le besoin des populations locales réside d’abord dans l’accès à l’enseignement technique et professionnel.

3 – Défendre la Francophonie… en France !

3.1) Nous avons tous en tête le festival "Francofffonies" lancé en 2006 par le gouvernement de l’époque.
Durant 7 mois, plus d’un millier de manifestations francophones ont ainsi vu le jour sur le territoire national, mêlant initiatives publiques et privées.
Dans cet esprit, et dans la droite ligne du Mois de la Francophonie lancé en mars en Rhône-Alpes (62 communes participantes, plus de 300 manifestations en 2012) et de la semaine de la langue française et de la francophonie, il nous semble pertinent de sanctuariser une grande fête de la Francophonie tout au long du mois de mars (le 20 mars est la journée mondiale de la Francophonie).
Cette manifestation nationale, relayée par les collectivités territoriales, permettrait de mobiliser les structures culturelles et associatives autour de la thématique francophone.

Êtes-vous favorable à la création d’un Mois de la Francophonie à l’échelle nationale ?
Pouvez-vous prendre l’engagement de lancer cette initiative ?

F. H. : Ma réponse sera brève : OUI au mois de la francophonie et à une grande fête les 20 mars. Les évènements dramatiques qui se sont déroulés à Toulouse ne m’ont pas permis de m’exprimer ce 20 mars, mais il serait pertinent de faire un temps fort de la francophonie dans tous les pays.

3.2) Le réseau des Maisons de la Francophonie, fonctionnant sur le modèle réussi des Maisons de l’Europe, est en cours de création. Lieux d’échanges de partage et de culture, de rencontre, de travail, de réflexion et d’action, ces Maisons abritent le siège de nombreuses associations et ONG locales ayant un lien avec la Francophonie. Ces Maisons, implantées en Rhône-Alpes, PACA, Bourgogne pour l’instant, sont aussi à l’initiative de conférences, expositions, événements autour de la Francophonie.

Pouvez-vous prendre l’engagement d’apporter votre concours et votre soutien à la poursuite de la constitution de ce réseau des Maisons de la Francophonie ?

F. H. : Oui, j’apporterai mon soutien à l’extension de ce réseau, avec l’aide de l’OIF, des réseaux d’élus (AIMF et AIRF) en accord avec les collectivités territoriales sur le terrain.

3.3) Nous proposons que les programmes scolaires, du primaire au supérieur, fassent une place à la Francophonie au travers de son histoire, de sa géographie, mais aussi de son ambition et de ses auteurs.
On sait à quel point certains enfants ou adolescents, issus de l’immigration, peinent à s’identifier à la culture française tout en étant dans l’impossibilité de retrouver leurs origines, ce qui crée chez eux un fort malaise identitaire. Sachant que la France et sa langue ont été, en grande partie, célébrées par des écrivains originaires du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Asie ou encore de Québec, la Francophonie pourrait servir de passerelle entre leurs racines parentales et leur citoyenneté présente.
Par exemple, la connaissance d’un Kateb Yacine ou d’un Sembène Ousmane, qui ont su si bien chanter les cultures africaines et françaises, permettrait aux jeunes Français issus de l’immigration de mieux appréhender leur double culture.

Pouvez-vous prendre l’engagement d’étudier l’introduction, dans les programmes scolaires, d’un volet francophone ?

F. H. : Je demanderai au nouveau ministre de l’Éducation Nationale d’intégrer cette question au sein de la problématique beaucoup plus large des programmes scolaires afin d’aider nos jeunes français, quelle que soient leurs racines, à percevoir le lien qui, à travers cette langue, nous unit à d’autres pays. Le support du livre comme vecteur de la connaissance de la langue est essentiel. Un effort est à faire pour contribuer à la diffusion des éditions françaises et des ouvrages scolaires en français dans le monde. L’action de la CONFEMEN est à renforcer sur ce point.

3.4) Un certain nombre de disciplines universitaires ont aujourd’hui tendance à adopter l’anglais (y compris des sciences "molles" comme la gestion, le management dont les concepts sont facilement adaptables en Français…).

Faisant fi de l’article 2 de la Constitution française qui fait du français la langue de la République, nous notons régulièrement une volonté de modifier la loi Toubon pour permettre aux établissements d’enseignement supérieur (grandes écoles et universités) d’enseigner totalement en langue anglaise. La charge est actuellement menée par la Conférence des Grandes Écoles.
Il est illusoire de croire que pour conquérir une part importante dans le marché mondial de l’enseignement, il suffirait de copier le modèle anglo-américain. Les bons étudiants préféreront toujours l’original à la copie.

Nous assistons déjà à l’émergence d’un nouveau critère de jugement dans les commissions de recrutement universitaire : "la capacité à faire cours en anglais", qui a peu à voir avec les capacités intrinsèques disciplinaires d’un futur universitaire. Nous assistons également à l’obligation faite par des responsables de cycles universitaires d’imposer dans les services statutaires des enseignants des cours en anglais.
Par ailleurs, des revues scientifiques en français ont été exclues de la nomenclature des revues cotées dans les procédures d’évaluation menée par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou le Conseil national des universités (CNU) !

Pouvez-vous prendre l’engagement de renforcer la loi Toubon afin d’affirmer définitivement la primauté du français sur l’anglais sur le territoire national notamment dans le monde du travail, de l’enseignement et de la recherche ?

Pouvez-vous prendre l’engagement de favoriser le multilinguisme dans l’enseignement et de rendre obligatoire le recours au trilinguisme et non au bilinguisme anglais/français quand la seule langue française n’est pas jugée suffisante, pour imposer l’enseignement à égalité de deux langues étrangères à tous les niveaux de l’enseignement du primaire au supérieur ?

F. H. : La question est multidirectionnelle et la défense du français passe aussi par l’acception d’autres langues étrangères dans l’enseignement. Une de mes premières mesures sera de rappeler à Bruxelles que le Français est la deuxième langue officielle des institutions européennes et demander à ce que ce règlement soit respecté.

En imposant un retour aux fondamentaux au sein de l’Europe, nous entamerons cette démarche qui n’a pas été défendue depuis plus de 15 ans. Je demanderai aussi l’institution d’un classement européen de nos établissements d’enseignement supérieur, projet en cours auprès de la CPU ; le classement de Shanghai laisse une part significative aux établissements anglo-saxons puisqu’il ne répertorie que les publications en anglais des chercheurs. Le même type d’actions est à mener au niveau des Nations Unies (où le français est aussi, au même titre que l’anglais, la langue officielle) et dans l’ensemble des organisations internationales.


ALF a toujours, dans les vingt ans de son existence, donné le plus large écho aux principales déclarations et aux actes - souvent divergents - des présidents de la République et chefs de gouvernement qui se sont succédé à la tête de l'État, en matière de langue française et de Francophonie. C'est donc avec le même empressement, et le même espoir inlassablement renouvelé, que nous diffusons cet entretien fort prometteur. Nos principales associations porteuses de la marche du 18 juin 2011 vont d'ailleurs demander à être reçues ensemble aussi tôt que possible par le Président de la République, puis par les principaux responsables de la nouvelle politique.
Albert Salon

Une superbe lettre de M. François Hollande sur sa politique du français et de la Francophonie

Plusieurs de nos associations avaient fait passer depuis des mois à des amis de M. Hollande proches de nous (d'ALF, de DLF, mais aussi d'autres associations, notamment de ce groupe Phénix, plusieurs fois signataire de nos appels et documents) nos propositions communes de politique du français et de la Francophonie.
M. Hollande, alors candidat, a répondu le 10 avril à Phénix cette lettre substantielle, fort intéressante, qui reprend une partie de nos analyses et propositions.
Certes, loin de rejoindre la position collective - reconnue largement comme très équilibrée et raisonnable - de toutes nos associations sur les langues régionales et minoritaires, le nouveau Président a, lors de sa campagne, annoncé aux mouvements régionalistes (soutenus par Bruxelles et l'Allemagne) qu'il demanderait au Parlement de ratifier la Charte européenne de ces langues. Sur ce point très important à la fois pour le français et pour l'unité de la République, nous ne pourrons pas l'approuver.

