Le Château de Villers-Cotterêts abritera-t-il un grand Institut de la Francophonie et de la diversité culturelle ?
Francophonie langue française : Avenir de la langue française (ALF) et le Forum francophone international (FFI) avaient ensemble lancé le 9 octobre 2001 du balcon du château ("Mon plaisir") où François 1er promulgua le 25 août 1539 son célèbre édit sur l’état civil et la langue française, un appel aux chefs d’État de la Francophonie.
Appel à prendre au sérieux cette francophonie mondiale ; à restaurer le château du grand Valois ; et à consacrer ses 20.000 m² de surface utile et son parc à la fois en pleine ville et au bord de la forêt de Retz, aux grandes chasses encore actuelles, à un Institut international de la Francophonie et de la diversité culturelle. Devant les hautes personnalités françaises, belge, québécoise, haïtienne, au balcon, 250 personnes étaient venues dans la cour, surtout de Paris, à 74 km de là, représentant plusieurs dizaines d’associations françaises pour le français et la Francophonie. Un Comité de soutien avait alors été constitué, composé de hautes personnalités françaises et étrangères très diverses : anciens ministres, parlementaires, académiciens, diplomates, historiens, chefs d’entreprise, présidents d’associations concernées…Pendant 17 ans, nos associations ont maintenu une pression en faveur du projet, et recherché des mécènes, sachant fort bien que leur projet se heurtait à la vacuité des caisses de l’État et à l’absence de volonté politique.
Le 16 septembre 2017, journée du patrimoine, le couple présidentiel ayant été saisi par nos associations, appuyées par un député de la circonscription et par Stéphane Bern, auteur d’une émission sur la Princesse palatine et le rayonnement du château au 17ème siècle sous les Orléans, le Président de la République a annoncé son intention d’adopter le projet. Il l’a confirmée lors de sa déclaration de politique francophone, le 20 mars 2018 sous la Coupole, en reprenant les têtes de chapitre de notre projet.
Tout semble indiquer aujourd’hui que le projet doit voir le jour. Engagements répétés en sa faveur, responsables et architectes désignés, crédits (110 millions d’euros) inscrits au budget de 2019, décision de passer à 4 voies la route qui relie Villers-Cotterêts à l’autoroute A1 et à l’aéroport Charles de Gaulle proche, dispositions prévues par la municipalité, appel à projets de contenus culturels pour l’Institut (appelé bizarrement "Cité") lancé par le ministère de la Culture et auquel, parmi beaucoup d’intéressés, nos associations ont répondu collectivement, vont dans le sens d’une ouverture annoncée pour 2022. Si ce qui fut longtemps un rêve irréaliste bien qu’opiniâtrement caressé, frotté comme la lampe d’Aladin, devenait réalité, la France prouverait qu’elle est toujours capable de "vraies grandes choses" sur le plan culturel.
Hormis une éventuelle catastrophe, nous ne pouvons donc guère redouter qu’une chose : un détournement partiel de la destination du projet. En effet, notre classe politique reste, malgré des exemples de réussites économiques d’institutions et manifestations culturelles, largement persuadée que des institutions de ce genre ne sauraient être "économiquement rentables" et tendraient plutôt à être des "gouffres financiers". Il est donc à craindre que le souci de "limiter la casse" conduise les responsables à faire la "part du feu". Des indices montrent d’ailleurs que divers "conseillers" soucieux des deniers de l’État presque autant que de leurs intérêts propres, poussent à la réduction de l’Institut au seul beau corps principal du château, et à l’affectation à un projet "rentable" - hôtelier, par exemple - des communs qui occupent deux grandes ailes de l’édifice. Ce qui mérite une bienveillante, mais très vigilante attention !…
Albert Salon