Hommage à un grand francophone – Dominique Gallet

Hommage à un grand francophone : Dominique Gallet

Dominique Gallet Francophonie langue française

Nous apprenons avec une grande tristesse la disparition de Dominique Gallet qui a été l'un 3 fondateurs de notre association Avenir de la Langue Française dont il a été secrétaire général durant sa première année (1992-1993). Il a été un grand Francophone, aussi bien avec son magazine Espace francophone, diffusé par une trentaine de télévisions nationales qu’il a fondé en 1982 avec Mona Makki, que dans tous les combats pour la langue française et la Francophonie.

Parmi les hommages rendus hommage à Dominique Gallet : citons celui du poète Amadou Lamine Sal, "Dominique Gallet a beaucoup servi la Francophonie. Ses écrits, son œuvre toute entière et ses actions font de lui le pèlerin le plus avancé qui ait porté loin, très loin, la voix de la Francophonie".


Dominique Gallet, né en 1947, était le producteur-délégué du magazine Espace francophone, qu’il a fondé en 1982 avec Mona Makki, rédactrice en chef du magazine. Espace francophone est une émission hebdomadaire diffusée par France 3, les chaînes de l’outre-mer français, Canal France International (CFI), Télé-Bruxelles, et une trentaine de télévisions nationales du Sud.

En 1965, à dix-huit ans, il fut l’un des animateurs du mouvement des jeunes gaullistes (UJP).

De 1970 à 1973, il a été conseiller artistique au Service central des textes et projets d’émissions de l’ORTF dirigé par l’écrivain Georges-Emmanuel Clancier.

De 1981 à 1985, secrétaire général de l’institut France-Tiers-Monde, il a présidé les quatre Conférences internationales pour l’identité culturelle qui se sont tenues successivement à Paris (à la Sorbonne, à l’Académie diplomatique internationale, à la Maison des cultures du monde) et à Dakar (au Centre de Congrès).

En septembre 2003, il a été nommé membre du Conseil supérieur de la langue française (ministère de la Culture et de la Communication).

Dès le 15 septembre 1969 il publiait dans Le Télégramme de Paris, sous le titre "La francophonie contre l’impérialisme", un article qu’il concluait ainsi : "Enfin et surtout, il faudrait jeter les bases d’une communauté francophone des nations. Cette communauté serait en définitive une communauté politique, non pas parce qu’elle favoriserait une politique nationale ou une idéologie, mais bien parce qu’elle s’opposerait objectivement à toute tentative d’hégémonie planétaire. Nous espérons qu’il existe à la tête de l’État une volonté de promouvoir une telle communauté. Le rêve du poète Senghor doit devenir réalité".

Depuis, il a consacré de nombreux écrits à la Francophonie et au combat pour la diversité culturelle, notamment : "L’atlantisme culturel" (Le Monde, 10 novembre 1979), "Dialogue pour l’identité culturelle" (Anthropos, 1981, préface et direction), "Langue française, définir une stratégie" (Le Monde, 17 janvier 1981), "Contre l’uniformisation planétaire des images" (Le Monde diplomatique, août 1987), "La francophonie en péril" (Le Figaro, 8 septembre 1992), "Pour une ambition francophone - le désir et l’indifférence" (L’Harmattan, 1995), "Impasse du “tout-anglais" (Marianne.net, 19 janvier 2012).

Dominique Gallet était chevalier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre des Arts et Lettres, commandeur de l’ordre royal du Sahametrei (Cambodge) et chevalier de l’ordre de la Pléiade (Assemblée parlementaire de la Francophonie).

Dominique Gallet est décédé à Paris le 14 mars 2015.


Ses obsèques ont eu lieu le 24 mars 2015. Parmi les personnalités qui ont honoré sa mémoire : Jean-Pierre Chevènement, Dominique Noguez (autre fondateur d'ALF), Clément Duhaime qui a lu avec émotion le beau discours de son compatriote québécois Jean-Louis Roy co-rédacteur avec Dominique Gallet de notre manifeste des Communes, le chanteur Yves Duteil qui a chanté un couplet de "La langue de chez nous", Xavier North ancien directeur général de la DGLGLF et Stélio Farandjis, ancien secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie. Avenir de la Langue Française était représentée par son président Albert Salon, Thierry Burkard et Gérard Verroust.

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Juillet 2015 : 2e Forum de la Langue française à Liège

Juillet 2015 : 2e Forum
mondial de la Langue française à Liège

Du 20 au 23 juillet 2015, à Liège se tiendra le deuxième Forum mondial de la Langue française organisé par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le premier s'était tenu en juillet 2012 à Québec. En juillet 2015, les thèmes de la jeunesse et de l'environnement seront dans l'air du temps. Mais, beaucoup plus largement, ce Forum fournira l'occasion de rencontres et alliances utiles entre associations et militants pour le français, et d'échanges de documents et d'informations sur les actions menées par eux dans leurs pays respectifs.

Liège étant très proche de Paris à tous égards, ALF engage vivement ses adhérents, ses sympathisants et tous les militants pour le français à y aller, à y apprendre des autres, à y diffuser nos idées, à y promouvoir nos actions, notamment l'extension notre campagne des Communes pour la langue française aux pays et communautés de la Francité (de langue maternelle française) !

Les informations concernant ce Forum mondial se trouvent sur le site dédié : www.forumfrancophonie.org/

Albert Salon.

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2015 : année et début de cycle François 1er ?

2015 : une année et un début de cycle François 1er ?

Pour le français et la Francophonie

langue française politique : En 2015, les friands de célébrations de centenaires ont le choix : Lusitania et guerre sous-marine ; génocide des Arméniens en 1915 ; Waterloo en 1815 ; mort de Louis XIV et chute en Régence en 1715… Célébrons plutôt les 500 ans de l’avènement de François 1er.

Dans le flottement des "valeurs républicaines", après les évènements de janvier 2015 en France, la manifestation du 11 et ses détournements, l’action de François 1er prend en effet une résonance très moderne. Le roi imprimé dans nos mémoires par le "Marignan-quinzecentquinze" est beaucoup plus que cette victoire, renversée à Pavie. Inspirateur et moteur de la Renaissance à la française, il vit surtout par ses actes déterminants dans nos domaines, marqués par quatre dates : 1530, 1534, 1535, 1539.

Créé en 1530, le Collège de France apporte une liberté nouvelle pour une époque de sclérose universitaire. Y être nommé professeur est la distinction suprême. Ses cours non diplômants de haut niveau gratuits et ouverts à tous sans inscription, en toutes disciplines, en font toujours un foyer rayonnant, qui tranche dans un "enseignement supérieur loi Fioraso". Qu’il nous inspire pour abandonner la doxa du globish-pour-tous aliénant et vassalisant !

Envoyé en 1534 aux Amériques, Jacques Cartier prend pied au Canada. Le roi avait dénoncé le prétendu "testament d’Adam" : le traité de Tordesillas de 1494 réservant le "nouveau monde" aux empires espagnol et portugais. Affirmant le droit à une expansion française outre-mer. D’abord sur elle repose la construction de cette francophonie que nos "élites" négligent, voire bradent. Alors que maints rapports vantent son potentiel. Tels ceux, brillants, en 2014, des éminents socialistes Pouria Amirshahi et Jacques Attali. Aujourd’hui, hors de tout néo-colonialisme, il faut enfin vivifier la Francophonie, liée à la valorisation de nos DROM-COM et 11, 2 Mkm2 d’espace maritime. Après le Sommet de 2014 à Dakar, l’heure est aussi à la coopération partout entre les sociétés civiles francophones, à commencer par celles des pays, communautés et collectivités locales, de langue maternelle française principale. ALF, pour sa part, cherche à étendre sa campagne "Communes pour la langue française" aux communautés francophones hors de France.

En 1535, notre "empereur en son royaume" conclut avec Soliman le Magnifique le traité qui donnait à la France l’exclusivité de la protection de tous les chrétiens dans l’immense empire ottoman alors à son apogée, donc une dimension mondiale à sa vocation politique et culturelle. Ce fut la base principale, confortée aux 17ème puis 19ème siècles, de notre dense réseau d’influence culturelle dans le monde entier. C’est aussi un exemple de contournement de l’empire alors le plus dangereux pour nous : celui des Habsbourg. A suivre aujourd’hui pour desserrer, en direction de la Russie et de la Chine, l’étau de l’actuel empire anglo-saxon.

En 1539, le grand Valois édicte l’ordonnance de Villers-Cotterêts, faisant du français la langue officielle du royaume, non point contre les langues régionales, mais contre le latin. Aujourd’hui, avec l’État propriétaire et la municipalité de Villers-Cotterêts qui a voté notre manifeste des Communes, nos associations entretiennent leur grand projet pour le château des Valois et Orléans et son vaste domaine. Mais la grande actualité de l’ordonnance, toujours en vigueur, tient à un possible regain d’intérêt pour la langue française et son enseignement (cf. notre article de JL Chédin). Au-delà de nos associations, des syndicats, et le gouvernement lui-même, proclament la nécessité et le devoir, à l’école et au-dehors, de revenir au français et à nos fondamentaux."Il n'y a pas d'accès possible à la culture, au jugement, si on ne maîtrise pas le français", martelait le 21 janvier le président de la République lors de ses vœux à l'Éducation nationale. Au lendemain des attentats, la "maîtrise de la langue française" est proclamée "axe prioritaire"."La citoyenneté à l'école, c'est contribuer au sentiment d'appartenance à la communauté nationale, qui passe d'abord par notre langue commune, le français", expliquait le 13 janvier Mme Vallaud-Belkacem."Chiche, M. le Président, on ose !" répondait le syndicaliste Jean-Rémi Girard, (SNALC)."Un renforcement de l'enseignement du français : Oui ! Mille fois oui ! Qu'on arrête de le dire, et qu'on le fasse, une bonne fois pour toutes !" Revenons donc au français, avec des horaires appropriés, au lieu du globish chéri des bobos. Et à l’histoire.

Alors : 500 ans après 1515, cette année "2015 François 1er" pourrait-elle inaugurer un cycle de renouveau pour le français, la Francophonie organisée, notre action culturelle dans le monde, et pour une redécouverte par la France d’un "Grand Large" trop souvent négligé, à grand dommage, au profit de la chimère du pouvoir continental européen ? Albert Salon

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Palmes 2014 de la collaboracheune

Palmes 2014 de la collaboracheune

Relay Air France Accor Loches collaboration colonisation

Pour terminer l'année 2014 revenons sur quelques cas emblématiques de la collaboracheune (ou du frédéric-martelisme*) parmi les hélas nombreux adeptes de cette soumission coloniale.

La chaîne Relay qui vend la presse dans les gares, les stations de métro, les aéroports. Cette chaîne issue des bibliothèques de gare fondées par Hachette, devenues Relais H puis Relay pour faire plus anglo-saxon mais cela ne suffisait pas cela pouvait encore se prononcer à la française un crime pour y remédier un slogan affiché en énorme sur tous les points de vente en langue coloniale :

Be happy, be curious, be zen, be positive, be relax, be Relay (y'en a la dedans !)

 

Relay :
à éviter en priorité !

tant que cette chaîne, appartenant au groupe Lagardère (groupe parait-il français qui traite avec l'État) ne respectera pas la langue du pays qui l'a nourri et qui le fait vivre.
Cela aura de plus, l'intérêt de favoriser les kiosquiers indépendants qui eux respectent en général notre langue
.


Air France : soi-disante compagnie nationale dont le slogan est devenu "France is in the air" pourquoi voler avec une compagnie qui massacre notre langue ?
le groupe Accor qui en décembre 2014 fait toute une campagne dans les journaux français rédigée à 80 % en anglais : Évitez-le !
La crétinerie à la Lochoise (ville de Loches) et son grotesque I Loches you (quelle imagination !)

La région Limousin et son aussi grotesque publicité coloniale Are you Lim ?

 


* frédéric-martelisme : du nom de Frédéric Martel qui prône l'alignement général sur la culture états-unienne et le remplacement du français par un sabir à base d'anglais. (voir l'article qui lui est consacré)

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Pierre Moscovici Carpette anglaise 2014

Pierre Moscovici Carpette anglaise 2014

La Carpette nouvelle est arrivée !

Moscovici anglicisation carpette langue française

Communiqué de l’Académie de la Carpette Anglaise

Réuni chez Lipp le 17 décembre 2014, sous la présidence éclairée de Philippe de Saint Robert, le jury composé de représentants du monde littéraire1, politique et associatif2, a décerné le prix de la Carpette anglaise 2014 à un membre des "élites françaises" qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.

A été distingué, au premier tour de scrutin, M. Pierre Moscovici, membre de la Commission européenne pour avoir adressé à M. Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, une lettre entièrement en anglais.

Le prix à titre étranger3 a été attribué, au premier tour de scrutin, à Mme Paula Ovaska-Romano, directrice du Département pour les langues et directrice déléguée de la Direction générale de la traduction de la Commission européenne, pour avoir violemment tancé en anglais une responsable associative qui la sollicitait en italien et avoir qualifié, à cette occasion, l’italien de "langue exotique".

Que déshonneur leur soit rendu !

Contact : Marc Favre d’Échallens, Secrétaire de l’Académie de la Carpette anglaise.

Courriel : parlerfranc@aol.com Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, et Avenir de la langue française, 34 bis, rue de Picpus, 75012 Paris.


1 Hervé Bourges, Benoît Duteurtre, Paul-Marie Coûteaux sont membres de l’académie de la Carpette anglaise.

2Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), le Collectif unitaire républicain pour la résistance, l’initiative et l’émancipation linguistique (COURRIEL), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DdC).

3Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

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Sommet de la Francophonie de Dakar – vigilance

Sommet de la Francophonie de Dakar : vigilance !

Francophonie politique OIF Dakar

Le Sommet a tenu sa 15ème session, les 29 et 30 novembre 2014 à Dakar, en présence des représentants – dont trente-trois chefs d’État et de Gouvernement - de la quasi-totalité des quelque 80 membres de l’Organisation internationale de la Francophonie, et d’observateurs de pays non membres de l’OIF, dont l’Algérie.

Les thèmes officiels – femmes et jeunesse - ont été traités avec les recommandations consensuelles de rigueur.

Mais, selon des analystes objectifs, ce Sommet a marqué une évolution inquiétante.

Il laisse entrevoir, non la vraisemblance, mais la possibilité d’un effritement, voire d’une lente sape par les ennemis de la Francophonie organisée (OIF). En effet :

  • La vieille et utile idée d’ajouter un fort contenu économique et commercial à la Francophonie organisée, surtout culturelle, a été, certes, réaffirmée fortement lors de ce 15ème Sommet, dans la ligne des rapports de Pouria Amirshahi en 2013 et de Jacques Attali en 2014. Mais la volonté réelle des partenaires principaux et les mesures concrètes à prendre ne sont guère présentes. Guère plus qu’après le Sommet de 1997 à Hanoï : la conférence des ministres de l’économie et des finances alors décidée eut bien lieu en avril 1998 à Monaco, sous la présidence du Français Dominique Strauss-Kahn ; mais elle fut "neutralisée" par les pays du Nord.
  • La fâcheuse tendance à l’élargissement indéfini à de nouveaux membres, de moins en moins francophones, se poursuit. Après le Qatar en 2012 ont été, en novembre 2014, admis en qualité d’observateurs le Mexique, le Costa Rica, et le Kossovo, peu francophones, et auxquels il n’est même plus demandé sérieusement de renforcer la langue française dans l’enseignement, les media et même les relations diplomatiques internationales, et à l’ONU. Si l’affluence de candidats à l’entrée peut donner aux mal informés l’impression d’une bonne santé de l’Organisation, les crédits étant, eux, en baisse, cette simple apparence cache un réel danger de dilution, et d’affadissement.
  • La succession de M. Abdou Diouf, difficile compte tenu de la personnalité de cet ancien Président de la République du Sénégal qui a su, en douze ans (trois mandats de 4 ans) renforcer l’OIF sur la scène politique internationale, et contribuer, en haut sage africain très respecté, à la résolution de conflits en Afrique, n’a pu être assurée de manière satisfaisante. Selon une sorte de pacte conclu en 1997 au Sommet de Hanoï la succession de M. Boutros Boutros Ghali, ancien Secrétaire général de l’ONU, le poste de Secrétaire général de l’OIF, alors créé, devait aller à l’Afrique francophone, dont les pays constituent le groupe continental le plus nombreux au sein de l’Organisation. Or, c’est une candidate du Nord, une Canadienne, qui a été élue, dans des conditions qui restent contestées.

En effet, faute de candidatures crédibles d’anciens chefs d’État africains (ou autres, par exemple : libanais), susceptibles de recueillir une majorité, le Canada fédéral a pu, au terme d’une longue campagne très déterminée et active, voire acharnée jusqu’au dernier moment, obtenir l’élection de son ancien gouverneur général, Mme Michaëlle Jean, représentante à Ottawa de la reine du Royaume Uni et du Commonwealth.

Mme Jean est une très avenante mulâtresse haïtienne de moins de 57 ans, immigrée depuis longtemps au Québec. Journaliste connue à Radio Canada, elle épousa le cinéaste français Jean-Pierre Lafont. Elle eut, avec son mari, une présence active dans les milieux indépendantistes québécois. Elle accéda aussi à la nationalité française avant de l’abandonner afin de pouvoir être nommée gouverneur du Canada par les habiles gouvernements d’Ottawa et de Londres. Elle n’a exercé aucune haute responsabilité politique vraiment exécutive, celle de gouverneur étant là-bas essentiellement honorifique et protocolaire. Elle ne possède pas une réelle connaissance de l’Afrique, continent principal pour l’avenir de la Francophonie. Beaucoup d’Africains sont marris de son succès, pour n’avoir pu s’entendre sur l’un des leurs. Ni, du reste, sur le Mauricien Jean-Claude de l’Estrac, peut-être le meilleur de tous, plusieurs fois ministre dans son pays, Secrétaire général de la Commission de l’Océan indien qui est en majorité francophone. Il est vrai qu’il n’est pas d’Afrique continentale, ni ancien chef d’État. Mais il avait présenté partout un programme cohérent et attrayant, soutenu par divers gouvernements africains et asiatiques et par nos sociétés civiles du Nord. D’aucuns avaient espéré son élection jusqu’au dernier moment. Il eût aussi fallu pour cela qu’il eût été mieux soutenu par les membres européens de l’OIF, particulièrement par la France, ce qui ne fut pas le cas, malgré diverses assurances reçues par lui à Paris.

M. de l’Estrac a pu, dans une conférence de presse, inusitée en pareille circonstance, déplorer ce qu’il a pu ressentir comme une trahison de la part de pays africains qui s’étaient engagés à le soutenir, et du Président français, bizarrement acquis à la candidature de Mme Jean.

Les observateurs avertis savent que le Canada fédéral, contrairement au Québec, est en Francophonie un peu pour ses communautés francophones qu’il laisse fondre hors Québec, mais beaucoup pour encadrer et surveiller le Québec "Belle Province", depuis la création de la timide ACCT en 1970 à Niamey, et plus encore depuis le premier Sommet réuni en février 1986 à Paris et Versailles par le Président Mitterrand. Ainsi que pour faire pièce à un allié-ami et néanmoins concurrent-ennemi : la France. Aussi pour développer les affaires avec l’Afrique. Mais ce dernier objectif ne saurait être condamné ici, car largement partagé par la France, le Vietnam, la Belgique, la Suisse, le Qatar, et bien d’autres pays membres.

Dans divers milieux québécois, on regrette que l’élection d’une personne du Nord au Secrétariat général de l’OIF entraîne le départ de M. Clément Duhaime, leur compatriote compétent et respecté. En effet, en vertu d’une tradition bien ancrée, le poste clé d’Administrateur général va à une personne du Sud si le Secrétaire Général vient du Nord, et réciproquement.

Ne va-t-on pas aussi là-bas, et ailleurs, jusqu’à faire, à Mme Jean et à Ottawa, un procès d’intention : celui d’une sorte d’OPA sur l’OIF au profit du Canada fédéral et de l’empire anglo-saxon. Quitte, logiquement, à prouver la justesse de la prévision d’un Bernard Kouchner qui voyait dans " l’anglais, l’avenir de la Francophonie" ?…

Les associations concernées, inquiètes, refusent pourtant ce scénario catastrophe.

Elles sont, tout en restant particulièrement vigilantes, prêtes à donner toutes ses chances à Mme Jean, à sa sensibilité, son intelligence, à son souci de laisser une marque digne d’elle dans l’histoire de la construction de la Francophonie

Elles travaillent simplement à développer la solidarité et la coopération entre associations de France, du Québec, de Wallonie-Bruxelles, de Suisse, et d’autres communautés francophones, y compris en Afrique, en Amérique centrale et en Asie, pour faire face à toutes éventualités.

Elles peuvent retrouver ainsi l’esprit, le bouillonnement très fécond de la décennie que, dans les années 1960, avant la création en 1970 de l’ACCT, on a appelé la Francophonie des ONG.

Albert Salon, président d'ALF, docteur d’État ès-lettres, ancien conseiller culturel puis ambassadeur français.

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Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie

Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie

Francophonie OIF Michaëlle Jean

La Canadienne d'origine haïtienne Michaëlle Jean a été désignée dimanche 30 novembre pour prendre la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie. Elle occupera son poste de manière effective au 1er janvier 2015. Elle succède à Abdou Diouf, aux commandes de l'institution depuis 12 ans.
RFI La Canadienne Michaëlle Jean à la tête de l’OIF: un choix inédit
Le Monde La Canadienne Michaëlle Jean secrétaire générale de la Francophonie
Courrier International : Michaëlle Jean, l'exception culturelle francophone

OIF La déclaration de Dakar et les résolutions du sommet

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L’Europe sera multilingue ou ne sera pas !

L’Europe sera multilingue ou ne sera pas !

Europe langues politique : Le Comité de coordination pour la démocratie linguistique en Europe qui réunit 14 associations européennes a envoyé au président de la commission européenne Jean-Claude Juncker l'Appel du 26 septembre lancé lors de la Journée européenne des langues : "L’Europe sera multilingue ou ne sera pas" dont le texte suit.


L’Europe sera multilingue ou ne sera pas !

Les institutions de l’Union européenne, en donnant la préférence à l’anglais pour en faire pratiquement la langue unique de l’Europe, violent les traités européens.

Le choix de l’anglais comme langue dominatrice procure des avantages massifs, d’ordre économique et politique, aux citoyens de l’UE dont il est la langue maternelle.

Les citoyens de l’UE qui ont d’autres langues maternelles que l’anglais deviennent des étrangers dans l’Union et prennent de moins en moins part à la démocratie de l’Union.

Les langues européennes autres que la langue dominatrice perdent de plus en plus de leur importance culturelle ; l’identité culturelle des pays où elles sont pratiquées est dangereusement lésée. L’Union européenne perdra son droit à l’existence si elle n’arrête pas l’évolution actuelle vers 1’unilinguisme, et si elle ne revient pas à la pluralité linguistique.

C’est pourquoi, nous appelons les citoyens européens à mettre en œuvre toute leur influence politique afin de lutter contre la régression de l’Europe vers l’unilinguisme.

L’Union européenne est née en tant qu’association libre de pays européens dans une entité supranationale, assurant le pluralisme et l’égalité des droits de tous les peuples participants.

Pour la première fois dans l’Histoire, les pays européens ont décidé d’unir leurs destinées dans un projet d’intégration mettant fin à toute division, à tout conflit, à toute velléité de domination.

Un projet européen de cette taille ne saurait se concevoir sans le respect absolu de l’identité des pays qu’il rassemble, de leur culture et du multilinguisme qui en est l’expression tangible et l’essence même, la condition nécessaire à sa réussite.

L’article 217 du traité instituant la Communauté économique européenne, signé à Rome le 25 mars 1957, stipule : "Le régime linguistique des institutions de la Communauté est fixé, sans préjudice des dispositions prévues par le statut de la Cour de justice, par le Conseil statuant à l’unanimité." Cet article n’a jamais été changé, malgré toutes les modifications que le traité a subies par la suite. N’a pas changé non plus le règlement d’application (1) où on lit : "Les langues officielles et les langues de travail sont la langue française, la langue italienne, la langue néerlandaise et la langue allemande." À ces quatre premières se sont ajoutées, au fur et à mesure des adhésions, les langues des nouveaux pays membres. Ce fait souligne l’importance accordée à la langue de chaque pays dans le contexte de l’intégration des peuples européens.

Dans la réalité, cependant, ces dispositions ne sont pas appliquées, ce qui rend difficile la participation effective du citoyen européen, qui finit par regarder les institutions européennes comme des entités lointaines et artificielles. L’absence, dans la pratique, d’un véritable multilinguisme, accroît de façon exponentielle la distance entre les citoyens et les institutions et leur gestion de la "res publica europea".

En cachette et tout en continuant à affirmer le contraire(2), des institutions européennes, et notamment la Commission, ont mis en œuvre des mesures et des pratiques de plus en plus ramifiées affectant le multilinguisme et favorisant une seule langue. Les raisons invoquées pour cette mise à l’écart "pragmatique" des autres langues sont toutes d’ordre financier, et cela bien que la Commission européenne ait affirmé dans nombre de documents officiels que de tels motifs n’entrent pas en ligne de compte pour le règlement de difficultés d’ordre politique. Et les langues sont justement un obstacle politique, peut-être même l’un des plus notables.

Parallèlement, les programmes d’enseignement des différents États membres sont de plus en plus axés, et pas seulement dans le domaine linguistique, sur la langue anglaise, à tel point que pour un élève ou un étudiant il devient difficile, voire impossible, de choisir les langues qui se présentaient traditionnellement comme faisant partie de la culture européenne, comme le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol. Et tout cela en contradiction ouverte avec les conclusions du Sommet de Barcelone où, pour favoriser une intégration harmonieuse entre les peuples, on a invité les États membres à faire apprendre aux jeunes au moins deux langues étrangères.

La langue est un instrument de pouvoir, peut-être le moins évident, mais sûrement le plus efficace. On est donc confronté à une tentative de colonisation de l’Europe à laquelle collaborent, de bonne ou de mauvaise foi, les responsables des politiques communautaires, et pas seulement dans le secteur linguistique. Conséquence immédiate de cette stratégie de domination et de son acceptation irresponsable de la part des autorités des autres pays, peu à peu les citoyens de langue maternelle anglaise vont occuper non seulement tous les postes clés mais tout simplement et prioritairement tous les postes en laissant aux autres ce qui reste. Cette évolution est déjà en cours dans les institutions de l’Union et dans beaucoup d’entreprises européennes.

La classe politique européenne ne saurait s’acquitter de ses responsabilités dans le domaine linguistique par de simples contributions en faveur de langues locales et/ou minoritaires. Aujourd’hui sont menacées et doivent être développées des langues telles que le français, l’espagnol, l’italien, l’allemand et toutes les autres langues officielles, qui constituent le fleuron de la culture et du patrimoine européens et servent de support à bien d’autres langues à travers le monde.

Dans cette lutte, personne ne se sauvera seul. Ceux qui se plient à la domination de l’anglais et espèrent la tempérer par la survie d’une ou de deux autres langues sont des perdants, dès le départ. D’abord, parce qu’il faut assurer la participation effective du citoyen à la "res publica europea" et, ensuite, parce que ce qui est aujourd’hui remis en question c’est une façon de vivre, une forme de pensée, une vision du monde qui ne peuvent se résumer ni en une ni en deux ni en trois langues seulement.

Il est nécessaire et urgent de mettre en œuvre un système européen souple et flexible, qui assure le lien entre l’Europe et ses citoyens et les conduise à participer activement à sa construction, dans une optique de culture et de démocratie.

La colonisation actuellement en cours sape les valeurs d’égalité et d’égale dignité qui sont garanties aux citoyens européens par les textes, mais systématiquement remises en question par la Commission et d’autres institutions.

Nous sommes convaincus que, sans une égalité effective entre les citoyens européens, toute obligation morale d'appuyer et de renforcer l'Union tombera, pour laisser la place à l'obligation opposée de la détruire afin de sauvegarder sa propre identité, ce qui serait une vraie tragédie.

Ou bien l'Europe respectera et gardera la diversité de ses cultures et de ses langues, cette diversité qui en constitue l'identité et la spécificité, ou bien elle périra dans une série de conflits, dont on perçoit déjà les premiers signes.

(1) Règlement n.1 établissant le régime linguistique de la Communauté économique européenne, article 1erJournal officiel n.B 017 du 06/10/1958, p 385.

(2) Déclaration inscrite au procès-verbal du Conseil, 25 juin 2002 : "Rappelant les conclusions du Conseil européen de Barcelone en ce qui concerne l’enseignement des langues étrangères, le Conseil et la Commission encouragent l’ensemble des institutions à promouvoir la diversité culturelle et les connaissances linguistiques à tous les stades de la carrière des fonctionnaires et autres agents des Communautés européennes."

Nous lançons donc un appel à tous les Européens épris de liberté et soucieux de préserver leur identité et les valeurs portées par leur langue pour qu’ils exigent du Parlement européen, du Conseil de l’Union, de la Commission européenne :

1. La primauté, pour la question linguistique en Europe, de sa dimension politique, sur tout autre aspect technique ou financier.

2. Le respect de la diversité linguistique et culturelle de l’Europe, sans laquelle celle-ci perdrait elle-même son identité.

3. Un régime linguistique des institutions européennes explicite, choisi selon des règles démocratiques et transparentes, soumis à un véritable débat public.

4. L’adoption d’une politique linguistique fondée sur le principe d’égalité des citoyens et, par conséquent, d’égalité de leurs langues et cultures respectives.

Comité de coordination pour la démocratie linguistique en Europe
Allarme lingua
Athena
Avenir de la Langue Française
Campagne Européenne pour les langues
Défense de la Langue Française
Droit de comprendre
Linguarum democratia
Observatoire International de la Langue Française
Verein Deutsche Sprache
Association des professionnels de la traduction des brevets d'invention
Association pour la promotion de la francophonie en Flandre
Cercle littéraire des écrivains cheminots
e-historia.net
La ligue de coopération culturelle et scientifique Roumanie-France

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Gouvernements français et démolition de la langue française 2007-2014

Attitude des gouvernements français et œuvre de démolition de la langue française et de la Francophonie : 2007-2014

Graves atteintes tolérées, voire portées, depuis 2007 au texte
et surtout à l’esprit de la Constitution (art. 2) et de la loi Toubon

langue française politique anglicisation : Cela malgré les discours des deux Présidents de la République successifs, à partir de celui, de campagne, de 2007 à Caen, dont il convient de souligner l’excellence :

1) 2007-2012

- En janvier 2008, les parlementaires français ratifient le Protocole de Londres et le renoncement à l’exigence de traduction intégrale des brevets européens. Il n’a pas été tenu compte de l’avis très défavorable de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF).

- En janvier 2009, les représentants de la France ont renoncé au rang de langue de travail du français au sein de l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), et poussé les autres pays de la Francophonie à faire de l’anglais la seule langue, entérinant ainsi l’hégémonie linguistique anglo-saxonne, contre les intérêts de tous les francophones.

L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) tente un rattrapage consistant à faire évoluer le régime linguistique de l’IRENA vers le plurilinguisme : avec quel appui français ?

- En juin 2009, le Conseil Économique, Social et environnemental (CESE) écrit dans un rapport" que "le recours à l’anglais comme code commun se généralise, sans que cela soit nécessairement une menace pour la diversité des langues. C'est une facilité dont certains Français hésitent encore à se servir, alors que, pour d’autres, c’est la solution miracle".