Mais, comme nous l'avons fait pour ses prédécesseurs, nous pouvons diffuser, citer, invoquer, en toutes circonstances qui s'y prêteront, le contenu très encourageant de cette réponse à Phénix.
Des occasions d'invocations pertinentes - et de rappels fermes - de la position présidentielle nous seront peut-être fournies par de nouvelles dérives de l'administration, des services publics, ainsi que par l'éventuelle forfaiture de tels ministres ou représentants de la France qui s'exprimeraient en anglais là où des traductions du français vers d'autres langues s'imposeraient, traductions qu'il suffirait d'exiger en invoquant les textes nationaux et internationaux en vigueur. Albert Salon


FRANÇOIS HOLLANDE

Madame, Messieurs,

Vous avez bien voulu m'interroger sur l'action que je mènerai, si je suis élu, en faveur de la langue française et de la francophonie.

Je considère que l'atout formidable que représentent plus de 220 millions de locuteurs francophones dans le monde a été négligé, voire méprisé, par l'actuel gouvernement. Dans mon discours public du 18 mars au Cirque d'Hiver, j'ai déclaré ma ferme intention de défendre notre langue, la langue française. Je veux qu'elle soit davantage promue. La Francophonie est une grande cause, non pas seulement pour la France mais pour ces 220 millions d'humains qui nous font le bonheur, qui nous donnent la fierté de parler notre langue et qui nous reprochent souvent de la défendre si mal, alors que, eux, dans des pays très lointains, parlent le français parce qu'ils veulent parler une langue de liberté et de culture.

Le prochain Sommet de la Francophonie à Kinshasa sera, si je suis élu, l'occasion d'annoncer une politique globale et ambitieuse en faveur de la langue française, conçue non comme un frileux repli identitaire, mais comme un formidable atout en matière d'influence et de rayonnement économique et culturel de notre pays.

Un des axes de cette politique sera le combat pour le multilinguisme, car parler plusieurs langues est une condition de réussite indispensable dans le contexte de la mondialisation. Je m'attacherai à ce que le service public de l'éducation favorise enfin réellement l'apprentissage de deux langues étrangères. La promotion du français et de son enseignement à l'extérieur de nos frontières sera d'autant plus crédible que nous développerons chez nous une offre diversifiée.

La France s'honorera aussi de défendre le droit pour tous de parler sa propre langue sur son territoire. Il y a dans certaines entreprises des dérives regrettables ; je veillerai, si nécessaire par des mesures législatives, à y mettre fin.

Il me sera également nécessaire de renforcer la place de notre langue dans la recherche et l'enseignement supérieur, de façon à constituer un véritable espace scientifique francophone de la connaissance, à travers des mesures très concrètes telles que l'aide à l'indexation des publications. A fortiori, en France, je veillerai à ce que les règles soient respectées dans les colloques, les publications et les cours eux-mêmes.

Très soucieux de la diversité culturelle sous tous ses aspects, je soutiendrai à ['UNESCO une initiative en faveur d'une convention internationale pour la protection et la promotion de la diversité linguistique.

Enfin, je donnerai des instructions fermes à nos représentants dans les différentes instances, à tous les niveaux, pour que l'expression dans notre langue soit respectée dans les instances européennes et internationales.
Je vous prie de croire, Madame, Messieurs, à l'assurance de toute ma considération.

francoishollande.fr
59, avenue de Ségur - 75007 Paris
T
él. : +33 (0)1 56 58 90 40 - cab@francoishollande.fr

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Pour les 20 ans d’ALF : un acte de foi !

Pour les 20 ans d’Avenir de la Langue Française : un acte de foi !

de foi en l’avenir du français et d’ALF, et dans le succès à terme de nos actions

langue française association : C’est ce que nous espérons de la part de tous nos membres et lecteurs de ce site.

Acte de foi non au sens portugais de l’ "auto dafé", fumée d’inquisition, de feu de dieu, de livres impies livrés au feu d’autistes. Mais au sens de preuve de confiance. De confiance en l’avenir de la langue française si violemment attaquée par l’Empire et par ceux que Michel Serres qualifie de "collaborateurs de la pub et du fric". Confiance aussi dans la capacité d’Avenir de la langue française de se maintenir malgré les orages, et de développer – je voudrais pouvoir écrire : "décupler" - des actions dont nous pouvons être fiers. Elles nous valent une considération croissante. Nous dérangeons aussi ceux que Claude Hagège, membre d’ALF, stigmatise dans Contre la pensée unique, et qui ont opté pour "la langue unique" instrument de notre vassalisation.

Souvenons-nous :
En vingt ans, nous avons été particulièrement actifs.
Nous avons justifié pleinement, par nos protestations, nos relevés de dérives, nos actions amiables et contentieuses, nos rapports, publications d’articles et de livres, et manifestations diverses, l’agrément triennal qui nous a été accordé et sans cesse renouvelé par les ministères de la Justice et de la Culture, et les subventions reçues.
En vingt ans, nous avons fait introduire, dès 1992, la langue française dans l’article 2 de la Constitution, puis, en 2008, la Communauté francophone à l’article 83 de cette même Constitution. C’est nous qui avons rédigé en première esquisse ce qui devint la loi Toubon du 4 août 1994 sur l’emploi de la langue française.

En vingt ans, nous avons réussi à exister partiellement aux yeux de médias pourtant verrouillés, notamment par la création, avec d’autres associations, de l’Académie – et du prix annuel - de la Carpette anglaise.

En vingt ans, nous avons favorisé la concertation et les actions communes entre toutes les associations de promotion du français et de la Francophonie. Ainsi, le 18 juin 2011, ce furent 32 associations et 12 mouvements français, belges, québécois et étrangers autres, qui manifestèrent à notre appel devant le Panthéon, par une marche de plus de mille personnes.
En vingt ans, nous avons établi, avec les autres grandes communautés de langue française et leurs associations, au Québec, en Belgique, en Suisse, des liens de plus en plus forts, pour la solidarité de nos combats linguistiques. Nous avons même obtenu une reconnaissance officielle de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie).

En vingt ans, nous avons commencé à travailler avec des syndicats français, puis allemands, italiens, pour affirmer le droit des travailleurs à travailler dans leurs langues nationales.
Pour nous, l’acte de foi est notre raison de vivre. Mais pour vous, lecteurs de cet éditorial ?
Eh bien, pour vous, l’acte de foi consiste à nous aider de toutes vos forces.

Par votre fidélité dans votre adhésion. Par votre militantisme. Par l’apport de nouveaux adhérents, militants bénévoles, et mécènes. Par votre propre générosité aussi. Vous savez que votre argent est entièrement utilisé pour l’action. Les rapports du ministère de la Culture l’attestent clairement et fortement.

L’acte de foi dans l’avenir de notre association, nous vous proposons donc de le projeter aussi sur votre descendance. C’est simple : pourquoi ne pas inscrire aujourd’hui vos enfants et petits enfants comme membres à vie d’ALF ? Pour un minimum de 400 euros, soient 133 euros réels après la déduction fiscale !

Vous confortez ainsi nos finances dans le présent, alors que la subvention de la DGLFLF annoncée pour 2012 vient d’être réduite ! Et vous prenez pour vos enfants et petits enfants, non pas un livret de caisse d’épargne, puisqu’il s’agit à l’évidence d’un acte de foi sans garantie de "retour sur investissement", mais un talisman d’engagement de relève générationnelle dans notre combat. Merci d’y songer !

Et : "buvons un coup, buvons en deux, à la santé…" d’ALF et de ses 20 ans ! Albert Salon.

