Le Monde s’intéresse enfin (un peu) à la Langue Française !

Le Monde s'intéresse enfin (un peu) à la Langue Française !

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Le Monde s'intéresse enfin (un peu) à la Langue Française !

Bonne nouvelle ! Le Monde dans son numéro daté du 22-23 juin 2008, dans la page consacrée au courrier des lecteurs et par la voix de sa médiatrice, Véronique Maurus, semble s'intéresser enfin, un tout petit peu, au sort du français :

Invasions barbares

Le Monde du 22-23 juin 2008
par Véronique Maurus, Médiatrice

La défense de la langue, tâche récurrente du médiateur français, est mal comprise à l'étranger : nos confrères se gaussent de cette « marotte » qui, à leurs yeux, fleure le nationalisme ombrageux prêté à notre pays. Rien de tel, pourtant, dans l'abondant courrier que nous adressent les lecteurs. Mais beaucoup d'inquiétude face à l'inexorable recul du français, supplanté par l'anglais non seulement dans le monde, mais aussi en France, où la mode et une sorte de snobisme puéril répandent l'usage du franglais dans les banlieues comme dans les cercles dits intellectuels.

Dernier sujet d'alarme, la prestation, le 24 mai, de Sébastien Tellier, qui représentait la France à l'Eurovision en chantant... en anglais. « La France, en reniant sa langue, s'est ridiculisée aux yeux de l'Europe entière, comme en témoignent les commentaires jubilatoires des télévisions anglophones, proteste, entre autres, Jean Hourcade (L'Étang-la-Ville, Yvelines). Si les Français ne défendent pas leur langue et l'idée de diversité culturelle au cours d'un événement aussi médiatique que l'Eurovision, personne ne le fera à leur place (...). »

Si les lecteurs nous interpellent de plus en plus nombreux sur ce thème, c'est qu'ils sont convaincus que la presse en général et Le Monde en particulier portent une responsabilité dans cette déliquescence. « Le quotidien français de référence, grâce à un titre, le 2 juin, a validé l'indépassable concept de «short list», il était temps !, relève Marc-Antoine Bécµe (Vincennes). Le Monde avait réussi à éviter «e-mail» en adoptant courriel. Ici, un terme de jargon, quasi inconnu du grand public (comme «prime time» il y a dix ans) est imposé aux lecteurs. Le journal aura ainsi, par paresse intellectuelle ou démission, une fois de plus fait progresser le franglais. Dommage ! » De fait, l'expression « cercle restreint », plus compréhensible et guère plus longue, remplace avantageusement « short list ».

A écouter nos lecteurs, les crimes de « lèse français » sont d'inégale portée. Le plus dénoncé, car lourd de conséquences, consiste à adopter sans vergogne un mot fraîchement débarqué de Londres ou de Wall Street, lui donnant ainsi droit de cité. Exemples : « class action » (action collective), ou « hedge fund » (fonds spéculatif), utilisé de manière récurrente dans nos colonnes, depuis le début de l'année, notamment le 10 février, « en dernière page et en titre, sans guillemets ni rien », s'offusque Élisabeth Labrousse (courriel).

Autre intrus, « desk », a été abondamment employé à l'occasion de l'affaire Kerviel. : « Je ne comprends même pas de quoi il s'agit », s'indigne Jean-Louis Belleterre (courriel). Qu'il désigne, en l'occurrence, une activité particulière au sein d'une salle des marchés n'empêche pas qu'on le remplace tout simplement par « bureau », sa traduction littérale - moins chic mais plus clair.

Quant à « subprime » (prêt à haut risque), il est utilisé à tort et à travers depuis des mois, nous signale Jean Cevaër (Pornichet, Loire-Atlantique) : « l'expression correcte est «subprime loan» ; par antiphrase, c’est un prêt qui est «au-dessous» de la première qualité. Si les Français ne peuvent parler anglais, ils pourraient au moins parler correctement leur langue d’État. »

A leur décharge, les journalistes ne sont pas linguistes, et le recours aux dictionnaires a des limites : on peut, éventuellement, traduire « chat » par « causette », comme le recommande le Larousse, mais « clabaudage », suggéré par le Grand dictionnaire québécois (à la pointe de ce combat), paraîtrait encore plus étrange.