- En juin 2010, l’arrêté ministériel instituant l’anglais comme seule langue obligatoire pour l’épreuve orale du concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature (ENM) est validé par le Conseil d’État.

- En janvier 2012, l’Agence française pour le Développement (AFD), établissement public agissant pour le compte de l’État, émet un appel à projets pour une conférence le 14 juin à Paris. Elle exige de la part des soumissionnaires francophones des réponses exclusivement en anglais. Saisis par nos associations, les pouvoirs publics compétents n’ont pas réagi.

- Plus insensiblement, le français en France a perdu d’autres positions au cours de ce quinquennat. Ainsi, les autorités de l’aéronautique civile, du transport et du contrôle aérien français ont achevé d’imposer l’usage exclusif de l’anglais dans ces domaines. Il en est allé de même dans les sciences et la recherche, pour les appels à projets de l’Agence nationale de la Recherche (ANR). Un recours de nos associations fut rejeté par le Conseil d’État.

- Dans les institutions européennes, le gouvernement français n’a fait montre d’aucune fermeté ni opiniâtreté pour maintenir les positions de la langue française, attaquées quotidiennement par nos partenaires-adversaires ; il a même toléré que ses instructions et circulaires, notamment celle d’avril 2004 de M. Raffarin, fussent ignorées et bafouées par ses propres fonctionnaires, voire par ses ministres.

- En ce qui concerne la francophonie mondiale, insensiblement au cours de ces années, le gouvernement français a accentué la diminution des crédits pour notre action culturelle à l’étranger (écoles, lycées, établissements d’enseignement supérieur, instituts et centres culturels, Alliance française, Mission laïque…) ; il a mondialisé davantage l’aide française au développement au détriment d’une préférence pour les pays francophones ; il n’a pas sensiblement augmenté ses contributions aux institutions de la Francophonie-Communauté (OIF), tout en renforçant encore la préférence à son élargissement au détriment de son approfondissement ; il a, dans le "triangle Ottawa-Paris-Québec", rompu de fait l’équilibre délicat en privilégiant fortement les relations avec le Canada fédéral, au détriment de celles, naguère très étroites, qu’il entretient depuis le Général de Gaulle avec l’État fédéré québécois.

2) 2012-2014 : Le quinquennat suit et renforce la ligne du précédent

- Dès janvier 2013, les pressions exercées depuis le début du siècle par certains milieux universitaires (MM. Pierre Tapie, le Pr Auger, Richard Descoings, entre autres) partisans de l’enseignement en anglais dans nos grandes écoles et universités - pressions déjà partiellement victorieuses sous le ministère de Mme Valérie Pécresse - ont maintenant abouti. Mme Fioraso put présenter un projet de loi portant réforme de l’enseignement supérieur, dans lequel un article 2 ouvrait grandes les vannes de l’enseignement en anglais, par une extension pratiquement illimitée des dérogations déjà permises par la loi Toubon.

Les réactions très vives de 32 associations en synergie, la mobilisation par leurs soins des académies, de diverses institutions et personnalités éminentes, ainsi que de parlementaires de tous bords, dont MM. Pouria Amirshahi (et ses 40 députés PS) et Daniel Fasquelle (UMP), ont conduit à des amendements. Le plus important de ces amendements pose l’interdiction d’offrir des formations diplomantes exclusivement en anglais.

Mais la présence de ces amendements dans le texte voté, puis promulgué le 22 juillet 2013, n’a pas empêché une joyeuse prolifération, de formations illégales. Cela, plus grave encore, dans le silence et l’inaction complices des ministères auxquels la loi Fioraso votée fait pourtant obligation expresse d’accréditer les formations nouvelles, donc de refuser l’accréditation aux formations illégales.

Contre ces offres illégales, 14 associations, dont les principales agréées par les ministères de la Culture et de la Justice pour veiller à l’application de notre législation linguistique, ont déjà déposé des recours gracieux et s’apprêtent à en déposer d’autres, ainsi que des recours juridictionnels devant les tribunaux administratifs compétents.

Elles estiment urgent que l’État rétablisse en la matière une légalité ouvertement bafouée.

- Le Président de la République en exercice avait annoncé en 2012 dans ses thèmes de campagne la ratification de la Charte des Langues régionales et minoritaires. Or une disposition très importante de cette charte rendrait possible pour ces langues d’accéder au moins en partie à l’officialité. Elle avait été jugée inconstitutionnelle par la Cour de la rue Montpensier. Les associations rappellent que la République n’a qu’une langue officielle. Les co-officialités détruiraient l’unité de la Nation et nuiraient gravement à la langue française.

- Depuis 2013 : la circulaire d’avril 2013 du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault sur l’obligation faite aux agents publics français d’employer la langue de la République en France, à Bruxelles (UE), et dans les institutions internationales, n’a pas été respectée.

- Les pouvoirs publics ont fait preuve d’un mépris croissant à l’égard des associations qui, très actives, veillent à l’application de la législation linguistique, et dont trois sont, à cet effet, agréées par les ministères de la Culture et de la Justice. Leurs actions conjuguées ont été jugées gênantes à l’occasion de l’affaire Fioraso, notamment à ses débuts, car elles avaient appelé en vain à réagir les ministres dont les fonctions étaient directement affectées par le passage à l’enseignement en anglais : Mme Benguigui (Francophonie), Mme Filippetti (langue française en France), M. Fabius (réseau culturel à l’étranger, encore remarquable).

Gênante aussi leur action collective visant à obtenir, dans une grande campagne nationale "Communes de France pour la Langue française", l’équivalent d’un referendum d’initiative populaire en faveur du français, contre son remplacement imposé par un "globish pour tous"

- Dans ce contexte de désarroi et d’abandon, il ne faut pas s’étonner de ce que la Commission de Bruxelles se soit crue justifiée à envoyer à l’automne 2014 aux plus hautes autorités françaises une note en anglais – du reste humiliante dans son contenu et sa forme - sur la présentation de son budget national. L’usage de l’anglais seul ajoutant à l’humiliation l’expression d’un mépris ouvertement insultant que des gouvernements français antérieurs n’eussent –eux - jamais toléré. Il devient essentiel et urgent de mettre un terme à une telle arrogance, comme à notre inadmissible tolérance.

-En ce qui concerne la francophonie mondiale, le gouvernement français a certes réaffirmé dans ses discours à la fois l’engagement francophone de la France, et un intérêt un peu réanimé pour la relation franco-québécoise, mais il garde en fait, là aussi, la même attitude fondamentale que son prédécesseur immédiat. Sa contribution à la préparation du Sommet francophone des chefs d’État et de gouvernement en novembre 2014 à Dakar, et à la délicate succession du Secrétaire général de l’OIF, a manqué de vision et de sérieux.

Les Français les plus critiques à l’égard de la politique gouvernementale du français et de la Francophonie depuis 2007 utilisent les constats ci-dessus pour dresser un réquisitoire en forfaiture et en trahison, et y voir le résultat d’une propagande et d’une action impériales de plusieurs décennies soutenue par nos "collabos de la pub et du fric" selon Michel Serres.

Nous ne voulons pas croire à cette thèse du complot. Plutôt à un "air du temps" qui est propice à tous les désarrois et abandons, et qui ne touche pas seulement la France.

Mais avouons qu’il est de plus en plus difficile de s’en tenir à "l’air du temps" si commode.

Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite national, coordinateur de réseaux francophones internationaux.

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Les 20 ans de la loi Toubon (2)

Les 20 ans de la loi Toubon (2)

Contribution à l’histoire de l’action de la rue de Valois en faveur de la Langue française : Le rôle méconnu, voire occulté, des associations pour le français et la Francophonie

loi Toubon langue française législation

Le rôle des associations pour le français et la Francophonie est resté longtemps méconnu, voire sciemment minimisé, y compris dans les rapports remis aux pouvoirs publics, et jusque dans un colloque important très officiel, présenté en journée d’études quasi universitaires, et bien organisé le 13 octobre 2014 au Sénat, sur le Bilan des 20 années d’application de la "loi Toubon" 94-665 du 4 août 1994.

Législateurs et fonctionnaires des organismes officiels tendent, en France plus naturellement peut-être que dans d’autres pays développés, à se parer des plumes du paon, et à ne présenter au public que leur action, en taisant les précieux apports de la société civile.

Or, pour l’historien(ne), il peut être intéressant, voire indispensable pour la manifestation de la vérité – de nombreuses archives en faisant foi – de s’intéresser aussi à l’action propre des syndicats et associations diverses, qu’elle soit ou non associée à celle des acteurs publics.

Tel est le sens, dans le domaine régalien du français et de la Francophonie, de la présente contribution qu’un collectif d’associations françaises a jugé nécessaire d’apporter aux historiens et sociologues, et qui pourrait en cas de besoin être complétée par ses auteurs.

Une constatation s’impose d’abord : en cette matière, véritable cas d’école, l’action associative a précédé l’action du législateur, et a le plus souvent inspiré*, complété, voire dépassé ensuite largement dans l’application des textes, celle des organismes officiels.

Je ne remonte ici que jusqu’à Philippe Rossillon** pour les textes de 1966 (Haut-Comité de la Langue française), de 1972 (terminologie et commissions), de 1975 : "loi Bas-Lauriol", qui n'eût pas existé s’il n'en eût pas rédigé le brouillon,  puis encouragé les deux députés.

En ce qui concerne la Francophonie institutionnelle* : à Philippe Rossillon et à l'éminent Québécois Jean-Marc Léger, épaulés par Bernard Dorin, Hyacinthe de Montera, Xavier. Deniau, Martial de la Fournière, Daniel Jurgensen, des amis africains et autres, est largement dû le traité ACCT, de 1970, ancêtre de l’actuelle OIF, présenté comme tombé du ciel...

Encore en avril-mai 1992, Philippe Rossillon et les autres promoteurs d’ALF née fin 92, ont été à l'origine des actions parlementaires (MM. Deniau, Bellon, Legendre, Schumann, Toubon, et quelques autres) pour faire introduire dans l'article 2 de notre Constitution la très précieuse phrase : "La langue de la République est le français".

Et ce fut ALF, avec l'appui vigoureux de Rossillon alors encore en vie*, qui, dès 1992, se mit au travail pour rédiger ce qui fut la première esquisse de la loi du 4/8/94, la présenta à Mme Tasca, travailla avec ses conseillers (A. Ladousse, et aussi J. Simon), puis, après le changement de gouvernement du printemps 1993, présenta l’esquisse à M. Toubon et travailla avec ses conseillers MM. Portiche, Gény, Marek).

Aucun des deux ministres n’a fait allusion à ce travail…

Notre rôle a été ignoré, au colloque, par les intervenants qui ont fait référence pour s’en féliciter à l'inscription en 2008 de la Francophonie dans la Constitution, enfin obtenue (titre XIV, art. 87), après nos tentatives opiniâtres conduites en maintenant pendant 16 ans la mobilisation de nos amis parlementaires lors de toutes les révisions constitutionnelles réalisées entre 1992 et notre succès final en 2008. Il s’est pourtant agi d’une action constante et acharnée d’ALF, dont des archives témoignent.

Ignoré allègrement aussi le lancement, par 32 associations, du fort débat médiatique du 1er semestre 2013 au sujet du funeste article 2, modifiant la loi Toubon, du projet Fioraso par lequel nos grandes écoles et universités passaient à l’enseignement en anglais. La mobilisation réussie du public ainsi orchestrée a débouché sur des amendements intéressants (dont l’interdiction de formations exclusivement en anglais) présentés par des parlementaires de divers bords politiques. Il n’est que trop humain qu’ils en aient la gloire. Mais l’historien et le sociologue honnêtes devront retenir le grand mérite de nos 32 associations, agréées et non agréées. Nos archives sont à leur disposition.

Ignorés enfin nos recours signés par 13 associations, déposés contre les établissements et les ministères qui ont violé sans vergogne la loi du 22/7/2013 et son précieux amendement interdisant des formations diplômantes exclusivement en anglais.

Cette évidente forfaiture fut, dans le colloque du 13 octobre, recouverte d'un voile pudique. Mentionnée brièvement çà et là, sans relief ni insistance.

Sa dénonciation par nos associations a été presque complètement étouffée.

Une partie du public put peut-être en déduire qu’il s’agissait d’une entorse sans gravité.

Pourtant, si elle prenait de l’ampleur, ses conséquences sur la cohésion nationale, la vitalité intellectuelle et l’influence internationale de la France, seraient certainement désastreuses.

Nous informerons historiens et sociologues des suites données à nos recours.

Albert Salon, docteur d’État ès-lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite national, président d’Avenir de la langue française et coordinateur de réseaux francophones nationaux et internationaux.


* Les rapports pertinents au Parlement, le programme et les intervenants politiques et universitaires du colloque important et bien organisé du 13 octobre 2014, la liste des associations agréées par les ministères de la Culture et de la Justice, et celle de la trentaine d’associations françaises non agréées qui agissent en synergie, peuvent être consultés respectivement :

- dans les services de l’Assemblée nationale et du Sénat ;

- à la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), 6 rue des Pyramides - 75001 Paris et sur son site www.dglf.culture.gouv.fr :

** Sous l’égide d’Avenir de la langue française (ALF), un essayiste historien termine un livre sur Philippe Rossillon. Il prépare aussi, avec l’OIF et une équipe, une histoire de la construction des institutions de la Francophonie jusqu’à l’actuelle Organisation internationale (OIF).

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20 ans après la loi Toubon

"Vingt ans après…"

Le 13 octobre 2014 au Sénat, un bilan des 20 ans de la loi Toubon du 4 août 1994

loi Toubon politique langue française

Rendons hommage aux organisateurs de la rue de Valois (DGLFLF et Comité d’Histoire) qui ont, dans leur optique, bien organisé ce colloque, pour un public très choisi de 150 personnes.

Ouvert par Mme Catherine Tasca, sénatrice, ancienne ministre de la Culture, clos par l’ actuelle, Mme Fleur Pellerin, marqué par M. Jacques Toubon, Défenseur des Droits, ministre de la Culture et de la Francophonie de 1993 à 1995, ce colloque a été réussi aussi dans notre optique associative, parce que, volens nolens, il a révélé l’actuelle absence de volonté politique en matière de français et de Francophonie. Bravo, à cet égard, à MM. Amirshahi, Cassen, Dubois, Legendre, Le Glaunec, Lévy-Leblond, Salengro, aussi à M. Toubon!).

Trois des associations agréées pour veiller à l’application de la loi, seules invitées, y étaient.

Le paladin de nos causes Philippe Rossillon et d’autres des années fastes ne sont plus. Mais les mousquetaires du roi sont encore là pour la plupart. Ils voient aussi arriver des jeunes qui seront là pour les « vingt ans plus tard » du nouveau Vicomte de Bragelonne. Leurs cœurs rouge vif saignent au spectacle des sinistres éteignoirs d’enthousiasmes, brise-élan, tue-Cyrano, casse-France, qui marquent ce qui n’est plus aujourd’hui une glorieuse « époque » selon Péguy, mais une pauvre « période » grise et pénible de notre histoire.

Alexandre Dumas retrouve dans son Vingt ans après les héros des « Trois Mousqutaires », et un contexte politique peu changé malgré la Fronde, la puissance royale restant dominante.

Les mousquetaires de la fin du 20ème siècle, eux, sont devenus en ce 21ème orphelins de la puissance publique. Ils continueront à ferrailler pour l’intérêt général, la langue française et l’honneur, mais sont très loin de retrouver après 20 ans le soutien du pouvoir dont leurs ancêtres avaient bénéficié au 17ème siècle.

Pis : ils constatent avec douleur qu’ils sont des gêneurs. Leurs actions sont moins ignorées que sciemment occultées**. En fait, par repentance et complaisance, mamelles d’une fausse France, on les cloue au pilori. Car, jusqu’en ce colloque où l’auto-satisfaction des politiques et des fonctionnaires à peine troublée par les constats discrets mais honnêtes de sociologues, a dominé, nos mousquetaires ont osé dénoncer la pire mutilation de la loi Toubon qu’a constituée l’article 2 de la loi Fioraso. Cet article a en effet ouvert en grand les vannes de l’enseignement en anglais dans nos universités et grandes écoles. Alors que tout le colloque a tendu à faire entrer dans les têtes que la loi Toubon a eu de bons effets, n’est plus ridiculisée mais admise, et qu’il faudrait se réjouir de ce qu’au moins un « droit au français », nouveau slogan-paravent-rassurant, a été nettement affirmé dans tous les textes. Jusque dans celui de la loi Fioraso ! Cela est du reste vrai. Ce serait satisfaisant si ce droit n’était pas bafoué par l’offre d’enseignements exclusivement en anglais par les établissements, dans le silence de leurs ministères de tutelle, auxquels pourtant la loi amendée du 22/7/2013 fait obligation d’accréditer les formations, donc de refuser les illégales…

Nos associations ont levé le voile très pudique jeté sur cette grave forfaiture. Elles dénoncent ce nouveau moyen d'angliciser et vassaliser la France. Elles déposent des recours contre les contrevenants à la loi. Elles tiennent à ce qu’Edwy Plénel, dans un quasi éditorial du Monde,

publié en juillet 1994 et fustigé avec force par Bernard Cassen au colloque, qualifiait avec une sorte de délectation de « vielles lunes » et de nostalgie d’une grandeur perdue.

Au coin avec bonnet d’âne les associations** qu’il est malséant et malodorant de fréquenter !

Dormez, bonnes gens ! Les policiers de la pensée, officiers du guet euro-compatibles adoubés « young leaders », veillent sur la pax americana de notre Cité, belle Provins médiévale que l’on peut laisser se bercer de beaux rêves de résistance…

Albert Salon

* Le compte rendu officiel de ce colloque sera peut-être disponible sur le site www.dglf.culture.gouv.fr

**La vérité historique sur le rôle des associations depuis 40 ans est rétablie dans la note ci-dessous adressée au Comité d’Histoire du ministère de la Culture.

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Les 20 ans de la loi Toubon

Les 20 ans de la loi Toubon

langue française loi Toubon politique

Lundi se tenait au Sénat une journée d'étude sur les 20 ans de la loi sur l'emploi de la langue française (ou loi du 4 août 1994 dite aussi loi Toubon). Cette journée était organisée par la DGLF et le comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication.

Quelques instantanés :

Olivier Dutheillet de Lamothe fait le point notamment sur le lien entre le caractère constitutionnel du français ("La langue de la République est le français") et la ratification ou non de la charte des langues régionales

Vincent Dubois de l'université de Strasbourg esquisse une sociologie politique du contexte de la loi. Il montre les trois axes du combat contre la loi : l'inanité (on est incapable de peser sur le choses), la liberté (la loi aurait été orwelienne!) et surtout ce qui a fait le plus de ravages l'ironie et le ridicule. Les tenants de la loi étant pris entre deux feux entre la volonté politique et l'envie d'éviter l'interventionnisme.

Frédéric Châtaigner de l'université de Tours qui a étudié systématiquement la presse de l'époque raconte "La réception de la loi Toubon dans les médias" et montre comment de journaux assez favorables à une législation linguistique en 1991-92 tourneront casaque. Comme Libération qui publie alors des tribunes de Dominique Noguez puis vire après à une opposition systématique, comme Le Monde qui passera d'un quasi soutien à une position plus atlantiste. Avec un summum atteint par Edwy Plenel voyant dans la loi Toubon une loi néo-coloniale ! Il met en exergue qu'en fait peu de journalistes avaient lu la loi et que souvent ils étaient tombés dans le dénigrement facile (Mister allgood)

Catherine Tasca rappelle le rôle de François Mitterrand dans l'affirmation de la Francophonie et son propre rôle dans l'élaboration en 1992-1993 de ce qui deviendra la loi Toubon. Nous rappelant un colloque organisé par elle en décembre 1992 réunissant une large palette d'intellectuels favorables à la loi (Debray, Noguez, Cerquiglini, Saint-Robert…)

Jacques Legendre, rapporteur de la loi au Sénat nous rappelle son étonnement, quand pensant avoir une unanimité pour la loi, comme cela avait le cas en 1975 pour la loi Bas-Lauriol, a vu les oppositions se dresser, notamment celle de l'Académie des sciences déjà obnubilée par la publication des articles en anglais et l'index Garfield.

Bernard Cassen, ancien directeur général du Monde diplomatique, soutien de la loi à l'époque, rappelle la naïveté d'une partie de l'élite française à l'inverse de Churchill qui appuyait le Royaume-Uni sur tout d'abord les pays de langue anglaise, le Commonwealth et enfin seulement l'Europe. Pour lui les épisodes récent d'espionnage américains montrent que les États-Unis n'ont vraiment confiance que dans les pays anglo-saxons (les 5 yeux des américains).

Bernard Cerquiglini, s'étonne encore 20 ans après que, à l'inverse des communistes, les socialistes à l'origine de la loi se soient par calcul politicien finalement opposé à une loi qui aurait mérité l'unanimité.

Jacques Toubon, ministre de la culture et de la francophonie nous rappelle le contexte de l'époque et les objectifs de la loi. Il incite par ailleurs à utiliser le Défenseur des droits qu'il est devenu, pour lutter contre les discrimination notamment linguistiques..

Pouria Amirshahi, député des français de l'étranger auteur du très bon rapport sur la Francophonie "Francophones de tous les pays, unissez-vous !" nous rappelle l'objectif vital pour la France de la prise en compte de cette Francophonie. Il voit une "désinvolture des élites et des représentants officiels de la France à l’égard de notre langue"

Patrice Gélinet, membre du conseil supérieur de l’audiovisuel ne semble pas voir de problème dans l'audiovisuel quand de plus en plus d'émission prennent des titres anglo-américains et que les chaînes peuvent aller jusqu'à diffuser 13 films ou séries anglo-saxonnes le même soir à la même heure pour 20 chaînes…

Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien et professeur à l’université de Nice montre le difficile combat d'un scientifique d'une science dite "dure" contre le tout-anglais. Citant même l'exemple d'une revue de la sécurité sociale française, écrite par des français pour des français sur fonds publics étant pourtant entièrement rédigée en anglais…

Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC montre la prise en compte progressive par les syndicats du phénomène linguistique et le début des jurisprudences obtenues pour le repect du français au travail (Gems, Nextitoane…) et cite par opposition le cas d'Alcatel ayant racheté l'américain Lucent et qui peu à peu insidieusement pour des raisons linguistiques la suprématie de l'anglais a conduit à éliminer tous les français de la direction… MAR


à lire également

Rencontre avec trois acteurs clés du dispositif (Jacques Toubon, Xavier North, Bernard Cerquiglini)

La Croix : La langue française fait de la résistance (13/10/2014)

La Croix : Faut-il continuer le combat pour défendre la langue française ? (13/10/2014)

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Geneviève Fioraso hors-la-loi !

Geneviève Fioraso hors-la-loi !

éducation politique Fioraso colonisation

Geneviève Fioraso, malheureusement toujours secrétaire d'État chargée de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, récidive. Angliciseuse de choc et non contente d’avoir ouvert les formations dispensées en anglais à l’université avec sa loi de 2013, elle continue à mener son action de destruction systématique de la langue française dans l'Enseignement supérieur.

En témoigne cette circulaire du 25 juillet 2014, publiée au Bulletin officiel de l'Enseignement supérieur et de la Recherche du 28 août 2014 concernant les candidatures à l'Institut universitaire de France* Cette circulaire signale incidemment, en fin de texte, comme une évidence et après avoir énuméré tous les documents nécessaires à la candidature : "Le dossier sera intégralement rédigé en anglais" et grand seigneur, ce qui serait drôle si ce n’était scandaleux : "Une version en français peut y être adjointe si le candidat le souhaite."

On croit rêver, un secrétariat d'État avec une simple circulaire prend la liberté de violer la Constitution ("La langue de la République est le français" – art 2) et la Loi (article 11 de la loi du 4 août 1994 : "La langue de l'enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d'enseignement est le français, sauf exceptions justifiées par les nécessités de l'enseignement des langues et cultures régionales ou étrangères ou lorsque les enseignants sont des professeurs associés ou invités étrangers.[…])

Tout ça parce qu'il s'agit d'un jury international alors que les d'enseignants-chercheurs sélectionnés sont censés enseigner en France !

Une fois de plus la Francophonie et toutes les autres langues du monde sont méprisées au profit de la langue de l'uniformisation générale. Geneviève Fioraso, ne sait sans doute pas que les 77 pays membres de la Francophonie sont aussi des pays "internationaux". Elle a fait sienne, comme toute une France fascinée par tout ce qui est anglo-saxon, la devise : "international = anglo-saxon".

Nous demandons avec force, la suspension de cette circulaire et sa réécriture dans l'autre sens : "Le dossier sera intégralement rédigé en français. Une version en anglais peut y être adjointe si le candidat le souhaite."

Il est regrettable que les médias, sans doute trop occupés par les mensonges d'alcôve, n'aient daigné s'intéresser à ce phénomène mineur pour un pays : le massacre programmé de sa langue à l'Université.

MAR


* L'Institut universitaire de France désigne un ensemble d'enseignants-chercheurs sélectionnés par un jury international pour la qualité exceptionnelle de leurs recherches, appelés membres, bénéficiant d'une décharge à hauteur de deux tiers de leurs charges d'enseignement, d'une prime et d'une dotation budgétaire.

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Publication du Rapport Attali

Publication du Rapport Attali

La Francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable

Publication du Rapport Attali

Francophonie Attali politique langue française

Jacques Attali a remis mardi 26 août au président de la République François Hollande un très intéressant apport sur l'énorme potentiel économique de la Francophonie et de la francophilie.


Réparties sur les cinq continents, plus de 220 millions de personnes parlent la langue française. Ce chiffre pourrait atteindre 700 millions en 2050, notamment en Afrique. A la demande du président de la République, le groupe de travail présidé par Jacques Attali s'intéresse aux moyens d'exploiter le potentiel économique de la Francophonie à travers la promotion de la langue et de la culture françaises.

Le groupe de travail présente 53 propositions regroupées autour de 7 axes :

  • augmenter l'offre d'enseignement du et en français, en France et partout dans le monde
  • renforcer et étendre l'aire culturelle francophone
  • cibler 7 secteurs clés liés à la francophonie, pour maximiser la croissance de la France et des autres pays francophones (tourisme, technologies numériques, santé, recherche et développement, secteur financier, infrastructures, secteur minier)
  • jouer sur la capacité d'attraction de l'identité française pour mieux exporter les produits français et conquérir de nouveaux francophiles
  • favoriser la mobilité et structurer les réseaux des influenceurs francophones et francophiles
  • créer une union juridique et normative francophone à travers la mise en place d'un guichet douanier pour les francophones dans les aéroports des pays francophones volontaires
  • se donner comme projet de créer à terme une Union économique francophone aussi intégrée que l'Union européenne.

Extrait : "La Francophonie, c’est 200 millions de personnes, si l’on ne développe et on ne maintien pas l’enseignement du français un peu partout dans les pays francophones ce nombre peut décroître, mais contre si on est capable de maintenir l’enseignement en français dans les écoles primaires et secondaires et avec toutes les réformes que nous avons proposées, ce nombre peut passer à 750 millions en 2050, et apporter en France et au reste du monde francophone une croissance considérable." (télécharger le rapport)
(à lire également le compte-rendu du journal Les Échos 26/8/2014)

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La résistance s’organise contre le tout-anglais universitaire

Contre les universités françaises qui veulent enseigner exclusivement en anglais à leurs étudiants français

La résistance s’organise

université américanisation colonisation politique

Vous vous souvenez du large débat du premier semestre 2013 dans les médias, lancé dès janvier puis nourri avec constance par ALF, assez vite rejointe par diverses personnalités et associations, ainsi que par des partis politiques et des parlementaires y compris des socialistes (M. Pouria Amirshahi qui en entraîna d’autres).

Le funeste article 2 de l’avant-projet de la loi Fioraso sur les enseignements supérieurs en anglais a été amendé dans notre sens grâce à l’ampleur des protestations soulevées.

La loi publiée le 22 juillet 2013 a notamment interdit d’enseigner exclusivement en anglais. Elle a chargé les ministères qui accréditent les formations, ainsi que celui de la Culture dans sa compétence propre en matière de langue française, de veiller à son application.

Or, par la volonté des partisans de l’anglicisation totale dans ce milieu universitaire et des grandes écoles abreuvé depuis 50 ans de propagande en faveur de l’ "excellence états-unienne" et des vertus de l’anglais universel, les formations offertes en anglais uniquement, annoncées fièrement dans cette langue seule, ont proliféré depuis la promulgation de la loi du 22 juillet 2013, et les ministères ne s’y sont pas encore opposés.

Il y a là une nouvelle preuve de la volonté de trop d’ "élites" de procéder, à l’égard du français comme dans tant d’autres domaines nationaux, à un étranglement au lacet dans le silence du sérail.

Évidemment dans le plus grand mépris de la France, de sa culture et de ses lois.

Douze associations coordonnées par Avenir de la langue française (ALF), déposent donc des recours gracieux auprès d’une dizaine d’établissements contrevenants et des ministères défaillants, en vue d’éventuels recours ultérieurs devant les tribunaux administratifs.

Tous les membres d’ALF et les lecteurs de ce site qui ne veulent pas se contenter de l’ "Indignez-vous !" devant l’illégalité des actes adverses, et se demandent comment s’opposer à ce linguicide, sont invités à se faire connaître de nos associations, et à opposer de leur côté toutes formes de résistance à leur portée.

Ils peuvent pousser aux refus, aux protestations groupées et aux recours, des étudiants et des professeurs qui souffrent de subir le joug.

Ils peuvent saisir leurs amis journalistes et parlementaires.

Ils peuvent aider nos associations à payer leurs frais de procédure lors des prochains recours.

Courage ! No deven pasar !

Albert Salon

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Long live the Cannes Film Festival

Long live the Cannes Film Festival !

cinéma cannes américanisation colonisation

Il ne suffisait pas que le jury du Festival de Cannes soit présidé au moins
un an sur 2 par un anglo-saxon depuis 1994* (12 fois sur 20 !)

Maintenant on a fait encore mieux sur les 4 films de la sélection "française" 2 ont été tournés en anglais :

The Search de Michel Hazanavicius et Sils Maria d'Olivier Assayas.

Isabelle Giordano directrice d'UniFrance, semble d'ailleurs s'en réjouir "En 2014, pour la première fois la sélection française réunit deux films tournés en anglais, ce qui marque une nouvelle évolution.

Un bon film français qui se vend est souvent en langue anglaise. [...] (Paris-Match du 7 au
14 mai 2014, p20)

Avec de tels défenseurs l'avenir du cinéma français est bien tracé !

Une solution radicale s'impose : tournons les films en anglais, d'ailleurs pour faciliter la chose des acteurs anglo-saxons feront mieux l'affaire et ceux-ci seront mieux épaulés par des techniciens anglo-saxons, de même un réalisateur anglais ou américain travaillera mieux avec ces acteurs et techniciens anglo-saxons. De moment que la France paie... MAR


*1994 : Clint Eastwood, 1996 :  Francis Ford Coppola, 1998 :  Martin Scorsese, 1999 :  David Cronenberg, 2002 :  David Lynch, 2004 :  Quentin Tarantino, 2007 :  Stephen Frears, 2008 :  Sean Penn, 2010 :  Tim Burton, 2011 :  Robert De Niro, 2013 :  Steven Spielberg, 2014 : Jane Campion

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Le Monde adepte de la « collaboracheune » ?

Le Monde adepte de la "collaboracheune" ?

Le Monde en pleine collaboracheunemédias colonisation Le Monde : Nous découvrons dans le numéro du Monde daté du 13-14 avril 2014 un encart publicitaire qui attire l’œil : Le Monde, le "journal de référence français" racole in english pour un salon des MBA organisé par lui !

