langue française nouvelles anglicisation
Journal de Montréal Protection du français : Montréal obtient sa certification (22/01) (lien)
La Langue française Correcteurs d’orthographe : comparatif complet (25/01) (lien)
L'Express Les mots français d’origine allemande (22/01) (lien)
Le Figaro Semaine de la langue française et de la francophonie, thème choisi : l’air (21/01) (lien)
Radio France Les auditeurs se révoltent contre l'abus d'anglicismes (lire ci-dessous)
Cluster d’anglicismes
Lettres reçues par la médiatrice de Radio France (extraites de la Lettre de la médiatrice du 22 janvier 2021)
En ce début d’année, les messages évoquant le piteux niveau de langage sur les antennes de Radio France ne tarissent pas : "avalanche d’anglicismes, fautes de grammaire grossières, expressions infantiles, familiarité à la limite de la vulgarité" nous écrit un auditeur qui, en quelques mots, synthétise la teneur globale des nombreux messages que nous recevons.
Si des reproches sont fondés, il convient cependant de nuancer. Les critiques ne concernent pas l’ensemble des journalistes, animateurs ou producteurs, cependant elles rejaillissent incontestablement sur l’ensemble des intervenants de Radio France : "La langue française est admirablement belle, il faut choyer cette beauté, ne pas la souiller, la dénaturer, l’enlaidir. C’est également une langue précise, à la grammaire bien établie. On n’abîme pas un trésor, on le sauvegarde. Or, loin d’être convaincus du soin qu’il convient d’apporter aux paroles qu’ils prononcent, la plupart de vos journalistes paraissent animés d’un souverain mépris pour la langue de Racine, de Voltaire, de Proust, de Valéry ou encore de Mauriac. Ce sont des écorcheurs d’oreilles."
En point d’orgue des plaintes, la prolifération d’anglicismes :
"Entendre au réveil, ce vendredi 22 janvier, que les “viewers” peuvent regarder les “gamers” en “live” et même en “replay” ! Whaouh ! “En termes de timing” (également entendu ce matin), il est à peine 7h30 et j’ai déjà les oreilles qui saignent ! ! ! ! !"
"Ces anglicismes à répétition sont vraiment pénibles à entendre. Pour le journaliste, ce n'est bien sûr qu'un anglicisme en 5 minutes de commentaires, mais pour l'auditeur, c'est un anglicisme toutes les 5 minutes !"
"Je suis scandalisée par tous ces mots, termes anglais utilisés sur votre antenne de service public. Je pense que c'est par paresse car l'anglais est plus court. Ce qu'il faudrait c'est que TOUS les journalistes, animateurs parlent français et reprennent ceux de leurs invités qui par habitude, utilisent l'anglais pour communiquer, et immédiatement traduisent en français. Nous sommes des millions à vous écouter. Pensez-y, moins d'entre soi serait tellement mieux."
"Les bloquebeustères sont en strimingue, qu'est-ce à dire ?"
"Je remarque que très très souvent des mots anglais sont utilisés lors de débats ou autres émissions, je n'ai rien contre la langue anglaise mais je ne la connais pas, et c'est très gênant de ne pas comprendre l'intégralité de ce qui est dit. Serait-il possible de faire une traduction simultanée des mots étrangers employés ?"
"Des gens parlent entre eux de notre (auditeurs-lecteur-péquin moyen) incompréhension des faits de l'actualité. Moi auditeur, je ne comprends pas de quoi ils parlent quand ils disent “fastechèquingue”"
"Je trouve affligeant que les médias en soient réduits à utiliser des mots "qui claquent" pour parler de choses que l'on connaît depuis toujours, souvent dans le seul but de capter l'attention du public. Était-il vraiment indispensable d'introduire le mot "burn out" alors que les mots "épuisement au travail", ou "dépression au travail", disaient très bien ce qu'ils voulaient dire ?"
"Merci à Sonia Devillers d'avoir repris son invitée sur tous les anglicismes qu'elle prononçait à tout bout d'interview. C'est lassant quand on est retraitée et que bien connaissant l'anglais on ne comprend pas les significations de ces mots utilisés dans le milieu professionnel."
"J'ai écouté votre invité politique, à qui on pose la question du "benchmark". D'évidence, j'attends une explication sur ce terme et rien. Certes, vous avez une fonction d'information, de réflexion, d'éveil du sens critique, mais vous ne savez pas qui vous écoute, et l'important c'est que vous ne restiez pas dans "l'entre soi", l'important c'est que même si on n'a pas la même culture langagière que vous, on ait envie de continuer à vous écouter. Risquer poliment une explication ne me choquerait pas, ce mot ou cette notion reste encore une énigme pour moi."
L’usage pesant et continuel d’anglicismes sur les antennes est un fait objectif. Des professionnels de la radio rétorquent que, devant un micro, il faut parler comme tout le monde, d’autres, plus sensibles à la correction de l’expression, reconnaissent que les remarques des auditeurs leur permettent de prendre conscience de cet emploi immodéré de la langue anglaise.
Rappelons qu’en tant que média de service public, la valorisation et la préservation de la langue française est au cœur des missions de Radio France. Loin de valoriser celui ou celle qui l’emploie, un anglicisme traduit l’appauvrissement du patrimoine linguistique français. Pire, il peut être la manifestation d’une paresse de l’esprit, parfois d’un vide de la pensée. L’usage d’un anglicisme tente de faire passer pour une hyper-modernité du discours un propos prétentieux et, en creux, une forme de snobisme.
Cette prolifération d’anglicismes a également été constatée rue de Valois, au cœur même du bureau de la ministre de la Culture. Une anecdote rapportée cette semaine par "Le Parisien aujourd’hui en France" nous apprend que Roselyne Bachelot, très sensible à la cause de la francophonie, a posé une tirelire sur la table de la salle de réunion de son cabinet : "Et le tarif, c'est un euro à chaque mot anglais utilisé !" lit-on dans l’article. "Les membres de son équipe contribuent régulièrement mais la ministre elle-même s'est retrouvée mise à l'amende récemment (…) en utilisant les expressions "bottom up et top down". Elle s'est immédiatement acquittée d'une pénalité de 4 euros (4 mots anglais, c'est 4 euros)."
Lundi, un anglicisme ponctuel a connu une belle vitalité sur les antennes : le "Blue Monday".
Le "Blue Monday" est le troisième lundi du mois de janvier, jour supposé le plus déprimant de l’année. Il s’agit surtout d’un concept marketing fumeux créé il y a un peu plus de quinze ans à l’occasion de la campagne publicitaire de l’agence de voyages Sky Travel.
Une opération commerciale initialement présentée comme une prétendue étude scientifique avec des calculs absurdes basés sur "les conditions météorologiques, notre niveau d'endettement, le temps écoulé depuis Noël, le temps passé depuis l'échec de nos résolutions du nouvel an" pour déterminer le jour le plus déprimant de l’année.
Ainsi posée, l’équation permet de déterminer que le troisième lundi de janvier est jour “le plus cafardeux de l’année”. Une bien jolie démonstration ! Et, pris au pied de la lettre, ce concept revête tous les atours d’une farce, guère apprécié par certains auditeurs :
"Et c'est reparti pour le Blue Monday ! Qu'est-ce que c'est que cette façon de nous imposer un concept anglo-saxon dont nous n'avons que faire ! L'époque n'est pas assez anxiogène ? Qu'est-ce que cela nous apporte d'en remettre une couche ?
Aujourd'hui temps splendide sur les Alpes sous la neige, pour une fois j'oublie le gris, le froid, la pluie et le Covid alors, pitié, n'en rajoutez pas…"