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15 ans d’espérance, Philippe Rossillon, pour les 20 ans d’ALF

15 ans d’espérance
(in memoriam Philippe Rossillon,
pour les 20 ans d'ALF
)

Philippe Rossillon

langue française association Rossillon : Nous nous associons pleinement au bel hommage rendu par Hubert Joly, Secrétaire général du Conseil international de la Langue française (CILF) à Philippe Rossillon.
Car Philippe fut notre "Paladin" modèle, le créateur ou inspirateur de diverses institutions françaises et internationales de promotion du français et de la Francophonie, de l’ancêtre de la DGLF à l’ancêtre de l’OIF, en passant par tant d’autres. (lire également, plus bas, l'Hommage à Philippe Rossillon d'Yves Montenay)

Sans oublier notre ALF, dont il fut en 1992 le co-fondateur avec Dominique Noguez, Dominique Gallet, et l’actuel président.
Nous pensons beaucoup à lui en ce 20ème anniversaire de la fondation d’ALF. Avec nos amis acadiens et québécois, wallons et bruxellois, romands et jurassiens, haïtiens et louisianais, valdotains et seychellois, nous nous souvenons de toutes les lances rompues par Philippe en faveur des communautés francophones du monde entier.
Après lui, nous nous battons et espérons !
Feu son - et notre - grand ami Jean-Marc Léger continue, associé à Philippe, à nous inspirer lui aussi.
Ils sont avec nous, en corsaires unis d'une époque à épopée.
Il faut recréer une époque comme celle-là ! Albert Salon.


Non vraiment ! Il n’est pas d’usage de prononcer deux fois, fût-ce à quinze ans de distance, l’éloge d’un ami, surtout si, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui, il s’agit d’un éloge funèbre, avec l’autorisation de Véronique.

Pourtant, c’est bien ce que je vais faire puisque Philippe Rossillon est mort le 6 septembre 1997…
Quand je pense à lui, je ne parviens pas à imaginer qu’il serait à cette heure un vieux monsieur de 81 ans. Cela dépasse mon entendement.

Je le vois encore avec sa vaste intelligence, sa connaissance approfondie de l’Histoire, son esprit fertile jamais à court d’une initiative, d’un échafaudage de combinaisons, son humour de merveilleux conteur, et cette chose devenue si rare, son patriotisme sans faille.

Je repense aussi aux membres de sa bande, que je cite pêle-mêle, notre fidèle ambassadeur de France, Bernard Dorin, le wallon Lucien Outers, le sénateur Jean Humblet, le jurassien Roland Béguelin. C’était un régal, un festival, d’assister à leurs discussions. Si les premiers avaient une intelligence lumineuse et savaient jouer plusieurs coups à l’avance, il n’y a qu’un seul mot pour qualifier Philippe : il pétillait.

Ah ! Qu’il en a donné du fil à retordre à quelques-uns ! Que de fécondes initiatives n’a-t-il pas su prendre au Haut comité de la langue française ou, plus tard, à l’Union latine ! Que de coups tordus n’a-t-il pas fomentés dans sa cervelle à l’imagination sans limite !
L’avant-veille de sa mort, j’étais dans son bureau avec Bernard Dorin. Ce jour-là encore, nous nous sommes payé quelques tranches de fou rire que je ne suis pas près d’oublier….
Quinze ans plus tard, que reste-t-il de tout cela ? Bien sûr, un souvenir très brûlant de ces années de travail en commun, même si les figures d’autrefois, Martial de la Fournière, Xavier Deniau, Michel Têtu, Marc Blancpain, Jean-Marc Léger, nous ont, tour à tour, quittés. C’était une francophonie "indomptable et fière, sans frein, ni rênes d’or". Une impulsion toujours vivante à Haïti avec Véronique, à Québec, en Acadie, et même en Louisiane.
Beaucoup de jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connu cette époque héroïque et nous, qui restons, sommes devenus très légèrement chenus.
L’enthousiasme que Philippe nous a communiqué reste intact. Nous croyons toujours en les capacités de la France ainsi qu’aux nécessaires solidarités d’une francophonie qui s’affirme, ne serait-ce que numériquement, malgré toutes les vicissitudes de la politique internationale.
Mais au fond des fonds, il me semble qu’avec lui, et bien entendu avec le Général, tous, quoique "recrus d’épreuves" comme le dit la chanson, nous n’avons jamais eu qu’un seul et unique programme : "guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance !"

Hubert Joly


Hommage à Philippe Rossillon par Yves Montenay
(paru dans Échos du monde musulman n°152 (4 mai 2012)

Puisque nous parlons de situation du français, signalons que l'association Avenir de la Langue Française fête ses 20 ans et rend hommage à son fondateur Philippe Rossillon, disparu le 6 septembre 1997 et avec lequel j'ai travaillé dans les années 1960 à 1980. Philippe Rossillon a passé sa vie à tisser des liens entre les pays "francophones" et tous leurs acteurs, notamment leurs responsables et leurs médias. Il a lancé ou encouragé de nombreuses organisations multilatérales officielles, associatives ou privées, a poussé le gouvernement français à les appuyer et, en cas de refus, a rajouté l'argent de sa famille. Il rencontra moins d'enthousiasme en France que dans les pays du Sud et au Québec (contrairement à un fantasme tenace, encore rappelé ci-dessus à propos du Maroc, le mouvement francophone n’a rien de colonial et est d’ailleurs largement négligé par les gouvernements français).

Dans le monde musulman, Philippe Rossillon fut aux côtés du Maroc avec Allal el Fassi, de la Tunisie avec Bourguiba, de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina Faso, du Sénégal et du Niger. On se souvient que les dirigeants de ces deux deniers pays, Léopold Cedar Senghor (avec le plein accord des Mourides et de la Tidjanya) et Hamani Diori furent, avec Habib Bourguiba, les "inventeurs" de la Francophonie (traité de Niamey du 20 mars 1970).
Philippe Rossillon avait également de nombreux amis en Égypte, au Liban et en Syrie.

Yves Montenay

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La mort de Richard Descoings, grand angliciseur

La mort de Richard Descoings, grand angliciseur

éducation américanisation Descoings Sciences Po : Face au concert de louanges entendu à l'annonce du décès de Richard Descoings le 3 avril 2012 à New-York et sans nous réjouir, bien entendu de sa disparition, nous ne pouvons que rappeler notre hostilité à la politique qu'il aura mLa mort de Richard Descoings, grand angliciseurenée depuis 1996 à la tête de l'Institut d'Études Politiques de Paris (Sciences Po.). Il aura réussi à faire d'un des fleurons de l'excellence française une école à la remorque servile du monde anglo-saxon, tant par la langue anglaise de plus en plus présente, que par les "valeurs" défendues par cette école.

A cet égard, nous partageons parfaitement le point de vue d'un des étudiants de Sciences Po. relevé sur le site du Monde  ainsi que celui de Philippe Meyer dans son émission l'Esprit Public sur France Culture (avant l'annonce la mort de Richard Descoing)


[Le Monde] Certains internautes qui ont étudié à Sciences Po ne partagent pas le concert d'éloges sur l'ancien directeur :

Mentalité opportuniste, Jérémie H.

"J'ai toujours désapprouvé l'orientation donnée par Richard Descoings à cette école, ainsi que la mentalité superficielle et opportuniste qu'il y a imposée. La massification des promotions n'assure plus de trouver un travail une fois le diplôme obtenu. L'anglicisation considérable de l'école, aussi bien dans la langue que dans les esprits, a fait d'une génération d'élèves français une nouvelle conquête du monde anglo-saxon. Les conventions ZEP, permettant à quelques élèves de milieux sinistrés d'entrer par une voie d'admission tierce, n'auront rien changé fondamentalement : ni l'inégalité des chances due à une scolarité indigente en amont, ni la dégradation du niveau provenant avant tout d'autres causes."

Philippe Meyer - L'Esprit Public, France Culture, 01/04/2012)]
[...] je suis assez content de voir qu'un certain nombre de gens commencent à se rendre compte que le combat en faveur de la diversité, de la langue française et de son utilisation est un combat de progrès et non pas un combat de nostalgie comme on essaye dans certain cas de nous le faire croire notamment comme des établissements comme Sciences Po. qui comme le disait Gilles Kepel la semaine dernière est en train de devenir une sorte d'hyper-marché dans lequel on parle globish et où les globalisants vont pouvoir chercher des formations standardisées qui manqueront singulièrement de contenu.


