Les deux chiens de Cervantès

Affrontement et reconquête de la langue française
en France et à Bruxelles

Les deux chiens de Cervantès

par Guy Dalens

à Boualem Sansal, citoyen francophone, algérien et français, écrivain

[ L'opinion exprimée par M. Dalens n’engage que son auteur,
Avenir de la Langue Française ne saurait en être redevable.]

La piste

Il n’était pas loin de minuit, tous deux devisaient assis sur le siège arrière d’une Torpedo modèle phaéton du début du siècle dernier où pendant longtemps les plus belles femmes de Paris étaient venues s’y prélasser. La dernière qu’ils avaient vue portait une triple rangée de perles sur la poitrine. Accoutrée comme une des" belles amies de Port Royal".
Tu peux me répéter ce que tu me disais l’autre soir sur la reconquête de la langue française en France et à Bruxelles. Tu affirmais que c’était élémentaire pour y parvenir :

"ÉLÉMENTAIRE MON CHER NESTOR".

Élémentaire ne veut pas dire facile.

C’était Gaston qui parlait à Nestor
Il suffit de remplir deux conditions : avoir les idées claires sur le sujet et avoir la volonté ferme de les appliquer. Deux conditions simples mais difficiles à comprendre pour les têtes enfumées de nos dirigeants qui raisonnent trop quand il ne le faut pas et ne raisonnent pas quand il le faudrait. Mon cher Nestor j’espère que tu as compris.

Première règle :
Examen d’entrée pour passer en 6ème du collège (10-12 ans)
Les épreuves portent sur cinq matières : le français ; l’histoire et la géographie de la France, les mathématiques.
Une épreuve d’athlétisme s’y ajoute consistant en courir une distance de 500 mètres en moins de 3 minutes.
À ce stade, je ne retiens pas l’informatique.
Possibilité de redoubler en cas d’échec.
À ce stade, nous ne pouvons que poser des principes.
Dis-moi Nestor quel est ton avis ?
Je suis entièrement d’accord avec toi.
Il faut rechercher la constitution de groupes homogènes, cela facilitera la tâche des enseignants et des élèves. En effet, il a été constaté que les élèves qui ne suivent pas cherchent trop souvent à perturber le groupe auquel ils appartiennent, par ignorance, par bêtise, par jalousie, par hostilité. Il faut éviter ces situations.
Je me souviens d’une phrase d’Aristote qui disait : "Traiter également de choses inégales est aussi injuste que de traiter inégalement des choses égales".
J’ajouterais qu’il faut faire comprendre très vite à chaque élève qu’il existe plusieurs formes d’intelligence et que l’échec à un examen n’est pas rédhibitoire. Je cite à titre d’exemples six personnalités qui ont réussi dans leur profession sans être diplômées : Delon (cinéma) ; Guitry (théâtre) ; Gaultier (mode) ; Jobs (Apple) ;
Ducasse (restauration et gastronomie) ; Malraux (littérature) ; source : internet
Il faut dire aussi qu’il y a plusieurs formes d’intelligence, que certains se déplient plus lentement que d’autres avec le temps.

Deuxième règle :
Chercher l’affrontement avec la Commission à Bruxelles. En cas d’échecs de nos propositions, se retirer de la communauté. Tout ceci figure déjà dans un texte paru sur le site d’Avenir de la Langue Française le 26 juillet 2024.

Je les rappelle :

  • La langue anglaise est supprimée des institutions de la communauté.

Elle est remplacée par la langue française comme langue pivot.

  • Les langues de travail de la communauté sont :
    • Le français
    • L’italien
    • L’espagnol
    • L’allemand
  • Les documents transmis par la communauté aux États membres sont obligatoirement rédigés dans la langue du pays destinataire. Ce dernier répond en utilisant sa propre langue ou, s’il le souhaite, dans une des langues de travail ci-dessus.
  • Les réunions de travail des représentants des États membres officielles ou informelles, sont faites dans les langues de travail ci-dessus. Ces dispositions couvrent les conférences ministérielles, les colloques, les réunions d’experts et réunions de fonctionnaires et tout autre réunion.

