Communication et enseignement scientifiques en langue française

Communication et enseignement scientifiques en langue française

Nécessité d'une politique linguistique de la recherche : Mémoire au Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, présenté par les associations

sciences associations langue française

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Message accompagnant le mémoire à destination de la Présidence de la République

Monsieur le Secrétaire Général, Madame la Directrice du Cabinet du Président de la République, Messieurs

L'avant-projet de loi portant réforme de l'enseignement supérieur, élaboré sous la responsabilité de Mme Geneviève Fioraso, contient une disposition qui réduit gravement le rôle du français comme langue d'enseignement dans nos universités et grandes écoles.

Aux termes de la loi n°665 du 4 août 1994, dite "loi Toubon", votée en application de l'article 2 de la Constitution modifiée, le français est la langue de l'enseignement, des examens et des concours.

Quelques exceptions de faible portée prévues par cette loi permettent toutefois, dans des cas précis, d'offrir des cours et conférences dans des langues étrangères.

Les partisans d'un véritable passage du français à l'anglais comme langue d'enseignement dans nos universités et grandes écoles ne se satisfont pas de ces quelques exceptions.

Ils essaient depuis des années de contourner la loi Toubon, faute de pouvoir obtenir son abrogation.

L'avant-projet de loi portant la réforme souhaitée par le gouvernement leur donnerait satisfaction puisqu'il insère un article - un de ses tout premiers - qui étendrait considérablement les exceptions, au point d'équivaloir en pratique à une abrogation discrète de la loi Toubon en matière d'enseignement supérieur.

Nos associations de défense et de promotion du français et de la Francophonie considèrent que cette démarche du MESR est contraire aux discours du Président et de plusieurs ministres de son gouvernement, et surtout à nos intérêts fondamentaux rappelés dans l'important Mémoire joint de 7 de nos associations, adressé à tous les responsables et milieux concernés.

Laisser filer notre enseignement supérieur à l'anglais, après avoir laissé filer les brevets européens sous le gouvernement précédent, c'est opérer le principal basculement de la France dans la sphère impériale mondialiste, et abandonner ce qui fait sa personnalité, sa force républicaine, l'unité de sa Nation, son rayonnement extérieur et la construction mondiale de la Francophonie.

Laisser - a fortiori faire - voter ce texte, qui donnerait au monde pour notre langue, la France et la Francophonie, un signal très clair de basculement de l'être vers le non-être, serait sans conteste une redoutable forfaiture.

La démarche en cause ne peut donc pas, à nos yeux, être celle de l'ensemble du gouvernement, encore moins du Président.

Nous pensons qu'il s'agit là d'une tentative de certains milieux mondialistes d'amener - en ricanant sous cape - ce gouvernement et cette majorité à couronner par une loi les efforts du précédent gouvernement, les rêves américains et anti-loi-Toubon des Valérie Pécresse, Richard Descoings, Pierre Tapie (tous "lauréats" successifs du prix annuel de l'académie de la "Carpette anglaise"), pour mieux inféoder la France à la finance impériale mondialiste.

Toutes nos associations françaises et québécoises de défense et de promotion du français et de la Francophonie, et non pas seulement les sept porteuses du Mémoire joint, demandent - à travers vous - au Président de la République de trancher, à son niveau qui est le seul approprié, cette question éminemment politique, avant que le projet de loi ne soit présenté au Parlement et - a fortiori si la loi venait à être votée avec cet article incriminé - avant un éventuel recours au Conseil Constitutionnel, sur

le fondement de l'article 2 de la Constitution de 1958, tel qu'il fut modifié en 1992 par l'ajout : "La langue de la République est le français".

Nos associations savent bien que, dans ce domaine comme dans d'autres où le recours souhaité à un referendum paraît exclu tant la réponse du peuple est redoutée, il faut trouver d'autres voies pour faire remonter politiquement la vox populi.

C'est le sens de la campagne lancée il y a quelques mois en faveur du français par 40 associations - les quarante qui avaient au printemps 2012 demandé aux candidats à la Présidence de la République, puis aux candidats à la députation, de souscrire "10 engagements" pour notre langue.

Cette campagne "Communes de France pour la langue française" vise à rassembler assez de votes de notre manifeste franco-québécois par des conseils municipaux dans toute la France pour équivaloir, en fin de compte, à un referendum d'initiative populaire. Nous escomptons son succès avant les élections municipales de 2014.

Mme Geneviève Fioraso a été la première saisie de notre démarche. Notre lettre de saisine est reproduite ci-dessous.

Elle a été adressée en copie à Mmes Aurélie Filippetti et Yamina Benguigui.

Les parlementaires vont être saisis à leur tour.

Divers mouvements français et québécois, et des médias, suivront.

Au nom des sept associations signataires de l'important Mémoire joint, dans l'espoir que vous voudrez et pourrez empêcher le vote de cette très large ouverture de nos universités et grandes écoles à l'enseignement en anglais, en substitution progressive et rapide au français, nous tous vous prions d'agréer l'expression de notre considération inquiète.

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur dans l'Ordre national du Mérite, président d'Avenir de la langue française.

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