Rappelons que Richard Descoings avait reçu le prix de la Carpette anglaise en 2009 : pour avoir imposé des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières proposées et pour avoir correspondu en anglais avec le lycée français de Madrid.
(Ce prix d'indignité civique est décerné chaque année à un membre des "élites" françaises qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française.)

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Placer le français et la Francophonie au cœur des élections de ce printemps

Placer le français et la Francophonie au cœur
des campagnes présidentielle et législatives de ce printemps

Placer le français et la Francophonie au cœur des campagnes présidentielle et législatives de ce printempsAux adhérents d'ALF et visiteurs du site, qui souhaitent peser sur les thèmes et choix des campagnes électorales nationales du printemps 2012, en faveur du français et de la Francophonie, et cherchent les moyens de peser.

Avenir de la langue française (ALF), met à leur disposition les argumentaires élaborés en commun et les démarches entreprises en liaison très étroite avec plus des dizaines d'associations et mouvements français et étrangers qui luttent pour la langue française, la Francophonie, et le maintien de la diversité linguistique et culturelle de l'Europe et du monde.*
Elle leur indique aussi comment utiliser ces argumentaires et s'associer aux démarches collectives - déjà entreprises - et individuelles restant à entreprendre.

1) Les deux documents de base :
Les "dix engagements" que les candidats à la Présidence comme à la députation sont invités à signer, leurs réponses devant être publiées dans les médias ;
La "pétition-appel" que quelques dizaines (seulement) d'éminentes personnalités, très connues en France et ailleurs, sont appelées à signer, destinée à la fois à nos dirigeants, et aux grands médias nationaux (publication à la fin de mars ou au début d'avril).
Chacun de nos lecteurs peut se saisir de ces deux documents et s'en servir auprès de dirigeants, de candidats, de médias nationaux et locaux, à sa portée.
Auprès de personnalité de son entourage, aussi, si elles ont un rayonnement national et, si possible, international.

2) Les lettres d'accompagnement-présentation des documents ci-dessus :
aux candidats ; la lettre (commune aux candidats sera signée par 3 groupes - distincts et séparés - de signataires, déjà sollicités par des lettres appropriées ; nous avons déjà tous groupes confondus, recueilli 25 signatures d'organismes, représentants des milliers de membres et de sympathisants :
- 40 à 50 associations françaises directement concernées par le français, la Francophonie et la diversité linguistique ;
- 20 à 25 associations non-françaises ;
- 30 à 40 mouvements et cercles de réflexion politiques français et étrangers ;

  aux personnalités appelées à signer personnellement la pétition-appel.

Chacun de nos lecteurs peut s'inspirer, s'il le souhaite, du contenu de ces lettres pour ses démarches individuelles. Il peut aussi se référer expressément à ALF qui assure leur expédition.
Les listes des associations et des personnalités saisies peuvent être mises à leur disposition sur demande adressée au secrétariat d'ALF, 34 bis rue de Picpus – 75012 Paris - 01 43 40 16 51.
Chacun, conscient de ce que l'effet cumulatif visé, de multiplication des sources et des pressions, peut avoir un effet bien supérieur à des démarches plus ou moins isolées lors d'élections nationales antérieures, est invité à utiliser au maximum les outils ainsi mis à sa disposition par nos associations.
Albert Salon, ancien ambassadeur, président d'ALF

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Claude Hagège : Contre la pensée unique

Contre la pensée unique

 nouveau livre-évènement de Claude Hagège

Hagège théorie colonisation langue française
compte-rendu d'Albert Salon

L’éminent linguiste y montre les liens privilégiés entre l’imposition planétaire de l’anglo-américain et l’épandage d’une "pensée unique" anglo-américaine d’apparence néo-libérale, qui détruit en fait les pensées nationales, particulièrement celle de sa principale opposante française, et les personnalités et âmes des peuples.

Ce livre marque une étape importante de la carrière et de la vie du professeur au Collège Contre la pensée unique  nouveau livre-évènement de Claude Hagège de France. C’est le fer fixé au bout de la lance des publications antérieures, de l’Homme de paroles au Dictionnaire amoureux des langues, en passant par Halte à la mort des langues et Combat pour le français. Au nom de la diversité des langues et des cultures.
Loin d’imiter certains "Immortels" qui, une fois élus, limitent leurs services publics à la poursuite de leurs œuvres, et à leur participation au Dictionnaire de l’Académie, dans une observation distanciée des agitations du monde, notre vivant mortel, livre après livre, est passé de l’observation des langues et de l’analyse aigüe des cadres et conditions de leurs évolutions, à la découverte, puis à la dénonciation de plus en plus argumentée et véhémente, des causes de leur mort.

Tout en restant mesuré dans ses propos, il y développe sa formule-choc d’un colloque de nos associations : "il s’agit bien d’une guerre" contre les autres langues et cultures. Menée pour l’anglais, par le vecteur et le moyen de l’anglais, pour le plus grand profit culturel, économique, et politique de la "Caste" internationale, oligarchie financière mondiale, de base encore largement anglo-américaine. Cet empire traverse une phase de déclin, mais garde encore le pouvoir de dominer et de détruire, moins par les chars et les avions que par le "soft power" décrit par ses fascinés : Frédéric Martel, Olivier Poivre d’Arvor…

Une guerre déjà décrite par Yves Eudes dans La conquête des esprits, par Charles-Xavier Durand dans La nouvelle guerre contre l’intelligence, par nos associations aussi. Claude Hagège y a puisé. Il les cite tous. Il les prolonge."Es brodelt" (cela bouillonne) en lui. Risquons cette référence qu’il aime : cela "Braudelt". Mais il va plus loin et apporte à la cause le souffle de sa langue. Tout en - répétons-le - exerçant son sens aigu de la nuance, de la vérité. En illustrant par de brillants exemples non seulement l’extraordinaire richesse des expressions humaines, mais encore cette langue anglaise qu’il connaît au moins aussi bien que les plus familiers de ses trente idiomes qu’on hésite dans son cas à qualifier d’étrangers.

Dans Contre la pensée unique, fer de sa lance, Claude Hagège dissèque le ressort et les mécanismes de l’hégémonie de l’anglo-américain. Et, en réveilleur, nous appelle au sursaut.
Il fonde son appel sur la confiance tirée de ses racines : celles des bords sud et est de la Méditerranée, celles de l’esprit français et parisien qu’il a absorbé et incarne à un haut degré, et sur son regard mondial qui lui fait voir et connaître les soleils levants et montants de l’Asie dont il ressent profondément le besoin qu’en ont l’Europe et – à nouveau - la France.
Chine, Japon, Corée, Indonésie : parmi toutes les routes de la mondialisation ancienne : du fer, du sel, des caravelles, sa prédilection va aux routes de la pourpre, de la soie et des épices.
Pour lui, comme pour nos associations qu’il ne manque jamais d’appuyer ou guider, on ne saurait se contenter du "Indignez-vous !". Il s’agit d’abord de donner aux peuples la pleine conscience de l’action des forces décrites, encore très puissantes, et de leurs supplétifs français, "collabos de la pub et du fric" selon Michel Serres.

Le mot d’ordre qu’il nous passe est le "Résistez !" que les prisonnières aux longues peines de l’enceinte d’Aigues Mortes écrivirent sur les murs de la tour de Constance.
Pour lui, comme pour nos associations, il est de la mission et du devoir quasi naturels de la France et des francophones de montrer la voie de la Résistance mondiale.
Albert Salon, docteur d’État ès-lettres, ancien ambassadeur, président d’Avenir de la langue française. Paris, le 25 janvier 2012.

