Lettre ouverte au Président de la République
du Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie (HCILFF)
Monsieur le Président de la République,
Le Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie (HCILFF) constate que les Jeux Olympiques ont eu, sur la cause qu’il défend, deux effets révélateurs de votre "en même temps" :
Le premier effet est le triomphal succès des Jeux dans l’organisation, la sécurité, les performances des athlètes, notamment français battant tous records. Marseillaise, nos drapeaux, public français enthousiaste, fierté portée et criée par notre peuple. Monsieur le Président, nous vous en félicitons sincèrement. Vous avez adopté ces Jeux, puis suivi dans le détail leurs conception, préparation, déroulement. Vous les avez voulus vôtres : ils sont donc aussi votre succès.
Mais leur deuxième effet, sous-jacent, discret, largement occulté par les médias, s’avère hélas néfaste pour notre cause. Il semble que vous ayez voulu, bien au-delà de l’idéologie olympique, faire passer par ces Jeux, dans les cérémonies d’ouverture et de clôture, un message politique plus personnel, critiqué par ailleurs, qui nous paraît desservir la cause du français et de la Francophonie.
En ce qui concerne la langue française, votre gouvernement nous avait, en 2023, annoncé qu’il saisirait cette magnifique occasion de redonner au français sa première place à la fois de langue olympique et celle du pays hôte.
Or, était en seul anglais tout ce qui était écrit et filmé par les caméras de télévision à l’intention de plus d’un milliard de téléspectateurs. En dépit des promesses reçues, et d’une résolution votée par l’Assemblée nationale. Dans le défilé des bateaux, les caméras n’ont pu filmer que le bâbord où les pancartes désignant les pays étaient en anglais...Plus grave : athlètes et spectateurs présents ou devant leur télévision, n’ont eu, de toutes les épreuves sportives, que des présentations et résultats écrits en anglais, sans français. Donc, pour le monde devant l’écran, peu de différence avec les JO antérieurs très anglicisés.
Quant à l’oral, les œuvres chantées diffusées firent une bonne place à l’anglo-américain. Les commentateurs en français des épreuves ont dû nommer en anglais diverses disciplines modernes ("skateboard"...), alors que les commissions de terminologie animées par la DGLFLF avaient bien travaillé. Impossible de s’aider de la lecture de mots français puisque tout l’écrit était en seul anglais...
Pourquoi les versions françaises produites n’ont-elles pas été mises à leur disposition avec prière de les utiliser ?
Monsieur le Président, cette langue française coupée aux Jeux nous rappelle votre campagne de 2017 : les "helpers ; start-up nation", la conférence en seul anglais lors de votre présentation à Berlin, à l’Université Humboldt. Puis, au long de vos mandats, discours en anglais jusqu’en France, et tous vos "French Tech ; Choose France"...
Jusqu’à la diffusion de votre jeu de mots " Once ippon a time...". Un président français devait-il jouer les bardes médiévaux "grand-bretons" pour immortaliser en conte de fées l’ippon triomphal de Teddy le "Winner" ? : Cela nous rappelle surtout votre très grave refus de fait de saisir, au 1er semestre de 2022, l’occasion de votre tour de présidence du Conseil européen des chefs d’État pour lui faire rétablir la place reconnue au français et à l’allemand dans la législation de l’Union européenne (UE). Mme Ursula von der Leyen, l’avait bafouée, en 2020, post-Brexit, dans son coup État (1er sur 4 !), en déclarant l’anglais "langue commune" de la Commission européenne .
Votre Secrétaire d’État nous avait pourtant rassurés deux fois par écrit en 2020 et 2021. Donc : déjà désaveu, mépris, forfaiture, trahison, subis par nos associations, les traducteurs, votre administration même, et – surtout – par le français, la France, la Francophonie. Résultat : l’anglais règne en maître, dans les institutions de l’UE. Et Mme von der Leyen contestée vient d’être réélue à la Commission, sans opposition française...
Autre redoutable effet actuel de votre "en même temps" dans nos domaines : cette Cité internationale de la Langue française à Villers-Cotterêts. Vous avez adopté dès 2017 (merci !), l’ambitieux projet lancé en 2001 sur place par nos associations. Il est aujourd’hui le superbe élément positif, physique, de votre mantra dans ce domaine, censé compenser...tous les effets néfastes évoqués.
Or, à l’instar des JO, la réussite physique bien tangible de la Cité s’accompagne d’un détournement de l’esprit d’origine. Conçu par nous comme un bel instrument (23 000 m² utiles) de coopération internationale pour la mondiale Francophonie - ce mot ayant hélas été rayé de notre intitulé - le projet semble aujourd’hui destiné à rester le beau musée interactif de 2 000 m², sorte de mausolée de la langue française. Mépris de fer, mépris flambard à l’égard de nos associations – d’ailleurs occultées dans votre discours d’inauguration - et surtout de la cause. La Commission européenne doit y installer l’Alliance pour les technologies des langues. Pouvons-nous encore espérer qu’elle n’aura pas, dans ce temple-mausolée du français, comme langue de travail (prescrite dans une offre publique d’emploi du directeur), le seul anglais ? ... Pied-de-nez ? !
Monsieur le Président, tout cela est aussi votre "succès". Ces faits et pratiques néfastes confortent en effet en Europe la voie royale de l’anglais pour porter un pouvoir euro-atlantique dont nos peuples ne sont pas tous friands...
