Hommage d’ALF à Maurice Druon

Hommage d’ALF à Maurice Druon

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’à nouveau on enchaîne  ?

Druon résistance colonisation

Nous savions que les membres de l’Académie Française ne sont « immortels » qu’au regard de la postérité éventuelle de leurs œuvres.
Les Secrétaires « perpétuels » n’échappent pas à cette règle d’airain.
Mais Maurice DRUON, parti le 14 avril, nous a appris qu’un Immortel peut cesser, de son vivant même, d’être Perpétuel, puisqu’il a volontairement laissé cette charge à un successeur en 1999, après l’avoir exercée pendant près de quinze ans (record de longévité pour un « Perpétuel » ?) avec une grande visibilité nationale et une rare efficacité.

Les importants et les media lui ont rendu un hommage convenu parce que dû, somme toute assez bref, sans chaleur excessive, un peu moins vibrant et nourri que « la dose normale » servie depuis quelques années à tels et tels chanteurs (même plus totalement en français…) et acteurs aux grands rôles, et autres pipoles.
Moins vibrant, peut-être parce qu’il était un grand Français et un vrai et grand gaulliste ?...

Ils ont tout de même dit des choses que nous n’avons plus besoin de répéter, sur sa guerre, sa Résistance (notons qu’elle fut quasi franco-russe aux côtés des Joseph Kessel et Romain Gary…), son mandat rue de Valois, le choix donné aux artistes entre sébile et critique débile, son caractère de lion entre Philippe le Bel le Roi de Fer et Robert d’Artois en perpétuelle guerre pour sa terre.

Ils ont tout de même brièvement mentionné – il était difficile de l’occulter – que Maurice DRUON a, jusqu’à son dernier souffle, lutté pour la langue française et pour la Francophonie, participé à la nouvelle Résistance contre tous ceux qui les abandonnent et sapent, contre le nouvel empire et ses éternels collaborateurs dans les rangs de nos « élites » de tous bords.

« Avenir  de la langue française » doit et veut ici souligner non seulement l’illustration remarquable de notre langue dans les œuvres de ce grand écrivain, mais encore l’exercice de sa magistrature d’influence et son combat pour la langue, par la plume et les démarches personnelles tantôt discrètes, tantôt tonitruantes et rugissantes notamment contre les excès – à ses yeux – dans les réformes de l’orthographe, son appui constant à « ALF » et aux associations pour la défense, l’avenir, le dynamisme de la francophonie, la création - grâce à lui - du grand Prix de la Francophonie que le gouvernement canadien a doté et charge chaque année l’Académie française d’attribuer.
Nous rappelons que Maurice DRUON a su réunir un aréopage de très hautes personnalités de toute l’Europe qui lutte – sans véritable fort relais des autorités françaises – pour que l’Union européenne reconnaisse à notre langue le rôle non pas de langue du droit et des traités de l’Union, mais celui de langue de référence, qui « fait foi » en cas de litiges dans l’interprétation des textes.

C’est lui qui a inventé, pour la Francophonie organisée en Communauté, la superbe formule : des pays « ayant le français en partage », au lieu du plat et technocratique « ayant en commun l’usage de la langue française ».
Maurice DRUON a adhéré pleinement, avec d’autres Immortels : MM. Alain DECAUX, Marc FUMAROLI, Erik ORSENNA, à notre projet de grand Centre de la Francophonie et de la diversité linguistique et culturelle de l’Europe et du monde, à Villers-Cotterêts, château-symbole de l’Ordonnance prise en 1539 par François 1er sur l’état-civil et la langue française. Il était membre du Comité de soutien à ce grand projet culturel national présidé aujourd’hui par le Député Jacques MYARD.

Nous savons qu’il eût été heureux que l’on pût lui chanter, à son départ, comme nous le faisons aujourd’hui :

« Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place ! »

Albert Salon, président, ce 16 avril 2009

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