Un Sommet de la Francophonie dans quelle France ?
Le XVIIIe Sommet de la Francophonie se tiendra en octobre en France, le 4 à Villers-Cotterêts, le 5 à Paris. Au terme d’échéances politiques et culturelles importantes pour nous (cf. le communiqué de presse), et d’une élection législative cruciale. Elles devraient s’imposer à l’État régalien, ainsi qu’à nos principaux médias. Le Président de la République n’a-t-il pas prôné une "Francophonie d’action ; loin du ronron des sommets ?".
Or, après 7 ans, ce pouvoir exécutif laisse – hormis la Cité internationale de Villers-Cotterêts - un champ de ruines dans les fondamentaux langue française et Francophonie. L’exemple le plus désastreux fut en 2020 la complicité française dans le 1er coup d’État d'Ursula von der Leyen : "l’anglais, langue commune" post-Brexit, de la Commission européenne suivie par le Parquet et la Cour des Comptes de l’UE !). Le pouvoir judiciaire, quant à lui, a très bien protégé le premier contre nos recours. Et nos levées de boucliers furent occultées par les grands médias en connivence. Nous sommes donc aujourd’hui devant l’urgence d’une intervention du pouvoir législatif, le seul régalien susceptible de compenser les forfaits des deux autres.
Il se trouve que les législatives de 2022, plus encore celles de 2024, et la dispersion-évasion de feue la "majorité présidentielle", favorisent une affirmation plus forte du Parlement dans le régalien. A fortiori dans notre domaine censé être le plus consensuel du régalien... "C’est un rempart que notre..." langue française ; sans préjudice de nos langues régionales ! Les Québécois s’en sont emparés en 1977 dans leur forte loi 101 sur le français. Nous nous en étions inspirés (en moins bien) dans la loi Toubon de 1994. Inspirons-nous aujourd’hui de leur nouvelle loi 96 votée le 24 mai 2022, loi 101 modernisée et très renforcée !
Depuis deux ans, le Haut Conseil international a travaillé pour répondre au ministre québécois Simon Jolin Barrette, porteur de la loi. Le 24 juin 2022, invité par l’Académie française sous la Coupole, il y lança au nom de son gouvernement, devant académiciens, invités politiques, et media, un appel fraternel vibrant à un sursaut analogue de la France. Depuis deux ans, le Haut Conseil a suggéré aux députés et sénateurs français deux actions très liées :
- créer un Réseau transpartis de parlementaires français en Action pour la langue française et la Francophonie ;
- déposer sur le Bureau de chaque Chambre une proposition de "loi Toubon" modernisée et considérablement renforcée. Le Haut Conseil a pu récemment soumettre à plusieurs dizaines de parlementaires ayant manifesté quelque intérêt une ébauche complète* mise en forme juridique par M. Olivier Gohin, professeur de droit public et constitutionnel à la Sorbonne.
Le Haut Conseil présentera l’état d’avancement de ces deux actions politiques concrètes du pouvoir législatif en octobre à l’occasion du Sommet et d’autres manifestations associatives, à mettre en face du programme de l’exécutif. Celui-ci risque en effet d’être critiqué du fait de la déshérence du français en France, de la rupture de liens traditionnels avec plusieurs États africains francophones (sahéliens...). Du fait aussi d’une étrange contradiction, source d’éventuelle dérision, si l’annonce se confirmait qu’une intéressante institution de recherche linguistique européenne que le gouvernement français désire héberger dans la Cité internationale de la langue française, y imposait, comme prévu à ce stade, l’anglais comme langue de travail (cf. le communiqué de presse)...
Français, au sursaut ! L’inquiétante conjoncture politique actuelle peut aussi offrir une fenêtre de tir. Saisissons l’opportunité ; c’est le moment !
Albert Salon