Dans tous les cas un service d’interprétation et de traduction est adjoint aux réunions de type 4.

Dans l’hypothèse d’un vote négatif des commissaires européens, la délégation française se retirera immédiatement ce qui signifiera :

    • L’arrêt de la contribution financière au budget communautaire, actuellement de 22 milliards d’euros.
    • La démission de la France des instances communautaires.

Dans la composition de la délégation française, il conviendra d’ajouter un représentant du Québec.

Troisième Règle :
Une loi sur la langue française claire avec des sanctions dissuasives.
Texte indispensable qui se heurtera aux éternels nihiliste.

Projet de loi ou d’ordonnance sur la langue française
(voir les 2 textes parus sur le site d’ALF les 17/07/2023 et 22/08/2023)
Pour être efficace un texte juridique doit être :
Court, clair, compréhensible, offensif.

Le texte actuel ne remplit pas ces conditions.
Il est trop touffu, rebutant, parfois obscur.
Il dévie le lecteur de l’essentiel.

Il comporte trop de longueurs qu’il serait préférable de mettre dans un décret ou une circulaire pour expliciter certains passages.

Texte pusillanime. Le fond du texte est timoré. La main tremble pour dire haut et fort que la langue française doit être au premier rang.

Les différents rédacteurs de la loi de 1994 ont fait de la littérature pas un texte juridique. Ils ont délayé certains points, évitant la clarté.

Ils n’ont pas mis en évidence l’essentiel : les principes au premier plan ; les sanctions à la loi et qui va sanctionner.

Je propose donc le texte suivant qui s’appuie en partie sur le droit de la concurrence relatif aux pratiques anticoncurrentielles. Il met au premier plan les sanctions et l’organe chargé de poursuivre les infractions.

Il remplace donc le texte précédent et se borne à faire apparaître les points les plus importants.
Visa
Vu l’article 2 de la Constitution de 1958

Article 1
Langue de la République en vertu de la Constitution, la langue française est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France.
Elle est la langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics.
Elle est le lien privilégié des États constituant la communauté de la francophonie.

Article 2 : Autorité et agents chargés de l’application de la loi et sanctions.
Une Autorité de la Langue Française est instituée.
Elle est chargée de réprimer les infractions à la loi sur la langue française.
Elle peut se saisir d’office. Elle peut être saisie par le ministère de l’Économie, le ministre de la Culture, l’Académie française, les entreprises publiques ou privées, les collectivités territoriales, les syndicats, les organisations agréées de défense de la langue française ou de consommateurs, les associations de défense de la langue française qui peuvent se prévaloir d’actions dans ce domaine, les chambres de commerce et d’industrie.
En cas d’infraction à la loi, elle peut infliger une sanction pécuniaire.
Si le contrevenant est un particulier, le montant maximum de la sanction est de trois millions d’euros. Si le contrevenant est une entreprise, le montant maximum et de 10% du chiffre d’affaires.
L’Autorité peut décider que sa décision sera publiée.
L’Autorité peut être consultée par l’administration.
Les agents de la Direction de la concurrence et de la consommation (DGCCRF) sont habilités à rechercher les infractions à la loi sur la langue française. Ils agissent de leur propre chef ou sur demande de l’Autorité.
Les infractions sont relevées par procès-verbal ou font l’objet d’un rapport. Ils sont transmis à l’Autorité.
Dans tous les départements où est installée la DGCCRF, une cellule est organisée ; elle est composée d’au moins deux agents ; ceux-ci sont spécialement chargés de la recherche des infractions à la langue française.