Avec ce salon, avec cette annonce, "all in english"de manière caricaturale [jusqu'à la date (THURSDAY, MAY 22nd), jusqu'à l'heure (5:30 pm - 10 pm)],  Le Monde "journal de référence français" semble faire sienne la "collaboracheune" (collaboration linguistique et culturelle) dont le chantre est Frédéric Martel

Ce faisant Le Monde valide le fait qu'il est normal d'enseigner tout en anglais dans le domaine de la gestion ou des affaires ("management" et "business" pour les anglomanes), normal de ramper devant les anglo-saxons.

Ce faisant, comme le dirait François Grin, ce journal contribue à justifier les transferts massifs (monétaires et de savoir-faire) en direction des anglo-saxons.

Il contribue à dévaloriser l'image du français, à accréditer l'idée qu'il ne "suffit plus", qu'il n'est plus apte à jouer son rôle de grande langue de communication.

Ce qui se traduit par des pertes de domaines : les mots finissent par faire défaut pour désigner certaines notions ou pratiques, ce qui, bien sûr, renforce le doute sur les capacités du français à répondre aux besoins du monde contemporain et enfin les francophones sont placés en position d'infériorité.

Le Monde, "journal de référence français" aura aussi fortement contribué à scier la branche sur laquelle il est assis : aucune chance que le public visé ait la moindre reconnaissance pour ce journal à l'origine de cette servilité anglomane. Le public concerné habitué à ne penser plus qu'en anglais n'achètera jamais Le Monde il se tournera directement vers le Financial Times.

Bravo au Monde pour son coup de maître !

MAR

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Alain Finkielkraut, élu à  l’Académie française

Alain Finkielkraut, élu à  l'Académie française

Finkielkraut Académie française

Le philosophe Alain Finkielkraut a été élu jeudi 10 avril à l'Académie française. Cet amoureux de la langue et de la littérature a été élu dès le premier tour par 16 voix sur 28 votants.

Parce qu'il s'interroge sur la dégradation de l'enseignement en France, sur la place de la France de sa langue et de son identité, Alain Finkielkraut a été l'objet d'une campagne mesquine de la part d'un certain milieu bien-pensant qui préfère les vérités toutes faites au débat d'idées. Ainsi fut-il traité de réactionnaire, ainsi un académicien osa-t-il évoquer l'entrée du FN à l'Académie.

Même si telle ou telle de ses positions peut être discutée, au moins a-t-il le mérite d'animer le débat. A la différence de ses contempteurs. Parmi les réactions les plus minables à son élection :

Bruno Masure (qui nous semblait jusqu'ici plus subtil) sur Twitter : "« Ce cinglé réac’ de Finkielkraut "immortel" ! Bloody Thursday. Richelieu, ils ne savent pas ce qu’ils font.» Réaction en anglais sur l'Académie française ? Tout est dit ! Il n'y a plus qu'à souhaiter rétrospectivement à Bruno Masure d'avoir mené un seul débat à la hauteur de ceux que mène Alain Finkielkraut tous les samedis sur France Culture à 9 heures.(Répliques).

La rédaction du Monde qui à l'insu de Frédéric Joignot, journaliste qui a écrit l'article honnête sur l'élection  d'Alain Finkielkraut, a fait un ajout malhonnête à son article :

à la phrase "Comment a réagi l'intéressé ? D'après la philosophe Élisabeth de Fontenay, une de ses amies, [...] Elle reconnaît qu'« elle n'est pas toujours d'accord avec lui » et «ne partage pas toutes ses idées sur le déclin de la société française et surtout sur l'importance de l'écrivain Renaud Camus»

a été ajouté  "- l'écrivain a appelé à voter Marine Le Pen en 2012 et a été condamné jeudi pour provocation à la haine ou à la violence." ce qui laissait à penser que c'était Alain Finkielkraut lui-même qui avait appelé à voter M. Le Pen et avait été condamné et non pas Renaud Camus*.

Et enfin Frédéric Martel, mais après tout, être critiqué par le chantre de la "collaboracheune" cela vaut toutes les décorations !

Bravo à Alain Finkielkraut pour son élection, puisse son amour de la langue française et sa qualité à enrichir le débat d'idées aider la France à retrouver la valeur de sa langue ! Marc-Antoine Renard


* malhonnêteté en partie corrigée sur le site remplacée par "ce dernier, qui a appelé à voter Marine Le Pen en 2012, a été condamné jeudi pour provocation à la haine ou à la violence".  Mais le mal était fait...

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Le Limousin palme de la publicité coloniale

Le Limousin palme de la publicité coloniale

Limousin métro colonisation collaboration

Sur les murs du métro parisien, sur certaines rames mêmes, s'étale en grand ce slogan bien grotesque : "Are-you Lim ? ". Certains pubards, "shootés" à l'anglo-américain (nous leur laissons volontiers cet anglicisme), ayant asséné à ces pauvres limousins la nécessité de l'anglais pour faire moderne, pour sortir de leur ringardisme, pour faire "djeune", ceux-ci sont devenus grands adeptes de la colonisacheune dans la lignée du frédéricmartelisme*Le Limousin palme de la publicité coloniale

Il faudrait dire aux Limousins que ce genre de slogan ne fera venir personne, les djeunes rêveront toujours de Floride, de LA, de "London" ou d'Australie qu'on leur matraque à longueur de journée mais pas d'une imitation, les autres iront visiter de vraies régions fières de leur passé et de leur présent. Mais non, personne ne viendra voir Limoges et sa porcelaine, Aubusson et ses tapisseries, Brive-la-Gaillarde et sa collégiale Saint-Martin sur l'injonction de slogans Coca-Cola.

Ce slogan qui évoque plus le Mc Donald que le Limousin ne donnera aucune envie de visiter cette région française (parait-il). Tout simplement par ce que cela n'a aucun rapport !

MAR

PS : cette région chère au président de la République (il a été maire de Tulle) méconnaît-elle l'avertissement de son héros qui déclarait par exemple le 28 mai 2012 "Je défendrai partout l’usage du français".

(voir le site très "Y'a bon Banania" de la région Limousin)

* frédéricmartelisme : du nom de Frédéric Martel qui prône l'alignement général sur la culture états-unienne et le remplacement du français par un sabir à base d'anglais. (voir l'article qui lui est consacré)

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Des ministres « Y’a bon Banania »

Des ministres "Y'a bon Banania"

ou l'anglomanie comme colonisation mentale

colonisation américanisation politique : Après le service réduit au minimum de la semaine de la langue française de la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, celle-ci nous incite sur Twitter à suivre "la première Museumweek" (sic !) pendant ce temps-là sa collègue Fleur Pellerin,  ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, crée la French Tech (resic !) [Il est vrai que France Tech ça aurait fait ringard. On est colonisé ou on ne l'est pas !

Il parait que dans le même temps François Hollande marque son attachement à la Francophonie (!). Il a sans doute un grand problème de communication avec ses ministres, lui qui déclarait le 28 mai 2012 "Je défendrai partout l’usage du français"

Il en est de même avec Jean-Marc Ayrault, Premier ministre parait-il, qui le 6 mai 2013, avait commis une Circulaire aux ministres sur l'usage du français qui semble effectivement parfaitement respectée !

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42 communes en faveur d’un « manifeste pour le français »

42 communes ont voté une motion en faveur d’un "manifeste pour le français"

communes manifeste langue française

En cette période d'élections municipales, le moment est venu de faire un premier point sur la  Ligue des Communes de France pour la langue française :

42 communes ont dores et déjà voté une motion en ce sens (39 en métropole, 1 outre-mer et une en Belgique). A ces communes, s'ajoutent 2 autres communes dans lesquelles une promesse écrite du maire devrait amener au vote. Ces communes représentent une grande diversité régionale et couvrent toutes les sensibilités politiques.

Mortagne-au-Perche (Orne) est la dernière à avoir adopté notre manifeste, le 11 mars 2014 à l'unanimité, en pleine campagne des municipales... Le maire, Jean-Claude Lenoir, sénateur, ancien député, s'est fait donner par son conseil mandat de "signer tous textes" qui découleraient de cette adoption
Mortagne-au-Perche (4 076 habitants), est emblématique à la fois comme ville du philosophe Alain, et surtout comme lieu principal d'émigration de Français vers la Nouvelle France à partir de 1640, en proportion de sa population.

1) en Métropole (40 communes)

Arnac-Pompadour (Corrèze) 1 227 hab.
Aussac-Vadalle (Charente) 400 hab.
Bollène (Vaucluse) 13 843 hab.
Brantôme (Dordogne) 2 152 hab.
Brienne-le-Château (Aube) 3 500 hab.
Chablis (Yonne) 2 500 hab.
Chamouilley (Haute-Marne) 847 hab.
Champrougier (Jura) 94 hab.
Charmes-la-Grande (Haute-Marne) 170 hab.
Donnery (Loiret) 2 500 hab.
Évian (Haute-Savoie) 8 408 hab.
Grenay (Pas-de-Calais) 6 698 hab.
Grigny (Rhône) 9 000 hab.
Largny-sur-Automne (Aisne) 250 hab.
Le-Touquet-Paris-plage (Pas-de-Calais) 4 538 hab.
Maisons-Laffitte (Yvelines) 23 000 hab.
Montfermeil (Seine-Saint-Denis) 25 000 hab.
Morbecque (Nord) 2 658 hab.
Moulins-en-Tonnerrois (Yonne) 170 hab.
Mortagne-au-Perche (Orne) 4 076 hab.
Notre-Dame-d’Oé (Indre-et-Loire) 3 846 hab.
Orange (Vaucluse) 30 025 hab.
Parnay (Maine-et-Loire) 500 hab.
Saint-Just (Ardèche) 926 hab.
Saint-Martin-d’Ardèche (Ardèche) 1 601 hab.
Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire) 4 096 hab.
Saleux (Somme) 2 410 hab.
Saulxures-sur-Moselotte (Vosges) 2 742 hab.
Saumur (Maine-et-Loire) 27 283 hab.
Sougères-en-Puisaye (Yonne) 336 hab.
Tocqueville-les-Murs (Seine-Maritime) 300 hab.
Thonon (Haute-Savoie) 33 928 hab.
Uchaux (Vaucluse) 1 386 hab.
Vauville (Calvados) 235 hab.
Verdun (Meuse) 21 000 hab.
Vézelay (Yonne) 447 hab.
Villejoubert (Charente) 340 hab.
Vincelles (Yonne) 1 075 hab.
Viviers (Ardèche) 3 895 hab.
Yerres (Essonne) 29 050 hab.

2) Outre-mer (1 commune)

Dumbéa (Nouvelle-Calédonie) 26 779 hab.

3) Belgique (1 commune)

Ans (province de Liège) 27 750 hab.

4) Communes pour lesquelles le maire s'est engagé par écrit (2 communes)

Douai (Nord) 41 915 hab
Suresnes (Hauts de Seine) 46 876 hab
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L’excellent rapport de Pouria Amirshahi

Retour sur le rapport "Pour une ambition francophone"
L'excellent rapport de Pouria Amirshahi

éducation colonisation anglicisation : Il s’agit d’un excellent rapport, et d’une ambition bien exposée, légitime et crédible.

Les principaux animateurs de nos associations s’y sentent parfaitement à l’aise. Ils en recommandent d’autant plus chaleureusement la lecture (par le lien ci-dessous) qu’ils y retrouvent les propositions qu’ils ont eux-mêmes formulées depuis des années dans leurs divers écrits et exposés oraux.

Plusieurs d’entre nous ont, du reste, été auditionnés par les parlementaires.

Tout y est : l’excellente analyse, la présentation objective des défauts et des forces - toujours avec de bons chiffres, et de bonnes cartes dans de riches annexes -, et les propositions intelligentes et réalistes.

Il nous reste à nous y référer à l’occasion, et à sans cesse agir pour que les propositions y contenues soient enfin prises en considération par le gros de notre classe politique trop désabusée, sceptique, démissionnaire, quand ce n’est pas hostile par alignement sur l’empire.

Le rapporteur, le député Pouria Amirshahi*, mû l’an dernier comme d’autres parlementaires par le bruit médiatique fait par nos associations contre l’article 2 de la loi Fioraso, a très fortement contribué à la rédaction et au vote d’amendements à ce texte, en liaison fort sympathique avec Avenir de la langue française (ALF). Nous approuvons aussi la présentation résumée qu’il nous en livre ci-dessous. Albert Salon.

*M. Amirshahi, né en Iran, est venu en France dans sa petite enfance, avec ses parents francophiles fuyant le régime des mollahs. Il partage avec bien des élites "venues d’ailleurs" un amour exigeant de la France et le désir d’œuvrer pour elle.


Présentation du rapport par Pouria Amirshahi

Francophones de tous les pays, unissez-vous !

Mercredi 22 janvier 2014, la Commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée Nationale a adopté à l’unanimité le rapport d’information que j’ai présenté sur la francophonie éducative, culturelle et économique intitulé "Pour une ambition francophone".

Dans un monde où s’affirment de plus en plus des espaces géoculturels et des aires linguistiques, devenus outils d’influence et de puissance économique, le contexte mondial est porteur d’un possible renouveau pour la francophonie…ou de son effacement progressif. Des pays ont pris conscience du vecteur linguistique dans l’affirmation de leur puissance, tandis que d’autres ont compris leur intérêt à s’unir autour de la langue.

À rebours de la désinvolture de quelques élites, ce rapport montre comment la langue française peut être une composante majeure du plurilinguisme mondial. Encore faut-il en avoir conscience.

Le rapport suggère la constitution d’un noyau dur, d’un premier cercle d’États francophones agissant pour la convergence des contenus éducatifs, pour la mobilité des personnes et des œuvres autant que pour le rapprochement des stratégies économiques.

Autrement dit, il est temps pour les francophones de faire vivre un sentiment d’appartenance et de mettre en mouvement une communauté d’intérêts. Cette francophonie de projets s’incarne aussi bien sur le plan culturel, scientifique, politique et économique.

Les propositions, issues des travaux de la mission d’informations, se veulent pragmatiques et concrètes. Il s’agit de rendre l’utopie francophone résolument possible, en explorant toutes les pistes d’actions envisageables.

pour télécharger le rapport "Pour une ambition francophone"

Pouria Amirshahi
député de la 9e circonscription des Français de l’Étranger
secrétaire de la Commission des Affaires étrangères

secrétaire national du Parti socialiste aux Transitions démocratiques et à la Francophonie

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Contre la ratification de la Charte européenne des langues régionales

Contre la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires

langues régionales langue française

Dans le chapitre Dossier de notre bulletin numéro 52 (mars 2014), nous traitons de la nouvelle tentative de faire ratifier la Charte, par un vote des parlementaires. Cela en dépit des positions connues du Conseil d’État et surtout du Conseil Constitutionnel sur ce texte contraire à plusieurs dispositions de la Constitution de 1958, telle qu’elle fut modifiée en 1992 à la suite de la démarche d’ALF pour y faire introduire, à une large majorité du Parlement d’alors, la phrase : "La langue de la République est le français".

L’époque actuelle - disons plutôt la "période", celle-ci étant selon Péguy très inférieure à l’ "époque", qui, elle, peut être grande, voire héroïque – est marquée par une entreprise générale de démolition de la France et de sa civilisation, au premier chef de sa langue, dont traite un article pertinent dans notre chapitre "Institutions".

"Loi Fioraso (funeste, faisant basculer nos grandes écoles et universités vers l’enseignement principal en anglais, malgré les amendements obtenus en juillet 2013 à la suite de l’intense campagne de nos 32 associations) ; abandon (annoncé) des quotas (de chansons françaises) par le CSA ; victoire "française" en anglais à New-York ; colloques pascaliens en anglais à la Sorbonne ; quasi-interdiction du français en Flandre belge (dans le silence assourdissant de "Bruxelles" et de nos dirigeants) ; et étranglement lent du français au Canada), cours d’anglais gratuits dans les TGV ; immersion anglophone des bébés" .

Je viens de citer, et commenter-compléter en italique, le professeur Georges Gastaud, président de COURRIEL, l’une des plus actives des 32 associations en synergie.

Maintenant nous avons une nouvelle tentative de ratification - en force ou en catimini - de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires : c’est le bouquet !

Dans le Dossier comme dans le site, nous citons et résumons l’essentiel des arguments des partisans et adversaires de la ratification, et nous rappelons la position de nos associations, clairement fixées et publiées depuis une dizaine d’années.

Si vous vous rangez, chers lecteurs, parmi les adversaires, n’oubliez pas que l’heure n’est plus à la simple indignation à la Stéphane Hessel, mais à la RÉSISTANCE, tant individuelle que collective.

Rejoignez-nous !

Albert Salon

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Les radios coloniales veulent diffuser encore plus d’anglais !

Les radios coloniales veulent diffuser
encore plus d'anglais !

radios colonisation langue française : Chérie FM, Fun Radio, Nostalgie, NRJ, Oui FM, RFM, Rire & Chansons, RTL2 et Virgin Radio veulent encore abaisser les faibles quotas de chansons françaises (40 % avec beaucoup de dérogations)

La loi du 1er février 1994 a imposé aux radios privées de diffuser, un pourcentage de chansons d’expression originale française. Ce pourcentage est de 40% ! Les fréquences qui sont des denrées rares sont concédées aux radios par la puissance publique et en échange on leur impose 40% (même pas la moitié !) de chansons dans la langue nationale.

Ce pourcentage qui devrait être augmenté (il est de 65 % au Québec, sans opposition) Mais les radios coloniales, celles qui diffusent à longueur de journée de la musique anglo-saxonne, au contraire veulent le baisser prétextant qu'elles ont du mal à atteindre ces quotas, ainsi que la concurrence d'Internet !

La rhétorique habituelle du pompier pyromane. Ces radios n'encourageant aucun artiste français ou francophone et ne prenant aucun risque, sauf celui de passer des tubes déjà bien vendus aux États-Unis, comment s'étonner d'une telle situation. Et pourtant en nombre d'albums vendus la production française est toujours nettement en tête 13 sur les 20 albums les plus vendus en 2013 (des albums qui passent rarement sur ces radios qui décident de ce qui est bon pour leur public, c'est à dire de l'anglais…).


Chansons francophones : les radios musicales veulent se libérer des quotas
(AFP – 20/01/2014)

Les radios musicales françaises ont réclamé lundi une remise à plat des quotas obligatoires de diffusion de chansons francophones, appuyant un récent rapport du CSA qui propose de réformer ce régime datant de 1994.

"Les radios musicales veulent enfin être libres de programmer la musique de leur choix", indiquent dans une déclaration commune Chérie FM, Fun Radio, Nostalgie, NRJ, Oui FM, RFM, Rire & Chansons, RTL2 et Virgin Radio, qui représentent ensemble 85% de l'audience des radios musicales.

Elles soulignent qu'elles sont désormais en concurrence massive avec de nouvelles plateformes musicales illimitées, type Deezer ou YouTube, qui ne sont, elles, soumises à aucun quota. Elle rappellent aussi la chute de la production francophone et l'émergence d'une nouvelle scène "made in France non francophone.

Aussi demandent-elles au CSA de "ne pas céder aux tentatives des multinationales du Snep (ndlr : producteurs de musique) de mettre leur programmation sous tutelle, avec encore de nouvelles contraintes".

Le 7 janvier, le CSA a proposé d'assouplir le régime des quotas de chansons francophones pour les radios "qui œuvrent particulièrement en faveur de la diversité des programmes musicaux" et qui sont "confrontées à une production d'expression française limitée dans les genres musicaux" au cœur de leur programmation.

Des conclusions critiquées par le Snep, la Sacem (auteurs, compositeurs, éditeurs) et l'Adami (artistes-interprètes), qui reprochent aux radios jeunes de concentrer les deux tiers de leur diffusion de nouveautés sur quelques titres et de réaliser une bonne partie de leur quotas de chanson française sur une poignée de titres seulement.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a lancé cet automne une mission sur l'exposition de la musique dans les médias, confiée à Jean-Marc Bordes, dont les conclusions sont attendues prochainement.

"Le CSA a fait un travail important pour proposer de moderniser le dispositif, hors de la stricte logique comptable des quotas. Nous appelons à une concertation autour de ce travail et certainement pas à un renforcement des obligations, par exemple en nous demandant de plafonner les rotations" des titres, a souligné Jérôme Fouqueray, directeur général de Fun Radio et RTL2. Les règles de quotas datent d'il y a 20 ans, il faut tenir compte des nouvelles réalités", a-t-il conclu.

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Réponse à une crétinerie à la Lochoise

Réponse à une crétinerie à la Lochoise

Loire colonisation anglicisation

Lettre de Christian Massé, président de DLF-Touraine et administrateur d'ALF suite une campagne de la ville de Loches, ville royale de Touraine, qui rampe en anglais avec son grotesque "I Loches you" (sic !)


            I Loches you ! ? ?

            Loches, ville du sud de l'Indre-et-Loire. Ville de Foulque Nerra et d'Agnès Sorel. D'Alfred de Vigny, qui a écrit : c'est en Touraine que l'on parle le mieux le français ! Ville aussi de Maurice Mardelle, qui collabora au Mercure de France et fonda l'Université Populaire de Loches. Charpentier-poète, il puisa sa langue dans celle, plus profonde encore, du pays France tout entier.

            I Loches you ! Le slogan a été porté aux nues de la ville de Loches ; et de Tours, point stratégique de tous les flux touristiques de la région. Avis du maire de la ville de Vigny : l'idée était de se faire remarquer ! Il fallait sortir des idées reçues, du poncif bien connu, "on n'est pas rendu à Loches !" (!). Le slogan a fait son chemin, sur Internet et dans les médias locaux ! Hélas pour les géniaux créateurs, les retombées touristico-économiques de cette formule originale, n'ont pas révélé une grande progression du taux de fréquentation des visiteurs de cette ville, laquelle demeure un passage quasi oblige pour celles de Descartes et du Grand Pressigny. À ce jour, ce déplorable slogan s'affiche encore !

             Le premier magistrat de Loches donna son accord à ce coup médiatique. Bien avant qu'il ne le fît, Avenir de la langue française l'interpella avec l'Appel à participer au mouvement des "Communes de France pour la langue française". Monsieur le maire répondit personnellement M. Albert Salon le 12/11/2013 : J'apprécie les objectifs (de votre association) visant à promouvoir notre langue maternelle, même si je souhaite que nos concitoyens, les plus jeunes en particulier, parlent aussi des langues étrangères qui leur permettent de "vendre" notre pays, ses produits et sa culture dans le monde entier !   Insurgeons nous sur la mise au même niveau d'un pays, de ses produits et de sa culture : "vendre" pays, produites et culture...pourquoi pas aux enchères ! Il est surprenant qu'un maire ait l'idée que l'on puisse vendre un fromage (de sainte-Maure par exemple) au même titre qu'une culture. Chacun sait bien qu'une culture ne se vend pas mais se transmet ! Je regrette de ne pouvoir donner suite à votre demande de faire voter votre manifeste. De plus, je ne sollicite pas le renouvellement de mon mandat et laisse donc à mes successeurs potentiels le soin de reprendre le dossier.

            N'hésitons pas à affirmer que ce maire, - "pur" produite du terroir lochois -, trahit l'esprit historique du dit terroir façonné par Foulque Nerra, Agnès Sorel, Alfred de Vigny et Maurice Mardelle ! Trahison...au nom de la pub et du fric ! Ce qui relève d'un esprit malveillant ! Célèbre aussi par sa Forêt des Livres annuelle, cette ville n'a nullement besoin de ce tintamarre version franglish ! Heureusement, la bonne intelligence française veille : une procédure judiciaire a été engagée contre les protagonistes : la ville, le Conseil général d'Indre-et-Loire et l'agence publicitaire....pour entrave à la loi Toubon !

Christian Massé
président de DLF-Touraine
administrateur d'Avenir de la langue française

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Quand les soldes sont « sale »

Quand les soldes sont "sale"

anglomanie commerce : La bêtise anglomane peut pousser certaines marques assez loin : par exemple jusqu'à appeler des soldes "sale" pour faire bien colonisé. Ce qui en français est effectivement assez heureux. On a envie de demander : "Vous n'en avez pas de propres ?"
Quelques exemples ci-dessous avec Camper, Celio et Peugeot

Telle la marque espagnole Camper et son : "Sale. The Very Very Camper Collection" (sic! )

Mention valable pour la française Celio dont les vitrines sont systématiquement in ingliche pour faire djeune

Et le constructeur Peugeot qui pense arrêter sa chute en causant "ingliche" avec sa "Peugeot winter collection", il est vrai que les touristes viennent sur les Champs-Élysées pour qu'on leur cause la langue de Coca-Cola c'est tellement couleur locale !

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Des transports en Carpettes anglaises (2013)

Des transports en Carpettes anglaises

Guillaume Pépy (SNCF) Carpette anglaise 2013
Tom Ender (EADS) prix spécial à titre étranger 

transports colonisation SNCF : les versions en allemand et en espagnol suivent la version française

Des transports en Carpettes anglaisesGuillaume Pépy, président de la SNCF, distingué pour ses éminents mérites en dévotion anglophone par le jury de l’académie de la Carpette anglaise (1), présidé par Philippe de Saint Robert, réuni à la brasserie Lipp à Paris, a reçu le prix 2013 de la Carpette anglaise. Après les Smiles, les TGV Family, et autres médiocrités linguistiques, voici que la SNCF tente de nous faire ingurgiter de l’anglais, en proposant des cours de langue anglaise uniquement, dans ses trains champenois par l’intermédiaire de l’organisme SpeakWrite ; après le trop fameux sandwich SNCF voici la bouillie anglaise !

Seconde cerise amère sur le pudding indigeste de l’anglofolie, pour Tom Enders, président exécutif d’EADS et grand organisateur de la politique linguistique du tout en anglais dans son groupe, qui a trouvé (dis)grâce aux yeux du jury.

L’Académie a tenu à lui décerner son prix spécial à titre étranger (2) pour avoir annoncé, en anglais seulement, à tous les salariés allemands, espagnols et français de la branche "défense et espace", un vaste plan de licenciements par une vidéo... elle-même sous-titrée en anglais. Major Tom, a été retenu après un vote serré (8 voix contre 4) l’opposant à son concurrent en abandon linguistique Joachim Gauck, président de la République fédérale d'Allemagne qui a appelé les peuples d’Europe à adopter l’anglais comme langue de communication !

Que déshonneur leur soit rendu !

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1 La Carpette anglaise, prix d’indignité civique, est attribué à un membre des "élites françaises" qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.

Le jury est composé de représentants du monde littéraire, syndical et associatif [Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Défense de la langue française (DLF), association (COURRIEL) et Le Droit de comprendre (DDC)]. En juin 2013, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur, a reçu une Carpette anglaise, à titre exceptionnel, pour son obstination à faire de l'anglais une langue de l'enseignement supérieur en... France.

2 Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

Anne Cublier, Hervé Bourges, Paul-Marie Coûteaux, Benoît Duteurtre, Yves Frémion et Dominique Noguez, sont membres de cette académie.

Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.

Courriel : parlerfranc@aol.com

Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, 34 bis rue de Picpus, 75012 Paris


PRESSEMITTEILUNG

Verleihung der Jahrespreise 2013 der "Académie de la Carpette anglaise" (1)

Verkehrsmittel auf fliegenden englischen Gebetsteppichen

Guillaume Pépy,

Generaldirektor der SNCF (fz. Bahn), wird als eminenter französischer. Anbeter des Englischen ausgezeichnet. Preisgekrönt von der’ Pariser "Académie de la Carpette anglaise" (1), in ihrer jährlichen Sitzung vom 12. Dezember unter dem Vorsitz des Schriftstellers Philippe de Saint Robert, in der berühmten Pariser Brasserie Lipp.

Nach den Smiles, TGV Family, und sonstigem Sprachmüll, versucht nun die SNCF ihren Fahrgästen durch die Champagnegegend English beizubringen. Sprachkurse bietet sie an, nur in Englisch, durch das Institut SpeakWrite.

Auf den berüchtigten "sandwich SNCF" folgt nun die englische Brühe !

Thomas "Tom" Enders

bekommt als Ausländer den Sonderpreis : prix spécial à titre étranger(2).

Als treibende Kraft des "mit Volldampf ins Englische" in seiner Organisation hat sich der Generaldirektor des EADS das Sonderlob der Jury zugezogen.

Unter anderem hat er nämlich in Frankreich dem Personal, das heisst den deutschen, französischen und spanischen Arbeitnehmern der Abteilung "Verteidigung und Raumfahrt", einen umfangreichen, drastischen Entlassungsplan nur in englischer Sprache angekündigt.

Gekürt wurde allerdings Major Tom nicht einstimmig : mit 8 Stimmen gegen 4 zugunsten eines beachtlichen Wetteiferers in Sachen Sprachverzicht.

Kein anderer als der Bundespräsident Joachim Gauck war nämlich am 22. Februar 2013 auf den Plan getreten. In seiner Rede (nicht “an die deutsche Nation”, sondern) an alle europäischen Völker hat er ihnen vorgeschlagen, ja nahegelegt, in allen wichtigen, seriösen, gemeinsamen Bereichen des Lebens, zum Englischen überzutreten, wobei sie selbstverstänlich ihre jeweiligen Muttersprachen "mit deren ganzer Poesie" weiterhin im heimatlichen Rahmen benutzen dürfen !

Unehre denen, denen Unehre gebührt !


1 La Carpette anglaise : (von : "Teppich", "(Tür)Matte" und, im bildlichen Sinne, abschätzig : "Kriecher") Preis der zivilen Unwürdigkeit. Er wird jedes Jahr einem Prominenten verliehen, der sich hartnäckig dafür eingesetzt hat, die Vorherrschaft des Englischen in Frankreich, und die Herabstufung des Französichen zu bewirken.

Die Mitglieder der Akademie - und der Jury der Preise - sind Vetreter literarischer, gewerkschaftlicher und Vereins=Kreise [Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Défense de la langue française (DLF), association (COURRIEL) et Le Droit de comprendre (DDC)].

In einer Sondersitzung im Juni 2013 erhielt Geneviève Fioraso, Ministerin für Hochschulwesen und Forschung, einen SonderCarpettepreis, fûr den verbissenen Willen mit dem sie versuchte, das Englische zur offiziellen Sprache des Unterrichts an den französichen Hochschulen zu machen.

2 Le prix spécial à titre étranger wird Mitgliedern der europäischen und internationalen Nomenklatura und Schickeria für ihren wertvollen Beitrag zur Verbreitung der englischen Sprache verliehen.

Anne Cublier, Hervé Bourges, Paul-Marie Coûteaux, Benoît Duteurtre, Yves Frémion et Dominique Noguez, sind Mitglieder der Akademie.

Contact : Marc Favre d’Échallens, Secrétaire de l’Académie de la Carpette anglaise chez Le Droit de Comprendre, 34 bis rue de Picpus, 75012 Paris ; courriel : parlerfranc@aol.com

De transportes sobre Felpudos... ingleses

El jurado de la Academia del Felpudo inglés (1), presidido por Philippe de Saint Robert, reunido en la brasserie Lipp de Paris, ha otorgado el premio 2013 del Felpudo inglés al presidente de la SNCF (Sociedad Nacional de Ferrocarriles franceses), Guillaume Pépy, por sus eminentes méritos en materia de devoción anglófona. Después de los ! los Smiles, los TGV Family y otras mediocridades lingüísticas, he aquí que la SNCF intenta hacernos tragar inglés en la mayor parte de sus trenes proponiendo cursos de inglés -únicamente-, con la ayuda de la empresa SpeakWrite ; Así, tras el demasiado famoso sandwich SNCF ¡he aquí la papilla inglesa !

