La France préside le Conseil européen début 2022 – un espoir ?

La France préside le Conseil européen au 1er semestre 2022

Un espoir pour le français et le plurilinguisme dans l'Union Européenne ?

Europe Brexit Macron politique langue française

Depuis l’entrée de la Grande-Bretagne en 1973 au sein de la Commission européenne, l’empire a tout fait pour y établir - et ne plus perdre - l’hégémonie de sa langue conquise avec une admirable et efficace opiniâtreté. Encore entre le vote du Brexit le 23 juin 2016 et le départ des Britanniques.

Au début de 2020, avec la confirmation par Londres du Brexit, le début des négociations avec M. Barnier, et l’arrivée de Mme Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission, les velléités qu’eurent M. J.-Cl. Juncker et quelques autres d’employer beaucoup plus l’allemand et le français s’évanouirent aussitôt. Fin de la récréation : l’heure était à resserrer les boulons.

Plus question de contester la domination de l’anglais. Foin du droit européen lui-même : du Traité, de la Charte des Droits fondamentaux, et de la charte linguistique de 1958 modifiée ; ainsi que de la perte de légitimité de la langue qui n’était plus langue maternelle de 16% de la population de l’Union, mais de 1% seulement. Alors que le Conseil européen des Chefs d’État était seul compétent pour veiller au droit et à la légitimité, la Commission décida seule que ses réunions internes de travail allaient se tenir par commodité en anglais "langue commune". C’est-à-dire quasi unique langue de travail. Disparurent en fait presque complètement les deux autres "procédurales", allemand et français, déjà maltraitées auparavant. Les États, France incluse, ne condamnèrent pas ce coup d’État. Sorte d’effet de jurisprudence à la "common law" dans une organisation pourtant de droit continental romain-germanique. Conquêtes complémentaires de langue et de droit.... Le Parquet européen suivit d’ailleurs peu après.

Le Haut Conseil international de la langue française et de la Francophonie, réseau informel créé le 18 juin 2020, composé aujourd’hui de 34 associations, dont 29 françaises, et de 182 personnalités, toutes représentatives de la diversité des familles politiques de ses membres, a agi vigoureusement, par deux voies : juridictionnelle appropriée ; et politico-médiatique.

L’Élysée, saisi à plusieurs reprises depuis la première lettre du Haut Conseil du 14 septembre 2020, lui a transmis par le canal des Secrétaires d’État MM. Jean-Baptiste Lemoine (Francophonie), et Clément Beaune (Affaires européennes), l’engagement de M. Emmanuel Macron de présenter "un programme ambitieux de défense de la langue française et du multilinguisme" lors de sa présidence du Conseil européen au premier semestre 2022.

Espoir ! ? Espoir raisonnable de voir enfin le coup d’État condamné, le respect rétabli du droit continental romain-germanique, l’allemand et le français effectivement et souvent employés dans les réunions internes de travail de la Commission et du Parquet européen.

Nous imaginons le Président de la République conforté par une recommandation forte adressée au Conseil européen par le Sommet francophone réuni les 20 et 21/11/2021 à Djerba (Tunisie). Nous voulons imaginer notre Président présentant, dans son discours du 20 mars 2022, journée mondiale de la Francophonie : le bilan de sa politique pertinente annoncée le 20 mars 2018 sous la Coupole ; puis - fièrement ! - l’inauguration à Villers-Cotterêts de notre projet de 2001 adopté par lui en 2017 ; et enfin, promesse pleinement tenue : la victoire espérée avec ferveur, obtenue PAR LUI dès janvier 2022 en Conseil européen. ALLÉLUIA ? FIERTÉ REVENUE ?

Albert Salon, ancien ambassadeur, secrétaire général du Haut conseil international de la Langue française et de la Francophonie (HCILFF)

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