Remarque :
Disposition qui s’inspire étroitement du droit de la concurrence portant sur les pratiques anticoncurrentielles par la création d’une Autorité particulière et par les sanctions.
La création de l’Autorité de la langue française est le pivot de la loi nouvelle.
Les sanctions sont dissuasives et la recherche des infractions est centralisée vers un organisme unique.
En inscrivant au début de la loi les dispositions de l’article 2, le contrevenant voit tout de suite les risques auxquels il s’expose.

Article 3 : Académie française et Commissions de terminologie
Les déclarations de l’Académie française sur la langue française ont valeur normative et s’incorpore à la loi sur la langue française.
Ainsi la Déclaration de l’Académie française sur l’écriture inclusive du 29 octobre 2017 a pour conséquence d’interdire cette écriture en France. Le contrevenant s’expose donc aux sanctions de la loi sur la langue française.
Les termes retenus par les commissions de terminologie sont obligatoires dès qu’ils ont été entérinés par l’Académie française.

Remarque :
L’Académie française est une des sources du droit de la langue française.
Les statuts de l’Académie française signés par Richelieu disposent en son article XXIV : "La principale mission de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences".

Article 4 : Publicité
Toutes publicités, quels que soient les supports utilisés ou les lieux, doivent être rédigées en français.
Dans le cas où la langue française est utilisée avec d’autres langues, la langue française doit être nettement prédominante par la taille des caractères employés.
Remarque :
Cette disposition reprend d’une manière synthétique les articles 2,3 et 4 de la loi actuelle et les ramènent à l’essentiel. Si on tient à garder le contenu desdits articles, il convient de les reprendre dans un décret ou une circulaire interprétative.

Article 5 : Contrats
Tous les contrats passés en France doivent être rédigés en français.
Ils ne doivent pas contenir de termes étrangers.
Dans le cas où le contrat est conclu avec des personnes étrangères, ledit contrat peut comporter des versions dans la langue de ces personnes.
Remarque :
Des passages du texte actuel sont supprimés car inutiles et encombrent l’essentiel.
Sur le rôle de l’Académie française, ce point est reporté à l’article 3 ci-dessus.

Article 6 : Colloques, congrès, manifestations
Les colloques organisés en France sont tenus dans la langue française.
Les intervenants doivent s’exprimer dans la langue française.
Ils peuvent être accompagnés d’un service d’interprétation.
Les documents distribués avant ou pendant la réunion doivent être rédigés en français. Ils peuvent être accompagnés de traductions.

Article 7 : Revues et publications
Les entreprises qui bénéficient de subventions publiques sont tenues de respecter la loi sur la langue française.

Article 8 : Enseignement
La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que les thèses et mémoires dans les établissements publics et privés est le français.
Les écoles étrangères accueillant des élèves de nationalité étrangère ne sont pas soumis à cette obligation.
Les écoles de commerce sont tenues de faire les cours dans la langue française.
Les enseignants et responsables d’université qui ne respectent pas la loi sur la langue française, dont le fondement est l’article 2 de la Constitution de 1958, tombent sous le coup des sanctions de l’article 2 ci-dessus (le montant maximum de la sanction pour un particulier est de 3 millions d’euros). En outre, ils s’exposent à l’exclusion de l’université.

Article 9 : Marques
L’emploi d’une marque de fabrique, de commerce ou de service constituée d’une expression ou d’un terme étrangers est interdit, dès lors qu’il existe une expression ou un terme équivalent dans la langue française.
Le non-respect de cette disposition entraîne les sanctions de l’article 3 ci-dessus.

Article 10 : Subventions
L’octroi par les collectivités ou les établissements publics, de subventions de toute nature, est subordonné au respect de la présente loi.
Le non-respect de cette disposition entraînera la restitution de la subvention et des sanctions prévues à l’article 3 ci-dessus.