[ Claude Hagège : Contre la pensée unique - Odile Jacob - janvier 2012 - 256 pages - 21,90 €]

Écouter l'émission La Tête au carré de Mathieu Vidard sur France Inter avec Claude Hagège sur le thème "Hégémonie de l'anglais et critique de la pensée unique" (24/1)


Extrait (pages 206-207)

C'est parce que la dévalorisation de sa propre culture est, dans chaque pays, la conséquence, en même temps que le critère, du succès d'une guerre destinée à asseoir une hégémonie par abrasion des spécificités culturelles, qu'un chemin d'action essentiel consiste à revaloriser chaque culture face à la culture américaine. L'inconscience, sinon la désarmante sottise, de beaucoup de Français se déchiffrent aisément à travers l'épithète de "ringard" qu'ils appliquent à ce qui est français et traditionnel dans beaucoup de domaines, sans comprendre que cette dévalorisation de leur culture au bénéfice de l'illusion d'être "modernes", c'est-à-dire américanisés, se paie au prix fort de l'inhumation de leur personnalité culturelle.

Heureux qu'il se trouve encore, en France, notamment, des immigrés pour qui la citoyenneté française est définitoire, et qui, loin de la dévaluer, la surévaluent, au contraire, car sa valeur se mesure au prix qu'ils payent pour elle : pour la conquérir, ils se battent, notamment contre certaines formes de rejet raciste, et cela dans le même temps où beaucoup de ceux qui possèdent cette citoyenneté par naissance ne songent qu'à la dénigrer comme désuète et comme trop éloignée de ce qui est flatteur parce que estampillé d'outre-Atlantique.

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Tous les vœux d’ALF pour une année johannique de tous les dangers !

Tous les vœux d'ALF pour une année johannique de tous les dangers !

langue française Jeanne d'arc politique

Le bien aimé dessinateur Jacques Faizant avait, il y a plusieurs années, autorisé officiellement ALF à faire de ce dessin tout usage utile à notre cause.
Avouons qu'il est très bien adapté aux célébrations johanniques de ce début de 2012, et au "royal" appel du 6 janvier, assez "Pucelle", de COURRIEL qui figure un peu plus bas sur ce site.

Il ne s'agit plus de prier Jeanne d'Arc, ni de la "récupérer" et tirer à hue et à dia.
Il s'agit pour chacun de nous d'agir dans son sens, et de consentir non pas le sacrifice suprême, mais le don, pour la cause de la France et de sa langue, d'une petite part de l'immense œuvre de foi et d'énergie qu'elle a déployée avec ses étendards.

Et surtout de ne pas - ou plus - ressembler au petit gratte-papier assis que nos "zélites" ont matraqué et abruti pendant des décennies pour lui faire perdre et sa langue et son histoire !
Venez le samedi 28 janvier à 14h nous dire en AG quelle part vous voulez prendre au combat.

Albert Salon

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La Francophobie : jalousie ou rivalité culturelle ?

La Francophobie : jalousie ou rivalité culturelle ?

francophobie francophonie Kundera colonisation

L'écrivain tchèque Milan Kundera nous le disait il y a plus de quinze ans, lors de l'inauguration de l'Institut français de Prague [lire ci-dessous]. Je renvoie au constat de ce grand écrivain, qui dénonçait déjà, bien mieux et bien plus objectivement que je n'eusse pu le faire, une forme très répandue de francophobie, notamment de la part des Anglo-Saxons, qui malheureusement, comme tout ce qui nous vient de leurs bords, comme la lumière d'une étoile très lointaine (peut-être déjà éteinte ?), exerce encore une forte influence sur nos propres élites.

Elle participe de leur aliénation. Elle nourrit notre absurde et suicidaire tendance de colonisés au mépris de nous-mêmes, à la repentance et à l'auto-flagellation.

Elle rend une partie de notre peuple aveugle et sourde au fait que Grande Bretagne et États-Unis furent souvent, et restent en diverses circonstances nos alliés bienvenus, lorsque leurs intérêts rencontrent et servent les leurs, mais sont en même temps des rivaux constants, voire des ennemis occasionnels, qui choisissent de s'attaquer à nos vecteurs de rayonnement et d'action extérieure. Tout dépend des circonstances et des constellations d'intérêts.

On en vient, en France, avec beaucoup d'indulgence, à occulter le dénigrement et l'hostilité dont notre langue et notre culture sont l'objet de la part de ces "amis". On a pris l'habitude de leur pardonner diverses "bavures" et "dommages collatéraux" qu'ils nous ont causés au cours de plusieurs conflits où nous étions pourtant alliés. Les derniers exemples en date étant la bizarre liquidation du fonds français de la Bibliothèque nationale du Cambodge qui restait après la chute des Khmers rouges ; le bombardement par les avions de l'Oncle Sam du Consulat de France à Hanoï vers la fin de la guerre du Vietnam, pendant laquelle ils avaient tout fait pour éliminer la langue française, bien mieux que les Russes n'ont pu le faire ; et celui de notre représentation à Tripoli en 1986 lors du raid aérien de Ronald Reagan sur Tripoli pour punir le Colonel Kadhafi de ses odieux attentats.

Tout simplement parce que, traditionnellement, la France et sa culture sont, au moins à l'Ouest, parmi les plus coriaces obstacles au rouleau compresseur de l'hégémonie impériale.
Je ne crois pas que l'incendie criminel récent qui a détruit l'Institut d'Égypte fondé par Bonaparte près de la place Tahrir au Caire, contenant tant d'inestimables ouvrages, soit l'œuvre de la CIA comme les malveillants le disent. Il est vraisemblablement l'œuvre d'extrémistes tout autres. Mais il procède lui aussi de cette jalousie à l'égard d'une ancienne et longue prédominance culturelle française, dont les restes font encore barrage à diverses idéologies destructrices.

La même attitude se trouve aussi chez certains voisins et amis européens de la France. Inutile de remonter jusqu'à juin 1940 et, après l'assurance de la victoire d'Hitler, à l'attaque de Mussolini heureusement repoussée dans les Alpes par le général Olry.

Cela ne s'arrêtera que lorsque la France sera complètement réduite à quia.
Comme disent les Acadiens et les Québécois : "faut pas lâcher la patate !".

Albert Salon


Milan Kundera nous a autorisés à reproduire ce texte, paru dans le journal Le Monde en 2009, ainsi qu'à en publier une traduction tchèque inédite réalisée par ses soins.

La francophobie ça existe par Milan Kundera

Par mes expériences et mes goûts, je suis un centre-européen. J'ai été formé beaucoup plus par Janacek, Kafka, Musil, que par Debussy ou Proust. Mais, au milieu de ma vie, ma femme et moi avons émigré en France. Cet événement est le plus décisif de toute mon existence, il est la clé de ma vie comme de mon travail.

En Amérique, il y a quelques années, est paru en livre une bibliographie me concernant. On n'y trouve presque rien de ce que j'ai fait en France, de ce qu'on a écrit ici sur moi. Et pourtant, c'est en France que j'ai vécu la plus importante partie de ma vie d'adulte. Ici, pendant dix-huit ans, j'ai eu mon petit séminaire et mes élèves. C'est ici que j'ai noué les amitiés qui me sont les plus chères, que j'ai écrit mes livres les plus mûrs, ici aussi que j'ai été compris plus tôt et mieux qu'ailleurs.

Et surtout, c'est ici que se trouve ma maison d'édition, qui, depuis vingt ans, publie, en premier, mes livres, dans la seul e version entièrement autorisée. Je dis seule version autorisée parce que, vers 1985, j'ai repris la traduction française de tous mes romans, phrase par phrase, mot par mot. C'était un travail intense de deux ans. Depuis lors, je considère le texte français comme le mien et je laisse traduire mes romans aussi bien du tchèque que du français. J'ai même une légère préférence pour la seconde solution.

Car, en faisant la révision des traductions de livres que je n'avais pas relus depuis longtemps, je ne pouvais m'empêcher de préciser ça et là une idée, de biffer une phrase, d'en ajouter une autre. Mon éditrice tchèque, qui, depuis deux ans, publie progressivement tous mes romans, trouve parfaitement naturel de prendre l'édition française comme modèle. Quand je prépare pour elle le texte, je le compare à la version française pour y incorporer les menus changements survenus entre-temps. Voilà pourquoi on peut facilement imaginer ma colère quand j'ai constaté que, dans plusieurs pays asiatiques, on avait traduit mes romans - à mon insu - d'après les traductions américaines !

