Compte-rendu du colloque Philippe Rossillon, 7 septembre 2023

Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie (HCILFF)

Compte-rendu
du colloque en hommage à Philippe Rossillon

Ce colloque, L’avenir de notre langue en France et dans le monde, que le HCILFF a co-organisé le 7 septembre 2023, avec son association fondatrice Avenir de la Langue française (ALF*) et l’association des anciens élèves de l’Institut d’Études politiques de Paris "Sciences Po Alumni", au siège de cet IEP au 27 rue Saint-Guillaume, dans le grand amphithéâtre Émile Boutmy. Les associations Avenir de la Langue française (ALF) et Forum francophone international (FFI-France) aujourd’hui intégrées avec 36 autres pour le français dans le Haut Conseil international créé le 18 juin 2020, avaient lancé le 9 octobre 2001, du balcon "Plaisir" à Villers-Cotterêts (ordonnance de 1539 sur le français langue officielle), le projet de Cité internationale de la Francophonie. L’Élysée l’adopta en 2017, après 16 ans de nos efforts opiniâtres.

L’inauguration officielle de la Cité par le président de la République aura lieu sur place le 19 octobre 2023.

Pour marquer l’heureux évènement d’un légitime cachet associatif, le Haut Conseil y produira l’avancement de ses chantiers (loi sur le français ; réseau parlementaire transpartis de Résistance pour le français) ; et ce colloque sur "l’avenir de notre langue en France et dans le monde", appuyé sur le livre suggéré par ALF de Bernard Lecherbonnier sur "Philippe Rossillon, l’inventeur de la Francophonie", Français exceptionnel, présenté par Kléber Rossillon son fils et par l’auteur comme le principal créateur et inspirateur des politiques et institutions du français et de la Francophonie.

Sciences Po Alumni a ouvert le colloque dont le programme figure ci-bas.

À la "table ronde", les trois organisateurs avaient tenu à inviter M. Paul de Sinety sur le thème de la politique du français en France, et Mme Nivine Khaled, représentante de la Secrétaire générale de l’OIF sur le thème de la francophonie dans le monde. Ils sont les deux importantes institutions héritières des créations de Philippe Rossillon, encore concernées par ces thèmes. Leur place était donc là. Nous savions qu’ils ne pouvaient s’écarter du champ réduit de leurs fonctions en l’actuelle petite "période" loin de l’esprit de la grande "époque" 1958-1974 des de Gaulle et Pompidou, du sursaut français, de la coopération franco-africaine, du réveil du Québec, des Wallons, des Suisses romands et jurassiens, et des paladins du français et de la Francophonie
Ils évitèrent donc d’évoquer l’offensive tous azimuts subie par le français et la Francophonie. L’une des deux personnes alla jusqu’à dire, chiffres à l’appui, que la langue française se portait bien et n’avait nul besoin d’être protégée.
Mais cette table ronde émergea de l’eau tiède sur quelques points non négligeables. Ainsi sur la nécessité de ne pas dissocier "les sciences" de la langue française "La création scientifique n’est pas indépendante de la Langue" (dixit Kléber Rossillon, lors du débat) ; de ne plus séparer orgueilleusement et injustement la "littérature française " de la "littérature francophone ", la France étant un "pays francophone " comme les autres. Surtout fut mise en valeur l’importance –non vraiment stratégique, néanmoins évidente - de l’action publique pour la terminologie. Le professeur Olivier Gohin insista sur l’urgence de produire en France, à l’instar du Québec (loi 96 du 24/5/2022, une loi bien plus protectrice et mieux appliquée, sous le contrôle habilité d’une autorité publique y affectée. Il a d’ailleurs puissamment aidé le Haut Conseil international à présenter à des parlementaires français une ébauche complète de proposition de loi.

"L’esprit Rossillon" de contre-offensive, voire d’offensive, fut naturellement mieux incarné dans la partie "débat" du colloque :
Outre le représentant du Haut Conseil et d’ALF** qui présidait et tira la conclusion générale du colloque, trois "interpellants" inscrits au programme, lancèrent le débat. M. Matthieu Varnier, membre du Haut Conseil transpartis mais au nom de l’association COURRIEL, présenta clairement l’aspect social, politique et géopolitique de l’offensive contre le français et ses conséquences discriminatoires, antidémocratiques, néfastes pour le peuple et les travailleurs.
M. Nicolas Dupont-Aignan, député, président du parti Debout la France, et membre du Haut Conseil, dénonça brièvement mais vigoureusement, nos princes de l’abandon-soumission. Il révéla qu’il s’occupait***du Réseau transpartis de parlementaires français en Résistance pour le français et la Francophonie.

Le texte de M. Christian Philip, ancien recteur, directeur de la Maison de la Francophonie de Lyon, et coordinateur du réseau des Maisons de la Francophonie, fut lu et commenté en séance. Pour lui, nos affaires doivent, comme au temps de Rossillon, être rattachées au Premier Ministre, et une nouvelle loi Toubon est nécessaire. Ainsi que d’amener nos diplomates à s’exprimer en français lorsqu’un système de traduction est prévu, et à exiger cette facilité lorsqu’elle ne l’est pas. Il prône la réactivation de la politique de relations culturelles extérieures, l’augmentation forte des bourses et des visas pour les étudiants des pays étrangers, notamment francophones. Il demande d’interdire toute formation universitaire dont une majorité des cours ne seraient pas en français... Un intervenant rappela alors que le sabotage déterminé du gouvernement de sa propre loi Fioraso de 2013 sur l’enseignement supérieur en anglais a donné l’incongruité actuelle : 1 400 formations diplômantes dispensées exclusivement en anglais !