Les rédacteurs n'ont en revanche aucune excuse quand ils emploient des mots traduits depuis longtemps. Écrire « check point » et non barrage, « coach » (entraîneur), « pipeline » (oléoduc, gazoduc, aqueduc), « newsletter » (lettre d'information), « think tank » (groupe de réflexion), « sac shopping » (cabas), et on en passe, relève de la négligence pure et simple. Idem pour le verbe « booster » (stimuler), ou les « impacter » (influer sur) et « manager » (gérer), qui exaspèrent nos lecteurs.

Le barbarisme, moins décelable, constitue pourtant le stade ultime de l'anglicisme : il consiste à employer des mots français dans leur sens anglais, ce qui les rend ambigus ou carrément abscons. Cette « invasion barbare » sévit malheureusement de plus en plus dans nos pages, avec l'aide des plumes les plus averties. Hélène Fournier (Fontenay-sous-Bois, Val-de-Marne) nous reproche ainsi d'avoir écrit, le 10 mai, dans un entretien : « Nous n'avons sans doute pas les moyens de disposer de ces corps... » « En anglais, «to dispose of» signifie «se débarrasser de», et je pense qu'alors la phrase devient compréhensible », précise-t-elle.

Les barbarismes les plus répandus finissent par devenir intelligibles : « en charge de » (chargé de), « en capacité de » (capable de), « initier » (au sens de commencer), « domestique » (pour national) agacent mais ne trompent plus guère. « Sécuriser », employé au sens anglais d'« obtenir » (un accord, un cessez-le-feu), est déjà plus sournois, de même que le mot « intelligence » (au sens de renseignement).

Mais que dire de « déception », écrit à la place de « tromperie » (« tout un art de la déception », résumant les qualités machiavéliques) ? Ou encore de « versatilité » en nom et place de « polyvalence » (« L'homme politique doit manifester sans cesse sa versatilité ») ? Ces deux derniers exemples ont pourtant été relevés dans une chronique récente par Michel Masson (Paris)... Le comble est atteint quand on utilise une tournure de grammaire anglaise en français, produisant un jargon insupportable. « Une marque de snobisme doublée d'une maladresse », proteste Paul Combaux (Vienne, Autriche), exemples à l'appui.

Combat d'arrière-garde ? Le médiateur, moderne Sisyphe, qui, sans cesse, rabâche le bon usage, en a souvent l'impression. Le directeur de la rédaction itou : « Je chasse le franglais tout le temps. C'est un faux snobisme, et une incorrection vis-à-vis des lecteurs », gronde Alain Frachon. En vain. Ou presque.

Car il y a quand même quelques victoires. Si l'avenir de « courriel » reste à ce jour incertain, « discompte » s'est imposé, et « fixing » (fixage d'un cours) a totalement disparu de nos pages depuis un an. Maigre consolation.

Courriel : mediateur@lemonde.fr

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Eurovision : la France avec une chanson en anglais a obtenu défaite et déshonneur

Eurovision : la France, représentée par une chanson en anglais, y a obtenu la défaite et le déshonneur...

Eurovision : la France, représentée par une chanson en anglais, y a obtenu la défaite et le déshonneur...La chanson française en anglais ?
Quelle vision de  la France et de l’Europe ?
par Albert Salon

eurovision chanson colonisation : Au concours « Eurovision » de la chanson européenne du 24 mai 2008 à Belgrade, la directrice des divertissements de la « chaîne » France 3 responsable de la représentation officielle de la France, a choisi une chanson en anglais de M. Sébastien Tellier, qui a pourtant des chansons en français à son répertoire.
Nos associations ont multiplié les démarches, d’abord auprès de France Télévisions, en invoquant la charte des chaînes publiques, la branche qu’elles scient, le patriotisme, la simple décence, le bon sens... Démarches reprises par des parlementaires jusqu’au sommet de l’État.

Le Secrétaire d’État à la Francophonie, alors au Québec, a courageusement relayé la consternation de nos cousins. D’autres responsables ont déploré… En vain.
M. de Carolis, accouru au bruit, Carabi, n’a pas empêché la branche de se rompre. Un peu de charpie des dames de l’hôpital : on ne pouvait plus changer la chanson, mais on y mettrait quelques mots en français… Et l’an prochain, ce ne serait plus France 3 qui traiterait de la représentation de la France.