Article 11 : Relations avec l’Union européenne
Dans ses relations avec l’UE, les fonctionnaires ou agents représentant la France doivent s’exprimer, parler et écrire en français.
Les dossiers transmis à l’UE sont rédigés en français.
Les dossiers transmis par l’UE non rédigés en français ne sont pas traités par les autorités françaises ; ils doivent être retournés immédiatement à l’UE.
Le non-respect de cette disposition est sanctionné :

    • par l’exclusion de l’agent fautif de l’instance à laquelle il participe ;
    • pour faute disciplinaire au regard du statut de la fonction publique ;
    • par les sanctions prévues à l’article 2 de la présente loi.

Les règles ci-dessus sont également applicables aux autres institutions internationales.
Remarque :
Disposition nouvelle qui rappelle que l’agent qui représente la France doit respecter sa propre langue.
Outre les sanctions de la présente loi en tant que particulier, il peut être poursuivi au titre des sanctions du statut de la fonction publique.

Article 12 :
La présente loi est d’ordre public.

Guy Dalens


Réponses, remarques, critiques (19/07/2023)

Projet de loi ou d’ordonnance sur la langue française (suite)
Réponses aux remarques de 3 intervenants :
MM. Jean Marie Rouart, Kléber Rossillon et Christian Philip

Interventions

Réponses

Jean Marie Rouart (message du 17 juillet 2023 envoyé à Albert Salon)

Cher Monsieur l’Ambassadeur, même si je ne le manifeste pas assez, je tiens à vous féliciter chaleureusement pour les efforts inlassables que vous menez - quasiment seul - en faveur de notre malheureuse langue française.

Ce sera bientôt une langue morte. Je trouve votre projet tout à fait louable et passionnant. À un détail près.
Il faut éviter qu’il devienne une loi punitive. Je ne suis pas favorable à l’idée des amendes. En revanche qu’un contrat passé en franglais ou en écriture inclusive soit caduc me paraît une formule plus opérante.

Encore bravo pour tout ce que vous entreprenez. Je vous félicite chaleureusement.

Quand on veut faire l’amour il faut accepter l’odeur âcre de l’accouplement. Il n’y a pas d’échappatoire.
La concurrence entre les langues est une autre réalité ; implacable et mortelle pour celle qui ne veut pas lutter ou n’a plus la force ou la volonté de combattre. Alors elle disparaîtra ou deviendra une langue morte.C’est là où veut nous amener le monde anglo-saxon ; il est en train d’y parvenir avec l’appui de notre élite dévoyée, à tous les niveaux.Dans ce combat nous ne pouvons plus nous permettre de faire de l’art pour l’art, agir en gants blancs. C’est ce que faisait autrefois le droit de la concurrence ; il était beau dans sa jurisprudence. Mais les responsables se sont progressivement aperçus qu’il fallait des sanctions pécuniaires à l’appui de leur jurisprudence pour être efficace.Je partage ce point de vue.
Sur ces prémisses, vous comprendrez pourquoi j’estime que le contenu de votre message n’est pas cohérent. On ne peut à la fois soutenir que la langue française est en train de crever et refuser les moyens pour la sauver.Il n’y a que la jument de Roland pour posséder toutes les vertus dans le non- être.
Kléber Rossillon (message du 11 juillet 2023 adressé à Albert Salon)

Une proposition de loi doit s’appuyer sur un état des lieux pour proposer des articles qui constituent des avancées par rapport à la loi actuelle mais pas des bouleversements qui ne passeront jamais.

On ne peut pas obliger les écoles de commerce à enseigner en français dans la situation actuelle.

Mais en obligeant les contrats commerciaux à être intégralement en français et en le faisant respecter, on peut inverser une tendance.

