Cité internationale de la Langue française de Villers-Cotterêts : l’en même temps du président Macron
Seul à parler le 30 octobre dans la cour du château, le président de la République a prononcé une longue ode au français. Remarquable de qualité et de hauteur. Applaudie ainsi que son refus de l’écriture inclusive. Le droit de vivre de nos 74 langues régionales et locales fut brièvement rappelé.
Mais son "en même temps" l’a amené à dire qu’il ne fallait pas craindre l’anglais, qualifié dans une simple incidente de "latin du monde moderne". Incidence en contraste frappant avec la vocation universelle reconnue au français, et son expansion mondiale qu’il a souhaitée...
Occultée l’offensive mondiale subie par le français avec de très hautes complicités nationales.
Dans l’appellation de la Cité, a disparu l’adjonction "et de la Francophonie" de notre projet de 2001 adopté pourtant tel quel par l’Élysée en 2017. Suppression qui laisse en suspens le rôle politique et opérationnel dévolu en ce lieu aux autres pays et communautés francophones.
Aucune allusion n’a été faite au rôle de nos associations pourtant à l’origine du projet dès notre appel lancé le 7 octobre 2001 du balcon du même château, et alors que le couple élyséen avait expressément adopté en 2017 ce que nous avions rédigé depuis 2001. Dans l’allocution du président, idée, conception, rédaction, promotion, puis mise en œuvre du projet, ne sont attribuées qu’à l’État, et ne remontent pas à 2001, mais seulement à mars 2017.
Notre crainte demeure donc que cette brillante allocution n’ait été plus propre à l’ouverture d’un musée-mausolée à la langue française, national voire régional, qu’à une Cité internationale. Il nous reste l’espoir que, par leur puissance, tant l’idée que l’instrument magnifiquement restauré dans ses 23 000 m², permettront un jour un envol plus net et enthousiasmant, dans une conjoncture et une volonté politiques devenues plus favorables.
Quoi qu’il en soit, tant l’ode superbe que l’édulcoration même des menaces illustrent à nouveau crument que le français, entre ciment de Nation et Universel, est - il le fut toujours - éminemment politique. Il importe donc que faute d’un véritable élan de nos gouvernants, notre Parlement prenne toute sa part politique de cette dimension essentielle du français, ainsi que de l’importance de la Francophonie, organisée ou non...
Notre Haut Conseil a proposé à nombres de nos parlementaires de constituer le Réseau transpartis de parlementaires français en Résistance pour la Langue française et la Francophonie ; et de déposer une proposition de loi de forte protection du français, dont il leur a fourni deux ébauches mises en forme par ses juristes.
Albert Salon, docteur d’État ès-lettres, ancien ambassadeur, secrétaire général du Haut Conseil international, président d’honneur d’Avenir de la Langue française