Lettre au président : respecter la Francophonie en France

Lettre à François Hollande, président de la République,
pour qu'il fasse respecter la Francophonie... en France (octobre 2012)

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Monsieur François Hollande
Président de la République
Palais de l’Élysée
55, rue du Faubourg Saint Honoré
75008 Paris

Paris, le 14 octobre 2012

Monsieur le Président,

La Francophonie une affaire si peu française…

Monsieur le Président, dans quelques jours vous allez participer, aux côtés du Secrétaire général de la Francophonie, le Président Abdou Diouf, et des représentants de 74 pays et gouvernements, à votre premier Sommet des pays francophones. Au-delà de la difficulté de l’exercice diplomatique que suppose le lieu même de cette rencontre, la République démocratique du Congo, plus grand pays francophone de la planète de par la population, il vous appartiendra, comme vous vous y êtes engagé durant votre campagne, à faire plus pour cette cause universelle.

Vous ayant entendu, nombreux sont ceux qui pensent principalement, et avant tout, à de nouveaux moyens financiers, dont on comprend que la difficulté en ces période de rigueur budgétaire sera réelle. Mais ce n’est pas obligatoirement sur ce terrain que nos partenaires au sein de l’OIF attendent la France.

Il vous appartiendra en effet de respecter votre engagement en proposant de faire plus et mieux de francophonie… en France.

Nos cousins québécois, nos voisins wallons, nos lointains amis d’Afrique centrale et occidentale, du Maghreb, de l’Océan indien, du Liban d’Asie du Sud-est… ne comprennent pas, eux pour qui la pratique du français relève d’une forme de résistance à la pensée et à la langue uniques, de marqueur social, d’une passion culturelle… que nous laissions les dérives linguistiques envahir tous les secteurs de notre vie nationale : économie, médias, administration, jeunesse, sport...

Force est de constater, sans évidemment le comprendre, que nos grandes entreprises, nos groupes de niveau mondial : Air France, la SNCF, Orange, SFR et bien d’autres, formulent leurs offres, leurs publicités dans la langue d’outre-Manche. Pour qu’elle finalité ? Pours quels objectifs ?
Ainsi en quoi le Flyingblue est-il plus agréable à l’oreille, plus poétique, mieux compréhensible que Vol bleu ? Et vous savez à quel point nous pourrions multiplier à l’infini de tels exemples.

Il est grandement temps Monsieur le Président que vous preniez les mesures qui s’imposent pour, tout simplement, faire respecter la Loi Toubon (qu’il serait plus indiqué de qualifier de  Loi Toubon-Tasca) et qui stipule, entre autres : l’obligation d’utiliser la langue française et la défense du français en tant que langue de la République et la primauté des termes francophones face aux anglicismes.

Vous seriez le premier Chef de l’État français à ouvrir un tel chantier ; après la tenue du Forum de la langue française à Québec en juillet dernier où notre délégation n’a pas vraiment brillé par sa présence et ses propositions, la tenue d’États généraux pour le respect de la langue française dans notre pays, auxquels vous pourriez inviter les entreprises, les médias, des responsables de nos administrations, des universitaires… à venir débattre des dégâts que provoquent leur comportement en la matière et à prendre avec eux les engagements qui s’imposent.

Monsieur le Président, envoyez ainsi un message d’espoir à tous ceux, qui sur les 5 continents, où notre langue est encore bien vivante et en cultivent la passion et à démentez Gilles Vigneault, le talentueux troubadour québécois, qui, il y a déjà quelques années, nous lançait cet avertissement plein d’humour et de non moins bon sens : "Attention cousins Français, le jour où sur les étiquettes de vos bouteilles vous écrirez WINE, votre vin n’aura plus tout à fait le même goût !"

Gérard Sournia,
docteur en Géographie
ancien conseiller du Ministre de la Coopération et de la Francophonie (1997-2000)
co-auteur de l’Atlas mondial de la Francophonie (éditions Autrement)