Segunda cereza amarga sobre el indigesto pudding de la 'anglolocura', para el presidente ejecutivo de EADS, Tom Enders, gran organizador en el consorcio aeronáutico europeo de la política lingüística del 'todo en inglés', que ha encontrado (des)gracia a los ojos del jurado.

La Academia ha querido otorgarle su premio especial a título extranjero (2) por haber anunciado, en inglés solamente, a todos los asalariados, alemanes, españoles y franceses, del departamento "defensa y espacio", un vasto plan de despidos utilizando un vídeo, él mismo subtitulado en inglés. Major Tom fue elegido en una ajustada votación de 8 votos contra 4 frente a su más inmediato adversario en abandono linguístico, el presidente de la república federal alemana, Joachim Gauck, por su llamamiento a los pueblos de Europa para que adopten el inglés como idioma de comunicación.

¡ Que se les rindan deshonores !

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1 El Felpudo inglés, premio de indignidad cívica, se atribuye a un miembro de las "élites francesas" que se distinguió particularmente por su encarnizamiento en la promoción de la dominación angloamericana en Francia, en detrimento de la lengua francesa.

El jurado está compuesto de representantes del mundo literario, sindical y asociativo [Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Défense de la langue française (DLF), association (COURRIEL) et Le Droit de comprendre (DDC)].

En junio de 2013, la ministra de la Educación Superior, Geneviève Fioraso, recibió un Felpudo inglés a título excepcional, por su obstinación en convertir el inglés en un idioma de la enseñanza superior en... Francia.

2 El premio especial a título extranjero se atribuye a un miembro de la nomenklatura europea o internacional por su servil contribución a la propagación de la lengua inglesa.

Anne Cublier, Marie Treps, Hervé Bourges, Paul-Marie Coûteaux, Benoît Duteurtre, Yves Frémion et Dominique Noguez, sont membres de cette Académie.

Contacto : Marc Favre d’Échallens, secretario de la Academia del Felpudo inglés.

parlerfranc@aol.com

Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, 34 bis rue de Picpus, 75012 Paris

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CSA – Quel avenir pour la langue française dans les médias audiovisuels

Colloque du CSA Quel avenir pour la langue française dans les médias audiovisuels ?

Organisé au Collège de France à Paris, lundi 9 décembre 2013

Colloque du CSA "Quel avenir pour la langue française dans les médias audiovisuels ?"
CSA médias colloque langue française

Quelques observations subjectives

Rendons au moins grâce à Patrice Gélinet, à l'origine du colloque, de l'avoir organisé ce qui a permis de mettre le sujet sur la place publique et d'avoir ainsi des relais dans la presse. Le colloque ouvert par Olivier Schrameck président du CSA, comportait 3 tables rondes.

Une première sur "La langue française dans les médias audiovisuels de la francophonie" où l'on a analysé la situation comme l'a fait par exemple, Marie-Christine Saragosse, directrice de France Médias Monde : "5ème langue de communication, 220 millions de locuteurs, 8,5% du PIB mondial, 5,4% de la population et 14 % des exportations de contenu audiovisuels", Sylvain Lafrance, professeur HEC Montréal, ancien vice-président exécutif de Radio Canada qui a relevé le manque de combativité des médias français face à la domination anglo-saxonne citant l'exemple des titres non traduits comme "The voice" qui est traduit par "La voix" au Québec mais pas en France. La dite "ministre chargée de la francophonie" Yamina Benguigui, a conclu la matinée avec un gros retard, en ânonnant un discours que visiblement elle découvrait, butant sur les mots, faisant de grosses fautes de français, parlant notamment de "la radio Canada"...

Une 2ème table ronde plus "intellectuelle" avec notamment Alain Rey, Marc Fumaroli, Bernard Cerquiglini et Érik Orsenna d'un bon niveau d'échanges. Alain Rey a notamment souligné "qu'avant on faisait des fautes mais on savait que c'était des fautes maintenant on ne le sait même plus, la paresse est partout". Soulignant aussi que "s'il y a toujours eu des mots nouveaux dans le français de toutes provenances, aujourd'hui 50% des mots nouveaux sont exclusivement issus de l'anglais sans adaptation (comme on le faisait par exemple avec paquebot pour packet boat) et que des tournures anglo-américaines sont adoptées telles quelles (une situation sous contrôle)." Jacques Toubon, auteur de la loi du 4 août 1994, de son côté a demandé qu'au moins l'on "instaure des contraintes de respect de la langue française pour le service public"

La 3ème table ronde a réuni les médias dont TF1, M6, France 2, France culture, NRJ et Skyrock
Les chaînes de télévision se sont contentées d'évoquer le travail de réponse aux courriers des téléspectateurs et de leurs actions pour améliorer le langage utilisé par les journalistes ou les présentateurs. Sans que personne ne parle de l'écrasante majorité de programmes anglo-saxons (par exemple à l'heure de grande écoute la veille, les 22 chaînes de la TNT gratuite passaient 13 séries ou films anglo-saxons, contre 5 programmes français et 1 film italien… soit quasiment les 2/3 [sans compter les 2 chaînes d'information et la chaîne sportive])

On a eu droit à Maryam Salehi, directeur (sic !) délégué à la direction générale de NRJ Group (sic !) qui a eu le culot de s'afficher comme groupe de radio francophone en s'abritant derrière d'autres stations du groupe (Chérie FM ou Rires et chansons qui ne font que rediffuser des tubes anciens) quand sa station principale NRJ est une grande pourvoyeuse de mots anglais et de chansons anglo-américaines (Ils doivent diffuser leurs chansons françaises vers 3 h du matin pour respecter leurs quotas). Le slogan de cette station, d'écoute souvent obligatoire dans de nombreux lieux publics, est d'ailleurs : "Hit music only", celui du groupe (group !) étant "On air, Online, On demand" (sic !)[1]. Pierre Bellanger président de Skyrock, pour sa part, dit que la chanson française n'est pas un problème pour sa station qui diffuse surtout du rap. Nicolas Jacobs, médiateur de l’information de France 2 lui, trouve que des expressions comme "low cost" sont intraduisibles (sous les moqueries de beaucoup des autres intervenants et du public). On est rassuré sur la volonté du service public de faire respecter la langue de son pays ! Jérôme Bouvier, médiateur de Radio France propose des actions fortes dans les médias lors de la journée de la langue française [le 20 mars]. Tout ce petit monde se met d'accord pour la mise en place d'une charte, les chaînes privées étant plus réticentes.

Après, intervention forte d'une adhérente d'une association de traducteurs qui a dénoncé une certaine démission générale face à l'anglais puis celle du président d'ALF, Albert Salon qui a asséné une vigoureuse critique contre "La soupe servie aux productions culturelles états-uniennes comme l'invitation systématique par les deux principales chaînes, la publique comme la privée, au moins une fois par semaine, au JT du soir  d'un acteur, producteur ou autre vedette des États-Unis"

Conclusion avec la lecture du discours de la Ministre de la culture qui parfois a quelques accents volontaires sur la résistance à la soumission (!)
Que de tous ces beaux débats sorte quelque chose de concret, cela reste à démontrer.… MAR


[1] Elle s'est d'ailleurs plainte de la difficulté que son groupe aurait à faire respecter les quotas, la production française ayant chuté de 60 % en 10 ans. La rhétorique du pompier pyromane : les radios telles NRJ n'encourageant aucun artiste français ou francophone et ne prenant aucun risque sauf celui de passer des tubes déjà bien vendus aux États-Unis, comment s'étonner d'une telle baisse. Pourtant en nombre d'albums vendus la production française est toujours nettement en tête 13 sur les 20 albums les plus vendus en 2013 (des albums qui passent rarement sur NRJ…).

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L’uniformisation linguistique au profit de l’anglais

L'uniformisation linguistique au profit de l'anglais,
langue de la superclasse mondiale

par Albert Salon

L'uniformisation linguistique au profit de l'anglais, langue de la superclasse mondialecolonisation anglicisation politique

Les peuples d'Europe continentale souffrent dans leurs personnalités nationales et dans leurs langues. La faute en incombe d'abord à leurs propres faiblesses.

Mais ils sont aussi les cibles d'attaques convergentes de l'extérieur, relayées à l'intérieur de leurs pays par les "collabos de la pub et du fric" (Michel Serres).

I) L'anglais instrument et but du cosmopolitisme-mondialisme

Constatons d'abord que "le cosmopolitisme" n'est pas seulement un concept abstrait, désincarné. Il a bel et bien un visage : celui de l'empire anglo-saxon-germain et de son relais européen (l'UE, et non pas l'Europe-ensemble-géographique-et-culturel), qui loin de ses idéaux et orientations d'origine, veut aller vers l'union transatlantique.

L'UE sert, avec de multiples maladresses et gabegies, mais avec la servilité et l'opiniâtreté de son idéologie d'uniformisation et de "concurrence libre et non faussée", les intérêts de la superclasse mondialisée et des multinationales surtout anglo-saxonnes, et aussi germaines.

Le cosmopolitisme est en fait le mondialisme des puissances qui ont su s'accaparer la mondialisation qui est, elle, l'effet des progrès des techniques et de la communication. La mondialisation est en elle-même un phénomène neutre. Elle a fait de tels progrès depuis un siècle que les puissances anglo-saxonnes, principaux vainqueurs des deux guerres ont eu seuls les moyens de l'accaparer et de développer sur cet accaparement une attitude de "mondialisme". Le cosmopolitisme-mondialiste est l'impérialisme anglo-saxon-germain.

Il broie, soumet, vassalise l' "Europe-puissance" et les États continentaux sauf l'Allemagne, notamment à l'aide de la domination toujours favorisée et étendue du "globish pour tous". Il vise surtout la France, parangon d'État-Nation, encore debout, principal gêneur en Europe, et rival linguistique, culturel, et géolinguistique avec la Francophonie.

J'y vois un nouveau "Saint-Empire américain de nations germaniques". Englobant de plus en plus évidemment l'Allemagne. Je rappelle que Bush père lui fit l'offre de "partnership in leadership" : l'Europe à l'Allemagne, le monde aux États-Unis, ceux-ci gardant une tutelle bienveillante mais vigilante sur l'Europe. Offre bien "intégrée" dans le discours du Bundespräsident Joachim Gauck le 22 février 2013 aux peuples d'Europe, conseillant à tous de passer à l'anglais pour toutes les "choses communes" sérieuses, et leur concédant de garder, dans leurs foyers, la pratique des langues maternelles "avec toute leur poésie" (sic !).

Cet empire anglo-saxon se compose d'abord d'une alliance GB-EU pour la domination du monde. Alliance d'une tradition britannique bien connue, fondée essentiellement sur l'économie, le commerce, la maîtrise des mers, et d'une volonté états-unienne fondée elle aussi sur un sens aigu des intérêts fondamentaux matériels et de puissance, mais assortie en outre d'un messianisme développé et théorisé au 19ème siècle ("nous sommes le peuple élu, l'Israël de notre temps, désigné par Dieu pour guider l'humanité"), confirmé par Brezinski.

Cet empire s'appuie aussi aujourd'hui sur :

- de fortes communautés de langue maternelle anglaise : en Australie et Nouvelle-Zélande, au Canada, en République sud-africaine ;

- beaucoup d'éléments germains, essentiellement en Europe du nord ;

- bien des institutions internationales largement anglophones, maintenant en Europe avec l'OTAN et l'UE, sises à Bruxelles : relais extrêmement efficace ;

- de grands pays qui ont chez eux adopté l'anglais comme langue seconde et internationale : Inde et Bangladesh, Afghanistan, Pakistan, Birmanie, Thaïlande, anciennes colonies ou protectorats britanniques, tant arabes que subsahariennes ;

- des pays qui ont adopté l'anglais comme langue quasi unique de communication avec l'extérieur : Chine, Japon, Corée du Sud, Indonésie et Papouasie, Arabie, Égypte ;

- la plupart des institutions internationales, mondiales comme régionales, qui ont été opiniâtrement et savamment, au cours des décennies, amenées à fonctionner très largement en anglais, avec la complicité de nos divers nationaux, l'exemple le plus tragiquement éclatant étant fourni par l'UNESCO, sise à Paris ;

- et sur de puissantes "cinquièmes colonnes", surtout en Europe, en France.

Cet empire de la langue anglaise est le plus vaste, le plus solidement ancré de tous les temps.

Il est installé encore pour un certain temps, car la viscosité des phénomènes linguistiques empêche les virages courts. L'anglais servira donc encore longtemps les pays de langue maternelle anglaise, leur économie et leur pouvoir d'influence ("soft power"), même après l'effondrement inéluctable, déjà en cours, du présent empire anglo-saxon.

Les Anglo-saxons de cet empire sont certes nos alliés et amis. Mais en même temps nos concurrents, rivaux, ennemis les plus constants et dangereux ; ce qui est loin d'être incompatible : il faut bien le comprendre et l'admettre ! Ils font et feront tout pour consolider partout toutes les positions de l'anglais, car cela leur facilitera la transition du déclin, un répit de puissance après leur déclassement. Cette conscience et cet effort opiniâtre, crispé, se manifestent partout. Il suffit de bien ouvrir les yeux.

II) Quelles sont les applications de cette stratégie tous azimuts ? Je ne donnerai ici que quelques exemples, parmi les plus significatifs :

II-1) La conquête par l'anglais des sciences et de la recherche mondiales

Le rassemblement dans les mains surtout des EU et un peu de la GB des supports, références et exploitations des publications, avec tout ce que cela comporte :

- l'anglais promu langue unique de la valorisation des carrières des chercheurs ;

- l'orientation même des travaux de recherches vers ce qui intéresse les maîtres EU ;

- le piratage fréquent des découvertes des chercheurs non anglophones (cf. le retentissant procès gagné par le Français Montagnier contre l'Étatsunien Gallo) ;

- les institutions nationales, en France l'ANR et le CNRS, qui en viennent à exiger de tout traiter en anglais, tant les appels d'offres que les réponses exigées des candidats ;

- la tendance des universités et grandes écoles des pays non anglophones à passer à l'enseignement partiel, puis majoritaire, voire complet, en anglais. Les pays européens germaniques s'y sont mis assez largement y compris l'Allemagne, quittes à commencer à comprendre leur erreur. La France aussi ; cf. plus loin : la loi Fioraso.

II-2) La conquête de l'Union européenne et de ses institutions

Par la Conquête des esprits (Yves Eudes) des pays européens terriblement affaiblis par la 1ère, et surtout par la 2ème grande guerre, désireux de paix, de protection, de reconstruction, de développement, saisis par un idéal de construction d'une Europe unie et puissante.

Avec la conjugaison constante d'instruments impériaux très efficaces : l'information-propagande-diplomatie-d'influence ("soft power") ; le Plan Marshall ; l'OTAN.

II-2-1) La captation des jeunes, puis des adultes d'Europe, par l'information et la culture, et surtout une sous-culture de masse :

- par des chansons et une musique qu'il n'est nul besoin de comprendre, le but étant de remuer, swinguer, au rythme, au "beat", d'être en résonance avec "ceux de l'Occident" ;

- par le cinéma : dès 1946 les accords du Plan Marshall ("Blum-Byrnes" en France) imposaient aux "bénéficiaires" en contrepartie de l'aide à la reconstruction, des quotas, sur leurs écrans nationaux, de 30% de films produits à Hollywood ;

- par la détection-écrémage et la formation aux États-Unis de jeunes prometteurs, dirigeants en puissance : programme des "Youg leaders", toujours en vigueur, étendu récemment à nos banlieues françaises par le très actif ambassadeur des EU en France, M. Charles Rivkin ;

- par des institutions internationales ou rencontres informelles et discrètes tels Davos, et surtout le Bilderberg, la Trilatérale, ainsi que des cercles nationaux d'élites tel Le Siècle en France, qui toutes promeuvent et entretiennent l'idéologie matérialiste et impériale de la superclasse mondiale. Les listes et la grande notoriété et capacité d'influence des gens, qui en font partie dans tous nos "partis de gouvernement", sont éloquentes. Les gouvernements de MM. Sarkozy, puis Hollande, ont compté et comptent plusieurs membres de ces institutions ;

- par la mainmise sur les grands médias :

Un exemple entre mille, mais très révélateur : le "Vingt-Heures" de TF1 privée, de France 2 publique, comporte très souvent 5 minutes consacrées à "servir la soupe" à un acteur, metteur en scène ; producteur, chanteur, ou autre étatsunien : extraordinaires publicité et propagande. Tout le monde doit avoir les yeux, les sens, tournés vers ce "modèle", vers Washington et New York, et un peu Londres, en étant laissé dans la quasi ignorance des autres cultures, y compris de celles, pourtant riches et productives qui nous sont plus proches ;

- par la captation et la réorientation des mémoires nationales, de la culture et des création-acquisition-diffusion de la connaissance ; les systèmes publics français d'enseignement et de recherche, pour ne prendre que cet exemple, ont été rendus vassaux de l'idéologie euratlantique matérialiste, consumériste et marchande (cf. la réduction constante du temps et des efforts consacrés à la langue nationale, à l'histoire, à la littérature, à la philosophie).

Les commémorations des évènements nationaux subissent chez nous la concurrence de celles d'évènements anglais et surtout américains. Nos collabos s'y prêtent volontiers. Un exemple : sous prétexte de généreuse réconciliation, le Président Chirac a, à l'automne 2005, occulté le bicentenaire d'Austerlitz et envoyé le porte-avions Charles de Gaulle à la Reine d'Angleterre qui, elle, célébrait sans complexe la victoire de Nelson sur Villeneuve à Trafalgar. Nos médias ne se contentent pas de rappeler avec beaucoup d'application la Shoah ; ils nous servent le Mayflower, le New Deal de Roosevelt, le 50ème anniversaire de la mort de Kennedy, et chaque année avec ferveur celui du 11 septembre 2001.

La négociation (bilatérale, et non plus par une OMC paralysée) du traité de libre-échange EU-UE, laisse très mal augurer du respect de la diversité culturelle, malgré les promesses données du bout des lèvres à une France actuellement bien molle.

II-2-2) L'offensive de grande envergure contre la diversité des langues de l'Europe et du monde, très gravement menacées par l'imposition du "globish-pour-tous" - :

par l'empire ; par de puissants relais : surtout cette UE qui promeut en forcenée le "tout-à-l'anglais" dans ses institutions et ses relations avec chacun des États.

En Europe du nord, en Allemagne, en Italie, un peu partout, on impose cette langue unique, on en colonise l'école, l'université, les institutions et la recherche (cf. plus haut).

Bruxelles a depuis longtemps édicté, par un Kommissaire allemand, sans digne réaction des membres, que les États candidats à l'UE y compris ceux qui appartiennent à la Francophonie officielle (Roumanie, Bulgarie, etc.), devaient présenter leurs dossiers uniquement en anglais.

II-2-3) La diversité des Nations européennes est sans cesse rabotée par l'empire et son relais UE ; par l'appui aux régionalismes linguistiques et politiques ; aux communautarismes religieux ; à l'immigration extra-européenne destinée à casser par son ampleur la force de résistance des nations, au premier chef celle de la France ; et à l'entrée de la Turquie en UE.

Vers l'homme remplaçable, interchangeable, consommateur homogénéisé de produits standardisés.

II-2-4) La diversité des ensembles géoculturels et géolinguistiques dans le monde (lusophonie, hispanophonie, arabophonie) est également attaquée pour imposer l'anglais. L'empire et l'UE s'y emploient ensemble, principalement contre le mieux structuré et le plus "dangereux" (et pourtant !...) de ces ensembles : la Francophonie. En débauchant des États membres avec opiniâtreté. Ou encore en forçant les pays francophones demandeurs d'aide du Fonds européen de Développement (FED) à présenter leurs dossiers uniquement en anglais, dans le silence assourdissant, complice, de nos gouvernements.

Le débauchage est accompli au Vietnam, au Laos, au Cambodge, au Ruanda (ancienne colonie belge, membre de la Francophonie depuis longtemps). Il est tenté en Haïti, en RDC (ex-Zaïre), à Madagascar, au Gabon, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en Tunisie, au Maroc.

II-2-5) L'OTAN a servi à l'empire de moyen et de cadre pour vassaliser l'Europe

Un des signes les plus évidents suffit pour illustrer mon propos : les pays de l'Europe de l'Est candidats à l'admission au sein de l'U.E. ont dû en fait commencer par adhérer à l'OTAN. Cela a servi au moins à écarter toute idée d'Europe de la Défense.

Le linguiste Claude Hagège, professeur au Collège de France, l'a répété, en France et au Québec : "Nous sommes en guerre". Il s'agit d'une guerre mondiale.

Si nous voulons survivre, il nous faut résister, avec beaucoup de courage, au rouleau compresseur, qui paraît au moins aussi redoutable, voire irrésistible, que pouvait l'être l'empire nazi en 1940.

III) Résister : comment ?

III-1) Agir sur le plan politique général

Si la France veut assurer sa survie en tant que Nation et puissance, et sauvegarder ses intérêts, la langue française dans le monde et chez elle, elle doit retrouver une volonté française*, intensifier considérablement sa résistance, décider d'un sursaut salutaire, et, pour cela :

- changer une bonne partie de sa classe politique ;

- sortir de l'empire anglo-saxon et écarter du pouvoir les Présidents gouverneurs de province qui la mettent en liquidation de manière tragiquement accélérée ;

- sortir, donc, de l'OTAN, de l'euro et de l'U.E, et retrouver un degré suffisant d'indépendance et de maîtrise de son destin ;

- accomplir ses réformes urgentes et son redressement financier, économique, scientifique et industriel, comme elle sut le faire en 1958-62 sous de Gaulle et Debré ;

- reprendre ses fondamentaux, en politique extérieure ; et à l'intérieur : refaire une école, ascenseur social, d'égalité des chances, et assimilatrice des jeunes immigrés ;

- retrouver une maîtrise de ses flux migratoires ;

- rétablir la langue française dans toutes ses fonctions, dans tous les domaines* ;

- jouer les énormes atouts que constituent ses DOM-COM et les immenses richesses de son espace maritime de 11, 2 M. de km² (le 2ème du monde !), la langue française et son réseau culturel mondial à redynamiser, ses relations à conforter avec l'Afrique continent d'avenir, et, enfin, la Francophonie organisée, notamment dans l'O.I.F.

III-2) En ce qui concerne la langue française, résister, c'est

- rétablir un enseignement de qualité et ses fonctions d'ascenseur social et d'assimilation ;

- transmettre en famille un français riche et correct, et surtout l'amour de cette langue ;

- multiplier les protestations individuelles et collectives, écrites et orales, contre les dérives des dirigeants, des médias, de la publicité, des universitaires ; suivre l'appel de Michel Serres à la "grève de l'anglais" ;

- adhérer à Avenir de la langue française (ALF : avenir-langue-francaise.org ) ou aux associations en synergie avec elle, et militer en leur sein.

III-3) Se joindre à deux combats vitaux des associations ALF et autres :

III-3-1) Pour l'enseignement supérieur en français :

L'affaire du projet de loi Fioraso : bilan et perspectives ; le combat doit continue ! :

L'article 2 du projet de réforme des universités (Mme Fioraso), a été voté par le Parlement qui l'a amendé. ALF et 30 associations amies avaient lancé dès janvier 2013 une vigoureuse campagne, amplifiée par des académies, institutions et grandes voix opportunément saisies, exprimées dans tous les médias, y compris les plus fermés à notre lutte Contre la pensée unique (Hagège) et sa langue unique. Ces voix ont, avec nous, remporté une demi-victoire.

Une demi-victoire, en ce que les vannes de l'américanisation en globish-pour-tous, sont, dans le texte voté, beaucoup moins ouvertes qu'elles ne l'étaient dans l'avant-projet.

Les amendements des deux Chambres sont substantiels : pas d'enseignements uniquement en anglais ; obligation pour les étrangers qui reçoivent des enseignements en anglais de justifier de leur connaissance du français validée par des épreuves comptant dans leur diplomation ; évaluation obligatoire de cet aspect de la réforme au bout de trois ans.

Une demi-victoire au goût amer, cependant. Car, au sein de ce gouvernement peu intéressé par la francophonie, c'est la fonction et la voix de Mme G. Fioraso* qui l'ont emporté sur celles des ministres A. Filippetti, Y. Benguigui, et L. Fabius, pourtant chargés respectivement du français en France, de la Francophonie, et de notre beau réseau culturel mondial, ainsi que de la Coopération avec les pays francophones. Ce gouvernement légalise ce que Mme V. Pécresse, MM. P. Tapie et R. Descoings, avaient discrètement développé dès 2007 : les enseignements illégaux en anglais, et il admet dans les textes que des disciplines doivent être enseignées en anglais, proclamant ainsi – nouveauté insoutenable ! – que le français ne peut pas tout dire.

*L'Académie de la Carpette anglaise, composée d'écrivains et de nos principales associations, a décerné à l'unanimité un prix exceptionnel à Mme Fioraso. Mme Valérie Pécresse l'avait précédée e, 2008 sous M. Sarkozy.

En attendant de pouvoir obtenir l'abrogation de cet article, une grande vigilance s'impose à tous. Nous devons sans cesse fustiger les beaux esprits qui professent que la "modernité" nous condamne à rejeter le français, notre reste d'indépendance et la voix originale de la France, et à abandonner ces "quelques arpents de forêts et de sables" de la Francophonie mondiale, à l'instar des "quelques arpents de neige du Canada" d'un Voltaire préférant ses intérêts dans le "commerce triangulaire" avec les "îles à sucre". Alors que la Francophonie constitue un atout de premier ordre pour la France, comme l'ont souligné MM. Pouria Amirshahi, J. Attali, C. Hagège, A. Compagnon, B. Pivot, M. Serres...

Nous savons bien qu'un certain milieu universitaire dérouté, dévoyé, nous est hostile, et que des pressions diverses risquent de s'exercer sur des étudiants qui se voient imposer des cours en anglais qu'ils rejettent, alors qu'ils attendent et veulent des cours en français.

Il y aura- il y a déjà - des infractions assez nombreuses aux amendements adoptés.

Nos associations ont donc créé un comité de vigilance inter-associatif, avec le soutien de divers parlementaires, et en liaison avec des médias, afin de détecter, recueillir et bien noter, signaler à qui de droit, les dites infractions, obstructions et pressions, et informer de leurs droits, soutenir leur courage et guider dans leurs recours devant les tribunaux administratifs les personnes concernées directement qui veulent les faire cesser.

Tous ceux parmi vous qui ont dans leur famille des étudiants qui se plaignent de subir des cours entièrement en anglais - et les pressions de leurs professeurs pour les empêcher de protester – sont invités

- à signaler ces cas à ALF (cf. adresse ci-dessous) avec des références très précises et si possible des décisions écrites des établissements qui imposent l'anglais unique ;*

- à insuffler à ces étudiants (surtout aux "bons" risquant moins les représailles !...) le courage de dire non et d'adresser à leur établissement une requête écrite recommandée AR, pour justifier ensuite un éventuel recours en tribunal administratif qui serait nécessairement gagnant et que nos associations soutiendraient.

III-3-2) La grande campagne nationale "Communes de France pour la langue française"

Contre les élites de la superclasse, Avenir de la langue française (ALF) et le Forum pour la France (FPF), et 30 associations françaises, appellent les maires de France à se joindre à leur grande campagne nationale "Communes de France pour la langue française".

Le peuple, lui, ne veut pas du changement de langue nationale. Le referendum étant cadenassé, les associations font remonter la vox populi par les communes, et veulent présenter à Noël 2014 un ensemble de votes de municipalités représentatif de notre variété géographique, politique et culturelle, en équivalent d'un referendum d'initiative populaire.

La campagne a déjà recueilli les votes de plusieurs dizaines de communes, dont les emblématiques Brantôme, Chablis, Maisons-Laffitte, Montfermeil, Pompadour, Saumur, Verdun (Meuse), Vézelay, Dumbéa en Nouvelle-Calédonie, et Ans en Belgique.

Nos associations proposent aussi aux votantes d'entrer dans un réseau international de solidarité et de coopération entre communes francophones, en se présentant sur un site dédié : www.nousvotonspourlefrancais.com en cours de lancement.

Les maires sont appelés à proposer à leur Conseil de voter le manifeste (franco-québécois) dont texte et mode d'exploitation sont à demander à Avenir de la langue française, 34 bis, rue de Picpus, 75012, 01 43 40 16 51, avenirlf@laposte.net

Et chacun de vous est appelé à approcher le maire de sa commune et d'autres élus pour obtenir les votes des conseils municipaux, à l'aide de ces textes à demander !

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien ambassadeur, président d'Avenir de la langue française (ALF) et co-animateur de réseaux francophones en France et au-dehors.

*Voir le livre qui porte ce titre, paru chez Glyphe en 2012 ; il s'agit d'un abécédaire en cent mots-clefs des mesures nécessaires au redressement de la France.

Paris le 6 décembre 2013.

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Fleur Pellerin piétine la Circulaire du Premier ministre du 25 avril 2013

Fleur Pellerin piétine la Circulaire du Premier ministre du 25 avril 2013

colonisation américanisation politique : La ministre déléguée en charge de l'Économie numérique, en rebaptisant l'initiative “Quartiers numériques” “French Tech”1 (sic !) une fois de plus montre que ce gouvernement (ou plutôt nombre de ses ministres) s'assoit sur la langue française entrant de plein pied dans une logique de colonisés, pensant que s'afficher en anglais c'est forcément moderne. Quand cela n'est que servile !
Cela montre également la valeur des beaux discours de nos dirigeants, tels ceux de François Hollande ("Je défendrai partout l’usage du français"), qui n'ont jamais pris la moindre esquisse de mesure pour faire respecter le français. MAR

Circulaire du Premier ministre (Jean-Marc Ayrault), 25 avril 2013 relative à l’emploi de la langue française

1 il est vrai que France Tech cela n'était possible, cela ne faisait pas assez anglo-saxon !

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Beautiful Grenelle ?

Beautiful Grenelle ?

1 lieu et 2 marques à éviter : Beaugrenelle, Häagen-Dazs et Uniqlo qui piétinent la langue française

Beaugrenelle Häagen-Dazs Uniqlo commerce colonisation

Beautiful Grenelle ?Passant voir le centre commercial Beaugrenelle (Paris 15e) rénové, nous nous sommes bien retrouvés en colonie états-unienne, interpellés dans la langue de Coca-Cola. De même nous avons pu constater combien la marque américaine Häagen-Dazs, se croyant en pays conquis, piétine la langue française : avec ses inscriptions énormes entièrement en anglo-américain.

Häagen-Dazs piétine la langue française

Nous invitons toutes les personnes pour lesquelles le respect a encore un sens à ne pas acheter les produits et à ne pas fréquenter les points de vente de la marque Haagen-Dasz tant que celle-ci ne respectera pas le pays dans lequel elle prétend vendre : la France et tant que les pouvoirs publics ne feront pas respecter les lois de la République, dont notamment la loi du 4 août 1994, qui oblige un affichage en taille au moins équivalente en français.

Accessit pour Uniqlo, qui bien que japonaise, se croit elle aussi en terre anglo-saxonne avec son "Uniqlo the innovative brand from Japan". N'achetez pas non plus chez Uniqlo tant que cette marque ne respectera pas la France.

Uniqlo piétine la langue française

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2014 : « partir comme en 14 » ?

2014 : "partir comme en 14" ?

langue française politique colonisation

"Nous sommes en guerre !" a répété Claude Hagège. Il parlait de la guerre des langues.

