La Frenchia

La Frenchia

colonisation américanisation collaboration Québec

Cet article nous est envoyé par un "Québécois francophile" comme il se définit, Denis Turcotte effaré par la dérive anglomane qu'il constate en France MAR

La Frenchia désigne cette France émergente qui s’affiche de plus en plus en anglais. Elle englobe non seulement des gens d’affaires, mais également des élus nationaux et municipaux, des universitaires et chercheurs, voire des artistes et créateurs. Par snobisme, intérêt ou démission, ces gens choisissent l’anglais pour désigner entreprises, inventions ou œuvres d'art au détriment du français pourtant leur langue maternelle et nationale. Ce comportement se répercute jusqu’en Afrique francophone. La langue française, notre langue en partage, a un bel avenir. Il faut la soutenir plutôt que de lui faire des crocs-en-jambe.

Ce pays, mieux connu sous le nom de France, est en émergence. Les Frenchians, les citoyens de ce nouveau pays, ne forment encore qu’une petite minorité, mais ils exercent une très grande influence. Ils occupent des positions d’autorité dans les secteurs économique, politique, social et culturel. Ils restent attachés à leur pays, la France, ils parlent le français, leur langue maternelle, mais ils ont une grande propension à utiliser la langue anglaise pour désigner leurs entreprises, leurs inventions ou leurs créations. Les "French Tech", "French Blue" et autres initiatives du même genre pullulent, sans parler des expressions anglaises utilisées à tour de bras dans les domaines de la finance, de l’industrie, des nouveaux objets ou nouvelles pensées. À leur insu, les Frenchians adhèrent à la maxime anglo-saxonne : "If you can’t beat them, join them" (si tu ne peux les battre, soumets-toi).

En voulant servir la France, ils la dépouillent de sa langue, de son identité, de son histoire. On peut comprendre, sans l’excuser, qu’une entreprise française aux ambitions mondiales puisse se doter d’une raison sociale anglaise, mais, lorsque cette entreprise ou organisation privée ou publique s’adresse spécifiquement aux Français, en France, c’est un non-sens, d’un ridicule consommé. Peut-on alors parler d’aliénation culturelle ?

Voici des exemples édifiants qui ne devraient laisser aucun francophone indifférent fut-il d’Europe, d’Afrique, d’Amérique ou d’Océanie.

French Tech

Trois ans après son coup d’envoi, la French Tech se décompose comme suit : 13 métropoles, 12 hubs (plaques tournantes) à l’étranger et 9 réseaux thématiques. Ces réseaux, organisés autour d’un domaine d’expertise, sont désignés en anglais : Health Tech, BioTech, Manufacturing, Entertainment, Clean Tech, FinTech, Security/Privacy, Reetail, FoodTech et Sports. On sacrifie la langue française sous prétexte de servir
les intérêts économiques et numériques de la France. Nous, francophones du monde entier, ne comprenons pas ce projet coupé de ses racines françaises.

French Blue

Cette nouvelle ligne aérienne, propriété du groupe Dubreuil, a été fondée en mars
2016. Basée à Orly-Sud, French Blue veut changer la donne sur le marché du long-courrier à bas coûts avec le concept du smart cost. Elle prépare le lancement de ses premiers vols low cost longs courriers.

L’équipe de France chante en anglais

La Fédération française de football a choisi une chanson du groupe états-unien Kiss, en l’adaptant, comme hymne de l’équipe de France pour l’Euro 2016. Le secrétaire d’État à la francophonie a vivement réagi à cette décision.

Mud Day

En à peine 4 ans, la Mud Day est devenue la plus importante course d’obstacles du monde. Cet événement, qui se déroule dans la boue, a attiré plus de 25 000  articipants sur trois jours à Beynes, dans les Yvelines.

Creative industry

Emmanuel Macron a exprimé son intention de lancer un label fédérateur, Creative Industry, pour redorer le blason de l’industrie française. Ce label, qui s’inspire de
celui de la French Tech, est une déclinaison du slogan de BusinessFrance qui vante Creative France auprès des investisseurs internationaux.

Sharing Lille

C’est le titre du premier événement français consacré à l'économie collaborative
au service des territoires. Tenu à Eura-Technologies, lieu emblématique du numérique lillois, Sharing Lille a réuni des chefs d'entreprise, des acteurs de la fonction publique, des particuliers, des artistes et des membres d'associations sociales et solidaires de Lille venus exposer leur vision de la nouvelle économie du partage.

Smart City Innovation Center

La Métropole Nice Côte d'Azur et l'université Nice Sophia Antipolis ont mis sur pied en mars 2015 le Smart City Innovation Center. Cette plateforme vise à partager les données collectées grâce aux capteurs disséminés dans la ville de Nice entre chercheurs, entreprises et industriels.

Toulouse Clean-Up

Le projet Toulouse Clean-Up est un récupérateur de déchets flottants. Il a remporté
le prix coup de cœur de la Fondation Orange dans le cadre du concours "I make 4 my city".

Let’s go France

Ce mouvement, lancé à l’initiative de PwC France, vise à valoriser la dynamique des acteurs de l’économie française et à lutter contre le French Bashing.
On déplore un décalage profond dans la société française entre l’image de son économie et la réalité des affaires. Est-ce en utilisant un slogan anglais que l’on pense atteindre cet objectif ?


Push to Pass

Le PDG de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares, a divulgué les grandes lignes de Push to Pass, le nouveau plan stratégique fondé sur la croissance. Ce dernier prend le relais du plan de redressement Back to the Race. Pauvres Français que l'on prend pour des Britanniques !

Alliance Lyon Grenoble Business School

Les écoles de commerce Emlyon Business school et Grenoble école de Management (GEM) ont scellé une alliance et porteront désormais le nom d’Alliance Lyon Grenoble Business School.

Patroller contre Watchkeeper

Deux groupes français étaient en lice pour décrocher un contrat de 350 millions d’euros pour équiper l’armée de terre de la future génération de 14 drones tactiques. Après une chaude lutte, la Direction générale de l’armement (DGA) a porté son choix sur le Patroller de Safran au détriment du Watchkeeper de Thales.

En vrac

Le collectif France Green Industries a été créé afin de promouvoir le savoir-faire français dans le secteur énergétique. Le pays de la mode organise annuellement la Paris Fashion Week. Dans le dessein de favoriser l’innovation dans le monde de l’alimentation, la mairie de Paris a lancé la plateforme Smart Food Paris. La filière équine de Normandie porte désormais le nom de Horse N’Tech. Le géant français Framatome s’est métamorphosé en Areva Nuclear Power. Le nouveau parc de loisirs d’Avignon porte le nom de Splashworld. Le groupe GDF Suez est devenu Engie (tiré du mot anglais  "engineering" sans doute).

Conclusion : Les faits se passent de commentaires. Comment en est-on arrivé là ? Cela cause un tort énorme à la langue française, notre langue en partage. Peut-on souhaiter une réaction salutaire à ce comportement préjudiciable ?

Denis Turcotte, Québécois francophile

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