Obligation de certification extérieure en anglais : c'est coûteux, inutile, et indécent
éducation colonisation américanisation : Nos associations pour le français ont dénoncé bien en amont l’introduction en France de cette obligation de certification en anglais dans certaines disciplines de l’enseignement supérieur. Elle aggrave encore les effets anglicisants, et le sabotage du français par la loi Fioraso du 22 juillet 2013.
Elles s’associent donc, en l’occurrence, avec "Europe-Démocratie-Esperanto" pour demander au gouvernement français de renoncer à commettre cette forfaiture, de surcroît en profitant de l’occupation par la pandémie d’une bonne partie de l’espace politique et médiatique. Et demandent, comme Jean Louis Masson, sénateur de la Moselle, l’abrogation de cette mesure funeste. Albert Salon
La loi de finances 2020 prévoyait "la mise en place d’une certification en langue anglaise pour tous les étudiants". Divers syndicats et associations de spécialistes avaient alerté sur les dangers d'un tel dispositif, imposé sans concertation avec les professionnels de l'enseignement supérieur. Au niveau politique, notre mouvement avait publié un communiqué ; des parlementaires avaient posé des questions au gouvernement, sans réponse à ce jour. Mais c'était il y a quelques mois, à une époque où l'on anticipait une croissance économique, et où l'on pouvait penser que l'État pourrait financer sans problème cette mesure.
Les temps ont changé. Le coronavirus a entraîné une forte récession de l'économie française et des échanges internationaux. Les finances publiques sont si dégradées qu'une loi de finances rectificative est en train d'être votée, et les optimistes prévoient un déficit budgétaire de 8% du PIB, portant la dette de l'État à des niveaux inconnus.
Pendant ce temps, alors que nos concitoyens essaient de faire front et de lutter ensemble contre l'épidémie, le Ministère de l'Enseignement supérieur vient de publier deux décrets étendant cette obligation de passation de certification externe en anglais aux étudiants de licence, de DUT et de BTS.
Les arguments précédents contre ces mesures sont toujours valables :
- Les examens devraient être organisés et validés par les pouvoirs publics, et non par des officines étrangères, qui peuvent changer à leur guise les modalités d'examen.
- Le confinement des étudiants dans le bachotage de TOEIC/TOEFL les enferme dans une vision stéréotypée d'une langue unique, sans les préparer à vivre la diversité du monde de demain.
- Imposer la langue anglo-américaine est contraire à l'objectif de plurilinguisme de l'Union européenne. La France veut-elle une Union européenne unie, libre et démocratique ?
Mais la crise du COVID 19 demande encore plus fortement un changement de politique :
- Le déficit public impose une meilleure gestion de l'argent public. Payer des organismes extérieurs alors que des examinateurs sont disponibles dans les services publics d'éducation est une aberration.
- La coopération avec nos voisins européens nécessite une communication directe avec eux, donc la connaissance de leurs langues.
- L'union nationale, nécessaire pour lutter contre la maladie par des mesures collectives, demande que le gouvernement ne fasse pas fi des demandes des parlementaires, représentants du peuple français, ou des enseignants, au contact des étudiants et devant assurer leur formation. Publier ces décrets maintenant, alors que l'urgence est de permettre aux étudiants de terminer l'année scolaire, c'est indécent.
C'est pourquoi nous demandons au Ministère de l'Enseignement supérieur de renoncer à ces décrets, et de préparer une vraie politique linguistique, permettant aux enfants, aux jeunes et aux adultes de mieux comprendre le monde qui les entoure.
Pierre Dieumegard, président de Europe-Démocratie-Espéranto (EDE-France)
contact@e-d-e.fr