La résistance monte et s’organise contre l’offensive tous azimuts que la France subit avec l’appui actif de puissants collabos. Le combat pour le français en est un aspect très important, et un fil d’Ariane. Pour "donner un sens plus pur aux mots de la tribu" (Mallarmé). Plus encore : pour rejeter l’imposition programmée du globish-pour-tous illustrée en 2013 par l’article 2 de la loi Fioraso1 sur l’enseignement en anglais dans grandes écoles et universités.

Dans la terrible décomposition ambiante, nous sommes bien loin d’une levée en masse "musique en tête" et "la fleur au fusil" "comme en 14"...

Mais il y a des lueurs d'espoir, des appels à l’action, dont la synergie entre des dizaines de nos associations françaises et étrangères fait partie :

Dans le monde, les réactions contre l’hégémonisme anglo-saxon se multiplient jusque chez les vassaux les plus dociles. Cf. l’article d’ALF (site) sur l’Allemagne et l’Italie.

Au Japon, écrasé depuis 1945 par la présence états-unienne, le peuple bouge et veut retrouver son Japon et sa langue : en témoigne l'article de l'Asahi Shimbun. Ce journal qui tire à 11 millions (!) s'est tourné vers ALF pour montrer à son public que la France offre l’exemple d’une résistance linguistique organisée.

"La Voix de la Russie" a aussi demandé un entretien à ALF...

En France que l’on américanise, dans la bien triste affaire de la loi Fioraso, ALF et trente associations ont réussi à lancer dès janvier, et à nourrir, dans tous les médias, un vrai débat que divers parlementaires ont pu transformer en amendements. Un comité inter-associatif de vigilance et d’appui aux recours va en suivre l'application par les universitaires hostiles. Merci aux étudiants et à leurs parents de nous signaler les infractions. Il faudra du courage pour refuser, au risque d’être "sacqués", les cours en anglais. Nous serons avec les rebelles pour dénoncer publiquement les pressions subies, et les appuyer dans leurs actions en justice.

La campagne nationale "Communes de France pour la langue française", maintenant bien lancée, devrait produire, en décembre 2014, un gros bouquet de votes de notre manifeste par de nombreux conseils municipaux. Bouquet représentatif de la grande diversité française, à présenter alors comme l’équivalent d’un referendum d’initiative populaire. Nous offrons en outre aux signataires de bâtir ensemble, à l’aide d’un site spécial, un réseau international de solidarité et de coopération entre communes de langue maternelle française.

Chaque membre d’ALF, chaque lecteur de nos publications, est invité à aborder au moins un maire, de préférence viva voce, pour l’amener à obtenir le vote du manifeste par son conseil.

Enfin, nous n’oublions pas le grand projet Villers-Cotterêts, dont nous reparlerons.

Notre ligne est claire pour 2014 : pas de fleur au fusil, mais une guerre constante, avec tous nos alliés naturels en France, au Québec, en Wallonie, en Europe, en Afrique, pour repousser la redoutable offensive, bloquer le rouleau compresseur. C’est vital et urgent. Albert Salon

1 lauréate à l’unanimité de l’Académie de la Carpette anglaise, réunie en juin 2013, spécialement à cet effet.

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Guide des bonnes pratiques linguistiques dans les entreprises

Guide des bonnes pratiques linguistiques dans les entreprises

langue française travail : La Délégation générale à la langue française (DGLF) publie avec l'Office québecois de la Langue Française (OLF) un Guide des bonnes pratiques linguistiques dans les entreprises.


Pour l'emploi du français dans les entreprises et le monde du travail, la DGLFLF publie un précieux Guide des bonnes pratiques linguistiques !

Ce document, comme son titre l'indique aux familiers du langage d'Outre-Atlantique, est d'abord le fruit des institutions québécoises chargées d'appliquer la loi 101 de 1977 au Québec sur le français, puis de la coopération franco-québécoise (OLF et DGLFLF) avec la participation du Professeur français Claude Truchot.

Maintenant publié par la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France, du ministère de la Culture, de la Communication et de la Langue française) qui s'appuie largement sur les syndicats français pour sa diffusion optimale (ainsi notre ami Franck Grandmaison de l'UNSA, qui fut, et reste, avec Jean-Loup Cuisiniez, l'un des principaux interlocuteurs syndicaux français dans la coopération d'ALF avec les syndicats : cf. nos actions fortes de 2007 et 2009 à l'Assemblée nationale), ce document rassemble les "bonnes pratiques" françaises et franco-québécoises les plus pertinentes.

D'un format court, il a vocation à connaître une très large diffusion auprès des acteurs du monde du travail.

Le document peut-être téléchargé sur le site de Délégation générale à la langue française (DGLF) :

  • en version synthétique [France] (32 pages) ou
  • en version complète [France-Québec] (72 pages)

Je recommande vivement à tous nos membres, aux nombreux visiteurs de notre site, et aux lecteurs du bulletin d'ALF, de donner le maximum d'écho à cette initiative particulièrement bienvenue. Albert Salon.

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7èmes Jeux de la Francophonie

7èmes Jeux de la Francophonie à Nice

une bonne cuvée, mais une médiatisation française indigente !

sport francophonie langue française

Selon l'AFP, la ministre déléguée chargée de la Francophonie Yamina Benguigui a, peu avant la cérémonie officielle de clôture, tiré un bilan en demi-teinte de la 7ème édition des Jeux de la Francophonie qui s'achève à Nice dimanche 29 septembre.

"Il n'y a pas eu beaucoup de public et pas de couverture médiatique au point que les jeunes (participants) en ont été choqués", a regretté la ministre.

C'est en effet ce qui est ressorti, entre autres, des échanges avec une vingtaine de jeunes délégués de différents pays participants que la ministre a rencontrés.

Globalement, les épreuves culturelles en centre-ville ont attiré le public, mais celui-ci était peu fourni sur les sites sportifs plus excentrés, ont constaté des journalistes présents sur place.

Les organisateurs niçois se sont, eux, réjouis que l'événement ait été "plébiscité par le public", attirant des "dizaines de milliers de spectateurs", en dix jours d'épreuves.

Les participants, surtout les jeunes sportifs de tant de pays participants, se sont plaints de la quasi occultation de ces Jeux internationaux francophones :"C'est comme si personne ne savait que les Jeux de la Francophonie avaient lieu à Nice... Il faut plus de communication !", a estimé pour sa part une joueuse de tennis de table gabonaise, s'adressant dimanche à la ministre.

Mme Benguigui a répondu à ces doléances en invoquant la rentrée scolaire, mais aussi le fait que ces Jeux se passaient, pour une fois, hors de la capitale du pays hôte.

"Nous nous sommes beaucoup battus, y compris la ville (de Nice), pour que les médias soient présents", a-t-elle souligné.

Nous ne pouvons ici que nous associer à la conclusion-appel de Mme Benguigui :

"Il n'y a que la France qui ne prend pas conscience de l'importance de ces grandes manifestations. Il faut que la France s'auto-analyse sur la Francophonie. (...) Nous avons peut-être besoin d'en discuter, de façon nationale. La Francophonie, cela concerne les cinq continents, 77 nations. La Francophonie, c'est l'avenir. La langue française que nous avons en partage, est une langue culturelle, mais aussi une langue économique... Il est très important de se réveiller".

Nous irons, pour notre part, jusqu'à dire qu'il y a là au mieux une ignorance et une indifférence crasses, au pis une occultation volontaire de la part des médias français, méfiants ou hostiles dans leur grande majorité à nos entreprises qui tendent à faire sortir la France de son état de vassale de l'empire anglo-saxon et de son relais bruxellois.

Jusqu'à dire, aussi, que si le gouvernement s'y était réellement intéressé et avait donné des signes forts de son intérêt, les médias aux ordres eussent suivi le mouvement. Mais il s'est bien gardé de le faire, malgré tous les beaux discours sur le français qu'il nous a plusieurs fois donnés à applaudir gentiment.

La vérité est que toutes ces manifestations de Francophonie dérangent, notamment parce qu'elles donnent mauvaise conscience à tous ceux qui, dans notre représentation nationale de la super-classe mondiale, ont déjà passé la France et ses intérêts fondamentaux par pertes et profits.

Place au "globish-pour-tous" !

Mais nous ne devons pas laisser commettre cette immense forfaiture.

Après notre petite demi-victoire contre la loi Fioraso sur l'anglais langue d'enseignement dans nos universités et grandes écoles, d'autres combats nous attendent, avec l'aide militante et financière de tous nos membres et des 31 associations françaises amies !"

Albert Salon, président d'ALF.

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Olivier Oger, directeur de l’Edhec, massacreur ravi du français !

Olivier Oger, directeur de l'Edhec, massacreur ravi du français !

Olivier Oger Edhec collaboration anglicisation Fioraso

Olivier Oger, directeur de l'Edhec, massacreur ravi du français !La loi Fioraso libère ! Témoin cet entretien ci-dessous donné par Olivier Oger, directeur de l'Edhec au Monde. Celui qui a fait passer son école au tout-anglais dès 2005 est un bon exemple de ces "lou ravis", véritables LVF de l'anglicisation. MAR


A l'Edhec, le directeur refuse le retour des cours en français (Le Monde - propos recueillis par Benoît Floc'h)

Vous avez décidé, en 2005, de faire passer votre école, l'Edhec, au "tout-anglais". Avec quelles conséquences ?

Olivier Oger Ce fut probablement l'une des décisions les plus importantes que j'aie prises pour l'internationalisation de l'école. L'impact en interne a été énorme. Ce fut un grand choc, mais également un projet mobilisateur. Il n'y a eu que deux ou trois personnes qui sont allées voir ailleurs. Mais nous avons annoncé la mesure deux ans avant sa mise en œuvre et mis en place un accompagnement. Évidemment, cela représentait un effort énorme pour nos professeurs parmi les plus âgés, ou pour ceux qui parlaient mal l'anglais.

Olivier Oger a porté un coup mortel à sa langue et à son pays, en passant les cours de l'Edhec à 100% anglais (c'est à dire y compris pour étudier par exemple le droit commercial français !) mais il est fier de lui. Un "effort énorme" des professeurs : ce n'était pas le meilleur enseignement pour les étudiants qui comptait, ni la meilleure communication entre étudiants et professeurs, non ce qui comptait c'était de vendre l'école comme une savonnette.

La qualité de l'enseignement n'a-t-elle pas diminué ?

C'est difficile à mesurer. Lorsqu'on dispense un cours en anglais pour la première fois, on ne dispose probablement pas d'autant de moyens de transmettre les connaissances. Mais cela s'estompe avec le temps. D'autant plus, d'ailleurs, que nous n'avons pas lésiné sur l'accompagnement. Des professeurs de langues donnent des cours ; des séjours de six mois à l'étranger ont été organisés ; des binômes de professeurs français et anglais ont été constitués pour une coproduction des cours, ce qui permet notamment de trouver le bon exemple, la note d'humour, etc.

Olivier Oger n'est même pas sûr que la qualité n'ait pas diminué. Évidemment ânonner un cours en globish quand on le faisait normalement dans sa langue avec toutes les subtilités qui vont avec… On constate en passant que ce fut une bonne opération pour les professeurs anglais. En "coproduction" avec les français, ceux-ci ont sans doute eu la joie de devenir leurs inférieurs…

Cela a-t-il entraîné une coloration plus anglo-saxonne du contenu des cours ?

Non. Ce n'est pas parce que vous enseignez en anglais que vous véhiculez la culture anglo-saxonne ! A ceux qui pensent que nous devenons les suppôts du Royaume-Uni et des États-Unis, je réponds que nous sommes plus qu'avant les ambassadeurs de ce que nous sommes, car nous sommes audibles par un plus grand nombre. Un professeur français demeure français même s'il parle anglais. J'ajoute que les disciplines que nous enseignons, comme la gestion par exemple, comprennent une part importante de technique, laquelle est tout de même plus neutre culturellement que la littérature ou la philosophie. Il faut donc faire la part des choses. Mais je veille à ce que l'enseignement demeure européen et que les cas d'entreprise traités relèvent de problématiques européennes.

Olivier Oger a l'aplomb d'affirmer que "Ce n'est pas parce que vous enseignez en anglais que vous véhiculez la culture anglo-saxonne !" quand on sait bien que c'est évidemment le contraire et qu'une langue véhicule une image du monde et une conception de la société… Merci en passant à Olivier Oger de garder des "problématiques européennes" (le Royaume-Uni étant théoriquement un pays européen et connaissant le contexte de l'école, on s'en réjouit d'avance !).

Qu'est-ce que cela a changé en termes d'attractivité ?

A la fin des années 1990 et au début des années 2000, avec le développement des accréditations [par des agences internationales indépendantes, NDLR], l'Edhec a voulu s'internationaliser. A nos yeux, cela devait d'abord concerner la recherche : il fallait recruter des professeurs internationalement connus pour leurs recherches et qui, donc, publiaient en anglais. Mais l'idée était bien entendu également d'attirer des étudiants étrangers dans le "programme grande école". En 2000, l'école n'en accueillait que 20... Cette année, ils sont 330 par promo !

Est-ce uniquement dû au passage à l'anglais ?

Oui, très largement. Sur les 330 étudiants étrangers présents sur nos campus, très peu parlaient français en arrivant. Le pays le plus attractif demeure les États-Unis. Lorsque les étudiants chinois viennent chez nous, cela relève donc d'un choix précis. Mais, avant, ils ne venaient pas du fait de l'absence de cours en anglais.

Et combien le parlent en sortant ? Pour accueillir des Chinois que ne ferait-on pas, y compris abandonner sa langue, abandonner son âme…

Cela a-t-il également permis d'élargir le vivier de recrutement des étudiants étrangers ?

Oui, notamment en provenance de l'Asie. Nous avions très peu d'étudiants asiatiques auparavant. C'est cela qui nous a permis d'élargir notre vivier traditionnel de recrutement, l'Europe et l'Afrique du Nord. Ces deux zones géographiques ne sont plus représentées qu'à hauteur d'un tiers dans l'origine des 330 étudiants étrangers de l'Edhec.

En gros on a enfin des étudiants plus rentables que notre pauvres étudiants francophones ou pire encore, des européens qui venaient aussi pour la culture française.

L'Edhec est-elle toujours une école française ? Avez-vous le sentiment d'affaiblir le français ?

Cette mesure nous a permis d'exister sur la scène internationale. Et je précise que tout étudiant étranger est obligé de suivre des cours en français. Ils n'en deviennent certes pas des experts, mais ils peuvent tenir une conversation. Et cela s'accompagne d'une ouverture culturelle : visites de musée, tourisme, découverte de la gastronomie... Je ne suis donc pas sûr que cela affaiblisse le français car ces jeunes deviennent de sacrés bons ambassadeurs de la France, et ils travaillent souvent dans nos entreprises à l'étranger. En tant que citoyen, je regrette que le français ne soit plus la langue d'enseignement de mon école, mais en tant que directeur, je ne peux pas passer à côté.

Bonne question du journaliste."Ces jeunes deviennent de sacrés bons ambassadeurs de la France" quand ils n'auront pas appris un mot de français, on ne sait pas de quoi ils seront ambassadeurs. On a tous en tête l'exemple de ces étudiants français partis pour des cycles aux Pays-Bas ou au Danemark qui n'ont rien retenu de ces pays, rien appris sauf cet "excitant" mélange de gens communiquant entre eux en globish.

Enfin la perle de l'entretien : "En tant que citoyen, je regrette que le français ne soit plus la langue d'enseignement de mon école, mais en tant que directeur, je ne peux pas passer à côté." Tartuffe nous voilà ! Le directeur a porté un coup grave à sa langue et à son pays et le "citoyen" le regrette ! Très fort Olivier Oger !

Avez-vous été surpris par l'ampleur du débat suscité par le projet de loi Fioraso ?

C'est classique ! La France a les moyens d'avoir une ambition internationale en matière d'enseignement supérieur. Que la ministre Geneviève Fioraso veuille favoriser les cours en anglais va dans le bon sens.

Pour Olivier Oger avoir une ambition internationale, comme pour beaucoup de défenseur du projet Fioraso, c'est en gros essayer de devenir anglo-saxons ou du moins de s'en approcher le plus possible.

En l'état actuel, le projet de loi prévoit aussi des conditions très strictes : utilisation partielle de l'anglais, apprentissage du français et prise en compte du niveau dans le diplôme, existence de "nécessités pédagogiques" pour justifier l'emploi de l'anglais. Allez-vous appliquer la loi et revenir sur le tout-anglais ?

Je ne vois pas comment je pourrais appliquer cette loi. Et je ne peux d'ailleurs pas croire que cela se mette vraiment en place, alors qu'on nous incite depuis des années à nous internationaliser. Respecter ces restrictions, ce serait remettre en cause quinze ans d'efforts pour installer notre école sur la scène mondiale. Or, nous sommes aujourd'hui présents à Singapour. Nous avons signé des accords avec les universités américaines Princeton et Yale, avec laquelle nous délivrerons un programme en commun. Sans l'anglais, nous n'aurions pas pu le faire. Si les étudiants étrangers estiment qu'ils ne pourront pas suivre l'intégralité du cursus parce qu'une partie est enseignée en français, ils ne viendront plus. En Espagne, une loi oblige les étudiants étrangers à suivre des cours de catalan. Les établissements les organisent donc, mais aucun étudiant ne les suit...


Et en plus Olivier Oger n'est pas content : ce qu'il a fait de manière tout à fait illégale, avec la complaisance des différents ministres de l'enseignement supérieur en poste depuis 2005, il nous fait croire que cette loi avec ses prétendus garde-fous empiète sur sa liberté d'angliciseur forcené…

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Dors-tu content, Voltaire ?

Dors-tu content, Voltaire ?

Lettre ouverte aux quatre cavaliers de l’Apocalypse du français

Fioraso globish universités colonisation Voltaire

à Mesdames et Monsieur les Ministres Aurélie Filippetti, Yamina Benguigui, Geneviève Fioraso, et Laurent Fabius

L’article 2 du projet de réforme des universités présenté par Mme Fioraso et voté par une majorité complaisante ouvre les vannes de l’enseignement en anglais dans nos facultés.

C’est en globish-pour-tous, y compris pour les étudiants francophones, notamment français.

C’est le signal fort d’un changement de langue, d’abandon à terme rapproché du français par la partie comprador de la bourgeoisie française qui accepte, pour de petits intérêts, sa vassalisation à l’empire anglo-saxon et à l’oligarchie internationale de la finance. Le Président de la République l’avait pourtant pourfendue dans sa campagne en 2012. Son gouvernement légalise aujourd’hui ce que les Valérie Pécresse, Pierre Tapie et Richard Descoings avaient préparé dès 2007. En acceptant seulement des amendements cosmétiques dont on peut légitimement douter de la mise en application sur le terrain par un milieu universitaire avide d’anglais pour appâter et peut-être pêcher des étudiants de pays émergents. Souvenons-nous qu’en 1763, lors du traité de Paris qui entérinait la cession de l’immense Nouvelle France à l’Angleterre, Versailles n’avait sauvegardé que St-pierre et Miquelon pour la pêche à la morue…Nos brillants intellectuels d’alors avaient presque considéré comme une victoire d’avoir récupéré les Antilles, riches "îles à sucre". Le célèbre Voltaire, qui avait beaucoup investi dans le "commerce triangulaire" avec les Antilles, avait aisément consolé les salons de l’époque en raillant la perte de "Quelques arpents de neige au Canada !". Déjà !...

Musset, bien plus tard, a pu écrire : "Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire ?"

Aujourd’hui, tout un chœur de beaux esprits – une "élite vassale-bobo" nous explique qu’il faut passer à l’anglais, et jeter par-dessus bord notre langue, notre culture, notre reste d’indépendance et la voix originale de la France, pour quelques poissons émergents. Abandonner aussi ces "quelques arpents de forêts et de sables" de l’immense Francophonie mondiale. Elle constitue pourtant un atout formidable, comme le soulignent Pouria Amirshahi, Jacques Attali, Claude Hagège, Bernard Pivot, grandes voix d’une gauche à vues hautes. Mais les frêles épaules de nos dirigeants des prétendus "partis de gouvernement" sont bien incapables de la valoriser. Ils n’ont guère de vision autre que de soumission (obéissance au "Il faut punir la France !" de Condoleeza Rice ? ?).

Notre Constitution dispose en l’article 2 : "La langue de la République est le français".

Le gouvernement actuel comprend, du reste, des ministres chargés de la langue française en France : Mme Aurélie Filippetti ; de la Francophonie mondiale : Mme Yamina Benguigui ; et de notre réseau encore magnifique d’écoles privées et publiques, religieuses et laïques, de lycées et filières universitaires en français, d’instituts et centres culturels, d’établissements nombreux et prestigieux de l’Alliance israélite universelle, de la Mission laïque, de l’Alliance française, dans le monde entier, ainsi que de la coopération pour le développement : M. Laurent Fabius !

Or, aucun de vous, Mesdames et Monsieur les Ministres, ne s’est élevé de manière audible contre ce funeste article qui sape et nie vos propres raisons de rester ministres.

Votre gouvernement, solidaire non autour de vous mais autour de Mme Fioraso, s’est rabattu sur de pauvres arguments dont l’indigence n’a pu sérieusement vous convaincre. Vous avez cédé aux pressions mondialistes, aux "collabos de la pub et du fric" (Michel Serres), en n’écoutant ni vos raison et conscience, ni les grandes voix précitées, ni le peuple.

C'est plus que la coupure, déjà suffisamment dénoncée, de ce gouvernement avec le peuple, c'est la rupture avec des mouvements plus que respectables, qui ont le seul tort d'être "contre la pensée unique" (Claude Hagège) et contre sa langue unique.

Goya écrivait "el sueño de la razón produce monstruos : le sommeil de la raison engendre des monstres".

Ces monstres, plus tard, troubleront douloureusement vos consciences.

Peut-être ont-ils déjà commencé ?

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite national, président d'associations pour le français et la Francophonie.

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Geneviève Fioraso : prix exceptionnel 2013 de la Carpette anglaise

Geneviève Fioraso : prix exceptionnel 2013
de la Carpette anglaise

Geneviève Fioraso : prix exceptionnel 2013 de la Carpette anglaiseCommuniqué de l'Académie de la carpette anglaise (3 juin 2013)

Fioraso carpette université colonisation politique

L'académie de la Carpette anglaise, présidée par Philippe de Saint Robert, a décidé d'attribuer un prix exceptionnel à Mme Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, pour avoir, dans la lignée de Mme Valérie Pécresse ("carpettée" en 2008) et malgré de nombreuses mises en garde*, légalisé en maintenant l'article 2 de son projet de loi l'enseignement en anglais dans les universités dans le silence de Mmes Aurélie Filippetti, Yamina Benguigui, et de M. Laurent Fabius, tous ministres tenus de défendre et de promouvoir, dans leurs fonctions, la langue française.

* De MM. Claude Hagège et Antoine Compagnon, professeurs au Collège de France, à M. Jacques Attali (conseiller d'État, professeur d'économie, conseiller spécial de François Mitterrand), de nombreux professeurs d'université et personnalités politiques, en passant par l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences d'Outre-Mer...

dans le Nouvel-observateur du 30/05/2013 (n°2534)


1) La Carpette anglaise, prix d'indignité civique, est attribué à un membre des "élites françaises" qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France au détriment de la langue française.

2) Association pour la sauvegarde et l'expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle littéraire des écrivains cheminots (CLEC), Courriel (Collectif unitaire républicain pour la résistance, l'initiative et l'émancipation linguistique), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DdC)

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Retour sur une capitulation en rase campagne (2)

Retour sur une capitulation en rase campagne (2)

analyse

Fioraso PS université colonisation politique
Retour sur une capitulation en rase campagne

Retour sur le débat portant sur l'article 2 du projet de loi Fioraso qui permet d'enseigner en langues étrangères (comprenez en anglais) dans les universités françaises.

dans le Nouvel-observateur du 30/05/2013 (n°2534)

Au delà du débat à l'Assemblée proprement-dit, on peut s'étonner de l'absence de réactions devant cette capitulation de François Hollande, parait-il Président de la République, qui a de nombreuses reprises a clamé qu'il était "attaché au français et à la Francophonie" (sans aucune décision concrète bien entendu) et qui accepte sans broncher cette capitulation linguistique.

Aucune réaction non plus de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre de la République dit-on, qui rappelé récemment à l'ordre ses ministres pour qu'ils fassent respecter le français et produit une circulaire en ce sens. Toujours cette même schizophrénie !

Sans parler bien sûr de l'ectoplasmique ministre déléguée chargée de la Francophonie : Yamina Benguigui qui a osé déclaré que cette loi "ne met pas la francophonie en danger" en s'appuyant sur des arguments qui tiennent plus du vœu pieux que d'une quelconque réalité : "les étudiants étrangers auront l'obligation d'apprendre le français, ils seront évalués sur leur connaissance de la langue à la fin de leur cursus [bien sûr Yamina !], pour moi, ils sortiront donc francophones de l'université [encore bien sûr Yamina !], la francophonie est inscrite comme mission de service public pour les universités [toujours bien sûr Yamina !]. Avec elle, la langue française et la Francophonie sont bien défendues !

On peut enfin s'interroger sur le rôle de la presse et des médias en général qui semblent avoir fait leur deuil de la langue française voire de la France en général au profit d'une illusoire "modernité" où parler anglais semble normal. En un mot le colonisé qui adopte les valeurs du colonisateur.

Quelques exemples : Le Monde, censé être le quotidien de référence français, dans son éditorial du samedi 11 mai 2013 voit dans le projet de loi Fioraso "une modeste disposition" (il s'agit simplement de supprimer petit à petit toute recherche en français, excusez du peu !). Après une formule passe-partout qui n'engage à rien : "Le Monde, c'est l'évidence, ne saurait négliger son rôle dans la défense de la francophonie et de notre singularité linguistique." Le Monde assène le coup fatal à la langue qui le fait vivre "Mais il ne saurait le faire à reculons." (sic !) et ose pour appuyer sa démonstration annexer Maurice Druon qui n'aurait jamais accepté un tel projet de loi : "Comme le disait Maurice Druon, avocat s'il en fût du français : "Chaque langue est unique, toutes les langues sont complémentaires. On ne saurait mieux dire.". On atteint là le comble de l'hypocrisie d'une élite qui a déjà fait une croix sur son pays !
[lire à ce sujet la lettre de S. Evenos que nous avons reçue en copie et l'éditorial du Monde]

(On peut constater toutefois que les articles du journal ont présenté de manière plus équilibrée les différentes positions, échappant à la malhonnêteté flagrante de la direction éditoriale)

Alain Duhamel dans son éditorial du 26 mai sur RTL en a fait lui aussi, "un débat entre classiques et modernes" mettant en avant l'argument de Fioraso des "1% maximum de cours en anglais" sans aucune preuve ni barrière. L'ami des puissants, le sieur "je-ne-fait-pas-de-vagues" aura tranché : soyons modernes sacrifions notre langue ! [pour écouter cet éditorial]

Le Nouvel Observateur s'est particulièrement illustré avec l'éditorial de François Reynaert qui joue les petits VRP de Geniève Fioraso et pour qui un pays qui renonce à sa langue au sein des ses universités c'est une réformette et ça le fait bailler ! On ne peut que constater que cet hebdomadaire "de Gauche" ne fait en fait que se rallier à la bonne parole de Margaret Thatcher : "Au XXIe siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon." (lire plus bas la relation que fait Jacques Cortès des positions de ce magazine)

Sans parler des plateaux télévisés comme par exemple "Le grand journal" de Canal +, haut rendez-vous de la nouvelle beauferie bien-pensante, qui bien entendu en conformité avec sa soumission habituelle, a tout fait pour ringardiser la résistance au tout-anglais, y compris les invités présentant un quelconque doute sur ce suicide programmé de langue française.

Quant à Geneviève Fioraso, nous pouvons espérer (pour elle) qu'elle aura au moins obtenu d'ici peu,  l'Order of Merit ou l'Order of the Companions of Honour britanniques ; ainsi que la "Presidential Medal of Freedom" ou la Congressional Gold Medal états-uniennes pour récompense des grands services qu'elle aura rendus à langue anglaise et par voie de conséquence, à l'économie et aux intérêts stratégiques de ces deux pays. Elle aura ainsi renforcé le besoin de cette langue, renforcé les revues qui feront de plus en plus la pluie et le beau temps en matière de recherche (pillant au passage les articles qui leur seront proposés), elle aura aussi permis l'embauche de centaines d'enseignants anglophones en France qui feront toujours mieux leurs cours en anglais que les français, au détriment des enseignants francophones. Délice suprême pour ces deux pays : elle aura enfin, notablement affaibli le grand concurrent culturel des anglo-saxons dans le monde : la France !

En conclusion on peut citer la réponse faite par Jean-François Dehecq (PDG de Sanofi-Aventis) à une question de l'Expansion sur la langue officielle de son groupe : "Ce n’est sûrement pas l’anglais. Une multinationale est une entreprise dans laquelle chacun peut parler sa langue. Dans une réunion, c’est du cerveau des gens dont on a besoin. Si vous les obligez à parler anglais, les Anglo-saxons arrivent avec 100% de leurs capacités, les gens qui parlent très bien, avec 50%, et la majorité, avec 10%. A vouloir tous être Anglo-saxons, il ne faut pas s’étonner que ce soient les Anglo-saxons qui gagnent." qui est plus que jamais d'actualité !

MAR


Analyse par Jacques Cortès d'un numéro du Nouvel Observateur

Je viens de recevoir le dernier numéro du Nouvel Observateur (23-29/05/2013), et je vois que quelques articles méritent des commentaires :

  1. François Reynaert contre les "déclinoronchonchons"

Le premier est de la plume spirituellement dirimante de François Reynaert (p.36). Papier amusant où tous ceux qui sont supposés être contre la loi Fioraso (Académie, "Figaro", "Finkielkraut et consorts", "une escouade d’échappés du PS", Jacques Attali, Claude Hagège costumé en "Paul Déroulède de la francophonie"), tous ces gens et bien d’autres ringards de même acabit sont classés dans l’ensemble des nostalgiques ne parvenant pas "à voir venir les problèmes qui se posent aujourd’hui". Pour F.R, en conséquence, La meilleure mesure à prendre est de regrouper les déclinoronchonchons de service dans une sorte de parc intitulé "France éternelle Land" où ils pourront s’ébattre en toute liberté avec tout ce qu’ils aiment : "les agents en képi, le grec en sixième et des polémiques à la mesure de leur vision du monde" sur des questions du type : "quel avenir pour nos colonies ? Faut-il en finir avec le franc-or ? etc." Intérêt de ce regroupement : les étrangers pourront venir visiter ce parc et cela "boostera" (pardon, "propulsera") notre tourisme. Le sourire est donc de mise. Le texte de François Reynaert est vraiment désopilant. Voire…

  1. Cédric Villani : une position très nuancée

J’ai noté aussi 2 passages faisant état de la pensée de Cédric Villani, ce mathématicien français ayant obtenu la médaille Fields en 2010. Mais là, je crois que le Nouvel Obs est à côté de la plaque. La position de Villani, en effet, tient en deux textes figurant respectivement aux pages 40 et 114.

