La langue française au cœur du débat sur l’identité nationale

La langue française au cœur du débat sur l’identité nationale

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Le gouvernement a lancé un débat de quelques mois sur l’identité nationale. Peu nous importe, au fond, l’analyse de ses motivations, à nous, membres d’ALF, qui voulons défendre et promouvoir la langue française et la Francophonie.

Peu importe aussi à l’ensemble des associations qui ont les mêmes objectifs et avec lesquelles nous menons de plus en plus d’actions communes : l’AFAL (Association francophone d’Amitié et de Liaison) – qui regroupe 130 associations françaises et étrangères – a, le 11 juin 2009, demandé en AG au gouvernement français d’organiser des états généraux de la langue française et de la Francophonie.

Nos associations françaises les plus actives, réunies le 11 octobre au siège du Cercle littéraire des Écrivains cheminots, ont à nouveau formulé cette exigence, et ont décidé qu’elles feraient précéder ces états généraux – pour mieux les réclamer - d’une conférence de presse commune au début de 2010, elle-même précédée d’une campagne de sensibilisation des décideurs nationaux et de nos grands médias.

Or, Avenir de la langue française observe avec le plus grand intérêt que, dès ses débuts, le débat sur l’identité nationale, dans lequel tout le monde semble bien être entraîné, porte la langue française au tout premier plan. Voyez les premiers sondages qui donnent à 80% la langue comme facteur primordial d’identité française ; lisez Max Gallo dans Le Figaro, Manuel Valls et Aquilino Morelle dans Le Monde, lisez les prises de position d'hommes politiques, de syndicalistes, d’intellectuels de tous bords… Et, tenez : lisez l’extrait de l’opinion de Jacques Attali, le 3 novembre sur son blog :

Six  éléments caractérisent l’identité d’un peuple, quel qu’il soit : un territoire, une langue,  une culture, des valeurs, une histoire, un destin commun.  (…) aujourd’hui,   toutes ces dimensions  sont remises en cause par le mouvement du monde : l’effacement des frontières (…) ;  le  nomadisme (…) ; la présence croissante, sur le territoire national, d’autres langues, d’autres cultures, d’autres façons de vivre ; l’universalisation des valeurs, autour des droits de l’homme et de la liberté individuelle, qui en fait disparaître le caractère national; et, enfin, dans l’individualisme ambiant,  l’incertitude quant à l’existence d’un destin commun .

De tout cela il résulte que, à terme,  la seule chose qui définira  durablement l’identité d’une nation, c’est sa langue,  et la culture,  la façon de penser le monde,  qu’elle implique. La langue française conduit à penser, à écrire, à vivre,  de façon claire, simple, directe, précise, logique, binaire. Elle trouve sa source dans l’harmonie des paysages et conduit à une symétrie des mots, à un équilibre des concepts, qu’on trouve déjà  dans les textes des inventeurs de cette langue, de Rachi de Troyes à Blaise Pascal, de Chrétien de Troyes à Montaigne, de Marcel Proust à  Léopold   Senghor.

Une langue qui doit donc  être bien parlée et servir de véhicule de la pensée à tous ceux qui vivent en France ou se réclament d’elle. Une langue qui définit  à elle-seule l’identité française ;   à  défendre, à ouvrir au monde, pour qu’elle s’en nourrisse : sait on que c’est la seule langue du monde dont le nombre de locuteurs peut tripler en 40 ans, grâce à l’évolution démographique  de l’Afrique ? Et  qui, si l’on n’y prend garde, peut disparaître pendant la même période ?

Une langue qui peut aussi,  mieux qu’aucune autre, combattre les extrémismes, les fondamentalismes ;  même quand ils s’expriment,  en français,  dans le meilleur style. (lire le texte en entier)

Nous avons, dans ces prises de position nombreuses, très diverses dans leurs origines et écoles de pensée, et fort  intéressantes, au moins une préfiguration des états généraux que nous appelons de nos vœux.

Elles ne les rendent pas inutiles, car nous Français devons débattre plus largement du rôle que nous souhaitons accorder chez nous aux autres langues, tant régionales et minoritaires qu’étrangères : allemand, arabe, chinois, espagnol, italien, russe… et, naturellement, à cet anglo-américain, langue de l’hégémonie de l’actuel empire, ainsi que de l’importance mondiale à reconnaître à la Communauté francophone internationale, à la Francophonie organisée, et au rôle que la France peut jouer dans cet ensemble.

 Chers lecteurs, n’hésitez donc pas à intervenir pour la langue française (et la Francophonie !...) dans le grand débat sur notre identité.

Albert Salon, président
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