Quand un éditeur chinois, un universitaire américain, feignent de ne pas apercevoir la place qu'occupe la France dans mon travail, est-ce une ignorance ? Ou est-ce autre chose ? Quand je voyage, j'entends partout, comme un refrain : "La littérature française ? Elle ne représente plus rien." Une sottise, dira-t-on. Mais ce qui rend la sottise importante, c'est la délectation avec laquelle elle est prononcée. Car la francophobie, ça existe. C'est la médiocrité planétaire voulant se venger de la suprématie culturelle française qui a duré des siècles. Ou bien, peut-être, est-ce, au-delà de notre continent, une forme de rejet de l'Europe.

L'arrogance francophobe m'offense personnellement, comme m'offensait l'arrogance des grands à l'égard du petit pays d'où je viens. Qu'on me pardonne d'être sentimental. Quand j'ai fini, en 1971, La valse aux adieux, j'étais profondément persuadé d'avoir mis un point final à ma carrière littéraire. C'était l'occupation russe, la période la plus dure de ma vie. Jamais je n'oublierai que seuls les Français me soutenaient alors. Claude Gallimard venait voir régulièrement son écrivain praguois qui ne voulait plus écrire. Dans ma boîte, pendant des années, je ne trouvais que des lettres d'amis français. C'est grâce à leur pression affectueuse et opiniâtre que je me suis enfin décidé à émigrer. En France, j'ai éprouvé l'inoubliable sensation de renaître. Après une pause de six ans, timidement, je suis revenu à la littérature. Ma femme, alors, me répétait : "La France, c'est ton deuxième pays natal."

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Jean-François Copé Carpette anglaise 2011

Jean-François Copé Carpette anglaise 2011

Copé anglicisation politique langue française

L'académie de la Carpette anglaise a attribué le 15 décembre le prix de la Carpette anglaise1 à Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, pour sa vigoureuse promotion de l’usage de l'anglais, de la maternelle aux grandes écoles, et sa volonté de faire de l'anglicisation de la télévision publique un des enjeux de son parti et de l'élection présidentielle. (lire le communiqué ci-dessous)

L'académie de la Carpette anglaise, dont ALF fait partie, a dû choisir parmi des "candidats" de haute valeur, notamment : François Hollande pour ses maillots "H is for hope" ;  Paul Delevoye, ancien Médiateur de la République, pour son rapport sur le "burn out" de la société française, Luc Chatel pour ses anglicismes répétés et surtout l'annonce de l'obligation d'apprendre l'anglais (seule langue étrangère possible) à la maternelle dès l'âge de trois ans ; Pierre Tapie, président de la Conférence des Grandes Écoles, qui veut rendre l'anglais langue principale de notre enseignement supérieur, y compris pour les étudiants français...
A quand une réaction massive des Français et des autres Européens non anglophones maternels contre cette offensive tous azimuts de l'empire anglo-saxon et de tous ceux que le philosophe Michel Serres qualifie de "collabos de la pub et du fric" ?
Albert Salon.

Communiqué de L’Académie de la Carpette anglaise

 L’académie de la Carpette anglaise1 s’est réunie le 15 décembre 2011. Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants du monde associatif2 et littéraire. Au deuxième tour de scrutin, par huit voix sur douze, la Carpette anglaise 2011 a été décernée à Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, pour promouvoir avec vigueur l’usage de la langue anglaise de la maternelle aux grandes écoles et pour faire de la télévision publique en anglais aux heures de grande écoute (sous-titré en français) un des enjeux de son parti et de la prochaine élection présidentielle (article disponible en ligne, intitulé "Les Français must speak english", 3 février 2011).

Le prix spécial du jury à titre étranger3 a été décerné au premier tour de scrutin, par onze voix sur douze, à la compagnie Ryanair, présidée par Michael O’Leary, pour avoir imposé, en Espagne, aux femmes enceintes de plus de vingt-huit semaines un certificat médical exclusivement rédigé en anglais, y compris pour les vols intérieurs (menaçant de ne plus desservir les aéroports ne se pliant pas à cette exigence). (AFP, Madrid, 13 septembre 2011.).

Anne Cublier, Hervé Bourges, Benoît Duteurtre, Alain Gourdon, Yves Frémion et Dominique Noguez sont membres de cette académie.


1 La Carpette anglaise, prix d’indignité civique, est attribué à un membre des "élites françaises" qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.

2 Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Courriel (Collectif unitaire républicain pour la résistance, l'initiative et l'émancipation linguistique), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).

3 Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
Courriel : parlerfranc@aol.com
Académie de la Carpette anglaise

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La SNCF rachetée par des fonds de pension « américains » ?

La SNCF rachetée par des fonds de pension "américains" ?

La SNCF rachetée par des fonds de pension "américains" ?

SNCF transports colonisation anglomanie

On pourrait le croire en voyant ce type de publicité matraquée pleine page dans force magazines. Slogan ricain (I WANT YOU), chapeau de l'oncle Sam ! La SNCF est prête à tout, pour faire "djeune", pour faire branchée et même à bazarder tout ce qui fait sa différence.

Il est vrai que prendre comme modèle le pays responsable de la crise financière actuelle qui a massacré ses services publics, qui n'a quasiment plus de lignes de chemin de fer, il fallait le faire ! Bravo Guillaume Pépy ! Que pensent les syndicats de ce bradage programmé. On commence par la langue, on continue avec les oripeaux des ses maîtres, que restera-t-il du service public ? Dernière chose Guillaume, la servilité, cela n'a jamais fait moderne, mais simplement servile ! MAR

Autre exemple frappant avec l'annonce de la création de lignes d'autocars SNCF pour concurrencer la société Eurolines : elles s'appelleront Speed (de quelle grande imagination servile ce nom glorieux est-il sorti ?) [lire ci-dessous la réaction de l'association Courriel et la question écrite posée à ce sujet par Jean-Jacques Candelier, député communiste du Nord ]


Saisi par Courriel, association progressiste de lutte contre le tout-anglais, le député communiste du Nord Jean-Jacques Candelier vient d’interpeler le gouvernement sur les pratiques linguistiques scandaleuses de la direction de la S "N" CF. Elle dynamite systématiquement la langue française à l’avantage de l’anglais en violation cynique de l’article 2 de la Constitution ("Le français est la langue de la République").
Que monte la protestation contre la POLITIQUE de substitution de l’anglais au français dans tous les domaines : enseignes, commerce, publicité, grandes entreprises, mais aussi services publics, recherche, université, grandes écoles, enseignements scolaires.
Qui donc a décidé, dans le dos du peuple français et des autres peuples d’Europe, de substituer le "Business Globisch" aux langues nationales d’Europe ? En quoi la destruction méthodique de la diversité culturelle et linguistique est-elle moins grave pour l’avenir de l’homme que la destruction de la biodiversité ? Georges Gastaud, président du Courriel

Question écrite
M. Jean-Jacques Candelier attire l’attention de M. le Ministre auprès de la ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, chargé des Transports sur l’usage de l’anglais par la SNCF.
Cette société vient de baptiser un projet "Speed". Nous avions déjà eu droit à "ID-Night", "S’miles" et "TGV-Family".
Il lui demande s’il compte donner des instructions aux dirigeants de la SNCF pour qu’ils cessent d’utiliser l’anglais au détriment du français, langue officielle en France.

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Contre l’anglais langue unique des manuels aéronautiques

Contre l'anglais langue unique des manuels aéronautiques
Lettre aux sénateurs (10/11/2011)

transports aviation américanisation

Madame et Messieurs les Sénateurs,

Au nom d'Avenir de la langue française et de nos associations de promotion du français et de la Francophonie, j'ai l'honneur de vous saisir à nouveau de cette question récurrente de l'emploi du français par la compagnie nationale Air France, en appui à la démarche reproduite ci-après du syndicat ALTER des pilotes de la compagnie française.

Air-France, renforcée de sa composante anglicisante KLM, cherche à nouveau à construire en France une barrière légale contre l'emploi du français dans le ciel comme au sol. Elle multiplie les pressions sur le législateur comme sur l'exécutif.