A la page 114, c’est plutôt en partisan, sinon de la Loi Fioraso, du moins d’une stratégie attractive pour le rayonnement du pays en matière d’accueil des étudiants étranger que se présente Villani. Il parle donc de soutenir la langue française mais de façon "moins crispée" : quelques heures par semaine de cours spécialisés en anglais ne doivent pas être considérées comme une menace sérieuse. Il va même plus loin en terminant sa brève intervention par un acte de foi dans la vitalité du français qui ne sera ni abâtardi, ni corrompu mais s’enrichira au contraire dans ce contact avec d’autres langues. Rien là de très neuf, on le sait. La langue française a toujours emprunté et francisé ses captures, comme, du reste, le font absolument toutes les langues du monde, à commencer par l’anglais qui, à 70% au moins, est du français datant des 3 siècles ayant suivi la bataille d’Hastings (14 octobre 1066), pendant lesquels l’Angleterre, on le sait, a parlé français ("honni soit qui mal y pense" ou qui l’aurait déjà oublié).

Mais dans son texte de la page 40, Cédric Villani tient un discours sur lequel Claude Hagège et François Reynaert pourraient jouer ensemble "embrassons-nous Folleville". Qu’on en juge : "Trop diverse pour être unie l’Europe ? Au contraire ! La variété de ses cultures, institutions et systèmes politiques est sa plus précieuse richesse. La clé de l’unité européenne n’est pas dans la régulation mais la coordination ; pas dans l’uniformisation mais dans la diversité". Et il conclut : en rêvant de retrouver le sens de l’Europe "dans une belle vision politique qui a fait rêver Montesquieu et Hugo et qui demain, si nous le voulons, fera rêver le monde". Cédric Villani est donc clairement dans le camp de la diversité excluant toute vision unique du monde.

  1. Caroline Brizard, Arnaud Gonzague et Véronique Radier : Sagesse contre "Bronca" ?

Il y a enfin dans ce numéro – décidément très riche du Nouvel Obs’ – une dizaine de colonnes, de la page 112 à la page 115, où trois enquêteurs (Caroline Brizard, Arnaud Gonzague et Véronique Radier) établissent un bilan globalement favorable à la Loi Fioraso. Le principe en est rappelé sur un ton modéré car il s’agit de présenter le projet en soulignant la discrétion et la sagesse de la ministre qui a bien expliqué qu’elle veut simplement "accueillir les étudiants des pays émergents dans les matières scientifiques, technologiques qui, aujourd’hui, ne viennent pas en France à cause de l’obstacle de la langue". Il s’agit là d’une belle pétition de principe émise par la ministre. Disons même que les faits statistiques disent tout le contraire puisqu’avec 260 000 étudiants étrangers inscrits dans nos universités, la France est encore et toujours la cinquième destination estudiantine du monde.

Mais la modération du ton a évidemment du sens car elle permet de mettre immédiatement en discordance, avec le ton doucereux précédent, la violence insupportable des opposants au projet. L’atmosphère est donnée d’emblée : "Quelle bronca n’a-t-elle pas (la loi) déclenchée !" A la sagesse de la ministre et de sa garde rapprochée, répond alors le sarcasme et l’ironie : l’Académie " se fend d’un communiqué s’alarmant d’une menace pour la situation de la langue française", Jacques Attali "tacle une décision stupide", Michel Serres "brandit le spectre d’une nation colonisée". On le voit bien, l’objectivité n’est plus au rendez-vous. L’écriture devient âpre, insultante, presque diffamatoire.

Je n’irai pas plus loin dans l’analyse de cet article où, comme dans l’huître de Francis Ponge (le Parti pris des choses), "on trouve tout un monde, à boire et à manger". Ce qu’il faut simplement retenir, c’est que les questions posées par cette loi qui déclenche chez François Reynaert une "terrible crise de bâillements", appellent d’évidence des réponses sérieuses. On a le droit de se moquer de tout. C’est dans l’esprit français. Mais après les bouffonneries, cocasseries, clowneries et couillonnades, notre sagesse nationale n’oublie jamais que le rire à-la-française est une forme de respect. Les traditions gagnent certainement à être repensées dans la durée, mais si le temps qui passe amène un pays comme la France à se perdre dans une sorte d’uniformisation planétaire, je comprends parfaitement l’inquiétude d’Alain Finkielkraut : "Quant à la présence des étudiants étrangers en France, je ne vois pas quel sens elle peut avoir si plus rien ne demeure de l’identité française" (p.114). Dont acte !

Sylvains-les-Moulins, le 25 mai 2013
Jacques Cortès
Professeur émérite de sciences du langage
Président fondateur du Gerflint (Groupe d’Études et de Recherches pour le Français langue internationale)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Ainsi que l'appel d'un groupe d’universitaires étrangers publié dans  Libération (21/5) :
Français, gardez votre langue à l’université

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".

état de l'article L121-3 du Code de l'éducation à l'heure actuelle

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Lettre au Monde, au sujet d’un éditorial cautionnant la loi Fioraso

Lettre au journal Le Monde, au sujet d'un éditorial cautionnant un projet de loi suicidaire pour la langue française

médias éducation américanisation Le Monde


Lettre au journal Le Monde, au sujet d'un éditorial cautionnant un projet de loi suicidaire pour la langue françaiseDe : Stanislas Evenos
Envoyé : mardi 14 mai 2013 16:23
À : mediateur@lemonde.fr; courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
Objet : nouvelle bataille d’Hernani

Bonjour,

Je m'étonne de la prise de position éditoriale du Monde du 11 mai au sujet du projet de loi dit Fioraso. [texte de l'éditorial ci-dessous]

Partant d'un constat assez équilibré faisant part des fortes réticences de personnalités comme Michel Serres ou Claude Hagège, il valide de fait, un enseignement universitaire tout en anglais.

Après des phrases rituelles sur le rôle du Monde dans la défense de la Francophonie (où ?, quand ?, comment ?)

Le Monde ne semble pas se rendre compte qu'en enseignant dans une autre langue que la sienne (l'anglais) on supprime la recherche dans la langue qui va avec, on supprime petit à petit le vocabulaire spécialisé : on dévalue sa propre langue...

Tout cela pour accueillir quelques étudiants étrangers supplémentaires qui pour la plupart préféreront les originaux aux copies : les universités anglo-saxonnes. On ne voit d'ailleurs pas pourquoi ces étrangers, comme le suggère l'éditorial, à qui on enseignerait entièrement en anglais apprendraient quoi que soit de la culture et de langue françaises, ils n'en auront aucune obligation. On a tous, de nombreux exemples d'étudiants français partis étudier aux Pays-Bas ou au Danemark par exemple, qui n'ont rien appris ni de ces pays, ni de leurs langues.

De plus cet enseignement se fera dans d'un vocabulaire pauvre et sans nuances, avec un niveau en baisse comme l'a constaté Pierre Frath, professeur des universités à Reims.

Il s'agit hélas de la part du journal de référence français d'un véritable coup de poignard contre son pays. J'espère qu'un jour vous ne regretterez pas de devoir vous appeler The World. Ce jour-là, soyez sûr que vos lecteurs vous préféreront Le New-York Times, le FT ou le Wall Street Journal…

Stanislas Evenos
Paris Ve


Le Monde – éditorial du samedi 11 mai 2013

La loi Fioraso, nouvelle bataille d'Hernani

Toujours recommencée, la bataille des Anciens et des Modernes prend des allures de guerre de religion- ou d'affaire d'État- quand il s'agit de la langue française.

Pour les uns, la défense du français est une cause sacrée, tant la langue est l'âme d'un peuple, de son identité, de son histoire, de sa culture. Pour les autres, cette défense intransigeante relève trop souvent du combat d'arrière-garde et prive le pays des armes nécessaires pour affronter la compétition mondiale, à l'œuvre dans tous les domaines.

On le constate, de nouveau, depuis peu. Une modeste disposition du projet de loi sur l'enseignement supérieur, qui sera défendu par la ministre Geneviève Fioraso à partir du 22 mai, à l'Assemblée nationale, a mis le feu aux poudres.

En effet, l'article 2 de ce texte prévoit de nouvelles exceptions au principe, fixé par la loi Toubon de 1994, selon lequel "la langue de l'enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d'enseignement est le français". En clair, il s'agit d'élargir la possibilité donnée aux universités françaises d'assurer des enseignements dans une langue étrangère, en anglais notamment.. Enfer et damnation ! L'Académie française a dénoncé "les dangers d'une mesure qui favorise la marginalisation de notre langue". L'éminent linguiste et professeur honoraire au Collège de France Claude Hagège est parti "en guerre" contre "un projet suicidaire". Le philosophe Michel Serres a fustigé un comportement de "pays colonisé, dont la langue ne peut plus tout dire", abandonnant sa souveraineté linguistique face à l'impérialisme anglo-américain.

"Querelle déconcertante" et réaction d'un autre siècle, ont répliqué, dans ces colonnes, de non moins éminents scientifiques. Pour les Prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi et Serge Haroche, pour Cédric Villani, médaille Fields, ou pour le président du CNRS, Alain Fuchs, "les voix qui s'élèvent au nom de la défense de la langue française paraissent totalement décalées par rapport à la réalité universitaire contemporaine et gravement contre-productives pour ce qui concerne les intérêts de la France et de la francophonie".

Ils ont évidemment raison. Dès lors que l'anglais est la langue véhiculaire des scientifiques du monde entier et de l'immense majorité des publications et conférences scientifiques, ne pas y préparer sérieusement les étudiants et jeunes chercheurs français les prive d'atouts indispensables. Sans se préoccuper de la loi Toubon, les grandes écoles de commerce et d'ingénieurs, ainsi que des centaines de masters universitaires l'ont parfaitement compris et ont, depuis des années, développé des enseignements en anglais. De même, élargir les enseignements en anglais - notamment pour les masters - permettra de convaincre davantage d'étudiants étrangers de poursuivre études ou recherches en France et, au passage, d'apprendre et de pratiquer notre langue. Il s'agit donc d'un levier puissant pour contribuera l'attractivité internationale de l'enseignement supérieur français.

Le Monde, c'est l'évidence, ne saurait négliger son rôle dans la défense de la francophonie et de notre singularité linguistique. Mais il ne saurait le faire à reculons. Comme le disait Maurice Druon, avocat s'il en fût du français : "Chaque langue est unique, toutes
les langues sont complémentaires."
On ne saurait mieux dire.

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Victoire contre le tout anglais au Politecnico de Milan

Victoire contre le tout anglais au Politecnico de Milan

Italie Milan université anglicisation

Victoire contre le tout anglais au Politecnico de Milan

Cours en anglais à Polytechnique-Milan : le NON des juges (24/5) (lire ci-dessous)
Déclaration de Giorgio Pagano (ERA) sur cette décision (24/5) (lire ci-dessous)


Cours en anglais à l'École polytechnique de Milan : les juges administratifs disent non  (24/5)

Les juges administratifs de Milan disent non au projet : «C'est une solution qui marginalise italien.
Forcer les étudiants et les enseignants à changer la langue est préjudiciable à leur liberté "

http://milano.repubblica.it/cronaca/2013/05/24/news/corsi_in_inglese_al_politecnico_ma_i_giudici_del_tar_li_bocciano-59495566/

"L'anglais langue exclusive à l'université : ce choix affecte de façon exorbitante la liberté de l'éducation et le droit à étudier. " L'élan de l'école polytechnique de Milan, qui l'an dernier a annoncé "des cours uniquement en anglais en 2014," a été arrêté par les juges du Tribunal Administratif Régional qui ont accepté le hier l'appel déposé par une centaine de professeurs de l'université. Défendu la primauté de la langue italienne inscrite dans la Constitution, y-compris pour l'enseignement dans notre universités."

http://milano.corriere.it/milano/notizie/cronaca/13_maggio_24/no-all-inglese-come-lingua-esclusiva-il-tar-ferma-il-politecnico-di-milano-federica-cavadini-2221294413971.shtml

Peut-être y aura-t-il 60 justes au Parlement pour saisir le Conseil constitutionnel sur l'article 2 de la méprisable loi Fioraso devant laquelle les rebelles PS ont baissé culotte pour une misérable clause de style qui n'empêchera pas les fous de s'engouffrer dans la brèche ouverte en laissant un cours optionnel en français de tricot rue Saint-Guillaume et de pâte à modeler rue d'Assas . MB.


Chers amis, c'est avec très grand plaisir que je vous envoie la déclaration de Giorgio Pagano au sujet de l'importante victoire judiciaire obtenue à Milan contre le tout anglais au Polytechnique, qui porte le nom du grand italien et italophone Léonard de Vinci.

C'est très important, car en l'absence d'une loi Toubon italienne (que comme radicaux nous avons fait déposer à la fin de la dernière législature), il s'agit d'un jugement qui crée un précédant et interprète la Constitution italienne en sens "touboniste". Avec la prière de bien vouloir la diffuser auprès de vos contacts politiques et dans les medias français et francophones, en particulier en liaison avec votre bataille contre la Loi Fioraso.

Bonne journée. Lapo Orlandi

Colonisation anglaise. Pagano (ERA) : Le Tribunal Administratif Régional a accueilli le recours contre le tout anglais à l'École Polytechnique, Milan reste italienne.
Déclaration de Giorgio Pagano, Secrétaire de l'Esperanto Radikala Asocio (ERA) Rome, 24 mai 2013.

"J'exprime toute ma satisfaction et celle de toute l'ERA pour la nouvelle que le Tribunal Administratif Régional (T.A.R.) a accueilli le recours contre la politique linguistique de l'École Polytechnique de Milan (le "Politecnico") qui aurait eu pour effet d'exclure l'italien comme langue d'enseignement des cours de Diplômes de Master et de Doctorat.

J'ai particulièrement plaisir à citer des points du jugement du T.A.R. qui confirment les principes soutenus depuis toujours par l'ERA :  "Comme il a été déjà souligné, l'usage exclusif de la langue anglaise ouvre l'Université aux pays dont la culture est caractérisée par l'usage de la langue anglaise mais on ne tient pas compte de la longue haleine sous-jacente à la nécessité d'internationaliser, qui comporte une ouverture au pluralisme culturel, tout en gardant la centralité de la langue italienne, et non pas une ouverture sélective, puisque limitée à une seule langue.

On ne veut pas nier que l'usage de la langue anglaise soit particulièrement répandu mais cela ne signifie pas que l'usage obligatoire et exclusif de cette langue favorise l'internationalisation de l'Université parce-que il n'y a aucune corrélation entre l'usage de l'anglais et la possibilité de diffuser les connaissances, la didactique, les méthodes d'enseignement pratiquées par le “Politecnico” par rapport aux contenus des différents cours qui composent les diplômes de Master ou de Doctorat.

Du reste, on a déjà discuté du fait que la marginalisation de l'italien, qui se vérifie de telle sorte, contraste soit avec le principe de la primauté de la langue italienne, soit avec l'objectif de l'internationalisation parce-que l'exclusion de l'italien des enseignements spécialisés implique que l'ouverture à l'étranger soit unidirectionnelle, c’est à dire orientée à promouvoir, par l’usage d’une spécifique langue étrangère, la diffusion des connaissances et des valeurs qui s’expriment typiquement en cette langue, en oubliant que l'internationalisation implique aussi la diffusion des connaissances et des valeurs qui, dans les différents sujets, sont apportés par la culture italienne et qui se manifestent en langue italienne.".

Une vraie internationalisation consisterait dans "l'activation d’instruments qui permettent aux étudiants étrangers d’expérimenter et de connaître la didactique italienne".

Par conséquent, "les choix effectués par le Sénat Académique [l'équivalent italien du Conseil scientifique, Ndt] avec les délibérations contestées se révèlent disproportionnés soit parce qu'ils ne favorisent pas l'internationalisation de l'Université, mais en adressent la didactique vers une langue spécifique et vers les valeurs culturelles dont cette langue est porteuse, soit parce qu'ils compriment, de façon non nécessaire, les libertés, reconnues par la Constitution, dont les étudiants tout comme les enseignants en sont les porteurs".

Si le projet collaborationniste et sécessionniste de Azzone [le Recteur du Polytechnique, Ndt] avait pris les devants sans obstacles, il ne restait plus qu’a enlever à Milan la Médaille de Ville émérite du “Risorgimento” national.

L'espoir est que cette nouvelle condition puisse représenter le début de la revanche pour notre pays, en visant directement à l'internalisation de et dans la langue italienne en sorte de déployer tout le potentiel inhérent à la culture et à la langue italienne pour une relance sur grande échelle du “fait en Italie”.

Il s’agit d’une leçon, celle du Tribunal Administratif de la Lombardie, qui devrait valoir pour toute l'Europe. Dans une époque où les vrais débats de l’UE sont sur l'exclusion des produits culturels du futur accord de libre-échange avec les États-Unis et sur la proposition du Président Hollande de construire en deux ans un gouvernement fédéral pour la zone Euro, on doit confirmer avec force et conviction que la politique linguistique revêt une importance fondamentale, en tant que conditio sine qua non du développement

démocratique et indépendant de notre continent. L'Europe doit être capable de catalyser tous les possibles avantages qui pourraient lui venir de l’impulsion de deux phénomènes confluents et qui se renforcent l’un avec l’autre : la relance des langues et cultures des peuples européens et celle de l’espéranto langue fédérale européenne qui consentira aux citoyens de langue maternelle anglaise et non de pouvoir jouer à égalité et de lancer les Nations Unies d'Europe comme pôle d’attraction culturel et créatif mondial, en nous montrant au monde comme partenaires plus équitables, ouverts, démocratiques et fiables que les États-Unis d’Amérique ou du bloc des pays anglophones dans leur ensemble."

Giorgio Pagano

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Retour sur une capitulation en rase campagne

Retour sur une capitulation en rase campagne

le débat à l'Assemblée Nationale

Fioraso PS université colonisation politique
Retour sur une capitulation en rase campagne

Pour revenir sur le débat à l'Assemblée Nationale portant sur l'article 2
du projet de loi Fioraso qui permet d'enseigner en langues étrangères (comprenez en anglais) dans les universités françaises.

Rappelons que ce débat s'est tenu devant un hémicycle plutôt désert ce qui montre la considération de la plupart de nos élus pour le ciment majeur de notre nation : sa langue.

dans le Nouvel-observateur du 30/05/2013 (n°2534)

Pour lire le texte de la discussion en séance publique à l'Assemblée Nationale :
1ère séance du mercredi 22 mai 2013 (discussion générale)
2e séance du mercredi 22 mai 2013 (discussion générale-suite)
1ère séance du jeudi 23 mai 2013 (débat sur l'article 2)

état de l'article L121-3 du Code de l'éducation à l'heure actuelle

Les intervenants se sont répartis en 3 groupes :

1) les anglo-béats (le côté "y'a bon l'anglais") pour qui il
faut absolument que les étudiants rejoignent la "modernité" et soient enseignés dans la langue dominante. Parmi ces "lou ravis" de l'anglais outre la ministre Fioraso, on trouve également Patrick Bloche (Paris, PS) , président de la commission des affaires culturelle et de l'éducation, en roi de l'hypocrisie dit que cet article ne concernera pas que l'anglais et que lui pense beaucoup à la francophonie "la faculté qu’il offre de dispenser, sous certaines conditions, dans nos établissements d’enseignement supérieur des cours en langue étrangère – et, j’insiste sur ce point, pas seulement en anglais." (!).

Thierry Braillard (Rhône, PRG) grand apôtre de la désobéissance républicaine explique que puisque cela se fait ailleurs (dans les grandes écoles) il faut le faire à l'université.
Cette volonté ne fait que rétablir et inscrire dans la loi des pratiques courantes et déjà bien installées. "J’entendais ce matin un membre du Collège de France reconnaître l’existence de telles pratiques, mais se demander comment les députés pourraient les régulariser. Mes chers collègues, n’est-ce pas notre rôle, face à une désobéissance civile, de régulariser la situation et de faire d’une réalité une évidence ?" Il pourrait aussi nous dire par exemple, que le vol étant très répandu il faut le légaliser.

Philip Cordery (Français de l'étranger, PS) qui confond allègrement stage linguistique et formation universitaire faite en anglais et dans la bouche duquel on trouve l'inoubliable : "Il constitue également une véritable avancée pour les étudiants français qui ne seront plus obligés de s’offrir, pour ceux qui le pouvaient, des séjours à l’étranger pour apprendre une autre langue." (!)

Jean-Yves Le Déaut (Meurthe-et-Moselle, PS) qui voit dans l'imitation de l'élite qui a déjà trahi son pays, le but ultime de la démocratie : "Quelle hypocrisie ! L’élite a droit à l’anglais, et l’université n’y aurait pas droit ? C’est une inégalité !" et fait mine de s'intéresser à la langue française pour aussitôt parler de sa vision étroite. Pour lui, la bonne langue française c'est l'anglais ! Il prend d'ailleurs comme exemple les brevets pour lesquels, depuis la récente validation du brevet européen, Il suffit de déposer un brevet en anglais pour qu'il soit valide directement en France c'est effectivement un solide argument !

Thierry Mandon (Essonne, PS) pour sa part essaie lamentablement de coller une étiquette d'anti-étudiants étrangers" à l'un des opposants au texte pour faire diversion et éviter ainsi de répondre au fond, sur sa propre démission linguistique.

Olivier Vérant (Isère, PS) joue les naïfs pour montrer qu'il ne met pas en danger la francophonie en enseignant en anglais

Isabelle Attard (Calvados, écologiste) comme beaucoup de ses collègues pense que puisque les grandes écoles le font déjà il faut le faire ce qui du point de vue d'un législateur est effectivement un argument solide ! "Comme nous le savons tous, les cours en anglais existent déjà, et les doctorants étrangers en France ont
déjà la possibilité de rédiger leur thèse en anglais."

2) Face à eux, quelques valeureux bretteurs tentent de défendre la langue française et la francophonie comme :

Dino Cinieri (Loire, UMP) qui s'inquiète de la très mauvaise image donnée par la France aux autres pays francophones : "Alors mes chers collègues, ne cédons pas à la facilité.
Si nous adoptons cet article, nous désespérerons tous ceux qui défendent la langue française et la francophonie dans les pays amis et dans les instances internationales. [...] L’enseignement en anglais dans les universités françaises serait perçu comme une forme d’abandon de l’exception culturelle et linguistique que notre pays revendique pourtant à raison avec force, notamment auprès des instances européennes.
"

Daniel Fasquelle (Pas-de-Calais, UMP) qui montre la vanité d'un tel enseignement en anglais : "D’ailleurs, de grands pays comme l’Allemagne et la Chine sont en train de revenir sur l’enseignement en anglais dans leurs universités. Je vous invite à lire une recommandation, qui date du mois de novembre 2011, de l’équivalent allemand de notre conférence des présidents d’université. Cette instance dit : "Stop ! Revenons à l’enseignement en allemand, et faisons en sorte de promouvoir
non pas le tout-anglais mais le multilinguisme.
" et les fausses barrières mises par les amendements "votre exception n’en est pas une ! En réalité, les conventions internationales et les conventions européennes sont telles que ce sont tous les cours que vous pouvez faire basculer dans l’anglais, et non pas des programmes très particuliers, très précis, …" [voir
son intervention
]

Jacques Myard (Yvelines, UMP) montre où nous conduit cette politique déjà en place : "L’on nous dit que les grandes écoles pratiquent ainsi, mais c’est proprement lamentable.
Rendez-vous compte qu’aujourd’hui les chercheurs, pour obtenir des subventions de l’Agence nationale de la recherche, doivent s’y prendre en anglais !
Mais où allons-nous ? Quel est ce peuple qui a honte de sa propre langue, qui n’est pas capable de continuer à forger des concepts comme il l’a fait pendant des siècles, en particulier dans les matières scientifiques, et qui s’en remet totalement à une langue étrangère ? Un peuple qui parle petit à petit une autre langue étrangère est un peuple qui perd son identité et qui appauvrit le système. Il faudrait tout de même le savoir. Vous mettez en place un processus d’appauvrissement, rien d’autre."

Rudy Salles (Alpes-Maritimes, UDI) qui lui aussi montre l'effet désastreux produite par l'abandon progressif par la France de sa langue "Il faut donner un signal fort pour montrer à quel point nous sommes attachés à la langue française. Quand nous allons
au Québec, nous sommes surpris de voir la mobilisation des Québécois pour défendre la langue française, eux qui se sentent cernés par l’anglais. Or lorsqu’ils viennent en France, ils ont, eux, l’impression que nous avons déjà tout bradé ! C’est la raison pour laquelle je demande que nous réfléchissions bien à l’occasion de ce débat sur l’article 2 du projet de loi dont nous pouvons comprendre un certain nombre de fondements.
"

Pouria Amirshahi (Français de l'étranger, PS) grand défenseur du plurilinguisme aussi bien au sein de la commission et que dans des tribunes brillantes, demandant même avec 39 de ses collègues socialistes le retrait pur et simple de l'article 2 thème qu'il a répété ici "D’abord, il faut déployer nos efforts en amont de l’université. Ensuite, il faut préférer le plurilinguisme au "tout anglais" car c’est cela la modernité : l’espagnol, l’arabe et le chinois sont des espaces linguistiques très importants.
Enfin, il faut renforcer Erasmus. Au lieu d’investir dans la rémunération de certains professeurs anglo-saxons, ne pourrions-nous pas mettre cet argent dans des bourses Erasmus afin d’aider nos jeunes à voyager et à faire leurs études en immersion, pour être capables de bien maîtriser les langues ?
" semble hélas, dans un 2ème temps, peut-être pour ne pas faire de peine à son groupe, se contenter d'amendements qui laissent un champ très libre au tout-anglais.

3) Entre ces 2 groupes : les bonnes âmes, ceux qui veulent défendre la langue française et (selon eux) entrer dans la modernité, bref ménager la chèvre et le
chou :

Parmi eux Marie-Georges Buffet (Seine-Saint-Denis,
PC) qui mélange allègrement enseignement en anglais et apprentissage des langues étrangères…

Bernard Debré (Paris, UMP) qui bien que scientifique tout en regrettant certains abandons : "J’ai fait venir en France des Chinois qui ne parlaient pas notre langue et nous avons pu leur faire un enseignement en anglais dans le service. Que s’est-il passé au bout de quatre ans ? On parle français dans le service de Shanghai, et c’est cela qui est extraordinaire" pense néanmoins qu'il faut obligatoirement parler anglais pour entrer à l'université "

Frédéric Reiss (Bas-Rhin, UMP) pense au moins que le français doit rester la règle et que cette mesure devrait être limitée au master et minoritaire "je pense que les cours en français
doivent être la règle, et qu’à partir du master, notamment dans certaines disciplines scientifiques, technologiques ou économiques, certains cours peuvent être dispensés en anglais."

Sophie Dessus (Corrèze, PS) s'interroge aussi sur les conséquences "Je propose de compléter l’alinéa 2 par une phrase relative aux étudiants français, beaucoup plus précise et restrictive que l’amendement présenté par M. Hetzel. En effet, les exceptions prévues par le texte ne précisent pas leur situation. Or il peut être intéressant d’ouvrir dans certaines limites un enseignement en langue étrangère aux étudiants français afin d’ajouter à la qualité de leur formation et de faciliter leur insertion professionnelle." mais retire hélas son amendement visant à préciser le texte….

Nathalie Chabane (Pyrénées-Atlantiques, PS) souhaite renforcer le contrôle : "Il ne s’agit donc de généraliser l’enseignement en langue étrangère dans l’enseignement supérieur. Et je tiens à insister sur ce point précis car je m’associerai à tout amendement discuté ici, qui renforcera cet aspect."

Enfin Vincent Feltesse (Gironde, PS), rapporteur du projet de loi, malgré des qualités d'ouverture reconnue par tous et malgré des interrogations : "D’un autre côté, je suis parfois surpris que certaines grandes écoles – y compris celle dont je suis issu, HEC – dispensent l’intégralité de leurs cours en langues étrangères" - "J’ai en tête des exemples d’amis qui enseignent dans des grandes écoles et qui, d’une année à l’autre, ont dû dispenser leurs cours de droit dans un anglais qu’ils ne maîtrisaient pas !" refusera beaucoup d'amendements tenant à limier et encadrer au moins cet article.

MAR

lire l'analyse

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Les députés se couchent devant l’anglais

Les députés se couchent devant l'anglais

Les députés se couchent devant l'anglaiséducation colonisation anglicisation

Les députés ont voté, jeudi 23 mai, l'article 2 du projet de loi Fioraso qui permet  de dispenser des cours en anglais dans les universités, malgré le tir de barrage des opposants, qui redoutent un suicide de la langue française.
Le Monde : "Quel est donc ce peuple qui a honte de sa propre langue ?" (23/5)
Le Monde : Cours en anglais à l'université : feu vert des députés (23/5)

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ALF contre le projet de loi Fioraso !

ALF contre le projet de loi Fioraso !

éducation colonisation anglicisation

Depuis janvier, notre ALF a puissamment contribué à lancer et à nourrir la campagne contre l’abrogation de fait de notre loi Toubon, par l’article 2 du projet de loi de Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Vous avez pu suivre cette campagne vigoureuse sur notre site, dans nos bulletins, et surtout dans la grande presse pour une fois consciente de l’énormité de l’enjeu.

Aujourd’hui, j’ai considéré que l’éditorial devait être consacré à cette même affaire.

Le 7 mai, en vue du débat parlementaire ouvert le 22 mai sur le projet de loi, nous avons adressé aux parlementaires, avec le Mémoire que nous avons élaboré et signé avec l’aide de 6 autres associations, la lettre ci-dessous, pour les placer devant leurs lourdes responsabilités.

Nous savons que même une loi votée et non censurée par le Conseil constitutionnel peut toujours être contestée, et qu’une contestation légitime, forte mais pacifique, peut changer sensiblement la manière dont elle est ou non appliquée.

A vous, dans tous vos réseaux, de faire en sorte que soit sauvé de notre langue ce qui peut encore l’être, et de demander, de proposer, et de préparer une législation ultérieure différente.

Albert Salon


Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs

L’Assemblée nationale s’est prononcée en première lecture sur le projet de loi présenté par Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).

Notamment sur l'article 2 dudit projet de loi qui tendait, dans sa version d’origine, à vider en fait de sa substance, dans nos universités et grandes écoles d'abord, la législation française de protection de la langue de la République : Ordonnance Villers-Cotterêts (non abrogée !) et loi 665 du 4 août 1994, dite "loi Toubon". En violation au moins de l’esprit d'un autre article 2, celui de la Constitution qui dispose : "La langue de la République est le français".

Saisis d’abord par nos associations de promotion du français, vous avez été ensuite touchés par les réactions d’indignation et de rejet que cet article du projet a suscitées en France et hors de nos frontières, en dehors des milieux français relativement restreints qui s’imaginent tirer profit de l’enseignement en anglais - ou globish - et ont de leur côté mobilisé leurs partisans.

Si cet article était adopté en son premier état après le vote du Sénat, et n’était pas censuré par le Conseil constitutionnel, le principe en vigueur serait aboli, selon lequel en France les services publics de formation doivent enseigner en français.

Il s'agirait là, maintenant, d'un changement de langue voulu, discret mais radical, d’un tournant majeur dans notre histoire.

Nos associations de promotion du français et de la Francophonie ont réagi toutes ensemble. Sept d'entre elles, lors d'un entretien du 16 octobre 2012 au MESR, avaient déjà été édifiées par le peu de cas fait devant elles de la loi Toubon. Elles avaient alors été aimablement invitées à présenter - comme devant un tribunal ? - une sorte de "mémoire en défense". Elles ont alors élaboré et signé le Mémoire "Sciences et langue française" ci-joint, très solidement argumenté, parvenu au ministère donneur d'ordre juste avant la découverte, fin janvier 2013, de ce qui était alors l'avant-projet de loi Fioraso. Or, son article 2 venait couronner les efforts de tous ceux qui, depuis le début du quinquennat précédent, s'efforçaient d'écarter l'obstacle de la loi Toubon pour pouvoir enfin enseigner "en langues étrangères" - façon anodine de désigner l’anglo-américain - et renforcer ainsi l' "attractivité" (sic) du territoire".

