15 ans d’espérance, Philippe Rossillon, pour les 20 ans d’ALF

15 ans d’espérance
(in memoriam Philippe Rossillon,
pour les 20 ans d'ALF
)

Philippe Rossillon

langue française association Rossillon : Nous nous associons pleinement au bel hommage rendu par Hubert Joly, Secrétaire général du Conseil international de la Langue française (CILF) à Philippe Rossillon.
Car Philippe fut notre "Paladin" modèle, le créateur ou inspirateur de diverses institutions françaises et internationales de promotion du français et de la Francophonie, de l’ancêtre de la DGLF à l’ancêtre de l’OIF, en passant par tant d’autres. (lire également, plus bas, l'Hommage à Philippe Rossillon d'Yves Montenay)

Sans oublier notre ALF, dont il fut en 1992 le co-fondateur avec Dominique Noguez, Dominique Gallet, et l’actuel président.
Nous pensons beaucoup à lui en ce 20ème anniversaire de la fondation d’ALF. Avec nos amis acadiens et québécois, wallons et bruxellois, romands et jurassiens, haïtiens et louisianais, valdotains et seychellois, nous nous souvenons de toutes les lances rompues par Philippe en faveur des communautés francophones du monde entier.
Après lui, nous nous battons et espérons !
Feu son - et notre - grand ami Jean-Marc Léger continue, associé à Philippe, à nous inspirer lui aussi.
Ils sont avec nous, en corsaires unis d'une époque à épopée.
Il faut recréer une époque comme celle-là ! Albert Salon.


Non vraiment ! Il n’est pas d’usage de prononcer deux fois, fût-ce à quinze ans de distance, l’éloge d’un ami, surtout si, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui, il s’agit d’un éloge funèbre, avec l’autorisation de Véronique.

Pourtant, c’est bien ce que je vais faire puisque Philippe Rossillon est mort le 6 septembre 1997…
Quand je pense à lui, je ne parviens pas à imaginer qu’il serait à cette heure un vieux monsieur de 81 ans. Cela dépasse mon entendement.

Je le vois encore avec sa vaste intelligence, sa connaissance approfondie de l’Histoire, son esprit fertile jamais à court d’une initiative, d’un échafaudage de combinaisons, son humour de merveilleux conteur, et cette chose devenue si rare, son patriotisme sans faille.

Je repense aussi aux membres de sa bande, que je cite pêle-mêle, notre fidèle ambassadeur de France, Bernard Dorin, le wallon Lucien Outers, le sénateur Jean Humblet, le jurassien Roland Béguelin. C’était un régal, un festival, d’assister à leurs discussions. Si les premiers avaient une intelligence lumineuse et savaient jouer plusieurs coups à l’avance, il n’y a qu’un seul mot pour qualifier Philippe : il pétillait.

Ah ! Qu’il en a donné du fil à retordre à quelques-uns ! Que de fécondes initiatives n’a-t-il pas su prendre au Haut comité de la langue française ou, plus tard, à l’Union latine ! Que de coups tordus n’a-t-il pas fomentés dans sa cervelle à l’imagination sans limite !
L’avant-veille de sa mort, j’étais dans son bureau avec Bernard Dorin. Ce jour-là encore, nous nous sommes payé quelques tranches de fou rire que je ne suis pas près d’oublier….
Quinze ans plus tard, que reste-t-il de tout cela ? Bien sûr, un souvenir très brûlant de ces années de travail en commun, même si les figures d’autrefois, Martial de la Fournière, Xavier Deniau, Michel Têtu, Marc Blancpain, Jean-Marc Léger, nous ont, tour à tour, quittés. C’était une francophonie "indomptable et fière, sans frein, ni rênes d’or". Une impulsion toujours vivante à Haïti avec Véronique, à Québec, en Acadie, et même en Louisiane.
Beaucoup de jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connu cette époque héroïque et nous, qui restons, sommes devenus très légèrement chenus.
L’enthousiasme que Philippe nous a communiqué reste intact. Nous croyons toujours en les capacités de la France ainsi qu’aux nécessaires solidarités d’une francophonie qui s’affirme, ne serait-ce que numériquement, malgré toutes les vicissitudes de la politique internationale.
Mais au fond des fonds, il me semble qu’avec lui, et bien entendu avec le Général, tous, quoique "recrus d’épreuves" comme le dit la chanson, nous n’avons jamais eu qu’un seul et unique programme : "guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance !"

Hubert Joly


Hommage à Philippe Rossillon par Yves Montenay
(paru dans Échos du monde musulman n°152 (4 mai 2012)

Puisque nous parlons de situation du français, signalons que l'association Avenir de la Langue Française fête ses 20 ans et rend hommage à son fondateur Philippe Rossillon, disparu le 6 septembre 1997 et avec lequel j'ai travaillé dans les années 1960 à 1980. Philippe Rossillon a passé sa vie à tisser des liens entre les pays "francophones" et tous leurs acteurs, notamment leurs responsables et leurs médias. Il a lancé ou encouragé de nombreuses organisations multilatérales officielles, associatives ou privées, a poussé le gouvernement français à les appuyer et, en cas de refus, a rajouté l'argent de sa famille. Il rencontra moins d'enthousiasme en France que dans les pays du Sud et au Québec (contrairement à un fantasme tenace, encore rappelé ci-dessus à propos du Maroc, le mouvement francophone n’a rien de colonial et est d’ailleurs largement négligé par les gouvernements français).

Dans le monde musulman, Philippe Rossillon fut aux côtés du Maroc avec Allal el Fassi, de la Tunisie avec Bourguiba, de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina Faso, du Sénégal et du Niger. On se souvient que les dirigeants de ces deux deniers pays, Léopold Cedar Senghor (avec le plein accord des Mourides et de la Tidjanya) et Hamani Diori furent, avec Habib Bourguiba, les "inventeurs" de la Francophonie (traité de Niamey du 20 mars 1970).
Philippe Rossillon avait également de nombreux amis en Égypte, au Liban et en Syrie.

Yves Montenay

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