Lettre à l’INSHS suite aux déclarations sur les traductions en anglais

Lettre au Directeur de l'INSHS suite à ses déclarations sur les traductions en anglais, "seules garantes  d'une véritable visibilité internationale" (septembre 2010)

(il s'agit de l'initiative personnelle d'un de nos adhérents)

anglomanie INSHS lettre protestation langue française


Bernard Sergent
75010 Paris

M. Patrice Bourdelais
Directeur de l'INSHS 
Paris, le 18 septembre 2010

Monsieur le Directeur,

C'est avec grand intérêt que j'ai pris connaissance de la lettre que vous avez adressez la semaine passée à tous les personnels SHS.

Je comprends votre souci à la fois de favoriser les revues scientifiques, d'en éviter les doublons, et d'en assurer la renommée internationale.

Je voudrais cependant revenir sur un point. Vous nous écrivez que le CNRS "pourrait engager une politique d'aide à la traduction en anglais, seule garante aujourd'hui d'une véritable visibilité internationale".

Malheureusement, à notre époque où le français apparaît comme une langue vassalisée, la priorité me semblerait au contraire de lui rendre son statut de langue scientifique de premier plan, ce qu'elle a été depuis l'origine de la recherche scientifique. Troisième langue internationale, pilier de la Francophonie, la France pourrait compter sur l'aide d'autres grandes nations scientifiques en parties elles-mêmes francophones, comme la Belgique, le Canada, la Suisse, sans compter les nations en développement qui vont compter toujours plus avec les années, pour imposer une science francophone.

La priorité en notre début de siècle n'est pas, n'est certes plus, de mettre de l'anglais partout, mais au contraire de rendre enfin son statut au français. Rappelons l'esprit de la loi n° 94 665, du 4 août 1994, qui rend par exemple illégaux des colloques qui, sur le territoire français, se dérouleraient en anglais. Je compte d'ailleurs sur vous pour faire respecter cette loi au sein de l'INSHS, comme il faudrait la faire respecter dans tous les Instituts du CNRS.

Par ailleurs, puisque vous avez présidé à la fondation d'Athéna, permettez-moi de vous rappeler que je suis précisément l'auteur d'un livre sur Athéna et la grande déesse indienne (2006), où la naissance de la première est certes abordée. J'aurai plaisir à vous l'offrir si vous en manifestiez le souhait. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma haute considération.

Bernard Sergent