Notre exigence : retirer la France de la compétition cette année, sous quelque prétexte si l’on avait peur d’assumer franchement la fierté, s’est heurtée à un silence plein de gêne.

Résultat : la France est 19e ! « Guilleri tombit » et ne put « voir ses chiens Couri, Carabi ! »
Claque pour les « responsables mais non coupables » ! Pensons à Churchill : nous avons eu et le déshonneur et la défaite ! Bravo !

Ici et là, on nous a susurré que cela ne valait pas d’y rompre nos lances : ce concours, abâtardi, était devenu anglo-américain et ne représentait plus l’Europe-diversité linguistique et culturelle. Alors pourquoi ne pas chanter dans la langue des maîtres ? Ne soyons pas ringards comme ces « petits » pays (Irlande, Portugal, en 2008) qui se produisent dans leurs langues, voire en français.

Voyez la partie pertinente de ce numéro. Vous serez édifiés, chers lecteurs. Vous déciderez de rejoindre nos rangs, notre combat, et, vigoureusement, notre future campagne si cette honte nous est encore infligée en 2009, malgré la lettre encourageante à cet égard reçue tout récemment de Madame Albanel

Les dégâts sont considérables, dans les pays francophones, et ailleurs. La presse étrangère, y compris le sérieux Times, en rit encore. À l’aide de cet exemple, et de bien d’autres (tel celui de l’anglais imposé tôt dans l’enseignement et bientôt dans toutes les formations universitaires) présentés dans nos numéros précédents, elle va jusqu’à affirmer, non sans « Schadenfreude », que la France claironne sa capitulation dans la grande « bataille des langues en Europe » (livre d’Yvonne Bollmann) et dans le monde. Avez-vous voulu cela ?

Heureusement que la Palme d’or du Festival de Cannes a été attribuée au film français « Entre les murs » où l’on montre notamment un professeur de français enseignant dans une classe difficile l’imparfait du subjonctif !

Une autre bonne nouvelle, tout de même, dans ce déluge de catastrophes : après les salariés des grandes entreprises GEMS et AXA-ASSISTANCE sises en France, ceux d’une ex-filiale d’ALCATEL viennent de gagner leur procès contre l’imposition d’un logiciel uniquement en anglais, sur la base de la loi Toubon de 1994, qu’ALF avait préparée dès 1992. Le travail de nos associations avec les syndicats, notamment dans le « collectif syndicats-associations parlementaires pour le droit de travailler en français en France », porte des fruits. Diffusez cela. Ce mouvement doit s’amplifier et amener la décrue.

 Il y a là une voie pour rendre non pas tant « la France aux Français » que les Français à la France, et même, tenez : à une vraie Europe !

Haut les cœurs !

Le président, Albert Salon

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Nextiraone condamnée à traduire

Nextiraone condamnée à traduire

Nextiraone condamnée

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Communiqué de l’agence France Presse du 16 mai 2008

La société Nextiraone France (ex-Alcatel) a été condamnée par la justice à faire traduire en langue française un logiciel de gestion interne, qui n'était disponible qu'en anglais au détriment des salariés français, a-t-on appris vendredi de source syndicale.

La direction de Nextiraone France a jusqu'au 1er octobre pour se plier à cette obligation, sous peine d'une astreinte de 5 000 euros par jour de retard, passé ce délai, précise le jugement du tribunal de grande instance de Paris, daté du 6 mai dernier, dont l'AFP a obtenu une copie.

Le comité central d'entreprise (CCE) et la CGT de Nextiraone avaient assigné en janvier la direction, après que celle-ci a mis en place, en 2007, un nouveau système informatique de gestion interne, baptisé Saphire, destiné aux seize implantations européennes du groupe.

Le CCE avait obtenu la garantie de la direction, en juillet 2007, qu'une version française serait disponible en octobre de la même année, mais elle s'était en fin de compte limitée à mettre en place un didacticiel (sorte de traducteur au mot par mot) en français, «outil plus incomplet et en partie en anglais», avec «un maniement particulièrement lourd et complexe», note le tribunal.

Dans son jugement, il rappelle que la loi Toubon du 4 août 1994 prévoit que «tout document comportant des obligations pour le salarié ou des dispositions dont la connaissance est nécessaire à celui-ci pour l'exécution de son travail doit être rédigé en français».