Le Sommet de la Francophonie d’octobre 2024 entendra louanges et comptes rendus flatteurs sur ces JO et la Cité internationale, voilant les mauvaises nouvelles du français et de la Francophonie mondiale. En vue de ce Sommet, ALF travaille à des manifestations pacifiques, et le Haut Conseil à présenter - en contre-point positif ! – une autre politique d’État bien nécessaire à notre cause.
Veuillez, Monsieur le Président, recevoir l’expression de notre fervent espoir de retrouver bientôt à l’Élysée – par un nécessaire changement radical de votre "logiciel" ? ? - un pouvoir suprême servant les intérêts fondamentaux du pays.
Le français et la Francophonie en sont : cela fut fort brillamment illustré depuis François 1er, jusque dans notre dernière grande époque 1958-1974.
Pour le Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie,
son cofondateur Georges Gastaud, professeur de philosophie, président d’un mouvement progressiste et de l’association C.O.U.R.R.I.E.L ;
et son cofondateur et secrétaire général Albert Salon, docteur d’État ès lettres, ancien ambassadeur, cofondateur et président d’honneur d’Avenir de la Langue française (ALF).
Liste des associations et personnalités de la société civile
approuvant la lettre ouverte au Président de la République
Associations approuvant la lettre ouverte au Président de la République
- Daniel Ancelet, vice-président de l'Académie de la Poésie française ;
- Gérard Bissainthe, ancien recteur et ministre Haïti, pt du FFI-Monde ;
- Catherine Distinguin, présidente d’Avenir de la Langue française (ALF) ;
- Philippe Carron, président du collectif Langue française, Suisse romande ;
- Pierre-Louis Douheret, président de Justice pour la Langue française (JLF) ;
- Serge Dubief, président de l'Entente-Île-de-France-Québec, adm. d’ALF ;
- Valérie Faisien, présidente du mouvement Dites-le en français ;
- Denys Ferrando-Durfort, président du Français en partage ;
- Henri Fouquereau, secr. gén. du Forum pour la France ;
- Georges Gastaud, président-fondateur de C.O.U.R.R.I.E.L ; co-fonda HCILFF ;
- Alfred Mignot des Campani, directeur-fondateur d'AfricaPresse ;
- Daniel Miroux, (Nlle Calédonie), président de l’Alliance Champlain à Nouméa ;
- Jacques Myard, pt Académie du Gaullisme, député honor. ; maire Maisons-Laffitte ;
- Sébastien Nantz, président du Rassemblement pour la France ;
- Jean-Paul Perreault, président d’Impératif français, au Québec ;
- Jean-Luc Pujo, président des Clubs Penser la France ;
- Philippe Reynaud, pt de Défense de la Langue française (DLF) en Pays de Savoie ;
- Jean-Marie Roussignol, pt Institut Coopération avec l’Europe orientale (ICEO) ;
- Albert Salon, fondateur et secr. gén. du Haut Conseil (HCILFF) ; pt du FFI-France ;
- Ilyes Zouari, (franco-tunisien) président CERMF, membre Académie de la Carpette anglaise ;
Personnalités hors associations
- Ivan Barko, (australien), prof honoraire universités Australie : Études françaises ;
- Alain Bentolila, universitaire linguiste ;
- Lucien Berthet, secr. gén. DLF-Savoie ;
- Gérard Cartier, poète ;
- Gérard Charpentier, architecte-archéologue ;
- Alain Corvez, colonel d'armée (H) ;
- Christian Darlot, chercheur ENST ; livre "Le français dans les sciences" ; m. ALF ;
- Serge Duhamel, ancien Inspecteur général de l’Éducation nationale ;
- Charles Durand, essayiste militant pour les sciences en français ;
- Laure Fouré, haut fonctionnaire des Finances, conseillère juridique d’associations ;
- Francis Gandon, docteur d’État sciences du langage, prof. honor. 2 universités de Madagascar ;
- Claude Gaucherand, contre-amiral (2S) de l'Aéronautique navale ;
- Jean-Yves Gresser, membre de la Commission de Terminologie des Finances ;
- Helios Jaime, (argentin), astrophysicien en France, épistémologue des sciences ;
- Alain Layet, administrateur de l’AFRAV et d’Oser le français ;
- Jeannie Longo, pluri-championne olympique et du monde en cyclisme ;
- Jean-Pierre Luminet, astrophysicien, Observatoires de Paris et Marseille ;
- Delphine-Élodie Mairiaux, cheffe d’entreprise engagée : Tyche Corp. ;
- Yves Mansuy, retraité de la Fonction publique, membre d’ALF ;
- Muriel Morin, ex-présidente de l’Association des Informaticiens de Langue Française (AILF) ; secr. gén. d’ALF ;
- Michel Mourlet, écrivain, auteur du "Discours de la langue" (1985) ;
- Alain Naudet, ancien pt du Cercle littéraire des Écrivains Cheminots (CLEC) ;
- Jacques Nikonoff. haut fonctionnaire, économiste ;
- André Pérois, anc. pt Chambre Nationale Entreprises de Traduction ; admin. ALF ;
- Christophe Réveillard, professeur de géostratégie à la Sorbonne ;
- Jean-Marie Rouart de l’Académie française, écrivain ("La Bataille" et alii) ;
- Marc Rousset, économiste, essayiste ;
- Ralf Stehly, prof. émérite Univ. de Strasbourg, histoire. des religions et islamologie ;
- Françoise Tétu de Labsade, prof Université Laval, fondateur de l'Année francophone internationale ;
- Claude du Trémolet, général (2S), pt de l'Amicale l’École militaire de Haute Montagne ;
- Françoise Zemmal, documentaliste, chargée de mission au HCILFF.