Histoire de la langue française – 4 XVIe siècle

4) XVIe siècle

Histoire langue française XVIe siècle
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La Renaissance

Ordonnance de Villers-Cotterêts (15 août 1539)

Ordonnance de Villers-Cotterêts (15 août 1539)

C’est l’époque de la Renaissance venue d’Italie qui fait référence à l’Antiquité. Le domaine royal continue à s’agrandir : La Bretagne est réunie à la France en 1532 et la Lorraine en 1559. En 1530 François 1er fonde le Collège des trois langues (hébreu, grec, latin) qui deviendra le Collège royal puis le Collège de France, on y verra pour la première fois des professeurs s’exprimer en français.

C’est également le début de la reconnaissance officielle du français dans le domaine du savoir. Le 25 août 1539 François Ier prend l’ordonnance de Villers-Cotterêts stipulant que tous les documents administratifs et actes de justice "soient prononcez, enregistrez, & deliurez aux parties en langage maternel, François, & non autrement.". Dès le 13ème siècle on avait commencé à rédiger ces actes en langue vulgaire (français, picard, occitan...). Désormais le latin est exclu mais les dialectes aussi. C’est aussi l’époque de la Réforme et de l’opposition avec Rome. La Bible est publiée en français et Calvin fait partie des nouveaux prosateurs français.

D’autres domaines s’ouvrent au français : la géographie avec Jacques Cartier, la médecine avec notamment Amboise Paré, qui publie tous ses ouvrages scientifiques en français, Nostradamus publie ses Prophéties en français. C’est époque de grand foisonnement pour la littérature française avec Rabelais, les poètes de la Pléiade (Ronsard, du Bellay, Baïf, Belleau, Jodelle, Pontus de Tyard et Dorat) puis Montaigne. En 1549, Joachim du Bellay publie Deffense et illustration de la langue francoyse, livre-manifeste pour soutenir l’emploi du français comme langue de la littérature. Les collèges se développent mais le latin y reste dominant.

La langue

Les diphtongues disparaissent (autant ne se prononce plus aoutant), le e sourd s’efface, les consonnes finales ne se prononcent plus (pluriels, R des infinitifs prononcés é, T de petit...) ces lettres continuant à s’écrire. Des hiatus sont supprimés hardiement devient hardiment sans prononcer le e).

La prononciation savante se différencie de la prononciation populaire (chouse/chose, biau/beau) et la liaison se maintient pour lutter contre la chute des consonnes finales dans la langue populaire. L’utilisation des articles devient générale, y compris devant les mots abstraits. L’article indéfini des remplace uns, et les partitifs du, de la et des se mettent en place. Le pronom personnel se généralise. La syntaxe se latinise avec l’introduction de l’adjectif relatif lequel, laquelle. Le ne..pas ou ne...point remplace le ne simple.

La première grammaire française en français de Meigret est publiée ainsi que le premier dictionnaire français-latin de Robert Estienne (1539).

L’orthographe

On assiste à un abandon des caractères gothiques pour les caractères dits romains. Sous l’influence des graveurs et des imprimeurs (Étienne Dolet) l’orthographe se modernise. On emploie de façon plus régulière les majuscules, la ponctuation. J de Tournes utilise le J et le V en plus du I et du U permettant de supprimer les lettres de séparation (adiouster devenant ajouter). L’accord entre auteurs et typographes se manifeste chez les écrivains de La Pléiade, notamment Ronsard.

On y assiste à la suppression de beaucoup de lettres doubles et de lettres grecques non prononcées, l’introduction d’accents, é remplace EZ, le S remplace le Z comme marque du pluriel (amitiez devient amitiés), AN remplace EN.

Robert Estienne dans son dictionnaire francoislatin (1549) lui, réintroduit des lettres latines (nuict de noctem pour nuit), redouble les lettres (planette, secrette, appeler et appelle...) et s’oppose aux accents.

Le vocabulaire

C’est une époque de prolifération. Aux emprunts au latin, s’ajoutent les emprunts au grec soit directs (hygiène, phénomène, sympathie) soit par l’intermédiaire du latin. Les emprunts à l’italien sont nombreux, plus de 1000 termes aux 16ème et 17ème siècles surtout dans le langage courant (appartement, perruque, soutane...).

L’espagnol (bizarre, compliment, tomate), le provençal (badaud, cadenas, casserole...) et l’allemand (bière, halte, matois...) sont d’autres sources. Avec les découvertes et les voyageurs, de premiers emprunts sont faits aux langues indiennes d’Amérique du Sud.

Marc-Antoine Renard

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