Le tribunal souligne également qu'une langue étrangère constitue pour un salarié, à défaut d'une maîtrise parfaite, un handicap important ne serait-ce que pour gérer les incidents, et comprendre les procédures hors-cadre ou les messages d'erreur.

"Dans l'entreprise, il y a 300 anglophones, pour 2000 salariés en France, et seulement une centaine de francophones ont un niveau d'anglais performant", soulignant que l'entreprise comptait "beaucoup de gens d'une cinquantaine d'années ou plus, qui ne maîtrisent pas forcément bien cette langue", a expliqué à l'AFP Francis Battista (CGT).

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Travailler en français : GEMS plie

Travailler en français : GEMS plie

Travailler en français : GEMS (General Electric Medical Systems) plieGEMS (General Electric Medical Systems) renonce à la cassation et signe un accord avec les syndicats !

travail colonisation GEMS : 10 ans, c’est ce qu’il a fallu pour arriver à un accord définissant l’emploi de la langue française à GEMS. En 1998, les délégués du personnel dénonçaient une nouvelle forme de discrimination envers certains salariés, créée par l’usage abusif de l’anglais (messages, documents de travail, logiciels...).

La justice, par deux fois a donné raison à la CGT (en 1ère instance et en appel) et a lourdement condamné la direction (astreinte financière, obligation de traduction, de mise à disposition des logiciels en français, etc.)
Un an et demi de négociations a permis d’arriver à un accord et au retrait du pourvoi en cassation.

En outre, les documents rédigés à l’étranger nécessaires à la bonne exécution du travail seront traduits.

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Partenariats en anglais : la Cour d’appel de Paris impose une traduction

Partenariats en anglais : la Cour d'appel de Paris impose une traduction

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Partenariats en anglais : la Cour d'appel de Paris impose une traduction

Il est constant que le secrétaire général d’un Ordre d’avocats a établi une attestation selon laquelle il a certifié qu’un avocat de son Barreau, MCX, ancien conseil juridique, était inscrit au tableau de l’Ordre des avocats dudit Barreau, et qu’il était membre du partnership avec lequel le requérant avait eu un contentieux.

Le requérant, au soutien de ses prétentions, expose que devant le refus de l’Ordre de produire une expédition de la délibération du partnership ayant investi M X d’une telle qualité, il a sollicité la condamnation du Bâtonnier à lui verser une somme de 7 000 € à titre de dommages et intérêts. Devant la Cour, il invoque non plus les dispositions de l’article 1382 mais celles de l’article 1384, alinéa 5 du Code civil, le secrétaire général étant un préposé de l’Ordre au sens dudit article.

En effet, la responsabilité directe du commettant peut être recherchée, ainsi que l’admet de longue date la jurisprudence la plus constante. Pour étayer ses prétentions, le requérant a sol licité et a obtenu du magistrat de la mise en état la production, certifiée conforme, des accords de partenariat dont fait état un affidavit.

Cependant, ces pièces, certes produites en original, sont en langue anglaise (États-Unis), méconnaissant l’ordonnance royale du 15 août 1539 dite de Villers-Cotterêts relative à l’usage de la langue française. Il convient, pour une complète information de la Cour, avant dire droit au fond, d’en transcrire la traduction, aux frais avancés de l’Ordre des avocats, par un interprète traducteur.

C. Paris (1re ch. A), 6 février 2007: Paul G. c. Ordre des avocats de X.
M. Debû, prés.; M. Grellier, Mme Horbette, ass. — Mme Huyghe, SCP
Bommart-Forster-Fromantin, avoués; M Chain Lacger, av.

Note : L’intérêt de l’arrêt rapporté ne réside pas spécifiquement dans le cas d’espèce, mais dans le rappel, en ce temps où la langue anglaise envahit notre quotidien, qu’en application de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, l’usage de la langue française est la règle devant les tribunaux (et non le latin). La solution adoptée ici est dès lors sans reproche. On peut ajouter que la loi Toubon du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française, et son décret d’appli cation du 3 mars 1995, ont étendu l’application de cette règle hors des enceintes de justice.

Extrait de la Gazette du palais des 27 et 28 juin 2008

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