Depuis lors, l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences d'Outre-mer, ont, dans leur langage mesuré, mis en garde contre les graves conséquences de cette disposition, et demandé son retrait. Des mouvements politiques hors des partis dits "de gouvernement" ont publié des communiqués de presse et lancé des pétitions qui ont, malgré l'aridité du sujet, recueilli bien plus de 10.000 signatures. De nombreux organes audio-visuels et de la presse écrite, hebdomadaires tels le Canard enchaîné, Marianne, l’Express, Le Point, Valeurs Actuelles, et les plus grands quotidiens (Le Figaro le 18 avril, Le Monde le 26 avril, La Croix) ont assez honnêtement ouvert leurs colonnes aux réactions hostiles au projet, ainsi que des radios et chaînes de télévision, telles RMC, LCI, France2….

M. Pouria Amirshahi, député socialiste des Français de l'étranger, président de Commission, a exprimé courageusement son opposition, et réuni 40 députés de sa mouvance, comme l’ont fait, plus à droite, MM. Daniel Fasquelle et Jacques Myard. Vous avez lu les avis tranchés de très hautes personnalités, de MM. Chevènement, Bernard Pivot et Michel Serres jusqu’à M. Jacques Attali : "difficile d'imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive, plus dangereuse et plus contraire à l'intérêt national", et aux Professeurs au Collège de France MM. Antoine Compagnon et Claude Hagège ("acharnement"..."suicidaire"...).

Hors de nos frontières, nos compatriotes conscients, partout où ils œuvrent, de la voix de la France et de nos atouts à préserver, mais aussi nos amis étrangers, profondément étonnés, se sont émus et mobilisés au secours de notre langue. Au nom de toute l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), son Secrétaire général M. Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal, a envoyé dès mars une lettre remarquable au Premier Ministre de la France. Des chefs d'Etat et de gouvernement de pays francophones, en Afrique, au Québec, ailleurs, s'en émeuvent directement auprès de nos plus hautes autorités.

En fait, tout le monde sent bien - Mme Fioraso l'a reconnu dans sa défense peu convaincante - qu'il ne s'agit même plus de concourir pour l'accueil de quelques étrangers supplémentaires (la France, avec plus de 200.000 étudiants non français, est déjà parmi les tout premiers pays d'accueil, en français !), mais de passer à l'anglo-américain - au "globish-pour-tous" - comme langue de l'enseignement supérieur, aussi pour les francophones tant étrangers que français, en attendant d'étendre nécessairement ce méfait au secondaire, au primaire, à la maternelle...

Elle a même invoqué le principe d’égalité, qui consisterait, en l’occurrence, à donner à tous les étudiants le "bénéfice" de l’enseignement en anglais déjà illégalement offert à des élèves de certaines grandes écoles. L’égalité par la généralisation de l’illégalité…

Il s'agissait bien du "changement maintenant", de langue, et de signal déplorable donné à la Francophonie mondiale, abandonnée avec une étonnante légèreté.

Il s'agit en fait de soumission du pays à l'oligarchie mondialisée. Soumission non plus spontanée, lente, au cours de siècles, aux Romains du moment, mais reddition brutalement décidée, hic et nunc, par des clans minoritaires de mauvais bergers. Le Président fédéral M. Joachim Gauck ne le recommandait-il pas lui aussi le 22 février à son peuple allemand et aux peuples européens, dans un "Discours à la Nation allemande" devenu fort différent des "Reden an die deutsche Nation" de Fichte en 1807 ?

Globish, quand tu nous prends !...

Une France fidèle à elle-même, et aux amis qui, un peu partout, croient encore en elle, ne peut que refuser cet alignement général, cette dhimmitude, cet esclavage, ce suicide.

Aujourd'hui, nous en sommes à invoquer Alphonse Daudet et La dernière classe : tenir bon sur la langue, c'est tenir bon sur tout le reste. La résistance pour le français devient le point d'application principal de toute résistance française : à la fois à l'empire anglo-saxon-germain, à l'islamisme radical, à la destruction de la France et de sa civilisation de l'humanisme, de la qualité et de la recherche de l'excellence. De résistance à l'avachissement, au malaxage de consommateurs homogénéisés, de tous sexes, à qui l'on fait la promesse - d'ailleurs évidemment fallacieuse - du "vert bonheur de la vache dans la prairie" selon Nietzsche.

Le texte d’origine a, certes été amendé par l’Assemblée nationale :

Ainsi les enseignements en anglais ne seraient dispensés que dans les disciplines et les cas où il serait strictement nécessaire ; et il devrait être accompagné, pour les étudiants concernés, par un apprentissage du français sanctionné dans les diplômes brigués….

Il y aurait donc une langue pour les disciplines et les niveaux d’enseignement nobles et sérieux : l’anglo-américain ; et le français pour les autres, de seconde classe.

Il nous paraît pourtant que le français a été très longtemps – et reste pleinement - une langue dans laquelle on peut tout enseigner.

Il nous paraît que cette disposition législative particulière serait contraire à l’autre article 2, celui de la Constitution, et à d’autres dispositions de celle-ci ; et que dans son esprit au moins, l’ensemble de l’article 2 du projet de Mme Fioraso est contraire, non seulement à l’intérêt fondamental de la France, mais encore à l’esprit de sa Constitution.

En cette fin de mai 2013, comme dans les "heures sombres" de juin-juillet 1940, les élites françaises, au premier chef tous les représentants élus de la Nation, sont placés devant leurs écrasantes responsabilités.

Ils ont avec eux, s’ils résistent, le sentiment profond du peuple, qu'il ne faut plus tromper.

Courage ! Haut les cœurs ! Il est encore temps d’écarter ce funeste article de loi !

Albert Salon, docteur d'Etat ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite national, président et administrateur d'associations de promotion du français et de la Francophonie.

Les pièces jointes vous aident à compléter votre information :

- le Mémoire sur Les sciences et le français remis en janvier 2013 par sept associations au ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, ainsi qu'à l'Elysée et aux ministres de la Culture et de la Francophonie ;

- la réponse de MM. Jacques Maillard et Christian Darlot, chercheurs au CNRS, à la position exprimée par des savants "pro-langue anglaise" dans Le Monde du 8 mai ;

- le dossier récapitulatif publié le 12 mai 2013 par le journal La Croix, avec, notamment, la position de M. Bernard Pivot.

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Projet de loi Fioraso (suite 6)

Projet de loi Fioraso (suite 6)

Fioraso université colonisation politique

Projet de loi Fioraso (suite 6)Français, gardez votre langue à l’université appel d'un groupe d’universitaires étrangers  Libération (21/5)
Message d'Australie d'Ivan Barko prof. émérite à l'univ. de Sydney (lire ci-dessous)
Le Monde : Pour l'université et la recherche, le changement promis tourne au désastre appel d'universitaires contre le projet de loi Fioraso (21/5)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire" et le message d'Alain Finkielkraut : "Quant à la présence des étudiants étrangers en France, je ne vois pas quel sens elle peut avoir si plus rien ne demeure de l’identité française"


Message d'Australie d'Ivan Barko professeur émérite à l'Université de Sydney

Bien que, en ma qualité d'universitaire australien, je rejette totalement la thèse d'une conspiration anglo-saxonne contre la langue française, le monde anglo-saxon ne saurait être plus indifférent à l'avenir du français : en effet l'ennemi n'est pas à l'extérieur au seuil du jour fatidique où le sort de l'article 2 de la proposition de loi de Mme Fioraso sera décidé, permettez-moi d'exprimer ma consternation à la possibilité que l'emploi de l'anglais soit généralisé et encouragé dans l'enseignement supérieur en France.

Plus qu'un crime, c'est une erreur. Cette prétendue "réforme" est inspirée par des considérations purement commerciales mais elle ne manquera pas de se retourner contre ses auteurs. Les étudiants désireux de poursuivre des études en anglais finiront inévitablement par se tourner vers des pays de langue anglaise plutôt que vers une France dont l'anglophonie sera toujours forcément de seconde classe.

Nos établissements d'enseignement supérieur d'Australie connaissent de similaires tentations de commercialisation, mais rien d'aussi absurde que l'article 2 de projet de loi de Mme Fioraso n'a été jusqu'ici proposé par eux.

Personne en Australie, même la majorité monolingue, ne comprend cette "réforme" : elle est contre-productive et humiliante non seulement pour la France mais aussi pour les Francophones et les Francophiles du monde entier. Je vous conjure d'y renoncer.

Ivan Barko - professeur émérite à l'Université de Sydney-Australie

à  : laurent.fabius@diplomatie.gouv.fr; genevieve.fioraso@recherche.gouv.fr;
pierre-rene.Lemas@elysee.fr; aquilino.morelle@elysee.fr; emmanuel.macron@elysee.fr;
nicolas.revel@elysee.fr; sylvie.hubac@elysee.fr; paul.jean-ortiz@elysee.fr; aurelie.filippetti@culture.gouv.fr; yamina.benguigui@diplomatie.gouv.fr

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Projet de loi Fioraso (suite 5)

Projet de loi Fioraso (suite 5)

Fioraso université colonisation politique
Projet de loi Fioraso (suite 6)
TV5Monde Claude Truchot "Universités en anglais : les déboires européens" (21/5)
intéressant article qui à partir de réalités européennes, pointe l'impasse des cours en anglais

COURRIEL et la Libre Pensée
Déclaration commune sur le projet de loi Fioraso (20/5)
Un témoignage de Francis Gandon (lire ci-dessous)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".


Un témoignage de Francis Gandon

Concernant la beaufitude achevée de la "remarque" sur Proust (du même tonneau que celle assénée sur la Princesse de Clèves), une anecdote. Je participe, jeudi dernier à une journée Supervielle en Sorbonne. Un bon, tiers du public et des intervenants est constitué de Japonais, dont le traducteur de Supervielle. (Notre littérature est extrêmement prisée et traduite au Pays du soleil levant, ce qu’une âme charitable devrait songer à signaler à notre ministre). Je pose la question : viendriez-vous étudier en France si l’on y enseignait Supervielle en anglais ? Éclat de rire général.

Le même qui devrait accueillir madame Fioraso ("Take your pipette" [lire ci-dessous]). Est-il si difficile de comprendre que l’attrait exercé par la France est avant tout culturel et linguistique ? "L’amour de la langue", pour reprendre la formule barthésienne, est-il si difficile à comprendre ?

Autre exemple, utile à connaître : celui du linguiste Coseriu. Roumain, il a vécu en Italie, en Allemagne et en Uruguay. Il a publié en roumain, français, allemand et (surtout) espagnol. Un seul et maigre article en anglais dans son immense bibliographie. C’est le contre-exemple parfait des scientifiques à la Fioraso : un savant de stature internationale, qui s’est parfaitement passé de la langue des maîtres.

Il me semblait enfin que le Premier ministre avait mis les choses au point. Depuis quand un ministre délégué peut-il contrevenir à la politique décidée au plus haut niveau ?

Francis Gandon


Le Canard enchaîné tacle Fioraso (24/4)
Take your pipette
AH ! le bel argument brandi par Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pour justifier le projet de loi qu’elle vient de pondre, lequel prévoit d’autoriser l’usage des langues étrangères (comprenez : l’anglais) dans l’enseignement supérieur en France : "Si nous n’autorisons pas les cours en anglais, nous n’attirerons pas les pays émergents comme la Corée du Sud et l’inde (...). Nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d’une table." Presque aussi fort que Sarkozy piétinant "La princesse de Clèves"...

Ce projet de loi a fait bondir, du professeur au Collège de France et à Columbia University Antoine Compagnon à Jacques Attali, en passant par l’Académie française, laquelle a dénoncé publiquement cette marginalisation du français. Tous font remarquer que l’idée de Fioraso est stupide, puisque les étudiants étrangers sont suffisamment nombreux à vouloir suivre des études en France : ils constituent 13 % des effectifs totaux, soit bien plus

que l’Allemagne ou la Suède, qui, elles, enseignent déjà en anglais.Stupide mais aussi contre-productive : ainsi, l’université française à Saïgon (Hô Chi Minh Ville), qui s’était mise à l’anglais pour attirer les étudiants non francophones, a dû faire machine arrière, les étudiants ayant préféré l’original à la copie et fui en masse vers les facultés américaines de la ville...

Contre-productive mais aussi ridicule : le professeur Pierre Fath raconte, dans "Le Figaro" (18/4), avoir assisté, dans une faculté française, à un cours de médecine en anglais qui se résumait à "put it on the microscope" et "take your pipette" !

Et Antoine Compagnon de rappeler que, contrairement à ce que croit Fioraso, qui ne jure que par le numérique, les nanotechnologies et la biologie de synthèse, Proust est un excellent produit d’exportation ! Enseigner en anglais dans une université française, ça, c’est vraiment du temps perdu...

J.-L P.
( Jean-Luc Porquet)

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Antoine Compagnon : un chèque en blanc à l’anglais

 Antoine Compagnon
Loi Fioraso : un chèque en blanc à l'anglais

Tribune publiée également dans Le Figaro du 18 mai 2013

Antoine Compagnon Fioraso université colonisation

Antoine Compagnon Loi Fioraso : un chèque en blanc à l'anglais

L'auteur, professeur au Collège de France et à l'université Columbia de New York, pointe les écueils d'un enseignement en anglais dans les universités.

Passons sur Proust et les cinq pelés qui se retrouveraient pour parler de lui si les universités françaises ne basculaient pas â l'anglais, Mme Fioraso dit que c'était une plaisanterie, Drôle d'humour de galérien, tout de même, chez une ministre qui voulait promouvoir son projet de loi ! Et la blague a si bien pris qu'on ne parle plus que de ce fameux article 2 au détriment de tous les autres, lesquels ne sont pourtant pas sans diviser les universitaires. Ce débat public n'en est pas moins bienvenu, touchant à un point justement sensible de la dignité nationale : la place de la langue française en France.

Je ne suis pas contre tout enseignement en langue étrangère, à condition que le cadre en soit clair. Aujourd'hui, la loi Toubon n'est pas respectée. Des universités et de nombreuses grandes (et moins grandes) écoles, l'ignorant superbement, donnent de plus en plus de cours en anglais. On nous dit qu'il s'agit de régulariser cet état de fait et l'on tente de nous rassurer en annonçant des décrets d'application qui limiteront l'usage des langues étrangères. Mais nous ne savons rien de ces décrets. Et seront-ils plus respectés que la loi Toubon ? L'article 2, a ce stade, est un chèque en blanc à l'anglais.

Mme Fioraso voudrait encore nous apaiser en affirmant qu'il n'y aura pas plus de 1% de cours en anglais dans les universités, D'où sort-elle ce chiffre ? Mystère ! Aucune étude le justifiant n'a été rendue publique, de même que nous n'avons pas vu la moindre évaluation des coûts et avantages de l'article 2 pour l'attractivité de notre enseignement supérieur.

Or, le premier désagrément du passage incontrôlé a l'anglais est la baisse de la qualité des cours : quand un professeur enseigne dans une langue qu'il maîtrise moyennement, il fait l'économie de la complexité de la matière traitée, réduit les nuances à des formules de manuel ou de présentation PowerPoint, et la leçon devient appliquée et utilitaire. Les étudiants attendent la pause, durant laquelle on revient au français, pour aborder les questions compliquées,

A peu près bilingue, j'ai beaucoup enseigné en anglais - aux États-Unis, non en France - mais je n'ai jamais oublié la remarque, il y a bien vingt ans, d'un de mes meilleurs doctorants, au français quasi parfait ; « On préfère quand vous dites votre séminaire en anglais, parce que vous êtes plus faible et que nous sommes plus forts.» Dans une autre langue, à moins d'être Conrad ou Beckett, l'argumentation sera forcément moins subtile. Pour nous tranquilliser aussi sur ce point, on avance que les cours en anglais seront donnés par des anglophones. Ah bon ? Comme ce n'est pas le cas aujourd'hui, cette contrainte imposerait des destitutions et des recrutements également improbables,

De fait, le projet confond deux défis actuels qui n'appellent pas les mêmes solutions, et il risque de ne relever ni l'un ni l'autre.

Le premier est l'anglais insuffisant des universitaires français. Dans presque toutes les spécialités, cette langue est indispensable pour la communication scientifique. L'anglais médiocre de nos enseignants et chercheurs pénalise la science française et explique sa sous-représentation dans de nombreux forums internationaux notamment pour les sciences humaines et sociales qui, leurs méthodes étant moins quantitatives, exigent une sophistication linguistique accrue. Pour remédier ace handicap, ce sont des programmes à l'étranger pour les doctorants et les jeunes chercheurs qui devraient être facilités, afin qu'ils communiquent et publient en anglais avec plus d'aisance.

Le second défi est celui de l'attractivité de nos universités auprès des étudiants étrangers, ceux des pays émergents, dont l'Afrique, continent en croissance. De ce point de vue, la qualité de l'offre d'enseignement et de recherche est le facteur essentiel, ainsi que l'amélioration de l'accueil, de l'accès au visa, au logement, etc. Que certains cours soient offerts en anglais à l'arrivée, cela va de soi. Mais il serait aberrant qu'un étudiant venu pour un doctorat, au moins trois ans, et cinq ans s'il commence par un master, puisse repartir sans maîtriser la langue du pays d'accueil. Des cours de langue et de culture françaises doivent être non seulement proposés aux étudiants étrangers, mais requis, comme cela se fait dans les universités américaines, d'où il n'est pas concevable que l'on sorte diplômé sans connaître la langue,

A plus long terme, dans quel engrenage met-on le doigt ? Les conséquences du renoncement à la langue nationale dans l'enseignement supérieur n'ont pas été mesurées. Si, comme l'envisagent sans état d'âme certains scientifiques qui nous renvoient au « siècle dernier », on peut se diplômer d'une université française sans savoir le français, sous prétexte que, dans le monde global, on n'en aura plus besoin ensuite, comment continuer de justifier son exigence ailleurs, dans l'administration, à l'école ? «À quoi bon leur faire apprendre le français, ai-je entendu, si c'est juste pour le parler durant leurs années d'études ? » Avec un tel argument, après le supérieur, pourquoi pas le secondaire, voire le primaire ? Et comment répondre, en France même, à des demandes de vie communautaire hors de la langue nationale ?

Mais j'écris ceci à l'île Maurice, où le français se porte bien après deux siècles d'empire de l'anglais. Tout espoir est donc permis.

Antoine Compagnon

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Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fioraso

 Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fioraso

Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fiorasoéducation politique Fioraso colonisation : Le point de vue de Claude Weisz, cinéaste, concernant le projet de loi Fioraso que l'auteur considère comme un véritable scandale démocratique se décompose en 3 parties suivies d'une lettre au Président de la République. MAR
I) L'édifiante sincérité de Madame Fioraso
II) Quelques réflexions fragmentaires provenant d'une expérience vécue
III) De la fâcheuse habitude qu'ont nos gouvernements de vouloir nous faire prendre les vessies pour des lanternes.
Lettre ouverte à M. François Hollande, Président de la République française.



I) L'édifiante sincérité de Madame Fioraso

"Si nous n'autorisons pas les cours en anglais nous n'attirerons pas les étudiants de pays émergeant comme la Corée du Sud (sic), l'Inde, le Brésil …*"

"Nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d'une table, même si j'aime Proust"

Madame Fioraso dans un entretien au Nouvel Observateur cite l'exemple des enfants scandinaves qui "regardent dés le plus jeune âge, à la télévision, les programmes en anglais. À l'âge adulte, ils manient un anglais excellent et un très bon allemand **. Est-ce que la culture danoise ou finlandaise est en péril ? Sont-ils moins critiques vis-à-vis de "l’impérialisme américain" que nous ? Soyons sérieux. Je vois beaucoup d'hypocrisie derrière tout ça".

Oui soyons sérieux.

Chacun sait que le danois, le suédois, le norvégien, etc. ne sont que de simples langues locales, et ne peuvent se comparer au français, langue partagée par de nombreux pays et parlée par plus de 200 millions de personnes sur les cinq continents, seconde langue la plus enseignée au monde après l'anglais ; toutefois de moins en moins en Europe puisqu'il n'est plus nécessaire de connaître le français, contrairement à la règle, pour travailler dans les institutions européennes.

De fait Madame Fioraso classe le français dans la catégorie des langues régionales.

Elle oublie simplement que le français est dans les institutions internationales langue officielle, à parité avec l'anglais.

Mais, comme ministre elle reçoit les documents internationaux et européens uniquement en anglais, c'est pourquoi elle l'ignore.

Comme il est probable que Madame Fioraso n'est pas complètement stupide, elle nous dit clairement que la finalité de cette loi est bien de faire du français une langue inutile.

Comment peut-on promouvoir une telle politique linguistique-contraire au discours de François Hollande lors de sa visite à New York devant les électeurs français d'Amérique du Nord- une politique qui accélère encore le déclin de la France ***.

Cette politique est criminelle.

Il faut la refuser tant qu'il est encore temps.

* au Brésil et dans les pays lusophones, l'élite culturelle et politique continue encore de pratiquer et d'étudier le français.

** connaissant ces pays j'ai rarement entendu un jeune parler, même médiocrement l'allemand… Par contre les jeunes Espagnols au chômage apprennent l'allemand pour travailler en Allemagne.

*** quant à l'usage de l'anglais comme remède au déclin industriel de la France, saluons l'exemple de la multinationale et premier fabricant mondiale du pneu, Michelin, qui dispense des cours de français à ses cadres et techniciens étrangers, avec le souci de continuer de faire du français sa langue de travail.

15 mai-Assemblée nationale ; c'est avec aplomb et péremptoirement que Mme Fioraso répond à une question posée par le député M. Myard. Sans être malpoli je dirais qu'elle continue à nous vendre son plat de lentilles. En supposant qu’elle aie raison nous accueillerons quelques milliers d'étudiants étrangers en plus, mais en 2050 tous les pays francophones d'Afrique seront passés à l'anglais ainsi que la soixantaine de chefs d'État, ministres, chefs de délégation qui s'expriment en français à l'ONU. C'est ainsi que le rêve de nos gouvernements modernes sera réalisé : la France sera reléguée au niveau international du Danemark. (J’aime le Danemark). Mais après tout, les Danois sont parfaitement anglophones, les touristes rendent visite à la petite sirène et leur niveau de vie est supérieur à celui des Français.

Un plat de lentilles, ma foi, (surtout du Puy en Velay), c'est très bon. Merci Madame.

Claude Weisz retour haut de page


II) Quelques réflexions fragmentaires provenant d'une expérience vécue.

Des Volkes Seele lebt in seiner Sprache. (Goethe)

C’est dans sa langue que vit l'âme du peuple.

Comment peut-on accepter - alors que nous vivons depuis des mois une bataille autour d'une loi, le mariage homosexuel, qui concerne peut-être 0,2 ou 0,3 % de la population et ne remet pas en cause la société - que le projet de loi Fioraso qui est un choix --oui, j'ose ce grand mot - de civilisation, ne fasse pas l'objet d'une réflexion approfondie et d'un débat national.

Ce changement radical qui fait qu’au bout du compte l'adage de Claude Allègre : "l'anglais ne doit pas être une langue étrangère en France" va être adopté presque à la sauvette ; un petit paragraphe dans une loi majeure concernant l'ensemble des citoyens français et francophones.

Mme Fioraso qualifie ceux qui n'acceptent pas l'intégralité de son texte de défenseurs de "la francophonie par la peur" et traite ceux qui critiquent ce projet de loi d'hypocrites " car ils sont passés par des grandes écoles (et) ont un cursus en anglais (…) tout en refusant de donner ces mêmes droits aux universités." Signalons toutefois que cette nouvelle législation légalisera l'infraction à la loi Toubon que pratiquent non seulement les grandes écoles mais un tas d'autres écoles privées plus ou moins de qualité, mais financièrement rentables.

Nous annoncer que ça ne concerne que 1 % des cours est en réalité un énorme mensonge.

Cela, de la part de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, s'appelle de la démagogie.

Plutôt que de rester dans des généralités je voudrais ici essayer de faire comprendre à ceux qui considèrent que passer sous le rouleau compresseur de l'anglo-américain est un progrès et participe de l'élévation du niveau d'éducation des Français est un leurre.

Mon expérience professionnelle de cinéaste "engagé", mon quotidien de citoyens de la Seine-Saint-Denis (le 9-3), balbynien (habitants de Bobigny)-ville aux 40 nationalités, avec 60 % de logements sociaux - mes interventions dans des ateliers de formation à l'audiovisuel m’autorisent à dire au gouvernement socialiste dont fait partie la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche : "réfléchissez avant de promouvoir et de voter une loi qui est antirépublicaine, antisociale, anti culturelle et donc antidémocratique.

Les adolescents que je fréquente chaque jour vivent déjà dans un univers "culturel" anglo-saxon.

Musique, chansons (à l'exception du rap et un peu de slam) publicité, informatique (vocabulaire et, de surcroît abandon du système métrique-mesures en pouces !) marketing, finance, audiovisuel, justice (il serait préférable de donner aux collégiens des notions de droit (français) plutôt que de promouvoir l'entreprise car, ça ils savent très bien le faire)

Il m'arrive de leur demander : "il est question de passer à l'anglais dans l'enseignement général… Êtes-vous pour ou contre ?"

Une forte minorité me répond spontanément : "on est pour, parce que l'anglais c'est plus facile que le français et on le parle partout, le français ça sert à rien". Et quelques-uns constatant que dans certaines entreprises françaises la langue de travail est l'anglais pensent qu'il est nécessaire d'apprendre cette langue dès la maternelle. (cf. procès intentés par les syndicats pour obtenir des traductions)

Donc à première vue Mme Fioraso, a raison l'enseignement en anglais est plus démocratique ; de plus cela permet aussi de continuer à faire des économies en fermant les centres culturels français à l'étranger et en réduisant leurs services.

Funeste politique de l'ère Sarkozy qui semble devoir, hélas, se perpétuer.

Par contre les lycées français à l'étranger risquent de perdre les élèves autochtones payants au profit des lycées américains ou anglais, comme c'est déjà le cas en Égypte, au Vietnam, au Maroc, au Liban, en Turquie…

Cela réduira également le nombre de chômeurs, les jeunes français trouveront plus facilement du travail, plus ou moins qualifié à l'étranger, sans charges sociales mais pouvant bénéficier encore de la sécurité sociale française comme c'est le cas avec nos émigrés en Grande-Bretagne.

Cette politique renforce également le communautarisme - repli sur soi et sur les "traditions" ethniques, - faisant apparaître le modèle français républicain et social comme "non compétitif". Transformant l'école en un lieu de contraintes et d'ennui.

Communautarisme avez-vous dit ? Hélas, un autre renoncement de François Hollande, celui d'accorder le droit de vote aux étrangers aux municipales est une grave erreur. Ce droit de vote est indispensable pour permettre une prise de conscience des droits et des devoirs et une participation de chaque émigré à la vie publique et politique dans la cité. Je considère que ce droit est indispensable à une intégration progressive républicaine, antinomique au communautarisme à l'instar de l'école publique et laïque.

C'est aussi faire fi de l'avis des chefs d'entreprises, ceux qui ne sont pas encore passés à l'anglais, qui se plaignent de ne pas trouver de jeunes sachant s'exprimer et écrire correctement en… français.

Certes l'enseignement en anglais permettra à l'éducation nationale de recruter plus facilement des professeurs vacataires "english natives" non statuaires !

Les études supérieures en anglais favoriseront la formation d'une élite internationale, (qui existe déjà), en France, mais à condition que les salaires soient aux minimums égaux à ceux des chercheurs américains ainsi que la qualité de nos laboratoires et instituts de recherche.

Bien au contraire, "la démocratisation" annoncée par la ministre permettra aux mandarins français anglophones de s'expatrier sans difficulté vers les universités prestigieuses des États-Unis, de Grande-Bretagne, d'Australie, d'Afrique du Sud etc. A contrario comment Mme la ministre peut expliquer l'engouement à apprendre le français en Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Chine … chez les étudiants qui se destinent aux professions médicales ?

D'une part, parce que il y a du travail en France pour ces médecins, kinés, infirmières, dentistes ; professions mieux rémunérées que chez eux avec une qualité de vie supérieure et dont l'exercice ne peut se faire que dans la langue du pays.

D'autre part pour suivre des cours et faire des stages dans des secteurs de médecine spécialisée où la France est reconnue pour son excellence, cardiologie, greffes, cancer… Et, miracle, dont l'enseignement et la pratique continuent à se faire en français !

Autre exemple, si des cinéastes de pays non francophones apprennent le français c'est pour tourner en France et en français, des films français.

Ainsi Michael Haneke, palme d'or à Cannes, prix du meilleur film européen, BAFA (Royaume-Uni) du meilleur film étranger et, entre autres, pour couronner le tout, Oscar du film en langue étrangère à Hollywood.

N'en déplaise aux ministres et autres thuriféraires de l'anglo-américain, c'est cela l'attractivité de la France.

La caste bureaucratique néolibérale qui dirige l'Europe et la France, qui pense en anglo-américain est la même qui, sous prétexte de modernité avait choisi de supprimer les tramways et les trolleybus, prétendant que c’était un moyen de transport périmé, qu’il fallait adapter Paris à la voiture. Ce sont les mêmes penseurs qui, aujourd'hui, avec un demi-siècle de retard, découvrent que le tram est un moyen de transport idéal.

Si l'on peut à nouveau faire rouler des trams il sera impossible, lorsque le français aura perdu son statut de langue internationale de communication, de diplomatie, de culture, de le faire revivre.

Pourquoi par ailleurs, trouve-t-on tragique qu'un président français ne s'exprime pas parfaitement en anglais et normal qu'un président américain ne connaisse aucune autre langue que l'anglais. Que John Kerry doive s'excuser auprès de ses concitoyens de s'exprimer en français et faisant preuve d'humour, explique qu'il continuera en anglais car "si je ne le fais pas j'aurais des problèmes à mon retour aux États-Unis."

Oui, pourquoi cela ne choque pas que l'apprentissage d’une langue étrangère au Royaume-Uni et aux États-Unis soit facultatif au lycée, ce qui signifie qu'aujourd'hui les élèves de ces pays ne connaissent que l'anglais ou l'américain.

Il fut un temps, pas si lointain, où la chanson française de Piaf à Montand, de Brel à Gainsbourg, s'exportait à l'étranger en version originale. Ce qui n'empêchait pas ces chanteurs et compositeurs, de temps à autre, d'en faire une adaptation en anglais, en allemand, en japonais etc. Ces mêmes chansons étaient reprises en français par des interprètes de pays non francophones. Aujourd’hui la chanson française qui s'exporte est uniquement en anglais et l'anglais est devenu la langue de la chanson internationale. On me dit qu'économiquement c'est très bon pour la France car ça se vend très bien. Ce qui reste encore à prouver.

Mais franchement, culturellement c’est zéro.

Faire parti du magma de la variété anglo-saxonne pourquoi pas, mais qu'on ne parle pas de diversité culturelle.

Paradoxe : au XVIe siècle l'opéra se chantait exclusivement en italien puis à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle il s'écrivit des opéras en français, en anglais, en allemand. Au XIXe siècle et davantage encore au XXe on assiste à la floraison d'opéra en russe, tchèque, hongrois, norvégien etc. C'est cette diversité que nous sommes en train de perdre avec ce retour à la langue unique.

Langue unique, pensée unique, acculturation ce n'est pas le XXIe siècle de Mme Thatcher* que mes parents et moi-même avons souhaité.

Hélas notre élite, notre pseudo élite politique, économique, financière n'en a cure.