L’auteur paraît vouloir rester dans le cadre de la loi du 4 août 1994, dite loi Toubon.
Ce n’est pas ma position pour les raisons exposées dans mon introduction.Rester dans les mêmes ornières a son charme mais aussi l’inconvénient de figer les situations.
L’état des lieux a été fait et refait depuis longtemps et il eût été redondant de recommencer.Obliger les écoles de commerce à faire les cours en français relève de l’intérêt général et de la loi. Pas de l’intérêt particulier.
Ma proposition de loi n’apporte pas de bouleversements comme vous paraissez le penser. Elle se borne à gommer les faiblesses de la loi actuelle et de proposer des solutions :

    • Les sanctions trop faibles, peu efficaces.
    • Sortir de l’ombre le rôle de l’Académie française.
    • La création d’une Autorité de la langue française chargée de centraliser les actions dans ce domaine et d’en tirer une jurisprudence homogène.
    • La clarification des articles 6 colloques) et 8 (et 11 de la loi de 1994) est nécessaire.
Certaines pratiques (Colloque et Enseignement universitaire en anglais) cherchent à imposer de nouvelles règles dérogatoires à une loi d’ordre public.
Une dérogation n’a pas vocation à perdurer, sinon elle s’incruste lentement pour devenir subrepticement une règle.La tolérance excessive à l’égard d’une langue étrangère fusse-t-elle dominante est discriminatoire et n’est pas acceptable.
Ce n’est pas à la langue française de plier le genou devant la langue anglaise sur notre territoire, car c’est bien d’elle dont il s’agit.La loi française n’est pas là pour défendre la langue anglaise en France pour complaire à des professions particulières.
Celle-ci est bien assez grande pour se défendre sans qu’on lui donne un coup d’épaule supplémentaire, alors qu’elle cherche depuis longtemps à nous détruire, patiemment, méthodiquement.L’exemple de ce qui s’est passé (et qui se passe) à Bruxelles est significatif.
Alors qu’elle était l’une des premières langues de travail de la communauté, sinon la première, la langue française a été progressivement écartée au profit de l’anglais.En une vingtaine d’années (1975-2000), les Anglais ont éradiqué le français, l’italien, l’allemand les langues de travail des pays fondateurs de la communauté. Et cette situation s’est encore aggravée avec la politique pratiquée par la Commissaire allemande actuelle. Malgré le départ des Anglais de la communauté, on veut continuer à nous imposer de travailler dans la langue anglaise comme s’il n’y avait pas suffisamment d’autres langues en Europe pour échanger et pour vivre.Il suffit.
Depuis les serments de Strasbourg échangés au IXe siècle entre les petits-fils de Charlemagne, la langue française mène un combat pour durer, se maintenir à son rang. Aucune raison de s’arrêter dans ce combat à mort.
Christian Philip (message du 12 juillet 2023 transmis par Albert Salon)

Accord sur l’essentiel du texte.
Ceci dit : pour les colloques obliger les Français à s’exprimer en français. Difficile de l’imposer à des étrangers ne parlant pas français et qui seront traduits.

Pour l’enseignement dire comme aux Pays-Bas 2/3 en français.

À la publicité ajouter les logos des collectivités locales.

Le logo est un support. Il figure déjà dans mon texte : "Toutes publicités, quels que soient les supports …).
Ma proposition se borne à poser les principes de la loi et n’entend pas rentrer dans les détails, abordables à un autre stade de la discussion.La réponse sur les colloques est déjà faite (voir ci-dessus).
Je rappelle que l’article 6 de ma proposition prévoit un service d’interprétation.Ainsi, le malheureux étranger perdu dans la jungle française, pourra suivre les débats sans difficulté.
Un texte juridique n’est pas fait pour tomber dans la compassion en faveur de la langue anglaise.

XXX

Gaston à Nestor : à toi de conclure.

Nous avons lu l’ouvrage de Boualem Sansal "Le français, parlons-en !". Nous sommes avec lui.
Dans son labyrinthe où nous n’avons pas voulu nous égarer, nous avions, dans nos poches, la pelote de fil de Thésée, nous avons compris que Boualem Sansal voulait nous conter une nouvelle fois les malheurs de la langue française et qu’il fallait que cette langue réagisse avant qu’il ne soit trop tard !