(Après les remerciements chaleureux y compris aux élèves de Sciences Po venus écouter :

Conclusion générale du colloque, sorte de bilan de ce que les trois organisateurs appuyés par M. Kléber Rossillon avaient voulu :

1) Il s‘est bien agi d’un accompagnement de l’inauguration de la Cité à Villers-Cotterêts, digne de l’importance de l’évènement et de nos associations.

2) Nous avons pu exhumer de notre histoire récente cette partie linguistique et culturelle fondamentale, occultée depuis l’avènement de M. Giscard d’Estaing, qui contribua à la grandeur de l’"époque" 1958 à 1974.

3) Nous avons pu, par le livre et le colloque, célébrer nos paladins du français, les offrir à l’admiration, appeler à leur imitation. Certes Philippe Rossillon au premier rang, parce qu’il fut un remarquable entraîneur d’hommes, à la fois Surcouf par les actions d’éclat (le Général en juillet 1967 au Québec fut sa "prise du Kent") et Bonaparte par la création et le développement des institutions. Mais aussi les divers paladins de près ou de loin dans son tourbillon. De très près tel Bernard Dorin, grand frère d’armes, et les Deniau, Joly, J-L. Gouraud...les Québécois Jean-Marc Léger, J-Y Morin, les Wallons et Bruxellois Lucien Outers, et P-H. Gendebien, les Suisses R Béghelin et P-A. Comte, le Valdotain Andrione.

4) Nous avons pu surtout faire ressortir par le livre et le colloque l’heureuse et exceptionnelle convergence entre tous ces paladins de la société civile et l’action d’un État dirigé alors par les de Gaulle, Pompidou, entourés de ministres et hauts fonctionnaires remarquables, des Michel Debré, Pierre Mesmer, Michel Jobert, Jean Griesmar, et tant d’autres, auxquels les Rossillon, Dorin, venaient se mêler en inspirant fortement - et devenant eux-mêmes - l’État.

5) Nous avons pu montrer par contraste saisissant, que cette symbiose dans une grande action française a aujourd’hui disparu. L’État est certes encore présent. Il fait encore des choses utiles, bien que non déterminantes, non stratégiques : M. Paul de Sinety nous l’a montré, notamment avec la terminologie. Il a même rendu un très discret hommage aux actuels successeurs, aux lanceurs du projet – adopté après 16 ans d’efforts – de Villers-Cotterêts. Mais notre État n’a plus le souffle français. Non inspiré par la société civile, il en vient à se méfier du Haut Conseil, qui n’hésite jamais à s’adresser en très haut lieu d’une manière très critique (exemple : "forfaiture" face au coup d’État pour l’anglais post-Brexit d’Ursula von der Leyen). Cet État-là porte un esprit du temps qui se nourrit hors de France.

6) Nous avons aussi voulu faire ressentir, par le livre et le colloque, que l’esprit du temps peut être patiemment changé, par l’exemple éclatant du volontarisme, de la créativité, d’une joyeuse audace pour la France et sa langue, et ses intérêts fondamentaux que l’on ne doit ni ne peut laisser échapper et pirater. La part de l’actuelle société civile française que nous représentons est certes encore bien seule à lutter. Mais peut-être peut-elle espérer avoir donné et fait partager un des signaux d’espoir tant attendus dans ce pays et ailleurs.

À nous de faire bien comprendre à des anciens à nouveau saisis par le besoin de transmettre une flamme, et aux jeunes qui nous lisent, entendent, et rejoignent nos associations, qu’il y a une Résistance, et qu’elle invite ! Albert Salon

*créée en 1992 puis développée avec l’aide financière de Philippe Rossillon, puis de son épouse, puis de son fils Kléber
**il présenta les excuses de la présidente d’ALF, Mme Catherine Distinguin, empêchée.
***à la prière du secrétaire général du Haut Conseil international.


Déroulement de la soirée du 7 septembre 2023 à Sciences Po

Sciences Po Alumni invita Kléber Rossillon et Bernard Lecherbonnier à rappeler l’homme Philippe Rossillon et son action,
et à présenter le livre "Philippe Rossillon, l'inventeur de la francophonie" (éditions Descartes et Cie).

Intervenants à la table ronde, après les présentations :

  • Olivier Gohin, professeur de droit public à l'université Paris Panthéon-Assas
  • Nivine Khaled, directrice de la langue française et de la diversité des cultures francophones à l'OIF
  • Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN)
  • Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France (DGLFLF du ministère de la Culture)

La table ronde fut animée par une modératrice, Éliette Abécassis, philosophe.

Un débat avec les participants a eu lieu, malheureusement écourté, sous l'égide de l'ambassadeur Albert Salon, animateur et responsable des associations co-organisatrices, assisté par la modératrice.
À 21h15, les participants se sont dirigés vers la brasserie Le Rouquet pour la séance de dédicaces du livre par l’auteur, occasion saisie par ALF (Albert Salon, Yves Montenay, Muriel Morin et Sophie Dorin) d’offrir un "pot" de prise de connaissance à plusieurs nouveaux adhérents d’ALF avec eux et quelques amis dont Paul-Henry Gendebien, diplomate belge, chef de parti wallon.

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