La France et les concours internationaux de la chanson : Que faire ?
Quitter celui de l’Eurovision, comme l’a fait l’Italie ?
Sur cette histoire d'Eurovision, il me semble que nous devrions adopter un autre angle d'attaque plutôt que de nous battre vainement dans le cadre du concours actuel. Il est manifeste, au vu des dernières (20 dernières au moins) éditions qu'une chanson "française traditionnelle" façon Patricia Kaas* (ou Édith Piaf, ou Charles Aznavour, ou Jean Sablon...) n'a aucune chance dans ce cadre. Peut-être le style plus "théâtral" de "Michel Fugain et son big bazar" des années 70 aurait-il une chance : ceux qui gagnent ont presque toujours désormais, outre la question de la langue, ce style faisant appel à un jeu scénique développé. Même les représentants de l'Espagne, c'était un truc dans ce genre chantant en anglais, et pas le style Julio Iglesias...
Si l'on ajoute à cela le phénomène maintes fois dénoncé que la Syldavie donne douze points au chanteur bordure et la Bordurie douze points à la chanteuse syldave, et même chose pour les Scandinaves, les Baltes, les pays des Balkans, etc., on voit que la France se retrouve dans cette Europe comme l'Autriche dans le Saint Empire des traités de Westphalie : Gulliver ligoté par Lilliput. Il suffit de voir que dès 1972, un groupe suédois chantant en anglais gagne avec une chanson intitulée "Waterloo" ! Que la France n'ait pas réagi après pareil affront me laisse encore pantois.
Comme il y a enfin la question de la langue, cela devrait nous suffire pour adopter la même attitude que l'Italie. Considérons ceci : l'Italie, "le" pays de la chanson par excellence, a envoyé paître avec raison l'Eurovision depuis 1997.
Puisqu'elle n'a pas plus de chance que nous de gagner désormais si elle envoyait une nouvelle Gigliola Cinquetti chanter un nouveau "non ho l'età", comme l'audience télé était faible, comme les votes sont biaisés par les préférences régionales et comme l'anglais est favorisé, la RAI a laissé tomber et l'Italie se passionne toujours autant pour le Festival de la chanson italienne de San Remo où une seule édition comporte nettement plus de bonnes chansons qu'il n'y en a en dix ans d'Eurovision.
Ce que nous devrions faire à mon avis, c'est plaider pour un nouveau concours qui pourrait être au départ franco-italien (plus Saint-Marin, Andorre, Monaco, Luxembourg...), où chacun chanterait dans sa (ou une de ses) langue(s). D'autres mesures du genre bannissement de la batterie ou de la guitare électrique, ou des accompagnements musicaux préenregistrés (dans les années 60, il y avait un orchestre et chaque chanteur envoyait son chef d'orchestre) pourraient garantir le retour à de la "vraie chanson".