Lettre d'un Suisse à la secrétaire d’État à la Francophonie sur la Semaine de la Francophonie
Francophonie Suisse colonisation langue française
A l’attention de Madame Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État chargée de la Francophonie auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
Madame,
La SEMAINE DE LA FRANCOPHONIE n’est, à l’évidence, plus qu’un leurre, un "miroir aux alouettes" pour nombre de "gogos" qui veulent bien s’y laisser piéger. A une heure où la langue française, langue de plusieurs centaines de millions de locuteurs, se contorsionne de détresse d’un bout à l’autre de son champ lexical, pilonnée, hachée menue par la charge meurtrière de l’artillerie anglo-américaine, aussi bien dans l’Hexagone – la loi du 4 août 1994 à la trappe - que dans les autres pays francophones d’Europe*, oser encore parler "Célébrations", "Réjouissances" est d’une hypocrisie crasse qui n’a pas dû échapper au journaliste du Figaro qui vous a interrogée.
Cette SEMAINE DE L’ENFUMAGE n’a servi, comme à son habitude, qu’à enfoncer encore plus bas que terre une langue française qui n’en demandait pas tant. Pire encore, elle est un pied de nez à tous les lanceurs d’alerte, ces défenseurs ô combien nobles d’une langue inimitable que toute une habile "élite" politique, intellectuelle, financière et j’en passe, décomplexée du "syndrome du parfait petit colonisé", écrase avec hargne, haine de soi et de son identité, le président de la République française étant la personne la plus représentative de cet état d’esprit "iconoclaste".
Déjà à son époque, le général de Gaulle n’avait pas de mots assez durs pour fustiger la lâcheté, l’aplaventrisme qui régnaient dans les plus hautes sphères de l’Etat français où d’aucuns rampaient et rampent à l’envi devant les tenants du "prêt-à-penser" anglo-américain qui ne supportent rien de ce qui viendrait contrecarrer leurs funestes visées de suprématie planétaire. Lui seul avait le courage d’assigner à leur juste place "ces lascars de la République" qui confondent de façon éhontée "asservissement" avec ouverture à l’autre.
Jugez plutôt.
" (...) le snobisme anglo-saxon de la bourgeoisie française est quelque chose de terrifiant. (...) Il y a chez nous toute une bande de lascars qui ont la vocation de la servilité. Ils sont faits pour faire des courbettes aux autres. Et ils se croient capables, de ce seul fait, de diriger le pays. "
Madame, pour enfoncer encore plus le clou dévastateur, vous parlez de Villers-Cotterêts comme d’un lieu "où toutes les richesses linguistiques et culturelles de la francophonie seront valorisées". Ciel, c’est ignorer tout bonnement que la langue française, qui a certes généré une culture prodigieuse, s’essouffle et n’a plus aucune ressource pour se projeter plus avant… et qu’annoncer dans ce cas des tonnes de projets mirifiques afin de mettre "en valeur" le patrimoine culturel de la francophonie revient à enterrer ce dernier séance tenante ! Quelle bien piètre image d’elle la langue de Voltaire peut encore donner aux francophones et francophiles des quatre coins du monde alors qu’elle est "boutée" comme une malpropre hors du lieu même qui l’a vue naître !!!.
La France de l’Exception culturelle et des Droits de l’Homme est en train de laisser filer un bijou que seuls les non-francophones s’arrachent dès qu’il parvient à leurs oreilles. Elle a, sans discernement, laissé les mains libres à ces "baroudeurs" du tout-à-l’anglais qui ont pignon sur ses rues et ses avenues… et qui ne songent qu’à mettre en pièces un idiome qui, assurément, doit trop en jeter de sa prestance. Hélas ! Nous en payons le prix fort aujourd’hui, et c’est à se demander comment les autres pays** ayant le français en partage pourront dorénavant se "dépatouiller" sous la déferlante "anglobalisante" qui s’insinue de tous côtés, la France les ayant "largués" sans aucun état d’âme, comme elle l’avait fait du "France", d’ailleurs.
Je vous laisse méditer sur mon billet en annexe, lequel illustre de manière magistrale le drame qui se déploie, dans nos pays, sous nos yeux bouffis d’indifférence.
Recevez, Madame, mes salutations francophones.
Philippe Carron
Prilly/Lausanne, Suisse romande
Annexe : ment.
* La Suisse romande, en tête de peloton
**A Lausanne et sa banlieue, dont Prilly, il est presque impossible de trouver une enseigne encore en français