Lettre d’un élève de l’ENA sur la trahison du français par les élites

Lettre d'un élève de l'ENA sur la trahison du multilinguisme et de la langue française par les élites (juin 2016)

ENA trahison élites protestation langue française


par Xavier Rousset
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lève en 2e année à l’ENA (École Nationale d’Administration)

à l’attention de Madame Annick Girardin, ministre de la Fonction publique
copie à Mme Nathalie Loiseau, directrice de l’ENA

lien : Lettre ouverte au ministre d'un élève de l'ENA contre la soumission de l'école à l'anglo-americain !


Le commentaire d'Albert Salon
Enfin un élève de (très) grande école qui refuse l’exclusivité de l’anglais au concours d’entrée !

L’Observatoire européen du plurilinguisme (OEP), qui fait partie de notre concertation-synergie inter-associative, avait déposé un recours (perdu) en Conseil d’État contre l’imposition de l’exclusivité de l’anglais comme langue étrangère au concours d’entrée par cette pépinière de nos hauts fonctionnaires et dirigeants politiques. ALF avait signé le recours en qualité de tiers intervenant.

Or, voici qu’un élève en cours de scolarité n’hésite pas à courir un risque sérieux en prenant la responsabilité d’écrire son désaccord au gouvernement.

Comment ne pas soutenir, dans tous nos réseaux associatifs, et au-delà, dans divers media, une personne qui ose protester contre le sacrifice trop fréquent de la diversité de l’offre de langues étrangères dans notre enseignement et dans nos institutions, au profit d’un "globish pour tous" ?

Sa réaction française est saine, apoliticienne. Elle est nationale, certes. Mais d’aucun parti.

L’eût-elle été que nous n’eussions pas approuvé la protestation.

Mais elle est aussi européenne. Car l’Europe est diversité linguistique, culturelle, politique. Selon Umberto Eco : "l’Europe, c’est la traduction".

La réaction – rare de nos jours - de ce jeune énarque est vraiment européenne. Plus européenne que l’Angleterre qui quitte l’UE en un "Brexit", et dont, logiquement, en bonne application des traités et règlements de l’UE elle-même, la langue officielle anglaise devrait être rayée de la liste des langues officielles de l’UE.

La réaction de M. Xavier Rousset est civilisationnelle.

Cette réaction n’oriente pas vers un passé prétendu révolu, mais vers ce qui devrait être l’avenir plurilingue du continent, si ses peuples veulent, comme cela apparaît de plus en plus clairement, garder leurs nations cadres de la démocratie, garder leur civilisation, et leur place d’États indépendants, dans la richesse linguistique, culturelle, politique, de l’Europe et du monde.

Cette réaction que nous saluons est d’avant-garde !

Albert Salon