Vous vous souvenez de sa précédente tentative, par l'intermédiaire de la proposition de loi de Mme la Sénatrice des Esgaulx, à laquelle la représentation nationale, dans sa sagesse, fit échec à la suite de toutes nos interventions conjuguées.

Nous assistons aujourd'hui, conformément à ce que le président du syndicat ALTER expose dans sa lettre ci-dessous reproduite, à une nouvelle tentative. Celle-ci a malheureusement obtenu un premier succès en première lecture à l'Assemblée Nationale le 18 octobre.

Les 32 associations et les 12 mouvements et cercles de réflexion politiques qui ont manifesté en force le 18 juin 2011 pour la langue française et la diversité linguistique et culturelle du monde, devant le Panthéon puis dans une marche dans le Quartier latin, vous demandent d'employer toute votre énergie pour empêcher que la Haute Assemblée approuve le texte sur lequel elle sera appelée à délibérer, le 8 décembre, semble-t-il.

Veuillez, Madame et Messieurs les Sénateurs, recevoir l'expression de tout notre espoir, de notre gratitude, et de notre haute considération.

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien Ambassadeur, président d'Avenir de la langue française et du Forum francophone international (FFI-France), vice-président de Droit de comprendre, administrateur de l'Association francophone d'Amitié et de Liaison (AFAL), du Forum pour la France (FPF), de l'Union des Gaullistes de France (UGF), et du Cercle Nation et République (CNR).


Démarche du syndicat ALTER des pilotes d'Air France

Sur le fond : En quoi l’usage d’une documentation technique en anglais améliore la sécurité des vols lorsque celle-ci est utilisée par des pilotes dont la langue maternelle est en français ?

Sur le mémoire d’Air France : Contredisant l’affirmation d’air France, la plupart des documents techniques en vigueur à Air France sont en langue Française. Et cela même pour ceux concernant les avions de construction américaine comme le Boeing 747/400 !

Il est donc fallacieux d’avancer la sécurité des vols et justifier du caractère international et de sa soumission à des règles techniques uniformes qu’Air France utilise les documents concernés par cette cassation en langue anglaise.

S’agissant des manuels d’utilisation Boeing :
Air France utilise des Boeing 777 et des Boeing 747/400. Pour les Boeing 747/400 les manuels d’utilisation sont en langue française. Pour les Boeing 777 seule la troisième partie du manuel d’utilisation (il y a trois parties) est en langue anglaise. AIR France supporte donc bien la majeure partie de la traduction des manuels d’utilisation des Boeing qu’elle utilise.

S’agissant des fiches ATLAS, certaines parties de ces fiches sont en langue française. Contredisant par la même l’affirmation que ces fiches sont en langue anglaise.

S’agissant des manuels d’utilisation des aéronefs fabriqués par la société Boeing, celui du 747/400 est entièrement en langue française et celui du 777 n’a qu’une de ses trois parties qui est en langue anglaise. (Il est à noter qu’Air France exploite des Boeing 777 et des Boeing 747/400)

S’agissant de la convention de Chicago :
Il est utile de noter que dans sa note citée en annexe (pièce 1) en page 6 l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale demande que les pilotes doivent prouver leurs compétences linguistiques également dans la langue de la station sol.
De plus, il est utile de rappeler que les langues officiellement reconnues par l’OACI sont l’anglais, le français, le russe et l’espagnol et cela dès 1968 (pièce 2).

S’agissant de la convention de Chicago, nous voyons qu’à chaque article anglais correspond son homologue en français, ce qui traduit bien la volonté des législateurs de faire perdurer cette langue comme langue internationale utilisée en aviation civile.
De plus, contrairement à ce que voudrait faire croire Air France, les articles 28 et 37 de la convention de Chicago, concernent effectivement les services de communications, mais qu’à aucun moment ces articles n’imposent la langue anglaise (pièce 3).

S’agissant du règlement CE n°216/2008 pièce 4 :
A aucun moment dans ce règlement il est fait référence à une obligation d’une rédaction en anglais des manuels de vol.
Au contraire comme indiqué dans une partie de ce règlement (pièce 4), "Les informations nécessaires pour le bon contrôle de la conduite du vol et les informations relatives aux conditions pouvant compromettre la sécurité doivent être fournies à l'équipage, ou au personnel d'entretien, le cas échéant, d'une manière claire, cohérente et non ambiguë."
Or la fourniture d’une documentation en langue anglaise aux pilotes de la compagnie Air France, pilotes dont la langue maternelle est française, contredit cette volonté.

S’agissant de la circulaire du 19 mars 1996 concernant l’application de la loi n°94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française :
Si le législateur a prévu que " Sont exceptés des obligations ci-dessus :
Les documents reçus de l'étranger ou destinés à des personnes de nationalité étrangère, en particulier les documents liés à l'activité internationale d'une entreprise ;"
Les documents dont le syndicat ALTER a demandé la traduction ne sont destinés qu’aux seuls pilotes de la compagnie et à eux seuls. A aucun moment l’activité internationale de la compagnie Air France justifie que ses pilotes aient à "partager" ces documents avec d’autres salariés anglophones.
Car tous les documents visés par l’injonction à traduire permettent aux pilotes de la compagnie Air France d’exercer leur métier dans des conditions optimales de sécurité car ils sont rédigés dans leur langue maternelle. C’est ainsi l’esprit de la circulaire du 19 mars 1996 concernant l’application de la loi n°94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française "L'usage de la langue française est obligatoire pour :
Tout document comportant des obligations pour le salarié ou des dispositions dont la connaissance est nécessaire à celui-ci pour l'exécution de son travail ;
Sont, en particulier, considérés comme tels les documents comptables ou techniques nécessaires à l'exécution d'un travail (par exemple : les livrets d'entretien utilisés par un service de maintenance).
En outre, le respect des règles de sécurité à l'intérieur de l'entreprise implique que les modes d'emploi ou d'utilisation de substances ou de machines dangereuses d'origine étrangère et destinées à être utilisées dans une entreprise en France soient rédigés ou traduits en français."
De plus je m’interroge sur la fin de cet article qui fait référence au caractère dangereux de certaines machines dont les modes d’emploi ou d’utilisation doivent être rédigées en français. Pouvons-nous nous servir de cet argument ?
Enfin, lorsqu'Air France soutient que l’agence européenne de la sécurité aérienne, en charge d’approuver les manuels de vols, lesquels doivent être rédigés en anglais, langue de travail de cette agence, cela ne vient-il pas tout simplement dire que cette agence demande cela pour faciliter son fonctionnement ? C’est pour les documents qui lui sont donc destinés et elle n’impose nullement aux compagnies d’avoir en interne des documents en anglais.

S’agissant de l’amendement à l’annexe 1 de la convention de Chicago :
Air France ne cesse de faire l’amalgame entre les compétences en langue anglaise lors des échanges radio entre les pilotes et les contrôleurs aériens et ceci afin de distiller le doute. Or sur le fond, le syndicat ALTER ne demande la traduction que de documents que les pilotes de la compagnie Air France doivent parfaitement maîtriser afin d’assurer leur métier dans la plus grande sécurité pour leurs passagers et les autres membres d’équipage.
Mais si nous mettions tout de même de côté cet amalgame volontaire que fait la défense d’Air France, sur le point des compétences linguistiques exigées de la part des pilotes par l’annexe 1 de la convention de Chicago : comme le reprend le document de référence de la Direction Générale de l’Aviation Civile " En France, l’évaluation des compétences linguistiques ne portera que sur la langue française et sur la langue anglaise, qui sont les 2 langues utilisées par le contrôle aérien français."Le législateur reconnaît donc bien que la langue française est une langue reconnue par l’OACI.
De plus, le contrôle de cette compétence ne concerne que la partie orale et technique de la maîtrise de la langue anglaise : "Un contrôle de compétence en environnement IFR (ou VFR), comprend deux épreuves orales :

• Écoute de bande :
• Vol fictif :" le législateur reconnaît également qu’à aucun moment il ne mesure la capacité des pilotes à assimiler et à restituer une documentation technique écrite en langue anglaise.