L’histoire de France, celle de l’Ancien régime et celle de la République, n’a jamais voulu savoir ce que voulait dire et signifier le mot "trop tard". Dans un pays aux mouvements souvent et apparemment erratiques "trop tard" n’a pas de sens. Alors réagir, mollement ou avec violence, fait partie de la longue chaîne.

Rassurons-le, les réfractaires, les vieux gaulois, chevelus ou déplumés sont encore nombreux :

    • ils n’aspirent pas à disparaître dans les bras d’une élite défaillante, son élite, qui n’en est plus une puisqu’elle veut notre perte, consciemment ou inconsciemment ;
    • ils n’aspirent pas non plus à disparaître dans le magma mondialiste voulu par des dirigeants incultes, dévoyés, qu’il faudra chasser probablement par la force ;
    • ils n’aspirent pas non plus à rester plus longtemps avec des personnages publics qui se croient profonds alors qu’ils sont creux, qui préfèrent l’obscurité du langage à la clarté, le masque de l’apparence à la réalité ; la tromperie à la sincérité.

Avec ce texte qu’il faudra mettre en application, Boualem Sansal, nous espérons vous avoir rassuré puisqu’il va dans le sens que vous souhaitez.
S’il entre en application, la proue du navire va se redresser immédiatement.

Mais l’opposition sera forte, les éternels défaitistes de ce pays, les nihilistes d’aujourd’hui, sont toujours présents.
Pour reprendre vos expressions, nous n’aurons pas peur d’aller pieds nus en chemise de bure à Reims ou à Notre-Dame de Paris ou tout simplement de nous recueillir dans la solitude de nos murs.

Comme tu le dis, "à un moment donné, quand la souffrance devient intolérable, on efface tout et on recommence en faisant l’exact contraire de ce qui a été fait jusque-là pour son malheur. La faiblesse n’est l’amie de personne, mieux vaut ne pas la fréquenter … elle s’incruste sous la peau et les ongles et pourrit l’âme du pénitent avant qu’il ne comprenne qu’il est mort."

Tu as raison, il ne faut pas en rester là, il faut s’accrocher à n’importe quelle racine, s’accrocher encore, s’accrocher encore et frapper avec nos seules forces, celles de l’espoir ou du désespoir.

Un peu plus loin, à la fin de ton ouvrage, une lueur d’espoir pour toi avec l’élection à l’Académie française d’un Perpétuel venu des lumières francophones. Mais ajoutes-tu "allons vite, avant que les liquidateurs du français ne relèvent la tête et ne se liguent contre lui"; puis il le prie de la rebaptiser en "Académie francophone" en lui demandant, en plus, "de lui trouver un hymne qui désigne nommément les ennemis de la France et des francophones".

Boualem Sansal, Nous nous rejoignons dans le temps (Voir notre article sur une citoyenneté francophone, site d’ALF du 07/01/2019). Je cite un passage :"Pour garder sa vitalité, la langue française doit contourner son élite défaillante, la dépasser, la concurrencer. Il faut faire apparaître une force nouvelle, une élite francophone, seule à même de reprendre le flambeau de la langue française, de faire comprendre à l’autre qu’elle n’est plus unique. Il lui faut donc rassembler ses alliés, ses locuteurs de par le monde, quelle que soit leur origine, par la reconnaissance d’une citoyenneté francophone. La citoyenneté francophone va permettre d’unifier des éléments isolés tout en donnant consistance à la francophonie.

La citoyenneté francophone est un moyen juridique destiné à réaliser l’unité de la diaspora francophone, avec pour objectifs le maintien du statut de la langue française en France et dans le monde, aussi bien dans les organisations internationales que dans les relations culturelles, scientifiques, militaires et économiques".

XXX

[...]

Guy Dalens, membre d’Avenir de la langue française

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