Sa vision du futur a la dimension d'un quinquennat. C’est très court, petit et médiocre.

* au XXIe siècle, la puissance dominante c'est l'Amérique, la langue dominante c'est l'anglais, le modèle économique c'est le capitalisme anglo-saxon

Je peux me tromper, mais je n'ai pas entendu parmi les abondants éloges funèbres rendus par les radios généralistes et télévisions à Mme Thatcher, la chanson éponyme de Renaud.

Claude Weisz retour haut de page


III) De la fâcheuse habitude qu'ont nos gouvernements de vouloir nous faire prendre les vessies pour des lanternes.

À droite comme à gauche et plus particulièrement en ce qui concerne la langue française et la francophonie c'est la même parole lénifiante et concrètement la même politique suicidaire.

On nous assure que les conférences de l'Organisation Internationale de la Francophonie sont des réussites et la situation de la langue française dans le monde est globalement bonne.

Présidence Sarkozy : "en 2050 il y aura 700 millions de francophones, dont 80 % en Afrique".

Présidence Hollande : "en 2050 il y aura 800 millions de francophones dont 80 % en Afrique."

La réalité est la suivante, seuls 10 à 30 % de la population des pays dits francophones parlent et écrivent le français.

L'apprentissage de notre langue se fait dans des classes surchargées, jusqu’à 90 élèves, avec des profs qui n'ont aucune réelle formation (et souvent ne parlent qu'un français approximatif).

De plus les écoles manquent de matériel pédagogique, livre, ordinateur etc.

Les salaires pour la plupart misérables, sont payés très souvent de façon aléatoire

L’élite universitaire s'expatrie aux USA, Grande Bretagne, Australie, où elle occupe des postes de professeurs, maîtres de conférences dans des universités prestigieuses.

Les étudiants, quant à eux, n'obtenant pas de visa pour la France* se dirigent aussi vers les pays anglophones et constatent amèrement qu'avoir pour langue d'étude le français est un handicap par rapport aux étudiants issus de pays anglophones.

Et, comme si cela ne suffisait pas, voici qu'après Valérie Pécresse c’est au tour de Geneviève Fioraso d'exclure les étudiants francophones des études supérieures en France car s'ils veulent étudier dans les grandes écoles et bientôt dans les universités, il est indispensable qu'ils connaissent l'anglais puisque l'enseignement y est et sera donné uniquement en anglais !

Il est conseillé de prendre des cours d'anglais pour une mise à niveau leur permettant de s'inscrire dans de grandes écoles et d’y passer les examens (Sciences-Po, HEC, ESSEC entre autres.)

Étonnez-vous que de plus en plus de gouvernements africains francophones veuillent passer à l'anglais.

Au train où vont les choses, ("l'anglais ne doit pas être une langue étrangère en France", Claude Allègre) l'affirmation qu'en 2050 il y aura 800 millions (ou même revu à la baisse dans certaines annonces récentes) de francophones dont 80 % en Afrique est un déni de réalité hypocrite et un mensonge d'État.

En 2050, à l'instar du Rwanda l'anglais aura remplacé le français dans la plupart des pays de l'espace francophone.

Et, dommage collatéral, les Chinois - le seul pays ou l'apprentissage du français se développe - auront constaté qu'il n'est pas nécessaire de connaître le français pour commercer avec l'Afrique francophone pas davantage pour étudier en France.

Remarque subsidiaire ; il serait bon pour nos relations économiques avec la Chine de développer et d'encourager l'étude du chinois (ainsi que de l'arabe, l'espagnol, le russe, le portugais et l'allemand ) comme choix de première langue au lycée et de profiter de la jeune génération sino-française à cette fin.

Sait-on qu’aujourd'hui l'éducation nationale salarie des enseignants français pour donner des cours d’anglais dans certains pays comme le Cambodge ( !), les pays du Golfe…

Sait-on que la politique linguistique des États-Unis et de la Grande-Bretagne est caractérisée par une volonté d'éradiquer la langue française.

Un laboratoire de cette politique se trouve en Haïti. Les États-Unis y promeuvent le créole comme unique langue nationale tout en développant, grâce à leur O.N.G. éducatives, des cours d’anglais gratuits dans toutes les écoles et également aidés en cela par une politique d'ouverture à l'accueil des étudiants haïtiens aux États-Unis.

Avez-vous oublié que sous la présidence Bush junior la France, sa langue, ses produits ont été punis pour s'être opposés à l'invasion de l'Irak

Il est amusant de voir que plusieurs films américains de cette époque faisaient jouer le rôle de méchants aux Français. Les Français avaient remplacé les soviétiques dans le cinéma hollywoodien.

La réalité de l'action des gouvernements français est de tout faire pour que le français soit considéré comme une langue inutile.

Une grande partie de notre élite politique et économique a fait sienne le dogme de Madame Thatcher : "au XXIe siècle, la puissance dominante c'est l'Amérique, la langue dominante c'est l'anglais, le modèle économique c'est le capitalisme anglo-saxon"

Seule une volonté mercantile mobilise leurs pensées : faire payer les étudiants étrangers pour faire leurs études et passer leur diplôme en anglais afin de renflouer les caisses des grandes écoles et de l'éducation nationale comme cela est le cas dans les pays anglophones.

Mais ceci est également un leurre.

Économiquement cela est suicidaire.

Culturellement c’est criminel.

Politiquement c'est une forfaiture.

Et vis-à-vis de "ceux qui ont le français en partage" c'est une trahison.

Alors cessez de nous mentir.

Défendons la diversité linguistique, culturelle.

Restaurons la place du français dans le monde pour conserver une autre façon de penser.

Le français en partage est l’une des dernières richesse universelle et une valeur morale qui reste encore à la grande nation française.

N'oublions pas ce qu'écrivait Kateb Yacine lorsqu'on lui reprochait d'écrire en français : "la langue française est notre butin de guerre".

N'oublions pas que nous avons colonisé des peuples en leur imposant le français. Aujourd'hui qu'ils ont fait leur cette langue tout en l’enrichissant, une langue qui, pour beaucoup, est encore la langue des droits de l'homme et de la liberté, les condamner à l'anglais c'est un coup de poignard dans le dos.

Peut-être est-ce aussi la revanche de l'histoire ; les anciens colons à leur tour colonisés (et de plus volontairement) Non, nous méritons mieux.

Nous avons aussi un devoir de reconnaissance envers les artistes, scientifiques, écrivains, cinéastes étrangers qui ont choisi le français et la République française pour leurs créations.

Demain, de par notre renoncement nous nous priverons de cet apport original et vital.

Quant à nos cousins du Québec, de Belgique, de Suisse et nos amis africains ils sont désespérés à l'idée que le Parlement français puisse avaliser le projet de loi défendu par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Après la signature à venir de l'accord de libre-échange entre les États-Unis et l'Europe, par lequel l'exception culturelle sera "rabotée" et le monopole de la langue impériale (déjà accepté dans l'administration européenne) sera légalement établi, que deviendra la France lorsque sa langue ne sera plus qu’une langue régionale ?

Il est évident que ce projet de loi ne serait pas aussi dangereux si l'ensemble de la politique de la France vis-à-vis de sa langue était affirmatif, vigoureux, ambitieux, généreux, riche.

Hélas aujourd'hui c'est la débandade, une variante plus douce (soft !) de "l'étrange défaite" de 1940. Et les voix qui nous parviennent de Londres, c'est plutôt "bizness as usal."

Ne nous trompons pas ; les fossoyeurs de notre langue ce ne sont pas les Anglais mais bien certains français.

Désindustrialisation et acculturation…

"Plus dure sera la chute" ("The harder they tall )**, à moins que…

* sur ce point donnons crédit au gouvernement actuel de vouloir changer les choses.

** film américain de Mark Robson (1956)

N.B. Affirmer que la réussite commerciale ou industrielle soit conditionnée par la maîtrise de l'anglais c'est aussi une contrevérité. Un produit de qualité peut se vendre même, c'est un exemple, en albanais-(assisté d'un bon interprète- traducteur)-et on trouve encore des albanais pratiquants fort bien le français.

P.S. 21 avril 2013, inauguration de l'exposition "naissance d'un musée" au Louvre d’Abu-Dhabi, en présence de Mme Fillipetti, des anciens et nouveaux directeurs du Louvre ; les panneaux, les inscriptions, les titres sont en deux langues : l'arabe et l'anglais !

Un pays qui n'aime pas sa langue ne saurait donner l'envie de l’apprendre à des étrangers.

Claude Weisz retour haut de page


Lettre ouverte à M. François Hollande, Président de la République française.

de Claude Weisz, cinéaste, fils d'émigrés non francophones, pupille de la Nation, dont le père, résistant, est "mort pour la France" en 1942, dans les locaux de la Préfecture de police de Paris, sous les tortures infligées par des fonctionnaires français des renseignements généraux. Citoyen français, je me permets de me présenter ainsi car l’héritage que j'ai reçu de mon père est l'esprit de résistance.

Monsieur le Président.

Les pages qui suivent rédigées en état d'indignation, expriment les raisons qui m'amènent à vous demander de mettre fin à la politique de renoncement à la souveraineté linguistique de la langue française.

Je demande aux législateurs, les représentants du peuple, de prendre le temps de réfléchir aux conséquences désastreuses qu'entraînerait l'adoption du paragraphe 2 du projet de loi sur l'enseignement supérieur.

Il est nécessaire d'apprendre des langues étrangères, dont l'anglais.

Donner quelques cours en anglais (Wall Street English !) est admissible mais le projet de loi présenté par Madame Fioraso, qu’elle assure être limité à 1 % des cours, est un leurre. Ce 1 % c'est le cheval de Troie du groupe de pression (le "lobby") des directions de Sciences-Po, HEC, l'ESSEC et d’autres, qui pratiquent déjà le tout anglais - en contrevenant à la loi Toubon - qui voit dans l'adoption de cette loi la régularisation de leur pratique illégale.

C'est un choix politique majeur. Un choix de culture. Un choix de géopolitique. Un choix idéologique. Un choix historique.

Le français en partage est l’une des dernières richesse universelle et une valeur morale qui reste encore à la grande nation française.

N'oublions pas ce qu'écrivait Kateb Yacine lorsqu'on lui reprochait d'écrire en français : "la langue française est notre butin de guerre".

N'oublions pas que nous avons colonisé des peuples en leur imposant le français. Aujourd'hui ils ont fait leur cette langue tout en l’enrichissant, une langue qui, pour beaucoup est encore la langue des droits de l'homme et de la liberté, les condamner à l'anglais c'est un coup de poignard dans le dos.

Peut-être est-ce aussi la revanche de l'histoire ; les anciens colons à leur tour colonisés (et de plus volontairement) Non, nous méritons mieux.

Il est évident que ce projet de loi ne serait pas aussi dangereux si l'ensemble de la politique de la France vis-à-vis de sa langue était affirmatif, vigoureux, ambitieux, généreux, riche. Mais force est de constater que ce n'est pas le cas, à quelques petites exceptions près. Nous sommes dans une politique de repli et d'acceptation de la défaite.

Je souhaite, monsieur le président, que vous soyez fidèle à la réponse que vous me donniez lors des élections présidentielles.

Je vous remercie, Monsieur le président, très profondément de la peine que vous vous donnerez à lire ces quelques pages, en espérant que vous aurez à cœur, comme vous l'avez souvent proclamé, d’agir pour que ce bien public qui appartient à tous les locuteurs francophones demeure et se développe comme langue solidaire et nécessaire. C'est la France qui a naturellement pour mission de sauvegarder la langue française et d'en promouvoir l'usage.

Veuillez trouver ici, Monsieur le président de la république, cher François Hollande, l'expression de ma haute considération

13 mai 2013

Copie à Mmes et MM. Jean-Marc Ayrault, Laurent Fabius, Aurélie Fillipetti, Yasmina Benguigui, Vincent Peillon,

Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Najat Vallaud-Belkacem, Nicole Bricq.

Claude Weisz

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Publié dans Nouvelles2012-2013 | Commentaires fermés sur Claude Weisz : Le scandale du projet de loi Fioraso

Projet de loi Fioraso (suite 4)

Projet de loi Fioraso (suite 4)

Fioraso université colonisation politique

Projet de loi Fioraso

TV5Monde : "French university" par Pascal Priestley (17/5)
Intervention de Jacques Myard lors de la séance des questions au Gouvernement et la réponse de Mme Fioraso (15/5) (voir la vidéo ou lire le texte de l'intervention ci-dessous)


voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".


Intervention de Jacques Myard lors de la séance des questions au Gouvernement et la réponse de Mme Fioraso (15/5)

Assemblée Nationale - Première séance du mercredi 15 mai 2013
Présidence de M. Claude Bartolone
Questions au Gouvernement

Défense de la langue française

M. le président. La parole est à M. Jacques Myard, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.

M. Jacques Myard. Bernard Cazeneuve, je ne sais pas si l’opposition sort de l’œuf mais le Gouvernement a fait une sacrée omelette ! (Applaudissements et rires sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Herr Ministerpräsident Ayrault, ich bitte Sie um eine Frage zu antworten ; Mister Prime minister, I wish to ask you a question :…

M. Jean Glavany. On parle français dans l’hémicycle !

M. Jacques Myard. …au moment où la Commission bafoue le plurilinguisme de l’Europe et privilégie de manière outrancière l’anglais, la science française a-t-elle encore le droit de s’exprimer dans la langue de Molière, de Victor Hugo…

Un député du groupe SRC. De Myard !

M. Jacques Myard. …de Frédéric Joliot-Curie, de Louis Leprince-Ringuet, de Charles de Gaulle ou de François Mitterrand, ou doit-elle s’excuser d’exister ? (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et UDI.)

À l’évidence, on se doit de se poser la question puisque vous allez proposer de reléguer notre langue en seconde division, en lui ôtant son statut de langue universitaire exclusive au profit du globish. Il faut apprendre des langues étrangères, mais le globish n’est pas une explication du monde.

Vous oubliez que les ingénieurs que nous formons aujourd’hui travailleront encore dans vingt à quarante ans et que le "tout anglais" d’aujourd’hui est une faute stratégique, une vision erronée et obsolète à terme du monde qui va à marche forcée vers un plurilinguisme qui va relativiser très largement l’anglais (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et UDI.)

Rappelez-vous Hamlet : "Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie." Croyez-vous vraiment attirer des étudiants non francophones ? Vous vous trompez : ils préféreront toujours l’original aux singeries. En définitive, nous n’aurons gagné que le mépris des autres, que le statut du vassal et de l’esclave.

Une langue, ce n’est pas seulement un moyen pour vendre des cacahuètes, c’est une pensée, une structure mentale, et le français demeure plus que jamais une langue de sciences ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le député Jacques Myard, c’est en français que je m’adresserai à vous pour vous parler du projet de loi. Que dit le texte auquel vous faites allusion – si vous l’avez lu ? (Protestations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) Il dit que la langue de référence de l’enseignement supérieur et de la recherche est le français. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

L’article 2 dispose simplement que les dérogations qui sont déjà prévues par la loi Toubon peuvent être élargies en étant très encadrées pour accueillir les étudiants de pays émergents, tels que la Corée, l’Inde, le Brésil, dans les matières scientifiques, économiques et techniques, qui ne viennent pas en France à cause de l’obstacle du langage.

M. Maurice Leroy. Qu’en pense la ministre de la francophonie ?

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Cette loi sera d’autant plus encadrée…

M. Christian Jacob. Ce n’est pas encore la loi !

Mme Geneviève Fioraso, ministre. …qu’un accord est intervenu hier, en commission, entre partisans et opposants préalables à cette dérogation. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Nous avons décidé de l’encadrer encore plus en prévoyant une formation obligatoire au français pour ces étudiants, et elle sera prise en compte pour l’obtention de leur diplôme.

M. Dino Cinieri. Cela ne servira à rien !

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Aujourd’hui, il y a 790 formations en langues étrangères, plutôt en anglais. Elles existaient jusqu’à présent dans les écoles pour les enfants privilégiés. Cela ne faisait hurler personne. Aujourd’hui, nous voulons élargir cette possibilité et les introduire à l’université pour tous les jeunes, notamment ceux qui sont issus des milieux modestes, qui n’ont pas voyagé, qui ne parle ni l’anglais ni l’allemand.

M. Daniel Fasquelle. N’importe quoi !

Mme Geneviève Fioraso, ministre. Monsieur Myard, la France francophone, c’est la France qui s’ouvre au monde, au Maghreb avec Yamina Benguigui, à l’Afrique francophone que nous accueillons volontiers. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

En conclusion et en français : beaucoup de bruit pour rien, pour reprendre ce titre de Shakespeare.


Le commentaire de Claude Weisz

15 mai-Assemblée nationale ; c'est avec aplomb et péremptoirement que Mme Fioraso répond à une question posée par le député Jacques Myard. Sans être malpoli je dirais qu'elle continue à nous vendre son plat de lentilles. En supposant qu’elle aie raison, nous accueillerons quelques milliers d'étudiants étrangers en plus, mais en 2050 tous les pays francophones d'Afrique seront passés à l'anglais ainsi que la soixantaine de chefs d'État, ministres, chefs de délégation qui s'expriment en français à l'ONU.

C'est ainsi que le rêve de nos gouvernements modernes sera réalisé : la France sera reléguée au niveau international du Danemark. Mais après tout, les Danois sont parfaitement anglophones, les touristes rendent visite à la petite sirène et leur niveau de vie est supérieur à celui des Français.

Un plat de lentilles, ma foi, (surtout du Puy en Velay), c'est très bon. Merci Madame.

(on pourrait aussi signaler que le tout en américano-anglais permettra aux présidents et directeurs des grandes écoles de rattraper le niveau de salaire de leurs collègues américains. D'autant plus que suite au scandale des émoluments généreux de feu Richard Descoings, l'État a décidé de réduire un peu leur train de vie.)

Claude Weisz

Publié dans Nouvelles2012-2013 | Commentaires fermés sur Projet de loi Fioraso (suite 4)

Projet de loi Fioraso (suite 3)

Projet de loi Fioraso (suite 3)

Fioraso université colonisation politique
Projet de loi Fioraso

France 2 : Entretien avec Claude Hagège au sujet du projet Fioraso (15/5)
France24 Cours en anglais à l'université : pire des humiliations pour les francophones(15/5)
Bernard Pivot : Cette loi est lourde d’orages et de défaites (12/5) (lire ci-dessous)

voir aussi notamment les différents éléments concernant le Projet de loi Fioraso, les prises de positions de Claude Hagège, de Jacques Attali, d'Antoine Compagnon, de Pouria Amirshahi, de l'Académie Française et les très bons articles d'Astrid de Larminat dans le Figaro et de Pascal Priestley de TV5Monde.

Et également la passionnante 'intervention de Michel Serres sur France Info (31/3) souhaite que l'on entre en résistance. Pour lui : "Enseigner en anglais nous ramènerait à une nation colonisée dont le langue ne peut plus tout dire".

Suite du débat concernant le projet de loi Fioraso tendant à autoriser l'enseignement en anglais dans les universités et grandes écoles.


Bernard Pivot, journaliste et écrivain : "Cette loi est lourde d’orages et de défaites"
La Croix du 12 mai 2013

Fortement opposé à l’introduction de cours en anglais à l’université, Bernard Pivot explique la nécessité de continuer à promouvoir le français dans le monde.

La Croix : L’anglais comme langue d’enseignement dans les facs françaises, cela vous scandalise-t-il ?

Bernard Pivot : Oui, tout à fait, car je crois, comme Michel Serres, que si nous laissons l’anglais s’introduire dans nos universités, si nous le laissons, seul, dire la science et le monde moderne, alors le français se mutilera et s’appauvrira. Il deviendra une langue banale, ou pire, une langue morte. En donnant la possibilité d’enseigner en anglais, la ministre prétend attirer des étudiants étrangers et faire remonter la France dans les classements anglo-saxons.

Mais c’est un leurre. Les meilleurs choisiront toujours d’aller dans les plus grandes facs américaines et anglaises, tandis que le français, lui, sera bel et bien mis en péril.

N’y a-t-il pas, derrière ce débat, une querelle entre "anciens" et "modernes" ?

B. P. : Peut-être que certains, parmi les plus jeunes, sont moins attachés que nous au français… Mais je crois que le problème est plus grave. Il est que nos dirigeants ne sont plus des lettrés, ni des amoureux du français, comme ils l’ont été autrefois. Je pense au général de Gaulle, bien sûr, à Georges Pompidou, mais aussi à François Mitterrand. Ces hommes étaient de grands lecteurs, des amoureux de la langue, et même des écrivains capables d’écrire de beaux livres… Ils n’auraient jamais laissé passer une telle loi.

Mais le français peut-il réellement résister à l’anglais ?

B. P. : La question ne se pose pas en ces termes. Que l’anglais soit la langue dominante dans le monde actuel, c’est logique. Dans l’histoire, à chaque fois qu’une nation a dominé par son armée, son économie, ses savants, elle a imposé sa langue. Ce fut le cas de la France sous Louis XIV. Il ne s’agit donc pas de jalouser la position de l’anglais. Mais il ne faut pas non plus se résigner ni se coucher devant lui. À côté, le français doit continuer de jouer sa partition.

Pourquoi est-il si important, selon vous, de défendre le français ?

B. P. : D’abord, je n’aime pas ce terme "défendre". Il me semble d’emblée pessimiste. Le français, il faut l’illustrer, le promouvoir, le faire vivre. Car c’est la langue qui nous a constitués, qui nous a formés, qui coule de notre bouche et dans nos veines. Même si l’on parle plusieurs langues, je suis convaincu que notre dernier mot, au moment de notre mort, sera français. Car celui-ci est inscrit dans notre âme, au plus profond de nous. La langue est ce qui constitue, aussi, une nation. C’est parce que nous avons en commun ce trésor des mots que nous nous comprenons, que nous écrivons. Les mots sont notre richesse et marquent aussi notre diversité. C’est formidable d’avoir parmi nos grands écrivains des Antillais ou des Africains. Cette loi envoie d’ailleurs un très mauvais signal à tous ceux qui luttent, dans le monde, au sein des instituts français, pour faire vivre notre langue. Peut-être certains ne voient-ils pas le péril qui s’annonce. Moi, je sens au contraire que cette loi est lourde d’orages et de défaites.

Recueilli par Flore Thomasset

Publié dans Nouvelles2012-2013 | Commentaires fermés sur Projet de loi Fioraso (suite 3)

Pouria Amirshahi : Une gifle à la langue française

 Pouria Amirshahi : Une gifle à la langue française 

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Pouria Amirshahi : Une gifle à la langue française

Nous reproduisons ici la tribune de Pouria Amirshahi, député PS publiée dans Marianne du 11 mai 2013. Lire également plus bas son amendement, signé par 39 députés socialistes, qui demande la suppression de l'article 2 du projet de loi Fioraso

Autoriser l'enseignement universitaire tout en anglais, comme le propose le projet de loi de Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur, c'est porter un nouveau coup à la francophonie par Pouria Amirshahi (Député PS de la 9e circonscription des Français de l'étranger)

Qu'il est loin, ce 16 octobre 1993, quand François Mitterrand - au Sommet de la francophonie - s'opposait explicitement au président Clinton en lui reprochant de vouloir "imposer une façon de penser, de s'exprimer au reste du monde". Dire que, vingt-cinq ans plus tard, les élites françaises sont de plus en plus nombreuses à construire elles-mêmes cette horrifiante uniformisation du monde, sans que personne ne l'exige. C'est sans doute pour moi, en tant que francophone, la pire des humiliations. J'ai encore en tête les mots de Valérie Pécresse, en 2008, qui déclarait à la suite de Jean-François Copé, vouloir "briser le tabou de l'anglais" et prétendait en faire une seconde langue maternelle.

Après plus de deux décennies de renoncements, de remises en cause insidieuses - décennies marquées par l'extension de la pensée hégémonique néolibérale anglo-saxonne -, le projet de loi de la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, en son article 2, porte un signal terrible, comme une gifle à la langue française qui unit tant de peuples sur les cinq continents.

De quoi s'agit-il ? D'étendre le champ des exceptions faites à la loi Toubon en autorisant l'enseignement universitaire tout en anglais. Tout. J'insiste sur ce point, car la confusion est trop souvent entretenue dans un élan de mauvaise foi : il ne s'agit pas d'enseigner "la" langue anglaise, mais de tout enseigner "en" langue anglaise.

Pour un Erasmus francophone

Cette entorse existe de fait déjà dans certaines grandes écoles. Doit-on vraiment la généraliser ? Faut-il vraiment l'encourager ? A HEC, par exemple, l'enseignement de l'économie se fait en anglais. Les élites françaises de demain sont donc formées-je n'ose dire formatées - par la pensée économique anglo-saxonne ultralibérale. Pour dire les choses brutalement, elles passent définitivement ainsi sous "tutelle intellectuelle". Pour cette seule raison, l'indigestion se fait déjà sentir en moi avant même qu'on n'ait tenté de me faire avaler la couleuvre. Mais s'en tenu : à la thèse de la "langue-idéologie" serait de courte vue, et même sans doute dangereux. En effet, le français ne véhicule pas en soi le colonialisme, l'allemand ne véhicule pas intrinsèquement le totalitarisme, l'arabe ne stipule pas l'inégalité de genre, le persan est très compatible avec l'amour du vin, etc. L'anglais véhicule donc aussi une part de la belle œuvre humaine. Et reconnaissons que c'est une langue utile à l'humanité du moment parce que ses rudiments sont mieux partagés. Il y en a eu d'autres, espérons qu'il y en aura d'autres. Tant qu'il n'y en a n'a pas qu'une...

Il faut donc répondre à tous les arguments.

"Faisons venir des étudiants des pays émergents, comme le Brésil, la Turquie ou la Chine." Soit. Nous en formons déjà des centaines de milliers en français dans le monde. A quoi : bon dépenser tout cet argent si c'est pour les faire venir étudier en anglais ? Surtout, comment penser que nous serons la destination de premier choix des étudiants avec une telle loi ? Les universités états-uniennes ou britanniques continueront d'être préférées à nos universités devenues anglophones Qui d'ailleurs ne le deviendront jamais tout à fait. Car en réalité et contrairement à un autre argument entendu, le passage à l'anglais fera baisser le niveau de notre enseignement supérieur car nous n'aurons pas les enseignants parfaitement à l'aise avec l'anglais. A moins de décider de recruter des enseignants anglophones...

On ne sait pas s'il faut rire ou pleurer de l'argument selon lequel "des cours en anglais amènent au français"... Surtout quand on observe, à l'expérience, ces nombreux étudiants étrangers qui traversent un "tunnel anglophone" et qui repartent sans avoir appris la langue française !

Pensons aussi qu'un des seuls critères de "vente s de cours de français destinés à des universitaires à l'étranger est de pouvoir leur fournir un instrument pour leur cursus en France. Si les cours sont dispensés en anglais en France, alors nous verrons l'influence de la langue française chuter, jusqu'à s'éteindre peu à peu.

L'enseignement supérieur en France dispose déjà d'atouts considérables. Valorisons-les plutôt que de battre notre coulpe : le coût de l'enseignement, l'intérêt culturel, la valeur des diplômes français sur le marché local, mais aussi les immenses débouchés que représentent les marchés du travail de l'espace francophone, en Amérique du Nord, en Afrique et en Europe, sont autant de ressources pour le rayonnement universitaire de la France. Car il existe aussi une francophonie économique, tournée vers le développement et le partage de la valeur ajoutée entre le Nord et le Sud, entre le Sud et le Sud aussi d'ailleurs. Pourquoi négliger autant cette potentialité au moment même où chacun observe une Afrique renaissante avec un taux de croissance à deux chiffres ? Car il est aussi des conséquences politiques, géopolitiques majeures à de petits renoncements : veut-on passer à côté des bouleversements en cours en Afrique maghrébine et subsaharienne ? Regretter que cette "Afrique de 600 millions de francophones" n'ait été qu'un train raté ? Un de plus !

Quel terrible signal donné à nos cousins québécois, africains et belges qui revendiquent, chérissent, cultivent notre langue commune au moment même où se joue sa place, parfois face à des sectaires éradicateurs.

Et si nous donnions plutôt à la francophonie les outils dont elle manque cruellement ? Par exemple, un Erasmus francophone. Par exemple, un passeport économique et culturel de la francophonie, traduction matérielle d'une appartenance commune, qui offrirait notamment aux artistes, étudiants, chercheurs et chefs d'entreprise francophones de nombreuses possibilités de mobilité. Par exemple, un portail numérique de la recherche francophone internationale digne de ce nom, qui donne vraiment les moyens à l'Agence universitaire de la francophonie d'exister plutôt que de se débrouiller. Par exemple. Et si nous avions un peu d'ambition ? Pouria Amirshahi

voir également le site de Pouria Amirshahi


Pouria Amirshahi est l'auteur d'un amendement, signé par  39 députés du groupe Socialiste, républicain et citoyen, demandant la suppression de l'article 2 du projet de loi Fioraso qui autorise l'enseignement en anglais dans l'enseignement dans l'enseignement supérieur.

Amendement présenté par M. Pouria Amirshahi

signé par Christian Assaf, Jean-Paul Bacquet, Christian Bataille, Philippe Baumel, Nicolas Bays, Jean-Pierre Blazy, Seybah Dagoma, Yves Daniel, Michèle Delaunay, Sébastien Denaja, Jean-Pierre Dufau, Hervé Féron, Michèle Fournier-Armand, Yann Galut, Jean-Patrick Gille, Daniel Goldberg, Pascale Got, Jérôme Guedj, Edith Gueugneau, Chantal Guittet, David Habib, Joëlle Huillier, Françoise Imbert, Michel Issindou, Régis Juanico, Laurent Kalinowski, Pierre-Yves Le Borgn’, Annie Le Houérou, Arnaud Leroy, Bernard Lesterlin, François Loncle, Jean-Philippe Mallé, Michel Ménard, Patrick Mennucci, Kléber Mesquida, Suzanne Tallard, Pascal Terrasse, Jean-Michel Villaumé et Paola Zanetti

Article 2

Supprimer cet article.

Exposé sommaire

Cet article est un recul par rapport à la loi Toubon de 1994 relative à ['emploi de la langue française qui spécifie : "la langue de l'enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d'enseignement est le français" et réaffirmant que ia langue de la République est le français, en vertu de l'article 2 de ia Constitution. Cette loi prévoit déjà des exceptions pour "les écoles étrangères ou spécialement ouvertes pour accueillir des élèves de nationalité étrangère, ainsi que les établissements dispensant un enseignement à caractère international" (art. 11). Dès lors, cet article n'a pas d'utilité, il convient en revanche de faire respecter la loi plutôt que de légaliser les pratiques délictueuses de certains établissements.

En posant l'anglais comme condition de l'attractivité de nos universités, nous courons le risque de marginaliser les étudiants francophones et ceux souhaitant apprendre notre langue. Pourtant, notre pays se classe au quatrième rang mondial des pays accueillant des étudiants étrangers et la connaissance de la langue française est la première raison mise en avant. Surtout, l'enseignement "tout en anglais" n'est pas nécessaire pour attirer des étudiants des pays émergents qui comptent, en leur sein, suffisamment de jeunes diplômés francophones ou désireux de le devenir.

Enfin, à l'heure où la recherche francophone, toutes disciplines confondues, est de plus en plus marginalisée sous la pression des revues anglophones, notre engagement pour la diversité culturelle et linguistique ne saurait avantager plus encore la langue anglaise - qui n'en a guère besoin - dans notre système d'enseignement supérieur et de recherche. C'est pourquoi ia suppression de l'article 2 est proposée.

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