Colonisation anglo-saxonne en Italie ?

Colonisation anglo-saxonne en Italie ?

témoignages et réponses


Je reviens juste de Rome où ma femme voulait aller passer quelques jours pour y faire du tourisme car elle ne connaissait pas.

La dernière fois que j'étais à Rome était en 1969. Les différences que j'observe entre cette lointaine époque et le moment présent sont importantes. Sur le point qui nous intéresse, il faut remarquer que tout multilinguisme a disparu à Rome. On ne voit que de l'italien et de l'anglais. Sur tous les monuments, toutes les œuvres d'art que l'on peut admirer, les panneaux explicatifs ne sont rédigés qu'en italien et en anglais. Autre observation : si on essaie de parler italien, dès qu'un accent étranger est détecté, la réponse revient immanquablement en anglais dans les lieux touristiques et les magasins de proximité, les hôtels, les restaurants, le métro. On ne voit quasiment plus rien en allemand ni en français et encore moins en espagnol alors que les hispaniques sont nombreux dans la ville éternelle. Pareil au Vatican bien sûr.
S'agit-il d'un choix délibéré de la population ? Probablement pas. Il y a quelques mois, mon fils aîné avait également fait un voyage à Rome et il avait fait l'expérience de questionner les passants en anglais pour se faire rabrouer dans la plupart des cas. Donc, on peut se poser la question de l'origine de ce tropisme vis-à-vis de l'anglais. La seule explication que je vois est qu'il doit s'agir de consignes officielles destinées à toutes les entités ayant des interfaces avec les touristes. Il y a probablement eu aussi un conditionnement profond du peuple italien qui est certainement passé par l'école.

Comment peut-on encore s'intéresser à la langue italienne alors que le touriste qui essaye de se faire comprendre en italien se doit de connaître l'anglais pour fonctionner à Rome. Comment les Romains peuvent-ils être stupides au point de décourager tous les étrangers qui veulent ainsi pratiquer leur langue ?

Il ne faut pas non plus oublier que l'Italie est un pays occupé au sens militaire du terme. Il n'y a qu'à taper "bases militaires américaines en Italie" sur n'importe quel moteur de recherche pour avoir la réponse à cette question. Cela dure depuis 78 ans. Depuis 1945, des gouvernements italiens croupions ont permis à cette situation de perdurer. Autre observation : si vous prenez l'avion à Rome pour les États-Unis, vous passez immédiatement la douane et les contrôles américains... à Rome comme tel est le cas au Canada au départ de Montréal ou de Toronto. La douane américaine marque bien son extra-territorialité en Italie !

Quant à l'aéroport de Rome lui-même, on y voit nettement plus d'anglais que d'italien !

Charles Durand


Heureusement que, grâce au Général De Gaulle (en 1965 ?), nous n’avons plus en France de bases militaires OTAN états-uniennes, car nous en serions au même point décrit par Charles Durand dans le texte ci-dessus.

Mais la propagande anglo-saxonne de conquête en faveur de l’adoption de l’anglo-américain dans toute l’Europe est puissance depuis 1945, renforcée considérablement depuis 1974, écrasante depuis 2017, que nous empruntons le même chemin. Le coup d’État 2020 "anglais langue commune" dans les institutions de l’Union européenne par Mme Ursula von der Leyen, non remise à sa place par la France malgré les lettres du Haut Conseil, fut un coup terrible !

Cela avec l’aide très remarquable de nos "collabos de la pub et du fric" (dixit feu notre philosophe Michel Serres), intéressés et soumis, en honte et haine de soi.
Pour redresser la France et la sortir de sa vassalité actuelle, il faut un effort gigantesque auquel les 38 associations membres de notre Haut conseil international de la langue française et de la Francophonie (HCILFF), pourtant fortement mobilisées depuis longtemps, ne peuvent que contribuer, à leur niveau, et de tous leurs modestes moyens.

Il s’agit d’amener un véritable changement de mentalité chez nos pseudo-dirigeants actuels, nos parlementaires, nos médias, et nos compatriotes conscients de notre situation présente. Une volonté française !

Albert Salon


Je suis d'origine italienne, et connais bien l'Italie. Je me permets donc de réagir au courriel de Charles Durand :

> Il y a probablement eu aussi un conditionnement profond du peuple italien qui est certainement passé par l'école.
C'est exactement cela. Tout le peuple italien est complètement conditionné par la propagande anglo-saxonne, et ne jure plus que par l'anglais, qui est devenu une matière obligatoire à l'école. Ainsi, il n'y a pas de loi Toubon en Italie, ni de commissions de terminologie. La conséquence est qu'il y a un raz-de-marée d'anglicismes (c'est encore pire qu'en France, c'est dire). À tel point que le professeur Antonio Zoppetti a publié récemment un livre intitulé "Le raz-de-marée des anglicismes", avec une jolie vague en page de couverture.

Il y a quand même une lueur d'espoir, car le député Fabio Rampelli a déposé en début d'année une proposition de loi inspirée de la loi Toubon, et qui a de fortes chances d'être adoptée. Voir l'article du Point.

J'ai moi-même écrit abondamment aux journalistes italiens, à des personnalités universitaires et à l'Académie italienne (l'Accademia della Crusca) afin d'expliquer que les anglicismes étaient interdits dans de nombreux domaines en France, et que la proposition de loi Rampelli était bénéfique pour l'italien. Un journal sarde a même publié mon point de vue (l'article est en italien, mais j'y développe mes arguments habituels).

J'ai cependant mis en garde les Italiens : il ne sert à rien de faire voter une loi s'il n'y a pas derrière une association de défense de la langue italienne qui pourra ester en justice, et faire appliquer la loi en question.

Qu'ils ne fassent pas comme en France, où la loi Toubon a été adoptée en 1994, et a été quasiment inutilisée pendant plus de vingt ans. Si mes souvenirs sont bons, c'est l'association Francophonie Avenir qui a, il y a quelques années, décidé d'attaquer en justice les angliciseurs (avec succès d'ailleurs, vu que plusieurs procès ont été gagnés).

Enfin, je salue tout particulièrement M. Durand, car dans le cadre de mes envois quotidiens de courriels, cela fait maintenant des années que je cite deux de ses ouvrages dans mes courriels contre la francophobie, comme le montre par exemple le courriel ci-dessous, envoyé en septembre à Nicolas Sarkozy, et avec Gérald Darmanin en copie.

J'ai aussi écrit au Spectator, pour répondre à l'article de M. West.

Daniel De Poli

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