Pour le Sommet de la Francophonie à Québec

Pour le Sommet de la Francophonie à Québec
(17-19 octobre 2008)

Francophonie politique langue française : Le président de la République va y citer de récents gestes importants de la France : l’introduction par le Congrès le 21 juillet dernier de la Francophonie dans notre Constitution ; et l’ouverture prochaine de la Maison de la Francophonie à Paris.
Voilà qui est tout à fait dans la ligne de ses discours nets et incisifs, le 9 mars 2007 à Caen, le 20 mars 2008 à la Cité universitaire internationale :
« L’obsession d’une langue unique au prétexte de l’efficacité est un leurre qui masque les effets de domination de la pensée unique dont la langue unique est l’antichambre (……) Je me battrai pour que dans les instances européennes et à l’ONU le français continue d’être employé. Ce sera naturellement une obligation absolue pour tout représentant de la France dans les organisations internationales. (…..) Surtout je me battrai pour que soit généralisé partout en Europe l’enseignement de deux langues étrangères, parce que c’est la seule façon efficace pour que l’hégémonie de l’anglais soit battue en brèche ».
 
Pourtant, le Protocole de Londres sur les brevets européens, qui réduit la langue française a été ratifié en 2007.
Et on constate, chez certains de ses ministres, des annonces insistantes, et des actes, qui vont à l’encontre des claires orientations présidentielles précitées.
Le syndicat SNESUP, le relève dans sa lettre de septembre 2008 au sujet de la Ministre de l’enseignement supérieur et du rapport à elle remis par M. Jolion, président du Comité de suivi « master ». Ce rapport introduit une proposition qui anéantit de facto l’obligation existante d’usage du français dans les cours, les examens et les soutenances. Des enseignements obligatoires pour les Français pourraient ainsi être assurés dans une langue étrangère.
M. Bernard Sergent et plusieurs de nos adhérents choqués relèvent aussi les déclarations de M. Xavier Darcos sur le nécessaire bilinguisme français-anglais. Même constat alarmé dans le grand journal québécois Le Devoir du 8 septembre. C.Roux, son correspondant à Paris, s’appuie sur les idées de Claude Hagège : « la croyance selon laquelle l’enseignement de l’anglais en France laisse à désirer tient du « préjugé » et d’un « absurde complexe ». Elle vient notamment du fait que la France se compare aux petits pays du nord de l’Europe, dont les réalités linguistiques et historiques sont très différentes. (…..) « Claude Hagège n’est pas le seul à s’inquiéter d’un bilinguisme qui consacrerait le monopole international de l’anglais. L’Observatoire européen du plurilinguisme, (nombreuses associations européennes), a estimé que ces déclarations allaient à l’encontre de la position officielle de M. Sarkozy en faveur du plurilinguisme. ».
 
Les Français qui ont aimé les discours cités du Président, et les francophones du monde qui s’inquiètent du comportement de la France à l’égard de sa langue et de la Francophonie, espèrent que Président fera les vigoureuses mises au point nécessaires, comme il le fit à l’égard d’autres ministres dans divers domaines.
Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur
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