Deux grandes occasions à saisir par la France :
Le Sommet francophone d’Erevan et le Brexit
Francophonie Arménie Brexit Europe langue française
Le Sommet francophone des 11 et 12 octobre 2018 à Erevan pourrait d’abord être l’occasion pour le Président de la République de démontrer la force de son choix d’une vigoureuse politique française de francophonie, ramenant ainsi à de plus justes proportions ses emplois mal à propos de l’anglais, que nos associations avaient, en toute légitimité, publiquement dénoncés. Ainsi le Président peut faire état de la mise en application de son bon "Plan pour la Francophonie" présenté le 20 mars 2018 sous la Coupole. En particulier de la mise œuvre du projet d’Institut de la Francophonie à Villers-Cotterêts, avec le contenu ambitieux proposé depuis 2001 par nos associations et affiné depuis lors.
Avant et pendant le Sommet, le Président peut aussi contribuer au nouvel élan de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en apportant son soutien à la candidature d’un chef d’État africain francophone élu par ses pairs. Candidature plus légitime que celles, actuellement connues, de la Canadienne fédéraliste et de la ministre ruandaise de M. Kagamé. L’OIF, la Francophonie, méritent un Secrétaire général d’envergure, à l’instar de MM. Boutros Boutros-Ghali et Abdou Diouf, d’une capacité reconnue, déterminé à faire prospérer l’Organisation.
La France devra alors lui apporter beaucoup de considération, de l’appui, des moyens moins ridicules.
Un budget de l'OIF inférieur à 100 M€, des budgets guère supérieurs pour ses principaux opérateurs (TV5, Agence universitaire de la Francophonie [AUF]), ne font pas une Francophonie multilatérale ambitieuse !
Le Brexit et les langues officielles des institutions de l’UE L’éditorial de notre bulletin n°59 était intitulé : "Brexit : exit l’État membre, exit sa langue officielle !" Dès le lendemain du referendum de sortie du Royaume-Uni (23/06/2016), ALF et ses associations partenaires avaient lancé une campagne pour un réaménagement profond des langues officielles des institutions européennes. Seul, hélas, des responsables de partis, M. Mélenchon y avait alors publiquement fait écho. La question, fort embarrassante, est encore taboue aujourd’hui. Mais le 20 mars 2018, dans la présentation de son "Plan Francophonie", le Président de la République n’a-t-il pas dit - certes en forme de boutade - qu’on n’a jamais autant parlé anglais à Bruxelles que dans cette période de négociation du Brexit ? ALF a donc aussitôt relancé la campagne associative, tant en France, auprès des dirigeants et du personnel politique et médiatique, qu’auprès de nos partenaires associatifs allemands et italiens, pour que le Président français, avec, si possible, l’appui de ses principaux partenaires du continent, mette les pieds dans le plat à Bruxelles. Nos associations invitent leurs adhérents à contribuer à créer un courant d’opinion favorable. Au travail !
Il faut profiter de cette occasion exceptionnelle et mettre vigoureusement sur la table du Conseil de l’UE (chefs d’État et de gouvernement) la question des langues officielles des institutions. Le Brexit doit avoir au moins pour conséquence de redonner aux langues des États membres le seul rôle conforme à l’esprit de la construction communautaire inter-étatique. L’Europe des nations ne saurait prendre comme seule langue officielle celle des États-Unis très dominateurs, qui lui font actuellement une guerre commerciale sans merci. Question vitale, civilisationnelle. Il faut faire cesser l’actuelle humiliation culturelle et politique suprême : les administrations des pays membres obligées de travailler sur des textes de Bruxelles uniquement en anglais et - en pleine illégalité et illégitimité !... - de répondre dans la même langue !
Cela va à l’encontre des traités, et surtout de l’adhésion profonde des peuples à cette Union-là.
À l’encontre, aussi, de ce que le Président dit vouloir pour notre continent.
On ne fait pas des vainqueurs avec des vassaux culturels, économiques et politiques !
Albert Salon