S’agissant de l’instruction du 13 novembre 2009 relative à la langue des manuels de vol en aviation générale :
Il est reconnu dans cette instruction, qui ne reste qu’une instruction non paru au journal officiel :
"Les manuels de vol pour un appareil porté au registre d’immatriculation français qui jusqu’alors n’étaient acceptés qu’en français pourront également être acceptés en anglais."il apparaît donc que la normalité reste des manuels en français et que ceux en anglais pourront être acceptés alors que ce n’était pas le cas.
De même : "Si le propriétaire ou l’exploitant de l’aéronef estime nécessaire d’avoir un document en français accepté comme équivalent, il lui appartiendra de se procurer une traduction du manuel de vol en français sous sa seule responsabilité. Il lui incombe de s’assurer des compétences de la personne chargée de la traduction." Il apparaît là que ce que veut combattre Air France c’est le fait de la responsabilité de la traduction des documents anglais en langue française.


Proposition de loi relative à la simplification du droit et à l'allègement des démarches administratives, adoptée en 1ère lecture par l'Assemblée nationale le 18 octobre 2011, TA n° 750

Article 72 ter (nouveau)
Après l’article L. 6221-4 du code des transports, il est inséré un article L. 6221-4-1 ainsi rédigé :
"Art. L. 6221-4-1. – Les documents techniques nécessaires à la construction, à la maintenance, à l’utilisation opérationnelle des aéronefs et aux supports de formation dans ces domaines bénéficient du même régime que ceux mentionnés au dernier alinéa de l’article L. 1321-6 du code du travail."

Article L1321-6
Le règlement intérieur est rédigé en français. Il peut être accompagné de traductions en une ou plusieurs langues étrangères.
Il en va de même pour tout document comportant des obligations pour le salarié ou des dispositions dont la connaissance est nécessaire pour l'exécution de son travail.
Ces dispositions ne sont pas applicables aux documents reçus de l'étranger ou destinés à des étrangers.
Article L6221-4
Créé par Ordonnance n° 2010-1307 du 28 octobre 2010 - art. (V)
Les agents de l'État, ainsi que les organismes ou personnes que l'autorité administrative habilite à l'effet d'exercer les missions de contrôle au sol et à bord des aéronefs ont accès à tout moment aux aéronefs, aux terrains, aux locaux à usage professionnel et aux installations où s'exercent les activités contrôlées. Ils ont également accès aux documents de toute nature en relation avec les opérations pour lesquelles le contrôle est exercé.
En cas d'opposition du responsable des lieux, la visite ne peut se dérouler que conformément aux dispositions du titre Ier du livre VII de la première partie du présent code.

Parcours de l’amendement
Commission des Lois - 5 octobre 2011
Amendement CL111 présenté par M. Vannson
___

Article Additionnel
après l’article 72, insérer l’article suivant :
"Après l’article L. 6221-4 du code des transports, il est inséré un article L. 6221-4-1 ainsi rédigé :
"Art. L. 6221-4-1. – Les documents techniques nécessaires à la construction, à la maintenance, à l’utilisation opérationnelle des aéronefs et aux supports de formation dans ces domaines bénéficient du même régime que ceux mentionnés au troisième alinéa de l'article L. 1321-6 du code du travail."
Exposé sommaire
L’article additionnel après l’article 72 concerne l’utilisation de la langue anglaise dans les manuels aéronautiques. Il est réservé aux documents techniques nécessaires à la construction, la maintenance, l’utilisation opérationnelle des aéronefs et aux supports de formation dans ces domaines. Il leur permet de bénéficier du même régime que ceux mentionnés au troisième alinéa de l'article L.1321-6 du code du travail. Cet article n’a cependant pas vocation à affaiblir l’attachement des acteurs français du monde aérien à l’usage de la langue française dans les relations quotidiennes de travail. De larges pans de l’activité aéronautique française ne sont pas concernés par cet article additionnel.

L’article L.1321-6 du code du travail impose que tout document comportant des dispositions nécessaires au salarié pour l’exécution de son travail soit rédigé en français à l’exception des documents reçus de l’étranger ou destinés à des étrangers. Cette disposition s’applique aux entreprises et établissements industriels et commerciaux sans critère de taille. Pour l’utilisation opérationnelle, la construction ou la maintenance des aéronefs, ce secteur représente en France près de 650 entreprises dont un grand nombre de petites et moyennes entreprises.
Les considérations qui ont conduit à prévoir une dérogation générale au bénéfice des "documents reçus de l’étranger ou destinés à des étrangers" trouvent à s’appliquer en matière aéronautique. Néanmoins, la rédaction actuelle ne permet pas de prendre en compte la spécificité de ce domaine.
Au cours des vingt dernières années, le développement du transport aérien sur l’ensemble de la planète s’est accompagné d’un recours à l’anglais aéronautique, au vocabulaire très spécifique et très restreint, qui est pratiqué à titre exclusif par l’ensemble des acteurs.
Cette exclusivité garantit une communication claire et répondant à l’exigence essentielle de la sécurité.

Sans méconnaître l’importance de l’usage de la langue française, l’obligation juridique de traduction soulève des difficultés importantes pour les documents techniques nécessaires à la construction, à la maintenance à l’utilisation opérationnelle des aéronefs, volumineux, complexes, spécialisés, rédigés par les constructeurs de différentes nationalités, uniquement en langue anglaise. D’où de très grandes difficultés pour les actualisations fréquentes, du fait notamment des évolutions liées à la sécurité : traduire ces documents serait une opération délicate, parfois même discutable, coûteuse et excessivement longue. La terminologie utilisée dans les manuels correspond précisément aux indications et messages diffusés dans les cockpits.

Les avions "communiquent" en effet en anglais avec les pilotes. Les risques de contresens et d’imprécision peuvent être gravement préjudiciables à la sécurité.
La traduction systématique placerait les opérateurs français dans une situation difficile par rapport aux opérateurs étrangers qui, pour certains, exploitent le même réseau et les même dessertes que les opérateurs nationaux. De plus, elle ferait peser sur les constructeurs aéronautiques et leurs sous-traitants établis en France des sujétions considérables par rapport aux autres constructeurs étrangers.

Au niveau européen, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) utilise la seule langue anglaise pour la certification des aéronefs et pour la diffusion des consignes de navigabilité suite à des incidents, avec effet parfois immédiat. Ces documents sont directement applicables par toutes les entreprises aériennes européennes, leurs personnels ainsi que les autorités de surveillance des États membres de l’Union européenne. Dès lors, tant pour des raisons impérieuses de sécurité que par souci de compatibilité avec les pratiques internationales et européennes, une évolution législative s’avère nécessaire afin de clarifier le régime juridique applicables aux documents techniques de sécurité relatif à la construction, l’utilisation opérationnelle, la maintenance ou la navigabilité des aéronefs par rapport au principe général d’utilisation de la langue française.

Débats en Commission des Lois
Article additionnel après l’article 72 : (art. L. 6221-4-1 [nouveau] du code des transports) : Utilisation de la langue anglaise dans les manuels aéronautiques
Puis elle examine l’amendement CL 111 de M. François Vannson.

M. François Vannson.
Cet amendement répond à une demande formulée par la direction générale de l’aviation civile et concerne l’utilisation et la vulgarisation de la langue anglaise dans le domaine, très précis, des aéronefs.

M. le Président Jean-Luc Warsmann.
Nous sommes évidemment très attachés à l’usage du français. Mais il s’agit ici d’une question de sécurité pour les aéronefs

M. le rapporteur.
L’article 2 de la Constitution rappelle que la langue de la République est le français, mais le Conseil constitutionnel a précisé, en 1999, que l’usage du français s’imposait aux personnes morales de droit public et aux personnes morales de droit privé dans le cas précis de l’exercice d’une mission de service public. Le Conseil d’État a, quant à lui, jugé qu’il ne se déduisait pas de l’article 2 de la Constitution une obligation d’user du français dans les relations de droit privé. Dès lors, un tel amendement peut donc être admis.
La Commission adopte l’amendement CL 111.

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