Le Québec à grands traits de Bernard Émont

Le Québec à grands traits

Regard panoramique sur la civilisation québécoise de Bernard Émont

Francophonie politique Québec : L’Harmattan vient de publier un livre très important, dans lequel Bernard Émont, président de Paris-Québec, universitaire, directeur du Centre d’études du Québec et de la Francophonie d’Amérique du Nord (CEQFAN), membre d’ALF ; ainsi que du Haut Conseil international de la Langue française (HCILFF) comme plusieurs des participants à cet ouvrage collectif, présente aux Français et au monde le Québec dans son histoire passionnante et trop négligée, de ses grands hommes et grandes femmes, mais d’abord de tout son peuple soudé à sa langue.

L’auteur et assembleur des contributions nous présente la lutte constante de ce rameau de France "race qui ne veut pas mourir" selon Louis Hémon et F-A Savard pour sa survie. D’abord dans une nature fort rude, parmi de "premières nations" avec lesquelles ce peuple de Canadiens français résilient, aventureux, bâtisseur et entreprenant, a dû lutter. Mais qui a réussi, par le commerce de ses coureurs des bois, "voyageurs", trappeurs, explorateurs (Jolliet, Duluth, La Vérendrye...récits passionnants !), à établir intense métissage et vraies alliances. Jusqu’à conclure dès 1701, sous un Vaudreuil, une "grande paix", évènement historique quasi miraculeux avec les tribus plus constamment hostiles. En quasi-symbiose avec beaucoup au point d’en voir, après la conquête anglaise de 1760, participer à ses révoltes ("Patriotes", Pontiac, Louis Riel) contre le colonisateur britannique. Ensuite, sous le vainqueur des Plaines d’Abraham, l’histoire de la résistance à l’assimilation à la Lord Durham, au "Speak white". Éclairée par les contributions sur la "revanche des berceaux", la "Révolution tranquille" de 1960, la sécularisation, l’Hydro-Québec, les Caisses coopératives Desjardins ; l’enthousiasme lors du voyage du Général en 1967 "payant la dette de Louis XV" et la coopération franco-québécoise ; le tremplin opportunément saisi de la Francophonie (CONFEMEN, puis ACCT et OIF) vers la reconnaissance internationale ; la construction de la Nation, les deux referendums perdus, la reconnaissance par Ottawa d’un "État du Québec dans un Canada uni"....

Une remarquable contribution d’Ilyès Zouari porte sur la démographie francophone au Canada et ses impitoyables horloges après la chute des naissances post-révolution-tranquille et les vagues d’immigrants plus proches des anglophones. D’où les incertitudes, les fluctuations politiques entre les options : assimilation dans le monde anglo-saxon nord-américain, autonomie, indépendance-association, ou indépendance avant qu’il ne soit trop tard...

Mais, en même temps, plusieurs contributions importantes nous présentent la remarquable expansion économique, industrielle, financière, culturelle, du Québec ces dernières années. Son Nord et son Arctique, longtemps mythes, qui deviennent, dans des Plans audacieux, une époustouflante réalité, depuis l’équipement de ses nombreux lacs et fleuves, la Baie James, ses "Manic" et "La Grande", les immenses ressources minières et en terres rares de ces Nords, exploitées écologiquement en associant étroitement les tribus indiennes, et les Inuits.
Avec la contribution de Félix-Antoine Michaud (même prénom que l’auteur de "Menaud, maître draveur") qui tient compte de tous ces facteurs pour dépasser – sans la renier – l’indépendance-sauvegarde de "la race qui ne..." pour montrer que toutes les communautés du Québec pourraient voir enfin dans l’indépendance des lendemains qui chantent pour tous. Un ciel qui s’éclaircit. Un moment à saisir ensemble, sereinement en évidence, sans trop tarder...

Un exemple stimulant pour une France actuellement morose. Elle aussi a sa diversité, sa résilience, et ses grandes chances : grands espaces à mettre en valeur : ses régions et territoires d’outre-mer, avec ses 11,7 millions de km² de surface maritime, le deuxième du monde...

Merci à Bernard Émont et aux contributeurs de ces grands traits. Ils nous parlent d’une "France du Nord" résiliente. Mais aussi de nous, de la France, et du fait français dans le monde.
D’une grande espérance qui ne veut pas mourir.

Albert Salon

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